This Will Destroy You
Young Mountain |
Label :
Magic Bullet |
||||
Il faudrait imaginer un monde où l'on pourrait vivre tout en ayant aux oreilles le défilé des plages instrumentales de ce groupe texans. Se superposant aux impressions, on décuplerait alors la percussion des images, des rencontres, des paysages. Pour constater avec surprise que la parallèle tombe juste à merveille. Réconfortante, la musique de This Will Destroy You colle au plus juste : elle couche en notes et harmonies les émotions que l'on possède en chacun de nous lorsqu'on se laisse aller à la mélancolie. Ces sentiments diffus et flous qui ne sont ni de la joie, ni de la peine. On se morfond uniquement, et cet album convient parfaitement à ces états avec ces moments lyriques et ces autres plus minimalistes et intimistes.
Lors des constructions en goutte à goutte, le monde apparaît plus fragile, bringuebalant et prêt à basculer à tout instant dans la folie ou la décrépitude, il suffit d'un rien, un coup de vent pour faire tomber une feuille. Lors des déferlements à débit fort, on se sent pousser des ailes, d'espoir ou de rage, les deux sont mélangés, le monde est à préserver, nous on le sait, mais combien le savent, eux, hein ? Car au final on est bien seul et c'est ça le problème : la musique a beau être la même pour tous, elle ne parle qu'à chacun. Tandis que la musique de This Will Destroy You ne scande pas, mais récite pendant longtemps, les guitares et les notes emballées ont le temps de faire de l'effet : on s'isole, on se fond dans la musique, et par conséquent on se coupe du monde. De toutes manières, cette musique est nettement plus belle que le quotidien.
A se demander du reste si le profond détachement que l'on ressent est intrinsèque à la valeur de la réalité qui nous entoure (un arbre, une berge de rivière, une voiture qui passe, un accident d'ici deux cent mètre à cause d'un stop et d'une alcoolémie trop élevée, la vie est moche) ou si la profonde mélancolie enveloppante rattachée à ces longues plages de mélodies qui s'additionnent puis se retranchent ou les deux, n'est pas responsable de cette vision faussée.
Enveloppé dans cette bulle protectrice, on se love et on se calfeutre : le monde est violent, il y a des accidents tous les deux cent mètres, et tout ça à cause de quoi ? À cause de la connerie des gens. Alors plutôt que cautionner cela, on vient chercher refuge dans la musique de This Will Destroy You et on y trouve un écho. Chaleureuse et profonde grâce à l'utilisation de piano, clavier englobant ou baguette de batterie émoussée et cymbale effleurée, l'ambiance s'étale sur de longues minutes jusqu'à nous immerger dans un monde aquatique, voire amniotique de mélodies en pluie d'or, de coups de butoir servis en rasade et d'allants puissants et majestueux. Les longues montées en puissance éclatent toute leur vigueur, mais sans créer de dommages, sans casser quoi que ce soit : elles mettent juste en exergue ce sentiment diffus que la beauté est quelque chose de dur et long à conquérir.
Chaque amateur le saura, un disque de post-rock ne contenant que six titres est forcément un bon album de post-rock : prenant leur temps, les plages caressent, appellent à l'introspection irréfléchie, puis excitent les sens. D'où cette ambivalence : s'enfermer au sein d'une telle musique est à la fois un contournement, un subterfuge à la réalité, comme à la fois la preuve évidente que la réalité peut encore fournir des moments de plénitude esthétique.
Etirées et fragiles, ces chansons lancent des appels à la mélancolie, à la tristesse et à la beauté perdue, mais dans le vide, sans trouver d'écho, hormis dans les têtes, car dehors, ce monde trop moche n'est pas prêt pour recevoir une telle musique.
Lors des constructions en goutte à goutte, le monde apparaît plus fragile, bringuebalant et prêt à basculer à tout instant dans la folie ou la décrépitude, il suffit d'un rien, un coup de vent pour faire tomber une feuille. Lors des déferlements à débit fort, on se sent pousser des ailes, d'espoir ou de rage, les deux sont mélangés, le monde est à préserver, nous on le sait, mais combien le savent, eux, hein ? Car au final on est bien seul et c'est ça le problème : la musique a beau être la même pour tous, elle ne parle qu'à chacun. Tandis que la musique de This Will Destroy You ne scande pas, mais récite pendant longtemps, les guitares et les notes emballées ont le temps de faire de l'effet : on s'isole, on se fond dans la musique, et par conséquent on se coupe du monde. De toutes manières, cette musique est nettement plus belle que le quotidien.
A se demander du reste si le profond détachement que l'on ressent est intrinsèque à la valeur de la réalité qui nous entoure (un arbre, une berge de rivière, une voiture qui passe, un accident d'ici deux cent mètre à cause d'un stop et d'une alcoolémie trop élevée, la vie est moche) ou si la profonde mélancolie enveloppante rattachée à ces longues plages de mélodies qui s'additionnent puis se retranchent ou les deux, n'est pas responsable de cette vision faussée.
Enveloppé dans cette bulle protectrice, on se love et on se calfeutre : le monde est violent, il y a des accidents tous les deux cent mètres, et tout ça à cause de quoi ? À cause de la connerie des gens. Alors plutôt que cautionner cela, on vient chercher refuge dans la musique de This Will Destroy You et on y trouve un écho. Chaleureuse et profonde grâce à l'utilisation de piano, clavier englobant ou baguette de batterie émoussée et cymbale effleurée, l'ambiance s'étale sur de longues minutes jusqu'à nous immerger dans un monde aquatique, voire amniotique de mélodies en pluie d'or, de coups de butoir servis en rasade et d'allants puissants et majestueux. Les longues montées en puissance éclatent toute leur vigueur, mais sans créer de dommages, sans casser quoi que ce soit : elles mettent juste en exergue ce sentiment diffus que la beauté est quelque chose de dur et long à conquérir.
Chaque amateur le saura, un disque de post-rock ne contenant que six titres est forcément un bon album de post-rock : prenant leur temps, les plages caressent, appellent à l'introspection irréfléchie, puis excitent les sens. D'où cette ambivalence : s'enfermer au sein d'une telle musique est à la fois un contournement, un subterfuge à la réalité, comme à la fois la preuve évidente que la réalité peut encore fournir des moments de plénitude esthétique.
Etirées et fragiles, ces chansons lancent des appels à la mélancolie, à la tristesse et à la beauté perdue, mais dans le vide, sans trouver d'écho, hormis dans les têtes, car dehors, ce monde trop moche n'est pas prêt pour recevoir une telle musique.
Très bon 16/20 | par Vic |
Posté le 25 octobre 2008 à 18 h 04 |
Cette musique me fait du mal. Cette musique me détruit. Elle pénètre au plus profond de mon être et m'écorche. Elle me glace l'échine et me déchire les entrailles.
Si j'avais su que ma vie toute entière allait être bouleversée, j'aurais... non, je n'aurais rien fait... je n'aurais rien pu faire, parce que ces mecs là sont des putains de génies et que leur musique est mieux que la drogue la plus hallucinante du monde, mieux que tout, vraiment mieux que tout.
Mais je m'en remettrai jamais, bordel jamais je ne pourrai oublier ce jour où je sentais que j'allais crever tellement cette musique m'avait bouleversé.
J'ai juste envie de me tirer pour pleurer en silence, pour me retenir de hurler au monde entier combien c'est bon.
C'est du putain de grand art, c'est incomparable et mieux que tout ce qui peut exister au monde.
Je suis en vie.
Si j'avais su que ma vie toute entière allait être bouleversée, j'aurais... non, je n'aurais rien fait... je n'aurais rien pu faire, parce que ces mecs là sont des putains de génies et que leur musique est mieux que la drogue la plus hallucinante du monde, mieux que tout, vraiment mieux que tout.
Mais je m'en remettrai jamais, bordel jamais je ne pourrai oublier ce jour où je sentais que j'allais crever tellement cette musique m'avait bouleversé.
J'ai juste envie de me tirer pour pleurer en silence, pour me retenir de hurler au monde entier combien c'est bon.
C'est du putain de grand art, c'est incomparable et mieux que tout ce qui peut exister au monde.
Je suis en vie.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 23 juillet 2011 à 22 h 52 |
Voilà...........pour peu que l'on soit amateur de mélodies instrumentales qui prennent aux tripes et d'échos, cet album fait partie des bibles du genre. Au même titre que les premiers opus d'Explosions In The Sky, Mogwai et Mono, ce chef d'œuvre de 36 minutes est un enchaînement de mélodies qui vous tombe dessus de manière progressive comme une cascade de notes - plus mélancoliques les une que les autres - venait à se former au dessus de votre tête qu'importe le lieu de l'écoute.
Les morceaux phares "The World Is Our" et "I Believe In Your Victory" semblent être conçus pour être joués en live ou chez soit. Très simples, chaque instrument est mis en exergue de manière limpide et magistrale, tout ceci mêlé dans une reverb scandaleuse de génie qui véhicule chaque explosion sur une fine couche de glace sinueuse. Chaque morceau mérite d'être repris dans un film, une passage sombre, intense et furtif.
"Tu écoutes quoi en ce moment ?"
- "Euh le dernier disque des enfoirés".
"Ok assis toi, prends un autre verre et écoute, ce n'est pas négociable".
-"c'est superbe, très beau mais c'est triste non ? Pas de paroles ?"
"Non, c'est beau, allez Ciao".
Hormis "Yasmin the light" et "Halo" il n'existe pas selon moi de morceaux plus jouissif que "The World Is Our". Les batteurs ne pourront s'empêcher de reproduire ces rythmes nets, profonds où chaque coup de caisse claire et de cymbales est dosé et puissant...Les guitaristes seront surpris par la facilité des morceaux et comprendront par la même le balancement d'un Munaf sur scène....Les bassistes se courberont quand arrivent les guitares saturées...
Achetez le.
Les morceaux phares "The World Is Our" et "I Believe In Your Victory" semblent être conçus pour être joués en live ou chez soit. Très simples, chaque instrument est mis en exergue de manière limpide et magistrale, tout ceci mêlé dans une reverb scandaleuse de génie qui véhicule chaque explosion sur une fine couche de glace sinueuse. Chaque morceau mérite d'être repris dans un film, une passage sombre, intense et furtif.
"Tu écoutes quoi en ce moment ?"
- "Euh le dernier disque des enfoirés".
"Ok assis toi, prends un autre verre et écoute, ce n'est pas négociable".
-"c'est superbe, très beau mais c'est triste non ? Pas de paroles ?"
"Non, c'est beau, allez Ciao".
Hormis "Yasmin the light" et "Halo" il n'existe pas selon moi de morceaux plus jouissif que "The World Is Our". Les batteurs ne pourront s'empêcher de reproduire ces rythmes nets, profonds où chaque coup de caisse claire et de cymbales est dosé et puissant...Les guitaristes seront surpris par la facilité des morceaux et comprendront par la même le balancement d'un Munaf sur scène....Les bassistes se courberont quand arrivent les guitares saturées...
Achetez le.
Parfait 17/20
Posté le 25 juillet 2012 à 00 h 00 |
Il était une fois, au pays des cow-boys, 4 types qui, après différentes expériences musicales, décidèrent d'offrir au Monde un voyage sans billet. Mélangeant atmosphères instrumentales et sensations oniriques, bienvenue dans l'univers de ces texans instigateurs du mouvement Post-Rock (à guitares).
Je me souviens de la gifle que j'ai pris ce jour bénit où j'ai découvert cette formation. En quête de nouvelles sensations et surtout en fuite des impositions culturelles et de ce collier métallique que l'industrie de la musique voulait me forcer à porter, j'ai écouté le premier EP de This Will Destroy You, seul, sur ma chaise de bureau. Le souffle coupé, la bouche bée, des images plein la tête... je fus totalement détourné de ce pourquoi j'étais venu... Ma conclusion sur l'instant : "Ils portent bien leur nom". Cela va te détruire, n'y voyez pas un aspect sombre ou malsain, bien au contraire. En fait, à l'écoute de cette musique, il se passe quelque chose d'inexplicable (si Jacques Pradel présentait encore Mystère, on lui confierait le dossier). La transe est incontrôlable tellement d'émotions se dégagent de l'écoute; et, cerise sur le gâteau, chaque nouveau défilement offre sa nouvelle panoplie de plaisirs et de douleurs.
Si vous découvrez ces artistes ici, et que comme moi, les drogues vous font un peu peur... voici la solution. Je vous propose un fantastique psychotrope sans modération nécessaire. Petit conseil du spécialiste, ne faites pas l'erreur d'écouter tout ça sans un niveau sonore suffisant (gare aux organes quand même), ce serait du gâchis et vos risqueriez de passer à côté d'infimes subtilités jouissives. De plus, le choix des mixes est assumé, enchaînant douceur et explosions, montées et tensions.
Avec cet album, toutes les émotions qui subsistent en nous se laissent aller à la mélancolie. Notre côté écorché jaillit d'une manière immaîtrisable. Impossible de ne pas se retrouver aux bord des larmes ou avec un noeud dans la gorge. L'envie de crier, à l'Univers, le génie et la grandeur de ces compositions arrive dès la fin des 36 minutes d'immersion. Mais surtout... "Putain, je suis en vie!".
Quiet :
Un souffle, des accords de piano plaqué... un delay sur une guitare en son clair... Voilà comment se passe la première minute. Ensuite vient l'arrivée d'une batterie sèche sur un rythme lent avec de petits contre-temps magnifiques. C'est à 1 minutes 30 plus tard que le révélation s'impose... et c'est là que le temps s'arrête.
This World Is Our :
La mise en exergue de chaque instrument est remarquable. Toutes les couleurs sonores sont choisies avec perfection et sublimées par des reverb magistrales. Ces rythmes nets et profonds sont crayonnés par chaque coup de caisse claire et de cymbales, dosé et puissant.
A 2 minutes 40, la caisse claire trouve son timbre qui permet aux autres instruments d'ouvrir une fenêtre sur ce monde qu'est le leur, plus acerbe... et quelques secondes plus tard, le niveau se hisse grâce à une guitare tendue, quasi monotonale, créant une distorsion viscérale qui ne sera relâchée que 40 secondes plus tard. A ce moment, vous n'êtes qu'à la moitié du voyage. La suite présente un beat électronique delayé, comme un repos rythmique avant une escapade chimérique qui s'évapore dans un balai de mélodie et de mouvements syncopés.
I Believe In Your Victory :
Deux guitares s'entremêlant comme un coït voluptueux sont l'entrée en matière de ce titre qui ne recule pas devant l'idée de faire partie d'un tout dont personne ne peut rester insensible. Ici, pas de déferlante sonore mais juste un contrôle divin des émotions retranscrites par la musique... de très belles mélodies, des fréquences choisies qui laissent la place à chacun et où chaque instrument est parfaitement identifiable. L'instant transitionnel du morceau m'a, la toute première fois, complètement désorienté... Est-ce une fin? Est-ce un bug? Est-ce du génie? La batterie est tout bonnement remarquable et les notes distillées par un e-bow (archet électronique) dressent toute pilosité rattachée au corps qui écoute cet instant.
Grandfather Clock :
2 minutes 37 d'un autre univers. Beat électronique, clavier synthétique, absence de delay et une énorme reverb sur la basse attachant chaque note les unes avec les autres. Le saisissement n'est pas immédiat et une fois la coulée achevée, l'intention de transition est digérée.
Happiness: We're In This Together :
Attachez votre ceinture, le voyage durera un peu plus de 8 minutes 30, la température à l'extérieur est de... on s'en fout, à notre arrivée, le temps sera... on s'en fout. L'immersion est totale, chaleureuse et profonde, l'ambiance s'étale sur de longues minutes, ces minutes si précieuses à notre bien-être, celles que l'on ne cherche pas à rentabiliser. Le temps se prend et le son se caresse comme une herbe grasse et sauvage. Soyez en assuré, il ne vous arrivera rien et si c'est l'instant que la Terre à choisie pour s'arrêter de tourner, aucun regret à avoir, vous êtes là où il faut, entre délicatesse et bien-être. Ça monte ? Vous sentez ? Le vide s'installe et le volume de votre boîte crânienne s'emplit de cette aubade jusque là méconnue. Allez... pleurez c'est naturel.
There Are Some Remedies Worse Than The Disease :
Les amateurs du genre Post-Rock trouveront en ce titre le ressenti tant recherché. En effet, le son devient matière mais cette matière est incertaine. Le morceau se construit piste par piste comme pour honorer chaque caractère composant. Puis viens ce moment, environ 1 minutes 30 après le début où le violoncelle s'immisce dans le corps du morceau tel le prophète d'un présage critique... Que va-t-il se passer? C'est une tornade que l'on observe de loin... qui se rapproche... mais il est trop tard pour quitter les lieux...
Voilà le plus mauvais moment de Young Mountain... la fin.
Que s'est-il passé?
Comment ai-je pu vivre sans ça?
Comment vais-je vivre avec ça maintenant?
Je me souviens de la gifle que j'ai pris ce jour bénit où j'ai découvert cette formation. En quête de nouvelles sensations et surtout en fuite des impositions culturelles et de ce collier métallique que l'industrie de la musique voulait me forcer à porter, j'ai écouté le premier EP de This Will Destroy You, seul, sur ma chaise de bureau. Le souffle coupé, la bouche bée, des images plein la tête... je fus totalement détourné de ce pourquoi j'étais venu... Ma conclusion sur l'instant : "Ils portent bien leur nom". Cela va te détruire, n'y voyez pas un aspect sombre ou malsain, bien au contraire. En fait, à l'écoute de cette musique, il se passe quelque chose d'inexplicable (si Jacques Pradel présentait encore Mystère, on lui confierait le dossier). La transe est incontrôlable tellement d'émotions se dégagent de l'écoute; et, cerise sur le gâteau, chaque nouveau défilement offre sa nouvelle panoplie de plaisirs et de douleurs.
Si vous découvrez ces artistes ici, et que comme moi, les drogues vous font un peu peur... voici la solution. Je vous propose un fantastique psychotrope sans modération nécessaire. Petit conseil du spécialiste, ne faites pas l'erreur d'écouter tout ça sans un niveau sonore suffisant (gare aux organes quand même), ce serait du gâchis et vos risqueriez de passer à côté d'infimes subtilités jouissives. De plus, le choix des mixes est assumé, enchaînant douceur et explosions, montées et tensions.
Avec cet album, toutes les émotions qui subsistent en nous se laissent aller à la mélancolie. Notre côté écorché jaillit d'une manière immaîtrisable. Impossible de ne pas se retrouver aux bord des larmes ou avec un noeud dans la gorge. L'envie de crier, à l'Univers, le génie et la grandeur de ces compositions arrive dès la fin des 36 minutes d'immersion. Mais surtout... "Putain, je suis en vie!".
Quiet :
Un souffle, des accords de piano plaqué... un delay sur une guitare en son clair... Voilà comment se passe la première minute. Ensuite vient l'arrivée d'une batterie sèche sur un rythme lent avec de petits contre-temps magnifiques. C'est à 1 minutes 30 plus tard que le révélation s'impose... et c'est là que le temps s'arrête.
This World Is Our :
La mise en exergue de chaque instrument est remarquable. Toutes les couleurs sonores sont choisies avec perfection et sublimées par des reverb magistrales. Ces rythmes nets et profonds sont crayonnés par chaque coup de caisse claire et de cymbales, dosé et puissant.
A 2 minutes 40, la caisse claire trouve son timbre qui permet aux autres instruments d'ouvrir une fenêtre sur ce monde qu'est le leur, plus acerbe... et quelques secondes plus tard, le niveau se hisse grâce à une guitare tendue, quasi monotonale, créant une distorsion viscérale qui ne sera relâchée que 40 secondes plus tard. A ce moment, vous n'êtes qu'à la moitié du voyage. La suite présente un beat électronique delayé, comme un repos rythmique avant une escapade chimérique qui s'évapore dans un balai de mélodie et de mouvements syncopés.
I Believe In Your Victory :
Deux guitares s'entremêlant comme un coït voluptueux sont l'entrée en matière de ce titre qui ne recule pas devant l'idée de faire partie d'un tout dont personne ne peut rester insensible. Ici, pas de déferlante sonore mais juste un contrôle divin des émotions retranscrites par la musique... de très belles mélodies, des fréquences choisies qui laissent la place à chacun et où chaque instrument est parfaitement identifiable. L'instant transitionnel du morceau m'a, la toute première fois, complètement désorienté... Est-ce une fin? Est-ce un bug? Est-ce du génie? La batterie est tout bonnement remarquable et les notes distillées par un e-bow (archet électronique) dressent toute pilosité rattachée au corps qui écoute cet instant.
Grandfather Clock :
2 minutes 37 d'un autre univers. Beat électronique, clavier synthétique, absence de delay et une énorme reverb sur la basse attachant chaque note les unes avec les autres. Le saisissement n'est pas immédiat et une fois la coulée achevée, l'intention de transition est digérée.
Happiness: We're In This Together :
Attachez votre ceinture, le voyage durera un peu plus de 8 minutes 30, la température à l'extérieur est de... on s'en fout, à notre arrivée, le temps sera... on s'en fout. L'immersion est totale, chaleureuse et profonde, l'ambiance s'étale sur de longues minutes, ces minutes si précieuses à notre bien-être, celles que l'on ne cherche pas à rentabiliser. Le temps se prend et le son se caresse comme une herbe grasse et sauvage. Soyez en assuré, il ne vous arrivera rien et si c'est l'instant que la Terre à choisie pour s'arrêter de tourner, aucun regret à avoir, vous êtes là où il faut, entre délicatesse et bien-être. Ça monte ? Vous sentez ? Le vide s'installe et le volume de votre boîte crânienne s'emplit de cette aubade jusque là méconnue. Allez... pleurez c'est naturel.
There Are Some Remedies Worse Than The Disease :
Les amateurs du genre Post-Rock trouveront en ce titre le ressenti tant recherché. En effet, le son devient matière mais cette matière est incertaine. Le morceau se construit piste par piste comme pour honorer chaque caractère composant. Puis viens ce moment, environ 1 minutes 30 après le début où le violoncelle s'immisce dans le corps du morceau tel le prophète d'un présage critique... Que va-t-il se passer? C'est une tornade que l'on observe de loin... qui se rapproche... mais il est trop tard pour quitter les lieux...
Voilà le plus mauvais moment de Young Mountain... la fin.
Que s'est-il passé?
Comment ai-je pu vivre sans ça?
Comment vais-je vivre avec ça maintenant?
Exceptionnel ! ! 19/20
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