Dirty Three

Ocean Songs est un recueil de plénitude aquatique.
Contrairement à ses précédents opus, Dirty Three opte ici pour une œuvre monochrome dont la seule couleur est bleue et la mesure lente. Un voyage sous-marin d'une heure, à travers les marais et les courants, tout en gardant le cap sur une sensation de suspension mélancolique. Ellis éternise merveilleusement son archet sur sa pincée de notes ("Sirena"), Turner agrémente de lignes mélodiques et accords fédérateurs et disparates (au sommet de son art dans son rôle lead et discret sur "Black Tide"), White parsème le tout de lents glas à ses baguettes ou de précises impulsions à ses balais... Et qui mieux que Steve Albini pouvait retranscrire la vaste étendue homogène et lancinante de ce périple musical dont "Authentic Celestial Music" et "Deep Waters" forment assurément les deux points culminants. Il n'est plus question de noise mais d'une calme chasse aux sirènes portant le nom de Dirty Three, d'une plongée abyssale dans l'Océanie sonore de trois musiciens du pacifique... et plus on s'y enfonce, plus on s'y retrouve.

Une mer d'huile dans la discographie des australiens, une perle rare du rock ambiant.