Wet Leg
Wet Leg |
Label :
Domino |
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Pour la deuxième fois depuis que je fais des chroniques sur ce site, je vais sauter dans la hype à pieds joints. La première fois, c'était pour Car Seat Headrest, que j'avais découvert après la sortie de plusieurs albums autoproduits sur Bandcamp avec des records de téléchargement à la clé. Cette fois, c'est beaucoup plus rapide et c'est un raz-de-marée : depuis la sortie de leur album éponyme en avril dernier, les deux amies au cœur du projet Wet Leg, Rhian la chanteuse et Hester la guitariste, voient leur exposition médiatique et la taille des salles de concert qui les programment grandir à vue d'oeil. Les Parisiens se sont arrachés les invitations pour leur apparition au festival Culturebox au Cirque d'hiver, les places pour le concert qu'elles ont donné le lendemain au Point Éphémère, et même les places pour leur concert de novembre prochain dans l'immense Élysée-Montmartre, complet depuis le mois de juin.
Tout a commencé quelques mois plus tôt lorsque deux gamines qui s'emmerdaient sur leur île de Wight natale ont eu l'idée de monter un groupe de rock après avoir vu Idles dans un festoche. Liées par le serment de faire quelque chose de neuf et de s'amuser, elles ont recruté trois autres musicos et ont autoproduit "Chaise longue" en juin 2021, une pop song épurée aux paroles post-#me too ravageuses, qui évoque les Breeders produits par LCD Soundsystem. Leur clip artisanal mais efficace a dépassé les cinq millions de vues sur YouTube et les ventes de singles ont suivi. Pour un tout jeune groupe de rock en 2021, c'est pas banal. La question que tout le monde s'est posée après cet exploit étant : est-ce qu'elles ont de quoi tenir la distance sur un album ?
La réponse est clairement oui : si leur premier tube est repris sur cette première galette pour faire le nombre, elles en ont au moins deux autres du même calibre en stock : "Wet Dream", qui passe au karcher les fantasmes masculins en un peu plus de deux minutes, et ma préférée, "Yr Mum", une chanson de rupture au lance-flammes qui paie son hommage à Talking Heads et contient un cri primal qui me colle toujours des frissons à la soixante-troisième écoute.
Si cet album n'invente rien, le cocktail de post-punk, shoegaze et britpop qui le nourrit situe ce quintet dans la lignée de Lush, d'Elastica ou même du Franz Ferdinand des débuts. Leur sens du slogan et du groove minimaliste mais efficace m'évoque aussi furieusement un autre groupe récent dont le premier album m'avait fait pas mal d'effet : les New-Yorkais de Bodega. Sauf que les deux sirènes de l'île de Wight y ajoutent une grâce et un sens de l'autodérision qui font la différence. Elles sont également capables de verser dans des chansons plus lentes et plus mélancoliques qui tirent du côté de Courtney Barnett ("Piece of Shit", "Supermarket") ou d'Angel Olsen ("Convincing", "Loving You"). Et si cette dernière correspond au temps faible de l'album, elle reste agréable à écouter et permet de souffler entre deux bombinettes disco-rock.
Si les deux fondatrices apparaissent parfois dépassées par l'ampleur du buzz qui les entoure, les quelques vidéos de concert que j'ai vu semblent attester que le plaisir est au rendez-vous, ce qui pourrait les aider à survivre au raz-de-marée de la popularité et - je l'espère - à nous produire d'autres pop songs jouissives de ce calibre à l'avenir.
Tout a commencé quelques mois plus tôt lorsque deux gamines qui s'emmerdaient sur leur île de Wight natale ont eu l'idée de monter un groupe de rock après avoir vu Idles dans un festoche. Liées par le serment de faire quelque chose de neuf et de s'amuser, elles ont recruté trois autres musicos et ont autoproduit "Chaise longue" en juin 2021, une pop song épurée aux paroles post-#me too ravageuses, qui évoque les Breeders produits par LCD Soundsystem. Leur clip artisanal mais efficace a dépassé les cinq millions de vues sur YouTube et les ventes de singles ont suivi. Pour un tout jeune groupe de rock en 2021, c'est pas banal. La question que tout le monde s'est posée après cet exploit étant : est-ce qu'elles ont de quoi tenir la distance sur un album ?
La réponse est clairement oui : si leur premier tube est repris sur cette première galette pour faire le nombre, elles en ont au moins deux autres du même calibre en stock : "Wet Dream", qui passe au karcher les fantasmes masculins en un peu plus de deux minutes, et ma préférée, "Yr Mum", une chanson de rupture au lance-flammes qui paie son hommage à Talking Heads et contient un cri primal qui me colle toujours des frissons à la soixante-troisième écoute.
Si cet album n'invente rien, le cocktail de post-punk, shoegaze et britpop qui le nourrit situe ce quintet dans la lignée de Lush, d'Elastica ou même du Franz Ferdinand des débuts. Leur sens du slogan et du groove minimaliste mais efficace m'évoque aussi furieusement un autre groupe récent dont le premier album m'avait fait pas mal d'effet : les New-Yorkais de Bodega. Sauf que les deux sirènes de l'île de Wight y ajoutent une grâce et un sens de l'autodérision qui font la différence. Elles sont également capables de verser dans des chansons plus lentes et plus mélancoliques qui tirent du côté de Courtney Barnett ("Piece of Shit", "Supermarket") ou d'Angel Olsen ("Convincing", "Loving You"). Et si cette dernière correspond au temps faible de l'album, elle reste agréable à écouter et permet de souffler entre deux bombinettes disco-rock.
Si les deux fondatrices apparaissent parfois dépassées par l'ampleur du buzz qui les entoure, les quelques vidéos de concert que j'ai vu semblent attester que le plaisir est au rendez-vous, ce qui pourrait les aider à survivre au raz-de-marée de la popularité et - je l'espère - à nous produire d'autres pop songs jouissives de ce calibre à l'avenir.
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
Posté le 22 septembre 2022 à 21 h 02 |
Une histoire aussi improbable ne peut pas s'inventer. Sur l'Île de Wight, il n'y a plus de hippies depuis longtemps, parfois un festival et même une université. En dehors des cours, on s'ennuie vite à l'Île de Wight, et quand on commence à avoir la bougeotte, faire la fête, c'est pas mal. Et quand on a pas de musique pour s'amuser, on en fait soi-même. En dehors des cours, les deux comparses de ce qui deviendra les Wet Leg se mette à faire de la musique ensemble, mais ce n'est qu'après quelques années de symbiose qu'elles forment ce projet et auto-produisent un titre devenu viral : "Chaise Longue". Véritable tube hyper-dansant, la hype se construit autour d'un futur album et la suite se fait attendre.
Bien décidées à ne pas réitéré la même formule, le duo accouche d'un album varié, aux textes modernes, un brin féministes, pas démagos, définitivement seconds degrés, aux consonances très brit pop ("Wet Dream"), pop rock ("Oh, No"), balad pop, flowerpower ("Supermarket", très [b]Beatles[/]), dreampop, sunshine pop à la Mama's & The Papa's ("Angelica"),...
Notons d'autres très bonnes surprises dont un autre tube imparable, le power brit pop "Ur Mom", inexorablement entraînant ; mais encore l'étonnant "Convincing" qui nous charme avec cette voix à la Lana Del Rey mais aux accords et contre temps intimidants ; la douce balade "Piece Of Shit", terriblement nerveuse ou "Too Late Now", spleen et noisy.
Se referme une collection de chansons pleines de variétés et de contrastes, aux idées diverses, jouant sur des multiples variations autour de motifs simples, mais aux structures qu'ils ne le sont pas toujours autant.
Un album charmant avec sa naïveté et ses petits défauts, sa maîtrise et ses folies. Une parenthèse d'un fun contagieux. Honneurs aux dames.
Bien décidées à ne pas réitéré la même formule, le duo accouche d'un album varié, aux textes modernes, un brin féministes, pas démagos, définitivement seconds degrés, aux consonances très brit pop ("Wet Dream"), pop rock ("Oh, No"), balad pop, flowerpower ("Supermarket", très [b]Beatles[/]), dreampop, sunshine pop à la Mama's & The Papa's ("Angelica"),...
Notons d'autres très bonnes surprises dont un autre tube imparable, le power brit pop "Ur Mom", inexorablement entraînant ; mais encore l'étonnant "Convincing" qui nous charme avec cette voix à la Lana Del Rey mais aux accords et contre temps intimidants ; la douce balade "Piece Of Shit", terriblement nerveuse ou "Too Late Now", spleen et noisy.
Se referme une collection de chansons pleines de variétés et de contrastes, aux idées diverses, jouant sur des multiples variations autour de motifs simples, mais aux structures qu'ils ne le sont pas toujours autant.
Un album charmant avec sa naïveté et ses petits défauts, sa maîtrise et ses folies. Une parenthèse d'un fun contagieux. Honneurs aux dames.
Bon 15/20
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