The Orchids
Lyceum |
Label :
Sarah |
||||
Au jeu des portraits chinois, The Orchids ressemblerait à une plume, un oreiller ou bien à un doudou de bébé. Pour tout dire, leur musique est tellement douce qu'elle parait inoffensive, aussi légère qu'une caresse de satin.
C'est comme si on avait remplacé les cordes des guitares par des fils cristallins pour rendre leur son moins écorché. Même la batterie semble avoir été molletonnée. Les sphères romantiques dans lesquelles semble se complaire le groupe sont particulièrement mises en valeur par une pop située au degré zéro de l'agressivité. Les mélodies sont savamment construites par un jeu suave pour livrer des chansons aspirant à s'élever vers l'éthérée. D'une sensibilité exacerbée, la musique de The Orchids, véritable joyaux de pureté, survole son monde, comme en apesanteur, que ce soit par la voix, extrêmement douce et fluette de James Hackett, ou par ce maniérisme ambiant et romantique.
Cela peut sembler étonnant de trouver une telle musique de la part de jeunes garçons venus de Glasgow en cette fin des années 80's, mais ils apportèrent incontestablement une nouvelle façon d'appréhender la pop. Assumant totalement leur retrait par rapport à un monde qui leur demandait de refaire le punk, ils préférèrent faire exactement l'inverse, c'est-à-dire, non pas détruire, mais au contraire protéger, choyer, câliner leur goût pour l'évanescence et la poésie, peu importe qu'elle soit guimauve ou pas.
Gaussés pour paraître comme des pauvres puceaux du rock, mollassons et fleur bleue, les membres de The Orchids (qui s'appelaient avant The Bridge, en référence à un titre de Orange Juice) ne trouvèrent refuge qu'au sein des jupes de la maison-mère Sarah Records. A l'époque, le label fit beaucoup pour regrouper des groupes désireux d'assouvir leurs envies de Twee Pop, avant de disparaître de la circulation. C'est sur la foi de démos enregistrés sur flexidisc que The Orchids sortira ses premiers singles, dont "Underneath The Window, Underneath The Sink" ou le magnifique "An Ill Wind The Blows", que les rééditions actuelles ont rassemblé sur Lyceum.
En 1989, le mini-LP, Lyceum parait sur Sarah Records, et regroupe une collection de petits bijoux, non prétentieux, juste impeccables dans leur éclat. Produit par Ian Carmichael, qui fut considéré comme le sixième membre de The Orchids, il résonne de manière douillette aux oreilles. On critiqua ce groupe pour pratiquer une pop naïve, fleur bleue, tendre et chétive, trop coupée des réalités, une sorte de masturbations passionnelles d'adolescent idéalistes. Pourtant des sommets d'affectivité, toute simple, sans fioriture, comme "It's Only Obvious" ou "Hold On", sont capables de toucher les cœurs et de les faire fondre. On se prend à se laisser aller à cette écoute tranquille. Rien n'écorche, tout glisse si facilement. Peut-être que les membres de The Orchids cherchent à créer une bulle, qu'ils parviendront parfaitement à monter sur le chef-d'œuvre méconnu qu'est Unholy Soul, dans laquelle se prélasser à loisir, seulement une chanson comme "Blue Light" est la seule à approcher véritablement la sensibilité de l'être humain.
Et de l'enflammer, comme par magie...
C'est comme si on avait remplacé les cordes des guitares par des fils cristallins pour rendre leur son moins écorché. Même la batterie semble avoir été molletonnée. Les sphères romantiques dans lesquelles semble se complaire le groupe sont particulièrement mises en valeur par une pop située au degré zéro de l'agressivité. Les mélodies sont savamment construites par un jeu suave pour livrer des chansons aspirant à s'élever vers l'éthérée. D'une sensibilité exacerbée, la musique de The Orchids, véritable joyaux de pureté, survole son monde, comme en apesanteur, que ce soit par la voix, extrêmement douce et fluette de James Hackett, ou par ce maniérisme ambiant et romantique.
Cela peut sembler étonnant de trouver une telle musique de la part de jeunes garçons venus de Glasgow en cette fin des années 80's, mais ils apportèrent incontestablement une nouvelle façon d'appréhender la pop. Assumant totalement leur retrait par rapport à un monde qui leur demandait de refaire le punk, ils préférèrent faire exactement l'inverse, c'est-à-dire, non pas détruire, mais au contraire protéger, choyer, câliner leur goût pour l'évanescence et la poésie, peu importe qu'elle soit guimauve ou pas.
Gaussés pour paraître comme des pauvres puceaux du rock, mollassons et fleur bleue, les membres de The Orchids (qui s'appelaient avant The Bridge, en référence à un titre de Orange Juice) ne trouvèrent refuge qu'au sein des jupes de la maison-mère Sarah Records. A l'époque, le label fit beaucoup pour regrouper des groupes désireux d'assouvir leurs envies de Twee Pop, avant de disparaître de la circulation. C'est sur la foi de démos enregistrés sur flexidisc que The Orchids sortira ses premiers singles, dont "Underneath The Window, Underneath The Sink" ou le magnifique "An Ill Wind The Blows", que les rééditions actuelles ont rassemblé sur Lyceum.
En 1989, le mini-LP, Lyceum parait sur Sarah Records, et regroupe une collection de petits bijoux, non prétentieux, juste impeccables dans leur éclat. Produit par Ian Carmichael, qui fut considéré comme le sixième membre de The Orchids, il résonne de manière douillette aux oreilles. On critiqua ce groupe pour pratiquer une pop naïve, fleur bleue, tendre et chétive, trop coupée des réalités, une sorte de masturbations passionnelles d'adolescent idéalistes. Pourtant des sommets d'affectivité, toute simple, sans fioriture, comme "It's Only Obvious" ou "Hold On", sont capables de toucher les cœurs et de les faire fondre. On se prend à se laisser aller à cette écoute tranquille. Rien n'écorche, tout glisse si facilement. Peut-être que les membres de The Orchids cherchent à créer une bulle, qu'ils parviendront parfaitement à monter sur le chef-d'œuvre méconnu qu'est Unholy Soul, dans laquelle se prélasser à loisir, seulement une chanson comme "Blue Light" est la seule à approcher véritablement la sensibilité de l'être humain.
Et de l'enflammer, comme par magie...
Bon 15/20 | par Vic |
En écoute : https://theorchids.bandcamp.com/album/lyceum
Posté le 12 juin 2008 à 19 h 30 |
Qu'il fait bon vivre au pays de The Orchids.
Qu'ils sont doux les sentiments juvéniles, cristallisés ainsi comme figés sur un vieux polaroid provenant de nos années passées et que l'on ressort toujours avec émotion.
De timides petites personnes que voilà, qui osaient à peine lever le regard et le ton.
Pas grave le talent parle tout seul de toute façon.
Il n'est point besoin de hurler pour se faire entendre, c'est bien connu...
James Hacket le sait bien, lui qui prend tellement de précaution pour chanter.
On pourra trouver ça au pire chiant comme la mort ou au mieux formidable.
C'est sûr c'est un état d'esprit.
Pas du genre à s'imposer en force The Orchids, mais plutôt à laisser le charme agir...
On trouvera pas ça forcément rock n'roll !
Pourtant Dieu seul sait à quel point quelques frapadingues ont été gravement mordus par l'esprit Sarah Records (dont The Orchids était la tête de proue, le groupe phare), et que la morsure perdure toujours aujourd'hui.
Certains en parlent les yeux encore humides, un sanglot dans la voix...
Toujours à la recherche de la mélodie attrape cœur, pas forcément la mieux foutue ou la plus étincelante, mais plutôt celle à laquelle on n'avait pas fait attention au premier abord, pour s'apercevoir par la suite qu'elle a finalement un charme fou et indéfinissable, et qu'on en est complètement tombé amoureux.
Accro à des mélodies cajoleuses comme "Give Me Some Peppermint Freedom" qu'on se repassera dix fois d'affilée pour comprendre comment on peut écrire une chose aussi simple et aussi compliquée.
Car oui, c'est sûrement compliqué de composer cette pop fragile. Pas facile de faire tenir debout cette petite chose fluette, et lui donner malgré tout cette vitalité et cette force qui fait qu'elle tient debout sans aucun artifice.
Une pop nue, et pas de celle maquillée pour aller tapiner les charts, recouverte d'effets en tout genre pour masquer un manque de talent.
La musique de The Orchids, c'est l'esprit de Glasgow qui souffle à travers ces guitares carillonnantes, cette basse caressante. Intimidée et mal à l'aise mais malgré tout resplendissante.
Un petit monde à part, un royaume enchanté, un truc qui n'existe pas ou sauf dans la tête de certains doux utopistes ou poètes.
Un endroit où l'on aimerait se retrouver plus souvent.
Qu'il fait bon vivre au pays de The Orchids.
Qu'ils sont doux les sentiments juvéniles, cristallisés ainsi comme figés sur un vieux polaroid provenant de nos années passées et que l'on ressort toujours avec émotion.
De timides petites personnes que voilà, qui osaient à peine lever le regard et le ton.
Pas grave le talent parle tout seul de toute façon.
Il n'est point besoin de hurler pour se faire entendre, c'est bien connu...
James Hacket le sait bien, lui qui prend tellement de précaution pour chanter.
On pourra trouver ça au pire chiant comme la mort ou au mieux formidable.
C'est sûr c'est un état d'esprit.
Pas du genre à s'imposer en force The Orchids, mais plutôt à laisser le charme agir...
On trouvera pas ça forcément rock n'roll !
Pourtant Dieu seul sait à quel point quelques frapadingues ont été gravement mordus par l'esprit Sarah Records (dont The Orchids était la tête de proue, le groupe phare), et que la morsure perdure toujours aujourd'hui.
Certains en parlent les yeux encore humides, un sanglot dans la voix...
Toujours à la recherche de la mélodie attrape cœur, pas forcément la mieux foutue ou la plus étincelante, mais plutôt celle à laquelle on n'avait pas fait attention au premier abord, pour s'apercevoir par la suite qu'elle a finalement un charme fou et indéfinissable, et qu'on en est complètement tombé amoureux.
Accro à des mélodies cajoleuses comme "Give Me Some Peppermint Freedom" qu'on se repassera dix fois d'affilée pour comprendre comment on peut écrire une chose aussi simple et aussi compliquée.
Car oui, c'est sûrement compliqué de composer cette pop fragile. Pas facile de faire tenir debout cette petite chose fluette, et lui donner malgré tout cette vitalité et cette force qui fait qu'elle tient debout sans aucun artifice.
Une pop nue, et pas de celle maquillée pour aller tapiner les charts, recouverte d'effets en tout genre pour masquer un manque de talent.
La musique de The Orchids, c'est l'esprit de Glasgow qui souffle à travers ces guitares carillonnantes, cette basse caressante. Intimidée et mal à l'aise mais malgré tout resplendissante.
Un petit monde à part, un royaume enchanté, un truc qui n'existe pas ou sauf dans la tête de certains doux utopistes ou poètes.
Un endroit où l'on aimerait se retrouver plus souvent.
Qu'il fait bon vivre au pays de The Orchids.
Parfait 17/20
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