Planete Zen
Planète Zen |
Label :
Single KO |
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Le 22 janvier 1992, Bernard Lenoir choisit de diffuser sur les ondes de France Inter le single "Charlie The Spaceriver" et s'écrie alors : "C'est le meilleur groupe du monde !".
Evidemment il serait un peu trop facile de réduire le groupe à cette seule phrase, mais aujourd'hui tout le monde a oublié Planète Zen et il ne reste que le souvenir de l'euphorie de Lenoir pour ce trio sympathique mais qui ne rencontra qu'un maigre succès, à une époque où la France n'avait d'yeux que pour le rock torturé et violent de Noir Désir.
Ce groupe aurait du rafler tous les succès, seulement, il y avait un tout petit problème : Planète Zen, au-delà de trahir son pays en chantant en anglais, pratiquait du shoegaze, et à l'époque, hormis quelques étudiants bretons ou parisiens, tout le monde s'en foutait.
C'est bien dommage car les titres font preuve d'un sens incroyable de l'accroche. Les mélodies se savourent comme des bonbons, malgré l'acidité des guitares. Certes, la formule : distorsions + voix délicieuse (celle de Muriel Bonfils) peut paraître simpliste, surtout lorsqu'elle se décline sans peu de variations (toutes les chansons se ressemblent ou à peu près), mais elle permet de mettre au goût du jour la pop. Et d'offrir un allant, une fougue et une fraîcheur retrouvée à des mélodies naïves de simplicité.
Des titres enjoués, simplistes, assez courts, joués dans le rouge et recouverts de sons criards, voire même crispants, ne traduisent que l'empressement du groupe à se lancer dans la musique, quitte à brûler quelques étapes. "Vu que je ne savais pas du tout jouer de guitare, c'était facile: je branchais une disto, j'envoyais deux accords... ça sonne tout de suite, ça fait du bruit et quand tu fais du bruit les gens ont l'impression que tu sais jouer!" avoue Muriel Bonfils. En somme, un peu comme la plupart des musiciens shoegaze (ce qu'on leur reprocha d'ailleurs, avec condescendance).
Alors on pourra toujours dire qu'après tout, Planète Zen ne fait rien de plus que du My Bloody Valentine, et certains journalistes ne manquèrent pas de le faire remarquer, et a priori c'est vrai. Les journalistes de la presse spécialisée ignorèrent complètement le groupe, ne s'intéressant guère à des musiciens qui chantent en anglais et qui s'inspirent du shoegaze anglais. Quant à ceux qui en parlaient, ils n'hésitèrent pas à tirer à boulet rouge. On compara leur texte "à de l'anglais niveau sixième" (Nouvelle Vague 1996). Ce mépris exaspérera le groupe, conscient de l'hypocrisie et de l'arrogance de la presse française. "Prends Viviant par exemple, il va dire à certains qu'il nous aime bien, et après, il ne pourra pas s'empêcher, en faisant la chronique dans Libé, de dire deux ou trois conneries méchantes et gratuites." reconnaîtra amèrement Muriel Bonfils. Evidemment, le trio sait bien que leur musique ne correspond pas au credo habituel, mais regrette tout de même que "d'un autre côté ils ne font pas leur boulot de journaliste qui serait de faire découvrir tout à tout le monde."
Planète Zen n'apporte rien de neuf. Il faut le reconnaître. Mais ça ne peut pas faire de mal. Et il est donc regrettable que le trio n'ait pas eu un écho proportionnel à leur talent.
Et avec des chansons de la trempe de "Charlie The Spacedriver" (leur plus célèbre single, celui qui lancera leur carrière donc) ou "Why We Split", il ne faudrait pas s'en priver. On reprocha un certain manque de risque, notamment pour s'obstiner à chanter en anglais, mais cela n'est qu'un malentendu. Muriel Bonfils devra se rendre à l'évidence : "il y a vraiment un problème de rythmique dans notre langue". S'arrêter là-dessus implique de passer à côté du charme indéniable de chansons comme "Dreamland" (et la voix incroyable de Muriel), véritables bombes soniques, ou bien le lancinant "Solar Hammond". Et ce serait bien dommage. Car en réalité, le groupe ne se prend pas à la légère, comme le démontre certains titres ("J'aime pas les poufs").
Le mérite de Planète Zen, à défaut d'être original, est de remettre au goût du jour, une certaine idée de la pop, directe, franche, entière et sans maniérisme, presque punk. On ressent pas mal l'influence de groupes comme The Darling Buds ou The Primitives en fin de compte, et il n'est finalement pas si étonnant que ça de noter la présence de "Denis", reprise de Blondie, envoyé pied au plancher et délicieux de minauderie. L'album cache même une petite ballade merveilleuse, noyée sous un déluge de guitares, "Slow", où le tempo ralenti et la voix féminine doublée font des ravages !
Et finalement le cas Planète Zen résume bien le mal du rock français : le problème ne vient pas du manque de qualité, surtout avec la vague indie des années 90 dans laquelle s'inscrivait en plein le trio, mais du fait que peu de gens en France sont capables de s'en apercevoir...
Evidemment il serait un peu trop facile de réduire le groupe à cette seule phrase, mais aujourd'hui tout le monde a oublié Planète Zen et il ne reste que le souvenir de l'euphorie de Lenoir pour ce trio sympathique mais qui ne rencontra qu'un maigre succès, à une époque où la France n'avait d'yeux que pour le rock torturé et violent de Noir Désir.
Ce groupe aurait du rafler tous les succès, seulement, il y avait un tout petit problème : Planète Zen, au-delà de trahir son pays en chantant en anglais, pratiquait du shoegaze, et à l'époque, hormis quelques étudiants bretons ou parisiens, tout le monde s'en foutait.
C'est bien dommage car les titres font preuve d'un sens incroyable de l'accroche. Les mélodies se savourent comme des bonbons, malgré l'acidité des guitares. Certes, la formule : distorsions + voix délicieuse (celle de Muriel Bonfils) peut paraître simpliste, surtout lorsqu'elle se décline sans peu de variations (toutes les chansons se ressemblent ou à peu près), mais elle permet de mettre au goût du jour la pop. Et d'offrir un allant, une fougue et une fraîcheur retrouvée à des mélodies naïves de simplicité.
Des titres enjoués, simplistes, assez courts, joués dans le rouge et recouverts de sons criards, voire même crispants, ne traduisent que l'empressement du groupe à se lancer dans la musique, quitte à brûler quelques étapes. "Vu que je ne savais pas du tout jouer de guitare, c'était facile: je branchais une disto, j'envoyais deux accords... ça sonne tout de suite, ça fait du bruit et quand tu fais du bruit les gens ont l'impression que tu sais jouer!" avoue Muriel Bonfils. En somme, un peu comme la plupart des musiciens shoegaze (ce qu'on leur reprocha d'ailleurs, avec condescendance).
Alors on pourra toujours dire qu'après tout, Planète Zen ne fait rien de plus que du My Bloody Valentine, et certains journalistes ne manquèrent pas de le faire remarquer, et a priori c'est vrai. Les journalistes de la presse spécialisée ignorèrent complètement le groupe, ne s'intéressant guère à des musiciens qui chantent en anglais et qui s'inspirent du shoegaze anglais. Quant à ceux qui en parlaient, ils n'hésitèrent pas à tirer à boulet rouge. On compara leur texte "à de l'anglais niveau sixième" (Nouvelle Vague 1996). Ce mépris exaspérera le groupe, conscient de l'hypocrisie et de l'arrogance de la presse française. "Prends Viviant par exemple, il va dire à certains qu'il nous aime bien, et après, il ne pourra pas s'empêcher, en faisant la chronique dans Libé, de dire deux ou trois conneries méchantes et gratuites." reconnaîtra amèrement Muriel Bonfils. Evidemment, le trio sait bien que leur musique ne correspond pas au credo habituel, mais regrette tout de même que "d'un autre côté ils ne font pas leur boulot de journaliste qui serait de faire découvrir tout à tout le monde."
Planète Zen n'apporte rien de neuf. Il faut le reconnaître. Mais ça ne peut pas faire de mal. Et il est donc regrettable que le trio n'ait pas eu un écho proportionnel à leur talent.
Et avec des chansons de la trempe de "Charlie The Spacedriver" (leur plus célèbre single, celui qui lancera leur carrière donc) ou "Why We Split", il ne faudrait pas s'en priver. On reprocha un certain manque de risque, notamment pour s'obstiner à chanter en anglais, mais cela n'est qu'un malentendu. Muriel Bonfils devra se rendre à l'évidence : "il y a vraiment un problème de rythmique dans notre langue". S'arrêter là-dessus implique de passer à côté du charme indéniable de chansons comme "Dreamland" (et la voix incroyable de Muriel), véritables bombes soniques, ou bien le lancinant "Solar Hammond". Et ce serait bien dommage. Car en réalité, le groupe ne se prend pas à la légère, comme le démontre certains titres ("J'aime pas les poufs").
Le mérite de Planète Zen, à défaut d'être original, est de remettre au goût du jour, une certaine idée de la pop, directe, franche, entière et sans maniérisme, presque punk. On ressent pas mal l'influence de groupes comme The Darling Buds ou The Primitives en fin de compte, et il n'est finalement pas si étonnant que ça de noter la présence de "Denis", reprise de Blondie, envoyé pied au plancher et délicieux de minauderie. L'album cache même une petite ballade merveilleuse, noyée sous un déluge de guitares, "Slow", où le tempo ralenti et la voix féminine doublée font des ravages !
Et finalement le cas Planète Zen résume bien le mal du rock français : le problème ne vient pas du manque de qualité, surtout avec la vague indie des années 90 dans laquelle s'inscrivait en plein le trio, mais du fait que peu de gens en France sont capables de s'en apercevoir...
Sympa 14/20 | par Vic |
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