Telefon Tel Aviv
Map Of What Is Effortless |
Label :
Hefty |
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C'est clair, le deuxième album de Telefon Tel Aviv a été conçu pour toucher un plus large public. Ici, le duo américain délaisse en grande partie les plages instrumentales et expérimentales du précédent opus pour nous plonger dans un curieux mélange soul-r'n'b-electronica. Les déçus ont dû être nombreux. Je vois d'un côté les fous d'electronica hurler au mauvais goût en entendant des voix NRJ gâcher des instrumentations toujours complexes et excitantes. Et de l'autre, les fans d'NRJ entendre des instrumentations complexes (pour ne pas dire prise de tête !) gâcher ces excitantes voix r'n'b.
La réalité est bien plus subtile que ça, bien sûr. J'évoque ces deux familles d'auditeurs avec des gros feutres gras, sans nuances, pour dire que pour apprécier ce disque, il faut faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit, car le duo a fait le pari de faire le grand écart entre expérimentations sonores tous azimuts et approche mainstream...
Après pas mal d'écoutes où je fus tour à tour charmé ou agacé, et pas forcément aux mêmes moments du disque, ma position est mitigée mais respectueuse. J'apprécie beaucoup la volonté de faire découvrir à des personnes qui n'écoutent pas vraiment de musique alternative mais ce que les grosses radios leurs déversent dans les oreilles, par le biais d'éléments qui les séduisent d'emblée, une musique finalement beaucoup plus exigeante et riche. Et je n'apprécie pas forcément les artistes qui s'enferment dans des poses expérimentales destinées à n'être comprises que par une certaine élite.
Le parti pris du duo, même si le résultat n'est pas vraiment transcendant, ouvre toutes les controverses. Il comporte le risque de se mettre à dos les fans de "Fahreinheit Fair Enough", et en ce sens je le trouve courageux. Ce disque m'a en fin de compte fait prendre conscience de quelque chose : si je n'aimais pas les voix r'n'b, c'était à cause de toute l'esthétique fashion et superficielle que les médias développaient autour. Mais si on enlève cette esthétique pour ne garder que les textures de voix, la réduire à sa plus directe expression, doit on encore parler de daube commerciale? Laissons tomber nos certitudes, brisons les barrières entre des genres a priori incompatibles, semble nous dire ce Map Of What Is Effortless.
Selon moi, l'album est tout de même bien meilleur quand les voix disparaissent au profit d'une electro enivrante et sombre. Le morceau d'ouverture est assez monumental : entre beat concassé et rafales de cordes romantiques, c'est un morceau que Air aurait apprécié. La progression du beat de "What Is It Without The Hand That Wields It" (les titres alambiqués sont une marque de fabrique du duo), convulsive, laisse une noirceur à peine aperçue sur le précédent album s'épanouir, ambiance industrielle et caressante tout à la fois, avec une attention portée au micro-détail toujours assez incroyable.
Enlevez l'habillage sonore, il ne reste presque rien des chansons ou des morceaux. C'est le principal défaut que je trouve personnellement à ce disque, et les voix r'n'b n'y sont pour rien dans l'histoire. J'avais beaucoup apprécie le travail très pro sur les rythmiques alambiquées du précédent opus, car il laissait la place à l'abstraction et au minimalisme, et donc aux capacités d'imagination de l'auditeur. Mais ce disque est gorgé de basse, de voix, de cordes, de sons en tous genres, sur un laps de temps assez court, et on se sent écrasé. La place aurait dû être faite à plus de respirations, plus de simplicité sans doute. Car là on frôle le trop plein, la surproduction, et en même temps la démonstration de savoir faire.
Une suggestion pour le prochain album : composer en premier lieu à la guitare sèche, afin de donner une base aux chansons qui tienne mieux la route. Jouer du Satie sur un piano désaccordé, c'est beau quand même parce que c'est du Satie, jouer du Telefon Tel Aviv avec trois fois rien, ça ne ressemblerait à rien. Enlevez la qualité du son, il ne reste pas grand chose. Au delà du débat underground-mainstream, je préfère poser la question de la pertinence de composer une musique qui possède uniquement son intérêt dans la qualité du son.
Le fond en pâtit forcément.
La réalité est bien plus subtile que ça, bien sûr. J'évoque ces deux familles d'auditeurs avec des gros feutres gras, sans nuances, pour dire que pour apprécier ce disque, il faut faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit, car le duo a fait le pari de faire le grand écart entre expérimentations sonores tous azimuts et approche mainstream...
Après pas mal d'écoutes où je fus tour à tour charmé ou agacé, et pas forcément aux mêmes moments du disque, ma position est mitigée mais respectueuse. J'apprécie beaucoup la volonté de faire découvrir à des personnes qui n'écoutent pas vraiment de musique alternative mais ce que les grosses radios leurs déversent dans les oreilles, par le biais d'éléments qui les séduisent d'emblée, une musique finalement beaucoup plus exigeante et riche. Et je n'apprécie pas forcément les artistes qui s'enferment dans des poses expérimentales destinées à n'être comprises que par une certaine élite.
Le parti pris du duo, même si le résultat n'est pas vraiment transcendant, ouvre toutes les controverses. Il comporte le risque de se mettre à dos les fans de "Fahreinheit Fair Enough", et en ce sens je le trouve courageux. Ce disque m'a en fin de compte fait prendre conscience de quelque chose : si je n'aimais pas les voix r'n'b, c'était à cause de toute l'esthétique fashion et superficielle que les médias développaient autour. Mais si on enlève cette esthétique pour ne garder que les textures de voix, la réduire à sa plus directe expression, doit on encore parler de daube commerciale? Laissons tomber nos certitudes, brisons les barrières entre des genres a priori incompatibles, semble nous dire ce Map Of What Is Effortless.
Selon moi, l'album est tout de même bien meilleur quand les voix disparaissent au profit d'une electro enivrante et sombre. Le morceau d'ouverture est assez monumental : entre beat concassé et rafales de cordes romantiques, c'est un morceau que Air aurait apprécié. La progression du beat de "What Is It Without The Hand That Wields It" (les titres alambiqués sont une marque de fabrique du duo), convulsive, laisse une noirceur à peine aperçue sur le précédent album s'épanouir, ambiance industrielle et caressante tout à la fois, avec une attention portée au micro-détail toujours assez incroyable.
Enlevez l'habillage sonore, il ne reste presque rien des chansons ou des morceaux. C'est le principal défaut que je trouve personnellement à ce disque, et les voix r'n'b n'y sont pour rien dans l'histoire. J'avais beaucoup apprécie le travail très pro sur les rythmiques alambiquées du précédent opus, car il laissait la place à l'abstraction et au minimalisme, et donc aux capacités d'imagination de l'auditeur. Mais ce disque est gorgé de basse, de voix, de cordes, de sons en tous genres, sur un laps de temps assez court, et on se sent écrasé. La place aurait dû être faite à plus de respirations, plus de simplicité sans doute. Car là on frôle le trop plein, la surproduction, et en même temps la démonstration de savoir faire.
Une suggestion pour le prochain album : composer en premier lieu à la guitare sèche, afin de donner une base aux chansons qui tienne mieux la route. Jouer du Satie sur un piano désaccordé, c'est beau quand même parce que c'est du Satie, jouer du Telefon Tel Aviv avec trois fois rien, ça ne ressemblerait à rien. Enlevez la qualité du son, il ne reste pas grand chose. Au delà du débat underground-mainstream, je préfère poser la question de la pertinence de composer une musique qui possède uniquement son intérêt dans la qualité du son.
Le fond en pâtit forcément.
Correct 12/20 | par Sam lowry |
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