Burning Heads
Opposite |
Label :
Epitaph |
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L'hypothétique petite histoire veut qu'une nuit Joe Strummer ait emmené Bob Marley à un concert punk durant son exile en Angleterre. Ces derniers auraient conversé des caractères distincts de leurs deux mondes sonores, et constaté d'amusantes similitudes, tant au niveau de la musique que de l'engagement : un son qui vient des tripes. En naîtra plus tard, bien que sans Strummer, "Punky Reggae Party" (dont je conseille l'écoute sur Babylon By Bus) dans un album du jamaïcain, manifeste du bonheur qu'est la musique, qu'importe son nom.
Est-ce peut-être une des raisons pour lesquelles le punk est si souvent marrié au reggae ? Et est parfois mué en ska ? C'est une question à un million, mais les orléanais n'ont pas attendu d'avoir utilisé leurs trois jokers pour s'essayer à une réponse, ne vous en déplaise Jean-Pierre ...
Si l'exercice parait original dans le monde du reggae, cet écart de conduite de Burning Heads aura eu le mérite de forcir son répertoire et chambouler les puristes de son punk habituel.
Pas de bourades saturées sur les chapeaux de roues, pas de caisse claire tonitruante, aucun beuglement de choeurs alcoolisés ... Le disque porte son nom à bout de bras pour un essai à la Jamaïque des plus réussis : ça sent le dub à plein (pied de) nez. Ici, le delay et autres effets atmosphériques ont la vie belle pour délivrer la musicalité ambiante du groupe.
Il est clair que ce n'est pas parce que les compos du groupe sont plus calmes et longues, qu'elles sont pour autant en pilote automatique : ce sont bien des pilotes créatifs qui tiennent le manche à balai (ou de guitare, questioon de point de vue) pour ce décollage mystique. Car là où milliers de rastamen du milieu se contentent de choisir un riddim à mettre à leur sauce pour leur perfomances vocales, les quatre esquissent leur propre son au travers d'un nuage reggae-dub omniprésent. "You Say" s'offre alors une fin nerveuse, "Fugasse" finit par ressembler à de l'emo enfumé, et "Spanic" parait plus sinueux que dans le format punk dans lequel il aurait tapé si l'album n'avait pas dévié de la trajectoire musicale du groupe.
Le reggae n'est d'ailleurs pas l'unique style investi : "Rain 2" pourrait presque être dans la veine d'un Fugazi tout en retenue, où seul le digeridoo travail efficacement sur l'apesenteur. Tout comme "Time To Fire Up The Place" qui s'avère être en fait un dynamique titre jungle (cependant le moins intéressant du disque).
Les connaisseurs retiendront le détournement du "Police In Helicopter", hymne de John Holt sur le comportement policier envers la marijuana, tune éternelle incontéstée dans le monde du contre-temps. S'y attaquer est très orgueilleux mais le résultat, s'il est à 100 lieux de l'originale de 1983, demeure le plus intéressant comparé aux multitudes de reprises dont elle a déjà fait l'objet.
Saute d'humeur musical grossier au premier abord, décrochage magistral par la suite, ce cas isolé de la discographie des Burning Heads se donne aux oreilles à l'image du 'Sheeva-Ghandi' de sa pochette : corps et âme.
Est-ce peut-être une des raisons pour lesquelles le punk est si souvent marrié au reggae ? Et est parfois mué en ska ? C'est une question à un million, mais les orléanais n'ont pas attendu d'avoir utilisé leurs trois jokers pour s'essayer à une réponse, ne vous en déplaise Jean-Pierre ...
Si l'exercice parait original dans le monde du reggae, cet écart de conduite de Burning Heads aura eu le mérite de forcir son répertoire et chambouler les puristes de son punk habituel.
Pas de bourades saturées sur les chapeaux de roues, pas de caisse claire tonitruante, aucun beuglement de choeurs alcoolisés ... Le disque porte son nom à bout de bras pour un essai à la Jamaïque des plus réussis : ça sent le dub à plein (pied de) nez. Ici, le delay et autres effets atmosphériques ont la vie belle pour délivrer la musicalité ambiante du groupe.
Il est clair que ce n'est pas parce que les compos du groupe sont plus calmes et longues, qu'elles sont pour autant en pilote automatique : ce sont bien des pilotes créatifs qui tiennent le manche à balai (ou de guitare, questioon de point de vue) pour ce décollage mystique. Car là où milliers de rastamen du milieu se contentent de choisir un riddim à mettre à leur sauce pour leur perfomances vocales, les quatre esquissent leur propre son au travers d'un nuage reggae-dub omniprésent. "You Say" s'offre alors une fin nerveuse, "Fugasse" finit par ressembler à de l'emo enfumé, et "Spanic" parait plus sinueux que dans le format punk dans lequel il aurait tapé si l'album n'avait pas dévié de la trajectoire musicale du groupe.
Le reggae n'est d'ailleurs pas l'unique style investi : "Rain 2" pourrait presque être dans la veine d'un Fugazi tout en retenue, où seul le digeridoo travail efficacement sur l'apesenteur. Tout comme "Time To Fire Up The Place" qui s'avère être en fait un dynamique titre jungle (cependant le moins intéressant du disque).
Les connaisseurs retiendront le détournement du "Police In Helicopter", hymne de John Holt sur le comportement policier envers la marijuana, tune éternelle incontéstée dans le monde du contre-temps. S'y attaquer est très orgueilleux mais le résultat, s'il est à 100 lieux de l'originale de 1983, demeure le plus intéressant comparé aux multitudes de reprises dont elle a déjà fait l'objet.
Saute d'humeur musical grossier au premier abord, décrochage magistral par la suite, ce cas isolé de la discographie des Burning Heads se donne aux oreilles à l'image du 'Sheeva-Ghandi' de sa pochette : corps et âme.
Excellent ! 18/20 | par X_YoB |
En écoute : https://burningheads.bandcamp.com/album/opposite
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