Elliott Smith

Figure 8

Figure 8

 Label :     Dreamworks 
 Sortie :    mardi 18 avril 2000 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Deux ans après son chef d'œuvre qu'est XO, Elliott Smith, toujours installé chez Dreamworks, nous livre une suite comme on les aime, avec un style immédiatement reconnaissable qui mettra l'amateur en confiance.

Il s'agit en effet toujours de la même recette : arrangements tantôt épurés, où la simple présence d'une guitare folk suffit à nous séduire, tantôt plus électriques, s'accommodant parfois de la mélodie d'un piano. A cette base musicale s'ajoute évidemment la voix du maître, indécise entre mélancolie et humeur optimiste. Pour peu qu'on soit doté d'un minimum de sensibilité, on se complaira sans problèmes dans cette succession de tranches de vie dont nous fait part le brave Elliott.
Le frisson procuré par le doublé "Everything Reminds Me Of Her" - "Everything Means Nothing To Me", ou la surprenante mélodie de "In The Lost And Found ", voilà autant de particularités propres à l'univers du chanteur ... Au détour d'un "Stupidity Tries", on tient là le modèle d'une chanson pop-rock au charme immédiat, susceptible d'envoûter un large public.
Les exemples pourraient s'ajouter car chaque titre se suit et ne se ressemble pas, et dès l'intro on se délecte à l'avance des émotions à venir.

Les fans, bien entendu, iront chercher plus loin que le simple aspect accrocheur des chansons, en y puisant les humeurs qui leurs correspondent. C'est la vocation d'un songwriter que de coller à son public. Elliott Smith y parvient naturellement, car il sait à la fois se montrer ouvert et très intimiste.
Sur la fin de l'album, ceci dit, l'enthousiasme faiblit un peu ("I Better Be Quiet Now" ne convainc pas totalement). Il est difficile pour un artiste d'être parfait sur seize titres ...

Mais dans l'ensemble, c'est encore une réussite pour l'ami Elliott. Et le fait que son œuvre soit passée à la postérité la rend d'autant plus énigmatique.
Ses mélodies hors du commun, son sens inné de l'arrangement, sa voix, ont décidé de nous hanter pour de longues années encore.


Très bon   16/20
par Head


 Moyenne 18.00/20 

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Posté le 30 novembre 2012 à 00 h 33

Pourquoi commencer par lui ? Et pourquoi cet album en particulier ?
Peut être pour rappeler simplement que ce timide écorché qu'était Elliott Smith est l'un des derniers grands compositeurs, musiciens et interprètes du XXème siècle, et du début du XXIème. Il n'aura malheureusement pas eu le temps d'atteindre la reconnaissance qu'il méritait. Mais qu'importe, je doute que ce soit quelque chose qu'il recherchait. Évidemment, ce ton dithyrambique peu paraître inapproprié, car les convertis de longue date, ou les récents auditeurs du bonhomme ne pourront que confirmer le laïus.

Figure 8, l'album où Elliott Smith atteint une certaine maturité, l'album "après l'orage" de l'addiction (voir pendant, et même encore après). Notre homme fait partie de cette trempe de musicien pour lequel il n'y rien "à jeter" (ou si peu... non, oubliez ça!). Signé chez Dreamworks, on laisse à Smith la possibilité de créer. Il compose, écrit, et perfectionne ce qu'il avait déjà pu aborder.
Elliott Smith s'éloigne du son acoustique qui le caractérise. Tentative risquée, et pourtant, le perfectionnisme de Smith, tout comme le patineur qui répète sans cesse la figure du 8 jusqu'à ce que le geste soit parfait, propulse cet album vers les cieux.

Dès l'introduction de "Son Of Sam", le petit truc, cet accord de piano qui respire l'angoisse et le médicament, accorde les violons qui vont suivre.
Elliott Smith ne lâche pas l'acoustique : "Somebody That I Used To Know", ou la justesse du texte atteint la plus douloureuse partie de mélancolie qu'il y a en nous ("Between The Bars" n'est pas très loin). Un sourire à l'éternel, et une petite pensée pour celle qui n'est plus là, mais qui ne nous a jamais vraiment quitté avec "Everything Reminds Me Of Her" (messieurs, vous voyez de quoi je parle...).
La dissonance, et le subtile mur sonore de "Everything Means Nothing To Me" (moins destroy que "King's Crossing").
Une invitation à se perdre dans "In The Lost And Found", qui trace un chemin tordu, sinueux, et sur lequel il est bon de s'égarer parfois. Même Smith peut faire dans le violon. Avec "Stupidity Tries", hommage à la vérité que notre homme s'évertue à chercher. La batterie enfonce les portes de l'esprit, et les violons justement, nous laisse douter. Pas du talent bien sûr, mais de tout le reste.
Une union des différentes pistes vocales sur "Easy Way Out", qui donne envie de s'enfuir loin de toute zone habitée, avec, sur le chemin qui mène nul part, juste cet air à l'esprit. Hommage à la bonne et douce maman avec "Wouldn't Mama Be Proud". Et bien sûr, "I Better Be Quiet Now", dernière invitation du chanteur à lui même, pour qui le poids de la guitare est devenu trop pesant.

Mélancolique, peut être trop mélancolique, Elliott Smith savait-il qu'il écrivait "Bye" pour la dernière fois, avec cette ultime piste qui vient mettre un point final à cette fulgurante, et trop courte carrière ?
Bien sûr, tout cela ressemblerait presque à une mauvaise oraison funèbre, qui viendrait bien tard. Mais qu'importe. Cette dernière composition de Smith (publications posthumes mises à part), laisse un goût amer concernant notre propre mélancolie, ces vieux démons qui nous hantent, toutes ces heureuses choses que l'on regrette. Comme celle d'avoir perdu l'un des plus grand, alors qu'il n'avait que 34 ans.

A l'heure où les accords semblent sans cesse se répéter, où l'importance des textes est devenue équivalente à la médiocrité de l'harmonie, et de la composition, Elliott Smith reste l'une des plus belles comètes musicales de ce début de millénaire. Les comètes passent vite, trop vite...
Intemporel ! ! !   20/20







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