Lucky Pierre (UK)

Qui d'autre que ce diable d'Aidan Moffat, la moitié chantante (sic) d'Arab Strap, aurait pu nous sortir un album aussi beau et triste, aussi bancal et enivrant ?

Lucky Pierre, c'est la synthèse d'instruments classiques (comprenez violons, piano, cuivres, flûtes etc...) et de beats façon Arab Strap justement, à la fois dépouillés (voire ringards), et ultra efficaces. De cette association presque grotesque au premier abord, le Moffat parvient à construire un univers unique, inquiétant, qui lorgne du côté de la musique de film, de l'electro mélodique, mais aussi de la ballade bucolique improbable ou de l'ambiant spectrale. Rien que ça.

On pense beaucoup à The Third Eye Foundation sur certains titres, mais l'ensemble reste très personnel, et tout à fait fidèle à l'image qui se dégage de ce grand bonhomme qu'est Moffat : imprévisible, à la fois digne et abîmé.

Hypnogogia n'est peut être pas un 'grand' disque, mais il suffit d'écouter des titres comme "Angels On Your Body", "Shatterproof", "The Bit In The Wood" ou encore "Ghost One" (des frissons me parcourent l'échine rien que de les évoquer) pour se convaincre du talent de compositeur de l'écossais, qui n'a (presque) rien à envier à son ex-acolyte Middleton.