Shipping News
Flies The Fields |
Label :
Quarterstick |
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Il y a une certaine forme de violence à exprimer les choses de manière froide et implacable.
Construits avec méticulosité, les riffs de ce monstrueux album piquent et saignent comme pour couvrir le corps (et l'âme) en divers endroits. Rythme lent mais soutenu, arpèges choisis, mélodie cristalline et dissonante à la fois, tension palpable; on y retrouve une drôle d'impulsivité qui n'est que le masque d'une précision et d'une prévoyance toute calculée. Chaque note est lachée en sachant l'effet escomptée par la suivante.
Post-rock séminal, cérébral comme animal, le ton sans cesse au bord de la rupture de Shipping News devient vite obsédant. Il y a comme une retenue, un art de l'annonce dans le rythme de la batterie ou le plomb des guitares, préférant poser les bases d'une progression plutôt que d'une déflagration en règle sans doute trop facile. Les membres de Chicago (issus des plus grands groupes du milieu: June of 44, Rodan ou Rachel's) savent bien que pour accentuer les effets, il faut, non pas les amplifier mais les faire durer. Car dans un pays en guerre contre tout et son contraire, ces gars là ont de quoi tenir un discours tourmenté.
C'est ainsi que cet album prend le temps de se construire, de se présenter à coup de lignes d'écriture, en rien joyeuses, bien placées, de crescendo se faisant à peine sentir (plutôt ressentir) et de réels moments d'intensité rageurs à frissoner de plaisir. Les voix, soit malades, soit chevrotantes, passent au second plan et les longues plages instrumentales sont priviligiées, espaces sonores où l'immensité des talents de ces musiciens (c'est là qu'on note tout l'héritage de groupes mythiques comme Slint ou Codeine) peut briller. Mais c'est bien là tout ce qui brille, tant l'atmosphère de cet album aboutit au confinnement. On remarque d'ailleurs une certaine nervosité fiévreuse dans le jeu tout en découpage ou dans les textes tout en menace. Post-rock pour pré-apocalyptique.
Les plages de calme reposant virent vite au malaise et les moments de fureur ne sont jamais prolongés, comme si continuer aurait été dangereux. Et c'est bien là que se trouve le discours des Shipping News, dans ces non-dits, dans ces suspens, dans ces tronquages. Portraitistes d'un monde urbain en déconfiture, le groupe n'ose à peine évoquer l'implosion future. Les apothéoses impressionnantes sont stoppées, parfois net, laissant aux esprits influencables le soin de rêver à l'étendue des possibles poursuites.
Car c'est cela l'horreur.
Non pas de la démonstration mais de la suggestion.
Construits avec méticulosité, les riffs de ce monstrueux album piquent et saignent comme pour couvrir le corps (et l'âme) en divers endroits. Rythme lent mais soutenu, arpèges choisis, mélodie cristalline et dissonante à la fois, tension palpable; on y retrouve une drôle d'impulsivité qui n'est que le masque d'une précision et d'une prévoyance toute calculée. Chaque note est lachée en sachant l'effet escomptée par la suivante.
Post-rock séminal, cérébral comme animal, le ton sans cesse au bord de la rupture de Shipping News devient vite obsédant. Il y a comme une retenue, un art de l'annonce dans le rythme de la batterie ou le plomb des guitares, préférant poser les bases d'une progression plutôt que d'une déflagration en règle sans doute trop facile. Les membres de Chicago (issus des plus grands groupes du milieu: June of 44, Rodan ou Rachel's) savent bien que pour accentuer les effets, il faut, non pas les amplifier mais les faire durer. Car dans un pays en guerre contre tout et son contraire, ces gars là ont de quoi tenir un discours tourmenté.
C'est ainsi que cet album prend le temps de se construire, de se présenter à coup de lignes d'écriture, en rien joyeuses, bien placées, de crescendo se faisant à peine sentir (plutôt ressentir) et de réels moments d'intensité rageurs à frissoner de plaisir. Les voix, soit malades, soit chevrotantes, passent au second plan et les longues plages instrumentales sont priviligiées, espaces sonores où l'immensité des talents de ces musiciens (c'est là qu'on note tout l'héritage de groupes mythiques comme Slint ou Codeine) peut briller. Mais c'est bien là tout ce qui brille, tant l'atmosphère de cet album aboutit au confinnement. On remarque d'ailleurs une certaine nervosité fiévreuse dans le jeu tout en découpage ou dans les textes tout en menace. Post-rock pour pré-apocalyptique.
Les plages de calme reposant virent vite au malaise et les moments de fureur ne sont jamais prolongés, comme si continuer aurait été dangereux. Et c'est bien là que se trouve le discours des Shipping News, dans ces non-dits, dans ces suspens, dans ces tronquages. Portraitistes d'un monde urbain en déconfiture, le groupe n'ose à peine évoquer l'implosion future. Les apothéoses impressionnantes sont stoppées, parfois net, laissant aux esprits influencables le soin de rêver à l'étendue des possibles poursuites.
Car c'est cela l'horreur.
Non pas de la démonstration mais de la suggestion.
Parfait 17/20 | par Vic |
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