Clinic

Clinic se lance d'emblée dans la pratique de l'opération à oreille interne ouverte; eh oui, on a là un premier album gorgé de bourdonnements, de bruits de vagues et d'harmonica hypnotique. Mais ce n'est pas tout, à peine croit-on avoir affaire à un énième disque de garage rock soigneusement bâclé ("C.Q." et "Hippy Death Suite" mordent allègrement là-dedans), voilà qu'on pose le pied sur le sable épuisé d'un western de bazar : face au méchant Bill, dans une étonnante prescience du film de Tarantino, ou embarqué dans le train fantôme qui traverse "Internal Wrangler" et "DJ Shangri-La" pour nous déposer vers les ballades à tendance hawaïennes déployées dans "Earth Angel" ou "Distortions", entre les cris des mouettes et le ressac de l'océan. Plus fort que Sigur Ros, Ade Blackburn psalmodie son langage inaudible et finit par lancer 'I pictured you in a coffin', comme un adieu à toutes les références que certains ont pu s'amuser à déceler dans l'album. Trafiqué, volontairement bancal (regardez bien la liste des morceaux: il n'y a pas de piste 13 !), Internal Wrangler passe et repasse sur des rails souterrains (l'attaque du "Return Of Evil Bill" est astucieusement reprise pour "T.K.") qu'on n'a pas l'habitude d'emprunter.