Fionn Regan

Après les deux EP Reservoir (2003) et Hotel Room (2004) édités sur un petit label australien, Fionn Regan signe finalement son premier album chez Bella Union, label créé par le bassiste des Cocteau Twins.

Intitulé The End Of History, ce disque marque en réalité le début d'une carrière prometteuse et cela se comprend dès les premières mélodies. Les comparaisons avec Damien Rice, Jason Molina pour le timbre de voix ou Nick Drake pour le toucher de guitare semblent inévitables, néanmoins l'Irlandais a hérité du bagage artistique de ses parents mêlant au folk dans lequel il a toujours baigné le rock'n'roll et le blues.
Pourtant dans ce registre peut-être encore trop étendu, le songwriter possède son propre univers poétique et acoustique, qu'il a d'ailleurs préservé en enregistrant la majorité des pistes dans une grange abandonnée. Et l'acoustique le bonhomme y accorde une grande importance ; il n'y a qu'à voir le clip de "Be Good Or Be Gone" où il chante dans une vingtaine de lieux différents, chacun ayant une empreinte musicale distincte. Ainsi, guidé par son bel accent, pendant que l'on est occupé à s'abreuver de ses doux propos, on oublie vite qu'il n'y a souvent qu'une seule guitare aux arpèges élastiques et malins pour accompagnement. Elle est cependant parfaitement appuyée lorsque le tempo monte comme sur ces deux envolées cavalières folk voire un peu country "Hunter's Map" et "Black Water Child", ou merveilleusement couplée avec un piano sur le dernier "Bunker Or Basement" qui ne semble plus vouloir se terminer et nous délivrant dans un dernier souffle une chanson cachée au contenu toujours aussi délicieux.

A défaut de ne pas réinventer le folk, The End Of History redore ses lettres de noblesse et révèle une maturité musicale certaine. Fionn Regan mérite entièrement d'être reconnu comme son inspirateur Nick Drake qui lui ne l'a malheureusement été qu'après sa mort.