Goat Girl

On All Four

On All Four

 Label :     Rough Trade 
 Sortie :    vendredi 29 janvier 2021 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Clottie Cream, Rosy Bones, Naima Jelly & L.E.D. nous avaient régalées avec leur premier album éponyme, on attendait évidemment d'avoir vite des nouvelles musicales de nos quatre anglaises. Naima est partie vers d'autres aventures, et Holly Hole la remplace à la basse. Est-ce elle qui a apporté le diable dans ce groupe ?

Car pour beaucoup de puristes, si on compare les deux albums, ces anglaises méritent le bûcher. Ni plus, ni moins.

Si le premier album avait tout d'un disque indie-friendly, avec le classique guitare/basse/batterie et ses chansons accrocheuses en pagaille, malgré ses intermèdes chelous, il avait tout pour plaire. Ce On All Four, disons-le d'emblée, apporte son lot de nouveautés. Quand je dis lot, il faut comprendre sa paire de nouveaux amis. Vous flippez hein ! Je sens le désintérêt vous saisir la manche.

Autant vous balancer le truc direct. Les quatre copines ont donc invité à la fête Mr Boite à rythmes, et son compère, Mr Synthétiseur ! Mais rassurez vous, Melle Autotune a pris froid, elle est restée chez elle.

Je tiens quand même a rassurer ceux qui sont restés, ce n'est pas pour autant qu'elles ont succombé à la mode des années 80. Bien au contraire. Ce disque est très contemporain.

La guitare prédomine, les filles n'ont pas oublié qu'elles ont grandi dedans. Et surtout, elles n'ont pas oublié comment écrire des chansons. Et des bonnes. Oubliés les intermèdes arty de l'éponyme, ici on enchaîne les treize titres, intégrant les illuminations déviantes au cœur des morceaux. Et bien entendu, ça marche à chaque fois. Des le premier titre "Pest", le synthé prend corps en arpeggiator, habillant magiquement le titre, et tout l'album par petite touche. C'est délicat, presque insidieux, pervers diraient certains, car ils n'avoueront pas tomber sous le charme de ce groupe à cause de ces sons sci-fi. Car oui, ils sont insidieux, mais partout. La magie des accords guitares/synthés fait merveille, sans parler des rythmiques astucieuses qui affolent par leur souplesse. Elles prennent le temps de laisser ronronner les amplis, de redémarrer un titre qu'on croyait terminé, elles s'amusent, et nous avec.

Alors oui, je n'échappe pas au cliché, quand je lis groupe à guitares arty, je pense bien sûr aux californiennes de Warpaint. Il y a pire comme comparaison. Mais à part sur "Once Again" qui ressemble à s'y méprendre (en blind test, sur l'intro, on se fait tous niquer) et sur "Closing In", Goat Girl garde son identité propre, trouvant toujours le petit détail qui ne s'entend pas, comme ajouter clap à la fin du titre dans le brouhaha. Elles osent même le tube pop avec trompette synthétique ! Et ça aussi, ça fonctionne, c'est dire. Elles tentent, elles expérimentent, mais elles n'oublient jamais, comme je le disais plus haut, les guitares qu'elles ont collées au corps. Moins rentre dedans que le premier, ce disque est résolument plus pop, mais toujours avec cette fougue géniale.

Même si les titres sont dans le format classico-classique de 3mn30 en général, elles n'hésitent pas à approcher des cinq minutes voire à carrément les dépasser quand le titre le demande. Ce n'est jamais gratuit, jamais pour rien.

En deux albums, Goat Girl affirme déjà un style, une patte reconnaissable. Il y a a la voix grave de Clottie déjà, mais surtout l'osmose musicale qui se faisait ressentir sur le premier, qui est ici magnifiée par les atours analogiques. L'album est long, mais ce n'est pas un défaut. Il est complet, il va là où elles veulent, avec une impression d'avoir été pensé sans limite, sans contrainte, pour un épatant résultat, mélange de maîtrise et de spontanéité.


Excellent !   18/20
par X_Lok


  En écoute :
https://goatgirl.bandcamp.com/album/on-all-fours


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