Land Of Talk
Applause Cheer Boo Hiss |
Label :
One Little Indian |
||||
Land Of Talk fait partie de ces groupes qui, sans être ultra novateurs dans un style, officient avec tout leur talent et leur sincérité, et est à ranger du côté de Denali, formation avec laquelle il partage plus d'un point commun. Le petit plus indéfinissable qui nous fait aimer démesurément Land Of Talk tient dans ce cocktail subtil de douceur et d'agressivité, cette dualité entre fragilité de la voix et puissance des guitares. Attention : avertissement ! Les chansons, toutes presque bien troussées, se révèlent hautement addictives dès la première ou deuxième écoute.
Combo issu de Montréal, Land Of Talk ne fait pas ombrage à la légende sur les nombreux et excellents groupes à guitares canadiens. Emmenés par la muse Elizabeth Powell (guitares abrasives) à la voix aussi sucrée dans ses confessions qu'éraillée dans ses complaintes aigües, le groupe est épaulé par un bassiste discret et efficace - Tim K - et par un batteur Bucky "explosif" Wheaton. Trio donc mais qui dégage énormément d'énergie, souvent tout en contrastes de sentiments s'enchaînant naturellement au sein d'une même chanson, voire d'un même refrain.
LP enregistré en trois jours, Applause Cheer Boo Hiss s'ouvre avec "Speak To Me Bones" d'un seul riff saturé et accompagné par une rythmique binaire s'emballant de suite pour arriver au coeur du sujet. Le choc est soudain : la voix. Celle d'Elizabeth Powell possède ce charme instantané, ce savant mélange de timbre entre l'inquiétude trouble d'une Chan Marshall et la clarté plus susurrée femme-enfant d'une Juliana Hatfield. Après maintes et maintes écoutes, il s'avère que cette voix est enregistrée sur deux pistes différentes puis superposée(s) et (parfois) passée(s) avec un décalage conférant ainsi cette légère traine dans le timbre. Exquise recette auditive. La demoiselle trouve une urgence telle dans cette course qu'elle emporte toute la chanson jusqu'au K-O final. Contrastant immédiatement avec la furie passée, "Sea Foam" est une mélopée attristée, traversée de soudaines lueurs d'espoir quant à la pensée de son boyfriend mais qui, irrémédiablement, se termine par un revers. Pour voir ensuite Liz poser sa tête sur notre épaule consolatrice ("Summer Special"). Hallucinant de constater que cette alternance de sentiments contradictoires - espoir/résignation - peut avoir lieu au sein d'un seul et même refrain. Inutile d'être anglophone devant telle éloquence. Parfait exemple d'une chanson pop qui vire au rock, la pure pépite de l'album, "Magnetic Hill" éclate de suite en accords ultra édulcorés et choeurs "uh uh uh", et révèle après plusieurs écoutes, sa complexité cachée. Voix irrésistiblement éraillée, hautement recommandée si l'on aime les chanteuses mutines. Break façon Sonic Youth (arpèges clairs avec réverb') pour ensuite se vautrer dans la furie noire des guitares. Retour à la normale - comme si de rien n'était. Parcours de santé pour la miss Powell - mettant la nôtre à rude épreuve. Chanson la plus péchue de toutes, "All My Friends" est empreinte d'une urgence communicative. Toute en accords non-orthodoxes, elle véhicule l'impression d'être propulsé dans un tunnel de tôle déglingué partiellement perçé par des rayons artificiels. Le côté assurément addictif réside dans ces guitares légèrement désacordées (ou accordées différemment) et l'impression de ressentir sur soi les guitares vibrant dans les déflagrations. Puis cette voix bénie et la dynamique même du morceau alternant ponts et contretemps. Rajoutez à ceci un solo complètement bancal puis cette poussée à la fin et vous tenez là un titre rare en explosivité où tous les instruments entrent en symbiose brutale. "Street Wheels" clôture l'album en mode mid-tempo lancinant et voit tournoyer les fantômes de Denali. L'impression d'être le confident d'Elizabeth puis la fulgurance d'un solo nous extirpe d'un coup de notre torpeur. Solo vite barré de riffs aigus érigés façon mur du son remplissant alors tout l'espace sonore. Les déchirements atteints ici sont à leur paroxysme : les grattes effacent tout sur leur passage et l'on se retrouve noyé dans ce boucan, cristallisant soniquement nos pensées enchevêtrées dans nos têtes, empreintes de confusion telle à nous soûler de tristesse...
Land Of Talk parle directement aux coeurs et aux tripes. Ils font partie de cette frange de groupes dont la frontière mince oscille tantôt côté power pop, tantôt côté rock, dont les Posies avec "Frosting On The Beater" se font les plus proches acolytes, avec Denali. Alors ? Applause ! Cheer ! Boo ! Hiss !!!
Combo issu de Montréal, Land Of Talk ne fait pas ombrage à la légende sur les nombreux et excellents groupes à guitares canadiens. Emmenés par la muse Elizabeth Powell (guitares abrasives) à la voix aussi sucrée dans ses confessions qu'éraillée dans ses complaintes aigües, le groupe est épaulé par un bassiste discret et efficace - Tim K - et par un batteur Bucky "explosif" Wheaton. Trio donc mais qui dégage énormément d'énergie, souvent tout en contrastes de sentiments s'enchaînant naturellement au sein d'une même chanson, voire d'un même refrain.
LP enregistré en trois jours, Applause Cheer Boo Hiss s'ouvre avec "Speak To Me Bones" d'un seul riff saturé et accompagné par une rythmique binaire s'emballant de suite pour arriver au coeur du sujet. Le choc est soudain : la voix. Celle d'Elizabeth Powell possède ce charme instantané, ce savant mélange de timbre entre l'inquiétude trouble d'une Chan Marshall et la clarté plus susurrée femme-enfant d'une Juliana Hatfield. Après maintes et maintes écoutes, il s'avère que cette voix est enregistrée sur deux pistes différentes puis superposée(s) et (parfois) passée(s) avec un décalage conférant ainsi cette légère traine dans le timbre. Exquise recette auditive. La demoiselle trouve une urgence telle dans cette course qu'elle emporte toute la chanson jusqu'au K-O final. Contrastant immédiatement avec la furie passée, "Sea Foam" est une mélopée attristée, traversée de soudaines lueurs d'espoir quant à la pensée de son boyfriend mais qui, irrémédiablement, se termine par un revers. Pour voir ensuite Liz poser sa tête sur notre épaule consolatrice ("Summer Special"). Hallucinant de constater que cette alternance de sentiments contradictoires - espoir/résignation - peut avoir lieu au sein d'un seul et même refrain. Inutile d'être anglophone devant telle éloquence. Parfait exemple d'une chanson pop qui vire au rock, la pure pépite de l'album, "Magnetic Hill" éclate de suite en accords ultra édulcorés et choeurs "uh uh uh", et révèle après plusieurs écoutes, sa complexité cachée. Voix irrésistiblement éraillée, hautement recommandée si l'on aime les chanteuses mutines. Break façon Sonic Youth (arpèges clairs avec réverb') pour ensuite se vautrer dans la furie noire des guitares. Retour à la normale - comme si de rien n'était. Parcours de santé pour la miss Powell - mettant la nôtre à rude épreuve. Chanson la plus péchue de toutes, "All My Friends" est empreinte d'une urgence communicative. Toute en accords non-orthodoxes, elle véhicule l'impression d'être propulsé dans un tunnel de tôle déglingué partiellement perçé par des rayons artificiels. Le côté assurément addictif réside dans ces guitares légèrement désacordées (ou accordées différemment) et l'impression de ressentir sur soi les guitares vibrant dans les déflagrations. Puis cette voix bénie et la dynamique même du morceau alternant ponts et contretemps. Rajoutez à ceci un solo complètement bancal puis cette poussée à la fin et vous tenez là un titre rare en explosivité où tous les instruments entrent en symbiose brutale. "Street Wheels" clôture l'album en mode mid-tempo lancinant et voit tournoyer les fantômes de Denali. L'impression d'être le confident d'Elizabeth puis la fulgurance d'un solo nous extirpe d'un coup de notre torpeur. Solo vite barré de riffs aigus érigés façon mur du son remplissant alors tout l'espace sonore. Les déchirements atteints ici sont à leur paroxysme : les grattes effacent tout sur leur passage et l'on se retrouve noyé dans ce boucan, cristallisant soniquement nos pensées enchevêtrées dans nos têtes, empreintes de confusion telle à nous soûler de tristesse...
Land Of Talk parle directement aux coeurs et aux tripes. Ils font partie de cette frange de groupes dont la frontière mince oscille tantôt côté power pop, tantôt côté rock, dont les Posies avec "Frosting On The Beater" se font les plus proches acolytes, avec Denali. Alors ? Applause ! Cheer ! Boo ! Hiss !!!
Parfait 17/20 | par Cocteaukid |
A noter que le CD comporte 3 bonus avec l'impressionant "Dark Nature Places" avec sa fulgurance pop aux guitares remarquablement acérées.
En ligne
243 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages