Spacemen 3

The Perfect Prescription

The Perfect Prescription

 Label :     Taang! 
 Sortie :    1987 
 Format :  Album / CD   

A l'origine du rock psychédélique il y a les drogues, source d'inspiration pour des effets planants et abrasifs, et en ce qui concerne Spacemen 3 (leur devise étant: "prendre des drogues pour faire de la musique à écouter en prenant des drogues") autant dire qu'on va retrouver de la fumée directement exhalée sur les bandes d'enregistrements.
Méconnu durant son existence mais incroyablement culte aujourd'hui, le groupe livra ici un témoignage inégalé et indépassable de ce que la perception peut ouvrir de portes lorsqu'elle est soumise à une élévation.
The Perfect Prescription, rempli d'évanescentes chansons cyniques à propos de la drogue ou du Paradis, est un fragile ajout équilibriste de feedback rugueux, langoureux, monotone et d'accords minimalistes, répétés et entêtant. Les longues chansons sont des plages tranquilles, lentes, hyper cool, où l'on se laisse enivrer par un relâchement, une détente hypnotique, presque cosmique. A force d'écoute (on n'écoute pas une telle musique n'importe quand et n'importe comment), on se laisse gagner par un charme indéniable et on finit par planer très haut. Sonic Boom et Jason Pierce (futur Spiritualized) sont des voyous insolents, camés jusqu'aux yeux et au talent frisant le génie. Ils réussiront à livrer une œuvre incroyable, atypique et qui perverti le rock durablement.
Leur musique sera l'occasion d'imbriquer les influences les plus lointaines (JJ Cale, Dr John, Phil Spector, folk, etc...) à ce brûlot velvetien. Les violons brumeux sur "Ecstasy Symphony" insèrent un lyrisme incongru dans un récital blues aliéné. La douce mélodie à peine grattée sur la guitare par une main endormie et chloroformée accompagne un chant léthargique à peine plus énergique sur "Feel So Good", sommet magnifique de vapeur veloutée. Pas de tapage, pas d'urgence inutile, les accords prennent le temps de se répéter, de s'inscrire dans une atmosphère acidulée et mélodiquement je-m'en-foutiste. Le son crade, fiévreux sur "Take Me On The Other Side" ou "Things'll Never Be The Same" provoque des frissons à force de se réitérer narquoisement. On s'envole en écoutant le chant soufflé sur "Call The Doctor" ou le dialogue complètement surréaliste, hilarant et détraqué sur "Ode To Street Hassle", à peine murmuré. On vole littéralement entre les nuages de fumée sur "Soul I", symphonie harmonique mélangeant fuzz et instruments à cuivre.
Cette musique n'a jamais été aussi bonne que lorsqu'elle se laisse atteindre par sa propre torpeur nonchalante pour mieux gagner en amplitude sensorielle et hallucinogène. En l'appréciant allongé sur un lit, dans le noir, on se décharne, on poursuit un voyage vertical, on quitte tout repère pour mieux se redécouvrir soi-même. On appelle ça une expérience.


Excellent !   18/20
par Vic


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