Day One
Ordinary Man |
Label :
Melankolik |
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Avec Ordinary Man, Phelim Byrne et le multi-instrumentiste Matthew Hardwidge, nous livrent un premier album produit avec Massive Attack, leurs congénères de Bristol. Les deux musiciens délivrent ainsi un disque aux mélanges étrangement exquis, aux sonorités variées, du hip-hop au rock, en pasant l'electro et le folk, teinté par un spleen lancinant, dû en grande partie au timbre souple, tendre et léger de Phelim qui, avant The Streets ouvrait la voie à un phrasé hip-hop simple et aérien et, surtout, à l'attachement du groupe pour ces 'petites choses de la vie'.
L'album s'étend donc sur 11 pistes -qui sont autant de mini-saynètes- à dépeindre le quotidien des rues de 'n'importe quelle ville, n'importe où' avec sa banalité et ses accrocs, et tend à l'universel en exhumant des anecdotes passées en un récit oscilant entre le discours raporté et le subjonctif pur. Ecrit conjointement par nos deux acolytes, Ordinary Man, disons le tout de suite, est un album très maussade, empli de préoccupations banales (l'existence, l'amour, la solitude) mais opressantes et encré dans une conception assez sombre des relations humaines.
Ainsi, le tubesque "Bedroom Dancing", qui fit se remuer une génération d'ados dans la B.O. de Sex Intention, évoque avec finesse la peur du rapport sexuel, du point de vue de l'homme, ici dépossédé de son machisme et de sa force. Terrorisé par l'idée de coucher avec 'elle', qu'il présente comme une succube manipulatrice, ('She said I could take her/If I danced with her/But Somehow I knew/ That she was an indian devil'.) il repousse sans cesse le moment 'X', développant ainsi un renversement des rôles assez singulier 'I said 'what about tomorrow?' / She said 'what about tonight ? /trust me baby, it'll be alright (it'll be alright)''
Tranquilement, on se laisse porter, de contrepoints en contrepoints, à la rêverie, on accompagne ces histoires de gens ordinaires jusqu'à "I'm Doing Fine", qui, sans nul doute, est La chanson de l'album. Parfaite par sa construction, sa mélodie, son instrumentation et son chant, tout le génie de Day One y est concentré. Elle capturera vos rêveries journalières, vous donnera envie d'aborder la personne à votre droite, de vivre, là, maintenant, tout de suite, une histoire, une histoire magique, irréelle, comme celle évoquée dans "Truly, Madly, Deeply" et, surtout, de fuir l'étouffante vacuité de l'existence, le poids de la solitutde.
On se laisse de cette façon étreindre par une exquise mélancolie tout en retournant vers "In Your Life", que l'on a trop vite jugée baclée, on est touché par cette voix, qui atteint ses limites dans le chant, qui déraille et, paradoxalement, par cette justesse dans l'évocation de la déception amoureuse.
"Truly, Madly, Deeply" enfonce le clou. Ballade trip-hop présentée comme une love story type "Before Sunset", rendue onirique par sa composition. Morceau envoûtant dans lequel les mots, si simplement prononcés, si proprement dits, nous captivent sans chercher à impressionner. Ils résonnent jusqu'aux murmures de fin qui scandent le premier couplet, rappelants la voix d'un enfant qui récite un poème, d'un homme cherchant à raviver le souvenir, d'un solitaire, tentant de rêver.
Si l'album, dans sa construction, est assez inégal, il laisse défiler des produits hybrides de tout genre, des morceaux qui semblent purement le fruit d'un hip-hop expérimental ("Paradise Lost") ou d'une balade folk assez convenue ("Automn Rain"). On reste malgré tout conquis par ce prisme, ce travail de témoignage d'une époque qui est la notre, conquis par cette mélancolie, pris au coeur jusqu'aux notes de piano qui ouvrent Ordinary man, et qui indiquent que c'est la fin, et on a envie de rencontrer ce pauvre bougre qui aimerai être un autre pour ne plus être seul, lui dire que c'est volontiers qu'on l'accompagne.
Day One a réussit, dans ce premier album, à atteindre ce que beaucoup cherchent sans jamais le trouver : toucher et émouvoir ; et ce procès prend forme dans la simplicité et la sincérité, écrasant tous les pompiers qui innondent l'industrie musicale, cherchant à nous tirer les lacrymales avec des mélodies éconduites et indigestes, des paroles mièvres chantées sans conviction. Day One provoque l'émotion sans la chercher, redonne foi en un artiste qui peut s'assoir près de vous, vivre votre quotidien, et le transmettre dans toute sa pureté, en une oeuvre poétique et magistrale.
Et nous, de chanter avec eux, et pour longtemps 'No, no way/I'm on my own now/And doing fine/I'm doing fine'
L'album s'étend donc sur 11 pistes -qui sont autant de mini-saynètes- à dépeindre le quotidien des rues de 'n'importe quelle ville, n'importe où' avec sa banalité et ses accrocs, et tend à l'universel en exhumant des anecdotes passées en un récit oscilant entre le discours raporté et le subjonctif pur. Ecrit conjointement par nos deux acolytes, Ordinary Man, disons le tout de suite, est un album très maussade, empli de préoccupations banales (l'existence, l'amour, la solitude) mais opressantes et encré dans une conception assez sombre des relations humaines.
Ainsi, le tubesque "Bedroom Dancing", qui fit se remuer une génération d'ados dans la B.O. de Sex Intention, évoque avec finesse la peur du rapport sexuel, du point de vue de l'homme, ici dépossédé de son machisme et de sa force. Terrorisé par l'idée de coucher avec 'elle', qu'il présente comme une succube manipulatrice, ('She said I could take her/If I danced with her/But Somehow I knew/ That she was an indian devil'.) il repousse sans cesse le moment 'X', développant ainsi un renversement des rôles assez singulier 'I said 'what about tomorrow?' / She said 'what about tonight ? /trust me baby, it'll be alright (it'll be alright)''
Tranquilement, on se laisse porter, de contrepoints en contrepoints, à la rêverie, on accompagne ces histoires de gens ordinaires jusqu'à "I'm Doing Fine", qui, sans nul doute, est La chanson de l'album. Parfaite par sa construction, sa mélodie, son instrumentation et son chant, tout le génie de Day One y est concentré. Elle capturera vos rêveries journalières, vous donnera envie d'aborder la personne à votre droite, de vivre, là, maintenant, tout de suite, une histoire, une histoire magique, irréelle, comme celle évoquée dans "Truly, Madly, Deeply" et, surtout, de fuir l'étouffante vacuité de l'existence, le poids de la solitutde.
On se laisse de cette façon étreindre par une exquise mélancolie tout en retournant vers "In Your Life", que l'on a trop vite jugée baclée, on est touché par cette voix, qui atteint ses limites dans le chant, qui déraille et, paradoxalement, par cette justesse dans l'évocation de la déception amoureuse.
"Truly, Madly, Deeply" enfonce le clou. Ballade trip-hop présentée comme une love story type "Before Sunset", rendue onirique par sa composition. Morceau envoûtant dans lequel les mots, si simplement prononcés, si proprement dits, nous captivent sans chercher à impressionner. Ils résonnent jusqu'aux murmures de fin qui scandent le premier couplet, rappelants la voix d'un enfant qui récite un poème, d'un homme cherchant à raviver le souvenir, d'un solitaire, tentant de rêver.
Si l'album, dans sa construction, est assez inégal, il laisse défiler des produits hybrides de tout genre, des morceaux qui semblent purement le fruit d'un hip-hop expérimental ("Paradise Lost") ou d'une balade folk assez convenue ("Automn Rain"). On reste malgré tout conquis par ce prisme, ce travail de témoignage d'une époque qui est la notre, conquis par cette mélancolie, pris au coeur jusqu'aux notes de piano qui ouvrent Ordinary man, et qui indiquent que c'est la fin, et on a envie de rencontrer ce pauvre bougre qui aimerai être un autre pour ne plus être seul, lui dire que c'est volontiers qu'on l'accompagne.
Day One a réussit, dans ce premier album, à atteindre ce que beaucoup cherchent sans jamais le trouver : toucher et émouvoir ; et ce procès prend forme dans la simplicité et la sincérité, écrasant tous les pompiers qui innondent l'industrie musicale, cherchant à nous tirer les lacrymales avec des mélodies éconduites et indigestes, des paroles mièvres chantées sans conviction. Day One provoque l'émotion sans la chercher, redonne foi en un artiste qui peut s'assoir près de vous, vivre votre quotidien, et le transmettre dans toute sa pureté, en une oeuvre poétique et magistrale.
Et nous, de chanter avec eux, et pour longtemps 'No, no way/I'm on my own now/And doing fine/I'm doing fine'
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Sean_bateman |
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