Suicide
American Supreme |
Label :
Blast First |
||||
Suicide a influencé – et traumatisé – plusieurs générations de groupes, du post-punk à l'indus, du gothique à l'electro, de la synth pop à la techno et à l'electro-clash.
Je m'étais intéressé à Suicide il y a bien longtemps car c'était la principale influence (avec les Stooges) des Sisters Of Mercy. Ces derniers ont d'ailleurs repris le classique "Ghost Rider", et Alan Vega a même chanté sur Gift, l'album de The Sisterhood, projet parallèle d'Andrew Eldritch, en 1986.
Le duo Alan Vega et Martin Rev, formé en 1970, s'était séparé au début des années 80, laissant derrière lui deux albums séminaux, chacun se consacrant à sa carrière solo, même si une deuxième paire d'albums avait été publiée à la fin des 80's, le combo se séparant au début de la décennie suivante.
Suicide revient en 2002 avec un nouvel album, American Supreme.
J'avais entendu le morceau "I Don't Know", ce qui m'avait donné envie d'acheter l'album.
Que retrouve-t-on du duo expérimental et malsain que l'on avait laissé plus de 10 ans plus tôt ?
Les vocaux d'Alan Vega sont toujours aussi uniques, angoissants, sortis de nulle part. Il joue toujours aussi bien son rôle d'Elvis d'Outre-Tombe mâtiné de Marc Bolan sous LSD et de Jim Morrisson glauque et robotique.
La musique est toujours assurée par Martin Rev, dompteur de machines, adepte des claviers et boîtes à rythmes cheap, pour ne pas dire antédiluviens.
Suicide se réapproprie son propre héritage. Il se laisse influencer par les divers courants que le groupe a précisément lui-même généré, ou au moins influencé, mais ce qui domine, c'est le hip hop, avec même des scratches ("Televised Executions", "Wrong Decisions",...). On est tout de même très loin d'un Public Enemy, inutile de le préciser... Le phrasé de Vega n'a que peu à voir avec le rap.
L'ambiance et les paroles retranscrivent assez bien l'atmosphère régnant alors aux Etats-Unis, et à New York en particulier (l'album a été enregistré peu après le 11 septembre 2001) : paranoïa, terreur, sentiment de fin du monde, abandon des certitudes, repli sur soi, etc.
"Dachau, Disney, Disco" : il n'y a que Suicide pour trouver des titres comme ça !
Mais le morceau de choix de cet album est "I Don't Know". C'est de loin mon titre préféré, il justifie à lui seul l'achat de American Supreme. Atmosphère étouffante et même claustrophobique, boucles répétitives hypnotiques et angoissantes, phrasé désespéré d'Alan Vega, tout est fait pour mettre mal à l'aise, pour créer un sentiment de doute sinon de perte.
L'album retranscrit très bien l'ambiance du New York post-11 septembre 2001. Une Big Apple que l'on parcourerait de nuit, dans une ambiance crépusculaire. Une nuit d'été, dans une chaleur moite et étouffante, un pied dans un sex shop et l'autre dans la tombe.
L'album vaut surtout pour les vocaux hantés et maladifs d'Alan Vega, ce non-chanteur, plus que pour la musique (mais a-t-elle jamais eu d'autre rôle que de les soutenir ?). Si tous les morceaux étaient aussi bons que "I Don't Know", ce serait un chef-d'œuvre.
Je m'étais intéressé à Suicide il y a bien longtemps car c'était la principale influence (avec les Stooges) des Sisters Of Mercy. Ces derniers ont d'ailleurs repris le classique "Ghost Rider", et Alan Vega a même chanté sur Gift, l'album de The Sisterhood, projet parallèle d'Andrew Eldritch, en 1986.
Le duo Alan Vega et Martin Rev, formé en 1970, s'était séparé au début des années 80, laissant derrière lui deux albums séminaux, chacun se consacrant à sa carrière solo, même si une deuxième paire d'albums avait été publiée à la fin des 80's, le combo se séparant au début de la décennie suivante.
Suicide revient en 2002 avec un nouvel album, American Supreme.
J'avais entendu le morceau "I Don't Know", ce qui m'avait donné envie d'acheter l'album.
Que retrouve-t-on du duo expérimental et malsain que l'on avait laissé plus de 10 ans plus tôt ?
Les vocaux d'Alan Vega sont toujours aussi uniques, angoissants, sortis de nulle part. Il joue toujours aussi bien son rôle d'Elvis d'Outre-Tombe mâtiné de Marc Bolan sous LSD et de Jim Morrisson glauque et robotique.
La musique est toujours assurée par Martin Rev, dompteur de machines, adepte des claviers et boîtes à rythmes cheap, pour ne pas dire antédiluviens.
Suicide se réapproprie son propre héritage. Il se laisse influencer par les divers courants que le groupe a précisément lui-même généré, ou au moins influencé, mais ce qui domine, c'est le hip hop, avec même des scratches ("Televised Executions", "Wrong Decisions",...). On est tout de même très loin d'un Public Enemy, inutile de le préciser... Le phrasé de Vega n'a que peu à voir avec le rap.
L'ambiance et les paroles retranscrivent assez bien l'atmosphère régnant alors aux Etats-Unis, et à New York en particulier (l'album a été enregistré peu après le 11 septembre 2001) : paranoïa, terreur, sentiment de fin du monde, abandon des certitudes, repli sur soi, etc.
"Dachau, Disney, Disco" : il n'y a que Suicide pour trouver des titres comme ça !
Mais le morceau de choix de cet album est "I Don't Know". C'est de loin mon titre préféré, il justifie à lui seul l'achat de American Supreme. Atmosphère étouffante et même claustrophobique, boucles répétitives hypnotiques et angoissantes, phrasé désespéré d'Alan Vega, tout est fait pour mettre mal à l'aise, pour créer un sentiment de doute sinon de perte.
L'album retranscrit très bien l'ambiance du New York post-11 septembre 2001. Une Big Apple que l'on parcourerait de nuit, dans une ambiance crépusculaire. Une nuit d'été, dans une chaleur moite et étouffante, un pied dans un sex shop et l'autre dans la tombe.
L'album vaut surtout pour les vocaux hantés et maladifs d'Alan Vega, ce non-chanteur, plus que pour la musique (mais a-t-elle jamais eu d'autre rôle que de les soutenir ?). Si tous les morceaux étaient aussi bons que "I Don't Know", ce serait un chef-d'œuvre.
Pas mal 13/20 | par Gaylord |
Une édition limitée propose un second CD avec un live enregistré à Londres en 1999.
Posté le 30 mai 2008 à 20 h 59 |
A ce disque était joint un live. Bonus.
Parlons du bonus. Live.
1999 Londres.
Garage.
Ca sonne comme un film de Carpenter.
Et je ne suis pas si loin finalement.
Une musique répétitive, plus léchée que la colonne vertébrale harmonique du premier album de 77, joue, sans cesse, la même boucle... la même boucle... la même boucle... et ça dure pas moins de deux minutes sans aucune variation, sans aucune intervention. On entend un peu le public tout excité.
Puis des applaudissements. On comprend alors que Suicide monte seulement maintenant sur scène. La boucle qu'on entendait est la musique de "White Man" une chanson ancienne du duo. Alan Vega commence à chanter un refrain court et simple, désabusé comme un Elvis sous valium. Puis c'est au tour de Martin Rev de se manifester en balançant des gerbes de sons électroniques nazes, genre une note de pitch 80's accompagné d'un son de caisse claire pleine de pitchs elle aussi. On imagine aisément les doigts de Martin Rev ne sachant où se poser, les lunettes du musicien étant trop larges.
Alan Vega râle, pousse des petites extases chiadées à renfort d'écho. Martin Rev déborde la boucle de départ en l'arrosant de "clicglucksazzejkpafpif" brinquebalants genre Jouet Club.
Puis les deux compères enchaînent avec une version d'"Harlem" survoltée version hard techno à 220 bpm. Alan Vega hurle, éructe, joue au psycho réverbéré dans tous les sens. Martin Rev lui fait toujours son tisserand aveugle qui massacre la trame de départ. La hard tech dérouille et le beat se démultiplie sans cohérence. Mais Alan Vega reste en équilibre, fais l'imbécile, parle à plusieurs, hurle à faire peur au premier punk du premier rang. Puis ça s'arrête au bout de 12 minutes, Martin Rev tapant des toms synthétiques comme une symphonie de Beethoven version soda.
Suit "I Surrender", chanson 50's guimauve. Alan répète "I Surrender" comme lors d'un lendemain cuité, Marin Rev se contente ici sans doute du programme qui marche tout seul. C'est harpège sucré et charleston en poudre. L'ovni de la prestation.
Puis là ca démarre comme le générique de "Rick Hunter". C'est plus rocky que rock, la batterie claque et le synthé bon marché joue un gros riff bien carré. "Show me Tha' Money". Alan Vega raconte, geint, discute avec lui-même pendant près de 13 minutes: l'air de rien. Martin Rev, ancien pianiste de Free, fait très très fort. Il joue à côté, croque le thème d'interventions incongrues au possible. On dirait un Cecil Taylor nourrit au Blédichef. A vomir. Délicieusement.
Puis vont suivre les points climax du concert qui s'étalent en un dyptique bien nourri: "Girl" et "Rocket U.S.A". Les tubes du premier album. Comme depuis le début, le groupe prend le temps de se déployer, joue et improvise pendant plus de 10 minutes. Il y a des passages à vide, puis ça reprend, puis ça se vide... C'est bon parce que mauvais. Allez m'expliquer pourquoi j'écris une chose pareille, mais je crois que c'est justement ça la magie de Suicide. A la fin de "Rocket U.S.A", Martin Rev joue seul pendant 4 minutes, improvise mauvais, plein d'astuces étranges, de touches pleines de programmes foireux qui lient trompette et batterie sans aucun naturel. Ca se tient malgré tout. Il est arrivé à Rev de dire selon lui jouer d'un instrument signifier ne pas savoir quel son il allait produire. A y réfléchir c'est ce que tout musicien devrait pouvoir se dire pour durer.
Le live se garnit d'un rappel incendiaire, une reprise méconnaissable de "Juke-Box Baby", très hard, pleine de cymbales flashy. Alan Vega hurle "Iggy Pop... No Fun... Everybody is a winner! A winner! A winner!!!".
Le concert est fini.
Putain.
Parlons du bonus. Live.
1999 Londres.
Garage.
Ca sonne comme un film de Carpenter.
Et je ne suis pas si loin finalement.
Une musique répétitive, plus léchée que la colonne vertébrale harmonique du premier album de 77, joue, sans cesse, la même boucle... la même boucle... la même boucle... et ça dure pas moins de deux minutes sans aucune variation, sans aucune intervention. On entend un peu le public tout excité.
Puis des applaudissements. On comprend alors que Suicide monte seulement maintenant sur scène. La boucle qu'on entendait est la musique de "White Man" une chanson ancienne du duo. Alan Vega commence à chanter un refrain court et simple, désabusé comme un Elvis sous valium. Puis c'est au tour de Martin Rev de se manifester en balançant des gerbes de sons électroniques nazes, genre une note de pitch 80's accompagné d'un son de caisse claire pleine de pitchs elle aussi. On imagine aisément les doigts de Martin Rev ne sachant où se poser, les lunettes du musicien étant trop larges.
Alan Vega râle, pousse des petites extases chiadées à renfort d'écho. Martin Rev déborde la boucle de départ en l'arrosant de "clicglucksazzejkpafpif" brinquebalants genre Jouet Club.
Puis les deux compères enchaînent avec une version d'"Harlem" survoltée version hard techno à 220 bpm. Alan Vega hurle, éructe, joue au psycho réverbéré dans tous les sens. Martin Rev lui fait toujours son tisserand aveugle qui massacre la trame de départ. La hard tech dérouille et le beat se démultiplie sans cohérence. Mais Alan Vega reste en équilibre, fais l'imbécile, parle à plusieurs, hurle à faire peur au premier punk du premier rang. Puis ça s'arrête au bout de 12 minutes, Martin Rev tapant des toms synthétiques comme une symphonie de Beethoven version soda.
Suit "I Surrender", chanson 50's guimauve. Alan répète "I Surrender" comme lors d'un lendemain cuité, Marin Rev se contente ici sans doute du programme qui marche tout seul. C'est harpège sucré et charleston en poudre. L'ovni de la prestation.
Puis là ca démarre comme le générique de "Rick Hunter". C'est plus rocky que rock, la batterie claque et le synthé bon marché joue un gros riff bien carré. "Show me Tha' Money". Alan Vega raconte, geint, discute avec lui-même pendant près de 13 minutes: l'air de rien. Martin Rev, ancien pianiste de Free, fait très très fort. Il joue à côté, croque le thème d'interventions incongrues au possible. On dirait un Cecil Taylor nourrit au Blédichef. A vomir. Délicieusement.
Puis vont suivre les points climax du concert qui s'étalent en un dyptique bien nourri: "Girl" et "Rocket U.S.A". Les tubes du premier album. Comme depuis le début, le groupe prend le temps de se déployer, joue et improvise pendant plus de 10 minutes. Il y a des passages à vide, puis ça reprend, puis ça se vide... C'est bon parce que mauvais. Allez m'expliquer pourquoi j'écris une chose pareille, mais je crois que c'est justement ça la magie de Suicide. A la fin de "Rocket U.S.A", Martin Rev joue seul pendant 4 minutes, improvise mauvais, plein d'astuces étranges, de touches pleines de programmes foireux qui lient trompette et batterie sans aucun naturel. Ca se tient malgré tout. Il est arrivé à Rev de dire selon lui jouer d'un instrument signifier ne pas savoir quel son il allait produire. A y réfléchir c'est ce que tout musicien devrait pouvoir se dire pour durer.
Le live se garnit d'un rappel incendiaire, une reprise méconnaissable de "Juke-Box Baby", très hard, pleine de cymbales flashy. Alan Vega hurle "Iggy Pop... No Fun... Everybody is a winner! A winner! A winner!!!".
Le concert est fini.
Putain.
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