Cat Power

Jukebox

Jukebox

 Label :     Matador 
 Sortie :    mardi 22 janvier 2008 
 Format :  Compilation / CD  Vinyle   

Huit ans après son premier album de reprises, Chan Marshall aka Cat Power se prête une nouvelle fois au jeu avec ce second volume de reprises qu'est Jukebox. Autant le dire tout de suite: cette récidive est un échec.
Alors que The Covers Record avait réussi à s'approprier habilement la petite collection de morceaux choisis, Jukebox frôle et contourne les différentes reprises sans toucher au but. Est-ce dû au backband blues, bon mais insupportable, déjà présent sur The Greatest?
Quoi qu'il en soit, leur présence rend les morceaux insipides, dénués de tout éclat comme il y en avait sur le premier volume. L'aspect hésitant et fragile qui y régnait laisse place à un professionalisme barbant, où Chan n'utilise que le quart de son potentiel vocal. Elle fredonne plus qu'elle ne chante, elle interprète plus qu'elle ne s'approprie.
L'album est d'autant plus décevant que les reprises s'avéraient audacieuses: James Brown, Frank Sinatra, Bob Dylan, Janis Joplin. Mais quasiment tous ceux-là se retrouvent dans le même moule soul endormi, à coup de petites touches de wurlitzer et de guitares toutes reverb dehors...
Comme dans The Covers Record, Chan reprend l'un de ses propres morceaux. Il s'agissait la première fois de "In This Hole" présente sur What Would The Community Think, c'est ici "Metal Heart" issue de Moon Pix. Désastre!
La version originale était emplie d'une tension douce-amère, où la voix de Chan s'entremêlait subtilement avec le trio discret basse-batterie-guitare. Ici plus rien de subtil: remaniée au piano, le morceau part dans un délire pompeux où le backband (et oui! encore lui...) tente de faire décoller le tout sans y parvenir.
Autre déception (parmi d'autres), la reprise de Billie Holiday: les similarités entre les deux artistes et leurs caractères écorchés auraient pu générer un bel hommage à la Lady Day. Il n'en sera rien: expédiée en deux temps-trois mouvements, elle n'offre rien de nouveau face aux précédentes interprétations (la magistrale interprétation d'Angela McCluskey, par exemple).
Notons néanmoins les quelques beaux passages de l'album:
- "Silver Stallion" de Lee Clayton, où l'on retrouve le temps d'une chanson la Cat Power d'avant, simplement accompagnée d'une guitare.
- "Song to Bobby", écrite par Cat Power pour Dylan. C'est peut-être la seule fois de l'album où une osmose se crée entre Chan et le backband, et où l'émotion semble émerger.
Au final, un album à l'image de sa pochette: aguichant mais maladroit, confiant mais peu créatif. A quand un digne successeur de You Are Free?


Insipide   7/20
par Nimaro


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