Antipop Consortium
Tragic Epilogue |
Label :
75 Ark |
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"This beat is primitive", le groupe se caractérise lui-même dès les premières paroles de "Laundry", le titre introductif de l'album. Et c'est un peu du faux et du vrai qui émane de cette phrase, car dépouillé, fondamentalement simple dans sa forme, clair, comme lâché au compte goutte car trop de quelque chose le tue inévitablement, la musique et le beat général des Antipop Consortium l'est. Ce qui ne l'empêche pas d'être bichromique, profondément noir, souvent aérien mais surtout recherché, passé sous scalpel, exactement accompagné de ce qu'il faut de samples et de sons bizarres, prenant probablement leurs racines dans les années 80.
Plusieurs écoutes seront nécessaires à la découverte de Tragic Epilogue, à n'en pas douter, ne fusse que pour découvrir l'œuvre dans son ensemble, telle qu'il l'est nécessaire mais surtout, pour découvrir les nombreuses écoutes différentes que l'on peut se faire de cet album. L'ambiance est glacée, relativement flegmatique, stérile de tout sentiments - contrastant avec l'émotion que peuvent dégager certains titres - sèches, faute à ces beats qui le sont tout autant. On ne se conforme absolument à rien, structurellement et musicalement parlant, envoyant tout simplement valser les standings du genre. Hypnotique, cyclique, quoique clairement évolutive, au tempo qui ne se décide jamais à rester en place, retenant et rajoutant des sons à tout va, la musique du trio est à part. Force est d'admettre que les New-yorkais ont réussi en l'espace d'un album à se créer un monde bien à eux. Le flow, d'une efficacité à toute épreuve, robotique et osé, soulignant le propos de manière fort séduisante - les trois voix se complétant avec une évidence stupéfiante – donne sa grande touche mélodique à l'album.
Quelques retombées à plat sont à noter, tout n'est pas nécessairement parfait ou utile, comme en témoignent certains titres, des ponts pour la plupart, qui n'apportent rien, ni à la musique, ni à l'album, ni à l'ambiance ("Here They Come Now", "Moon Zero XM",...). La rapidité due à l'efficacité de la plupart des titres semble parfois refléter d'une hésitation du groupe qui n'ose a priori pas s'aventurer, lâchant quelques idées sans liens réels. Un défaut (si c'en est un diront certains) qui caractérise au final la production et fait son charme, aidant le côté parfois très (trop ?) cyclique de quelques titres, les empêchant de devenir répétitifs.
Pour en finir, ce premier album est surprenant, envoûtant, absolument charmant, cohérant mais manque peut-être d'une miette de maturité, le disque en devenant presque trop long. Expérimental et osé, ce sont étrangement les morceaux les plus mélodiques de l'album que l'on retiendra le plus. Ne crachons pas dans la soupe, ce n'est pas du tout mon idée, les APC nous pondent ici quelques perles que l'on n'oubliera décidément pas d'aussitôt (le touchant "Rinseflow", l'expérimental et fascinant "Eyewall" (avec "Electro Fœtus"), l'efficace "Nude Paper" ou l'entêtant "Driving In Circles" pour ne citer qu'eux).
Plusieurs écoutes seront nécessaires à la découverte de Tragic Epilogue, à n'en pas douter, ne fusse que pour découvrir l'œuvre dans son ensemble, telle qu'il l'est nécessaire mais surtout, pour découvrir les nombreuses écoutes différentes que l'on peut se faire de cet album. L'ambiance est glacée, relativement flegmatique, stérile de tout sentiments - contrastant avec l'émotion que peuvent dégager certains titres - sèches, faute à ces beats qui le sont tout autant. On ne se conforme absolument à rien, structurellement et musicalement parlant, envoyant tout simplement valser les standings du genre. Hypnotique, cyclique, quoique clairement évolutive, au tempo qui ne se décide jamais à rester en place, retenant et rajoutant des sons à tout va, la musique du trio est à part. Force est d'admettre que les New-yorkais ont réussi en l'espace d'un album à se créer un monde bien à eux. Le flow, d'une efficacité à toute épreuve, robotique et osé, soulignant le propos de manière fort séduisante - les trois voix se complétant avec une évidence stupéfiante – donne sa grande touche mélodique à l'album.
Quelques retombées à plat sont à noter, tout n'est pas nécessairement parfait ou utile, comme en témoignent certains titres, des ponts pour la plupart, qui n'apportent rien, ni à la musique, ni à l'album, ni à l'ambiance ("Here They Come Now", "Moon Zero XM",...). La rapidité due à l'efficacité de la plupart des titres semble parfois refléter d'une hésitation du groupe qui n'ose a priori pas s'aventurer, lâchant quelques idées sans liens réels. Un défaut (si c'en est un diront certains) qui caractérise au final la production et fait son charme, aidant le côté parfois très (trop ?) cyclique de quelques titres, les empêchant de devenir répétitifs.
Pour en finir, ce premier album est surprenant, envoûtant, absolument charmant, cohérant mais manque peut-être d'une miette de maturité, le disque en devenant presque trop long. Expérimental et osé, ce sont étrangement les morceaux les plus mélodiques de l'album que l'on retiendra le plus. Ne crachons pas dans la soupe, ce n'est pas du tout mon idée, les APC nous pondent ici quelques perles que l'on n'oubliera décidément pas d'aussitôt (le touchant "Rinseflow", l'expérimental et fascinant "Eyewall" (avec "Electro Fœtus"), l'efficace "Nude Paper" ou l'entêtant "Driving In Circles" pour ne citer qu'eux).
Très bon 16/20 | par Mr.dante |
Posté le 22 novembre 2008 à 22 h 52 |
Il m'est arrivé une fois, par hasard de tomber sur un texte à propos de cet album. Je ne me souviens ni de ce que l'auteur disait, ni même qui il était ou encore à quel endroit j'ai bien pu lire cette chronique. Une phrase est restée cependant, une idée plutôt : "l'éclipse Antipop". Cette juxtaposition de mots est restée, accrochée dans ma mémoire. L'idée a fait son chemin depuis, tout est clair aujourd'hui, de 2000 à 2002, Antipop Consortium fut bel et bien une éclipse.
Aucun autre groupe de hip hop n'a pu exister tant ce collectif a attiré sur lui toute la lumière disponible. Une convergence à un point donné de l'histoire (le millénium) avant d'exploser, et de se disperser de nouveau. Un prisme renvoyant la lumière, autrefois blanche, en arc-en-ciel. Antipop a beau être sombre et minimal, son héritage est riche et lumineux. Plus rien ne sera jamais comme avant. Tous les compteurs sont remis à zéro. On entre non dans une nouvelle dimension mais dans une façon radicalement nouvelle de concevoir ce que nous savons.
La musique s'impose à nous, nous aveugle juste un instant pour nous laisser mieux voir par la suite. Cela ne pouvait pas durer. Trop d'intensité. Certains sont restés aveugles. Les autres profitent d'une nouvelle génèse, explorent les territoires offerts après l'abattement des barrières.
En ce sens, ils sont au hip hop ce que Slint est au rock, une redéfinition des critères et des valeurs. La théorie de la relativité version hip hop, un changement total de paradigme.
Le son nous brûle par son intensité, implacable. Premier disque synonyme de destruction, la création d'un monde nouveau viendra plus tard. Annihilation des passés, ouverture vers de nouveaux horizons.
L'an 2000, année zéro du hip hop.
Aucun autre groupe de hip hop n'a pu exister tant ce collectif a attiré sur lui toute la lumière disponible. Une convergence à un point donné de l'histoire (le millénium) avant d'exploser, et de se disperser de nouveau. Un prisme renvoyant la lumière, autrefois blanche, en arc-en-ciel. Antipop a beau être sombre et minimal, son héritage est riche et lumineux. Plus rien ne sera jamais comme avant. Tous les compteurs sont remis à zéro. On entre non dans une nouvelle dimension mais dans une façon radicalement nouvelle de concevoir ce que nous savons.
La musique s'impose à nous, nous aveugle juste un instant pour nous laisser mieux voir par la suite. Cela ne pouvait pas durer. Trop d'intensité. Certains sont restés aveugles. Les autres profitent d'une nouvelle génèse, explorent les territoires offerts après l'abattement des barrières.
En ce sens, ils sont au hip hop ce que Slint est au rock, une redéfinition des critères et des valeurs. La théorie de la relativité version hip hop, un changement total de paradigme.
Le son nous brûle par son intensité, implacable. Premier disque synonyme de destruction, la création d'un monde nouveau viendra plus tard. Annihilation des passés, ouverture vers de nouveaux horizons.
L'an 2000, année zéro du hip hop.
Excellent ! 18/20
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