Sneaker Pimps
Low Five |
Label :
Clean Up |
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Il est impossible à l'écoute d'un titre des anglais de deviner l'ambiance dépeinte. Ce n'est absolument pas joyeux, ça on le conçoit aisément (le rythme electro froid, la voix suave mais inflexible et tendancieuse, les guitares rudes), mais ce n'est pas triste ou larmoyant non plus. Tout juste étrange.
Et on ressort de là complètement chamboulé par des chansons aux qualités mélodiques indéniables mais dont les effets provoquent une boule à l'estomac, un sentiment de malaise, et la troublante sensation d'être dans un état dépressif alors que tout va bien. Et tout cela sans en deviner l'origine.
Chris Corner a pris le contrôle de Sneakers Pimps en éliminant tout le côté glamour et suave qu'il possédait avant pour plonger le style dans un marasme indicible d'interrogations et de contemplations expérimentales. Prouvant au passage une force subliminale capable d'hypnotiser l'auditeur. C'est avec une electro-pop électrique et acérée que le groupe exerce une fascination sur celui-ci, avant de le contaminer par des mélodies ensorceleuses. Chris Corner n'a pas l'habitude de se livrer (lui qui n'hésite pas à couper son visage en deux sur la pochette) et ce n'est pas ici qu'il le fera. Il préfère rester confus : sortant des sentiers battus (et prenant ainsi une coudée d'avance sur le Kid A de Radiohead), tout en soignant un côté charmant avec guitares, ou méchantes, ou acoustiques et mélancoliques.
Jouant avec sa voix effacée et sans émotion, hormis de la chaleur, Chris Corner entretient volontairement une distance avec ses sonorités électroniques (les bidules électroniques en forme de Rice Crispies arabisant sur "Diving") en donnant vie à des moments de fureurs (les zébras de "Diving") ou des instants plus délicats (la sublime guitare sèche de "Unattach"). Mais les colorations de ses mélodies mi-organiques, mi-synthétiques, ne s'abaissent jamais au niveau d'un esprit cartésien, tout blanc ou tout noir.
Le grésillement des guitares font mal et blessent sur "Diving" tandis que le refrain répété, avec ce chant doublé, qui se fera de plus en plus insistant, s'incruste dans les esprits. Les passages dub/noisy/expérimental sèment encore plus le trouble, d'autant qu'ils achèvent le morceau. Et la transition avec "Unattach" est rude.
Démarrant par quelques cordes grattées de guitares sèches, la chanson se laisse doucement mais sûrement pervertir par une beauté pernicieuse et vile : le chant se fait caressant mais détaché, quelques pianos déglingués se font fantômes et surtout, surtout, derrière le rythme coulant, se cache un drone hyper bas et inquiétant. Alternant les moments de pure grâce et les moments plus hargneux avec brouillage sonore, "Unattach" oscille et balance sans choisir. Il ne reste que l'impression d'avoir été plongé dans un monde bien étrange.
Et cette anxiété, pourtant addictive, est sans aucun doute cristallisée sur le sublime single "Low Five", extrait du magnifique et trop méconnu album Splinter (chef-d'œuvre négligé de 1999). Laissant couler des violons, le climat retombe pourtant bien vite par un tempo basé sur une boite à rythme obscure et une voix caressante, coulante et visqueuse, appuyé par une guitare sèche, des arrangements samplés de cordes et même des xylophones, le tout pour un lyrisme alarmant.
La venue du refrain se fait sentir, et on la craint presque, suite à la chute de tension brutale (un voile de bourdonnement puis plus de sons pendant une fraction de seconde), avant de découvrir épaté une complainte éclatante et extraordinaire. Bariolé et maculé de guitares électriques froides et tranchantes, le point d'orgue se fait tempête sans pour autant se faire violence, instaurant une libération empreinte d'une futilité et d'un cynisme désespérant, d'autant qu'à chaque fois celui-ci est tronqué par une retombée en pluie des violons et une reprise toujours aussi froide et troublante.
Sans aucun doute une des chansons les plus marquantes sorties ces années-là, en tout cas une des plus mystérieuses.
Et on ressort de là complètement chamboulé par des chansons aux qualités mélodiques indéniables mais dont les effets provoquent une boule à l'estomac, un sentiment de malaise, et la troublante sensation d'être dans un état dépressif alors que tout va bien. Et tout cela sans en deviner l'origine.
Chris Corner a pris le contrôle de Sneakers Pimps en éliminant tout le côté glamour et suave qu'il possédait avant pour plonger le style dans un marasme indicible d'interrogations et de contemplations expérimentales. Prouvant au passage une force subliminale capable d'hypnotiser l'auditeur. C'est avec une electro-pop électrique et acérée que le groupe exerce une fascination sur celui-ci, avant de le contaminer par des mélodies ensorceleuses. Chris Corner n'a pas l'habitude de se livrer (lui qui n'hésite pas à couper son visage en deux sur la pochette) et ce n'est pas ici qu'il le fera. Il préfère rester confus : sortant des sentiers battus (et prenant ainsi une coudée d'avance sur le Kid A de Radiohead), tout en soignant un côté charmant avec guitares, ou méchantes, ou acoustiques et mélancoliques.
Jouant avec sa voix effacée et sans émotion, hormis de la chaleur, Chris Corner entretient volontairement une distance avec ses sonorités électroniques (les bidules électroniques en forme de Rice Crispies arabisant sur "Diving") en donnant vie à des moments de fureurs (les zébras de "Diving") ou des instants plus délicats (la sublime guitare sèche de "Unattach"). Mais les colorations de ses mélodies mi-organiques, mi-synthétiques, ne s'abaissent jamais au niveau d'un esprit cartésien, tout blanc ou tout noir.
Le grésillement des guitares font mal et blessent sur "Diving" tandis que le refrain répété, avec ce chant doublé, qui se fera de plus en plus insistant, s'incruste dans les esprits. Les passages dub/noisy/expérimental sèment encore plus le trouble, d'autant qu'ils achèvent le morceau. Et la transition avec "Unattach" est rude.
Démarrant par quelques cordes grattées de guitares sèches, la chanson se laisse doucement mais sûrement pervertir par une beauté pernicieuse et vile : le chant se fait caressant mais détaché, quelques pianos déglingués se font fantômes et surtout, surtout, derrière le rythme coulant, se cache un drone hyper bas et inquiétant. Alternant les moments de pure grâce et les moments plus hargneux avec brouillage sonore, "Unattach" oscille et balance sans choisir. Il ne reste que l'impression d'avoir été plongé dans un monde bien étrange.
Et cette anxiété, pourtant addictive, est sans aucun doute cristallisée sur le sublime single "Low Five", extrait du magnifique et trop méconnu album Splinter (chef-d'œuvre négligé de 1999). Laissant couler des violons, le climat retombe pourtant bien vite par un tempo basé sur une boite à rythme obscure et une voix caressante, coulante et visqueuse, appuyé par une guitare sèche, des arrangements samplés de cordes et même des xylophones, le tout pour un lyrisme alarmant.
La venue du refrain se fait sentir, et on la craint presque, suite à la chute de tension brutale (un voile de bourdonnement puis plus de sons pendant une fraction de seconde), avant de découvrir épaté une complainte éclatante et extraordinaire. Bariolé et maculé de guitares électriques froides et tranchantes, le point d'orgue se fait tempête sans pour autant se faire violence, instaurant une libération empreinte d'une futilité et d'un cynisme désespérant, d'autant qu'à chaque fois celui-ci est tronqué par une retombée en pluie des violons et une reprise toujours aussi froide et troublante.
Sans aucun doute une des chansons les plus marquantes sorties ces années-là, en tout cas une des plus mystérieuses.
Parfait 17/20 | par Vic |
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