31 Knots
Worried Well |
Label :
Polyvinyl |
||||
Prolifique et insatiable, Joe Haege fait partie de ces artistes qui ne trouvent pas le répit. Fort d'une discographie imposante et intense (5 albums en 6 ans), il revient en ce beau mois d'août sur le devant de la scène avec Worried Well.
C'est une constance chez 31 Knots, et ce depuis le tournant Talk Like Blood -peut être même que ce phénomène était déjà annoncé sur l'EP The Curse Of The Longest Day-, l'abandon petit à petit des lignes de guitares incisives pour des samples, des pianos jazzy ou cabaret ou par des choeurs de plus en plus nombreux... Le groupe de Portland s'éloigne ainsi petit à petit de l'étiquette math rock pour s'approcher d'un indie rock classieux et personnel.
Alors, certes, on trouve toujours quelques fulgurances guitaristiques comme l'ouverture sur le morceau épique qui ouvre les hostilités, "Certificate", toutes guitares dehors, et son riff maîtrisé magistral. Mais même quand elle mène la danse, la 6 cordes, du néanmoins virtuose Haege, se fait plus discrète, plus épurée. Il lui suffit juste de quelques notes sur "Statistics And The Heart Of The Man" pour atteindre l'état de grâce émotif, pas si loin de Ian McKaye à vif. On en viendra cependant à regretter certaines incursions un peu trop appuyées, comme la cavalcade, "Worried But Not Well", un brin décevante car trop décousue (31 Knots tombe dans des facilités de déconstructions qu'il avait jusqu'alors soigneusement évité), et sans le riff ou la mélodie qui viendrait sauver le tout.
Un autre élément de plus en plus important chez le trio de l'Oregon est l'utilisation de plus en plus appuyée du piano. "Strange Kicks" étale ainsi avec une certaine classe le panel d'utilisation du piano par Haege, tantôt quelques notes égrenées, tantôt un accord joué crescendo puis decrescendo avec un minimalisme tout à fait hypnotique. Les habitués du groupe seront ainsi en terrain familier de ce point de vue là, sur des chansons telles que sur le -peut être un peu trop- grandiloquent "Something Up The Way To Come" ou le -peut être un peu trop- minimaliste "Compass Commands".
Mais 31 Knots n'est pas du genre à reproduire éternellement le même disque. La ballade King Crimsonienne "Take The Landscape Away", le kitsch et très typé 80's "Upping The Mandate" dépaysent, même si il ne convainquent pas totalement. Mais c'est en tâtonnant que Haege a produit la perle parmi les perles, un morceau hors norme, fabuleux: "The Breaks" et son beat décalé, sa ligne de basse syncopée d'une classe rare et ses samples foufous. Mélant parano aigüe ("Whisper, Whipser, whisper, maybe we're listening") et prise de conscience alerte (ce passage voix/ batterie quasiment screamo), "The Breaks" constitue le pilier de ce disque.
Toujours servi par des musiciens confirmés (l'excellente ligne de basse de "Certificate" ou le jeu tout en retenue mais distordu du batteur, Jay Pellucci, qui signe aussi la co-production), 31 Knots propose donc toujours une musique dont eux seuls ont le secret. Indie distingué, punk classieux, math rock light et légers débordement progs le tout baignant dans une science de la construction certaine. Peut être un poil décevant à cause de certains passages excessifs (l'ennuyeux New Age "Between 1 & 2") et une ambiance cabaret spécieuse (on ne compte plus les interventions du type "Are you ready? Yes!" sur "Compass Commands", 31 knots reste une valeur sûre du rock contemporain. Un album aussi coloré que son infâme pochette.
C'est une constance chez 31 Knots, et ce depuis le tournant Talk Like Blood -peut être même que ce phénomène était déjà annoncé sur l'EP The Curse Of The Longest Day-, l'abandon petit à petit des lignes de guitares incisives pour des samples, des pianos jazzy ou cabaret ou par des choeurs de plus en plus nombreux... Le groupe de Portland s'éloigne ainsi petit à petit de l'étiquette math rock pour s'approcher d'un indie rock classieux et personnel.
Alors, certes, on trouve toujours quelques fulgurances guitaristiques comme l'ouverture sur le morceau épique qui ouvre les hostilités, "Certificate", toutes guitares dehors, et son riff maîtrisé magistral. Mais même quand elle mène la danse, la 6 cordes, du néanmoins virtuose Haege, se fait plus discrète, plus épurée. Il lui suffit juste de quelques notes sur "Statistics And The Heart Of The Man" pour atteindre l'état de grâce émotif, pas si loin de Ian McKaye à vif. On en viendra cependant à regretter certaines incursions un peu trop appuyées, comme la cavalcade, "Worried But Not Well", un brin décevante car trop décousue (31 Knots tombe dans des facilités de déconstructions qu'il avait jusqu'alors soigneusement évité), et sans le riff ou la mélodie qui viendrait sauver le tout.
Un autre élément de plus en plus important chez le trio de l'Oregon est l'utilisation de plus en plus appuyée du piano. "Strange Kicks" étale ainsi avec une certaine classe le panel d'utilisation du piano par Haege, tantôt quelques notes égrenées, tantôt un accord joué crescendo puis decrescendo avec un minimalisme tout à fait hypnotique. Les habitués du groupe seront ainsi en terrain familier de ce point de vue là, sur des chansons telles que sur le -peut être un peu trop- grandiloquent "Something Up The Way To Come" ou le -peut être un peu trop- minimaliste "Compass Commands".
Mais 31 Knots n'est pas du genre à reproduire éternellement le même disque. La ballade King Crimsonienne "Take The Landscape Away", le kitsch et très typé 80's "Upping The Mandate" dépaysent, même si il ne convainquent pas totalement. Mais c'est en tâtonnant que Haege a produit la perle parmi les perles, un morceau hors norme, fabuleux: "The Breaks" et son beat décalé, sa ligne de basse syncopée d'une classe rare et ses samples foufous. Mélant parano aigüe ("Whisper, Whipser, whisper, maybe we're listening") et prise de conscience alerte (ce passage voix/ batterie quasiment screamo), "The Breaks" constitue le pilier de ce disque.
Toujours servi par des musiciens confirmés (l'excellente ligne de basse de "Certificate" ou le jeu tout en retenue mais distordu du batteur, Jay Pellucci, qui signe aussi la co-production), 31 Knots propose donc toujours une musique dont eux seuls ont le secret. Indie distingué, punk classieux, math rock light et légers débordement progs le tout baignant dans une science de la construction certaine. Peut être un poil décevant à cause de certains passages excessifs (l'ennuyeux New Age "Between 1 & 2") et une ambiance cabaret spécieuse (on ne compte plus les interventions du type "Are you ready? Yes!" sur "Compass Commands", 31 knots reste une valeur sûre du rock contemporain. Un album aussi coloré que son infâme pochette.
Bon 15/20 | par Drazorback |
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