The Sunday Drivers

Pour ceux qui voudraient passer un bon moment au soleil avec pour seule compagnie un brin de musique, et ceci sans pour autant s'enliser dans les méandres du rock progressif ni tomber dans toute autre maladresse punk US ou rock FM, il ne reste qu'à se dégoter un bon groupe de pop music. The Sunday Drivers est un choix vraiment sympathique pour assaisonner les beaux jours d'un vent frais venu de Toledo.
Ces cinq espagnols ont la science exacte des petites chansons folk-rock presque lo-fi, sans prétention et passe-partout, rayonnant à travers les oreilles. Car il est plutôt rare ces dernières années qu'on nous assène autre chose que de la pop ou du rock soit mélancolique soit consensuel dans leurs humeurs. Dur dur de trouver quelque chose qui fasse mouche dans un registre guilleret sans être assimilable à un générique de dessin animé du style Bisounours ou un écart humoristique d'un groupe polyvalent. The Sunday Drivers remportent eux la palme du rock discret mais lumineux avec ce premier album. Bien entendu, on ne peut nier que la patte du groupe amène à trouver que les titres se ressemblent, or la justesse et la sobriété des mélodies et de la production chaude fait qu'on n'est jamais réellement lassé en parcourant cette grosse demi-heure de bien-être. De plus, l'élément fédérateur qu'est la voix de Jero, à la fois nasillarde et graveleuse, est confortablement installée dans un timbre à part égale entre soul et pop, ambivalente et modérée comme l'étaient beaucoup de cordes vocales des folksinger d'antan. On passe ainsi d'ambiance folk sixties (le petit single "Time Time Time", imparable) à du funk moderne ("All Is Good Around Me") ou de l'intimisme lo-fi ("Like I Do" ou la sortie "When I Can't Sleep") sans se sentir à la traîne d'un style à l'autre. On y respire même à pleins poumons.
The Sunday Drivers est un bien beau petit condensé de la tradition pop anglo-saxonne, à faire tourner pour chasser les nuages. En la matière, davantage de regards seront désormais tournés vers l'Espagne.