Humanist
Humanist |
Label :
Ignition |
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Derrière ce projet au nom mystérieux (ou un peu pompeux, c'est selon) se dissimule l'Anglais Rob Marshall, guitariste d'abord actif au sein de Lyca Sleep entre 2001 et 2005 (pour seulement deux singles sortis et quelques tournées, en première partie des Warlocks notamment) et ensuite d'Exit Calm (deux albums parus entre 2007 et 2015), les deux groupes produisant une musique orientée shoegaze, psyché et plutôt planante. Marshall trouve plus de visibilité à partir de 2017 en collaborant avec Mark Lanegan sur Gargoyle (contribution à six morceaux), participation réitérée deux ans après, en 2019, sur Somebody's Knocking (cinq morceaux cette fois). Mais il avait en fait déjà commencé à travailler seul sur ce qui deviendra Humanist, dès 2016 après le split d'Exit Calm.
Le projet était ambitieux, il mit du temps à se concrétiser. Marshall dut en effet apprendre à se débrouiller seul en studio pour parvenir à ce qu'il voulait précisément. On imagine, au vu du résultat, le nombre de prises, les essais inaboutis, les tentatives diverses et variées qui durent avoir lieu, l'énergie, l'abnégation sans faille qu'il lui fallut déployer, puisqu'au final, il écrit, joue et produit presque tout sur cet album. Autre écueil, d'apparence encore plus insurmontable, le casting vocal de luxe qu'il cherchait à réunir. Il souhaitait en effet, pour l'accompagner, enrôler des gens comme Dave Gahan (Depeche Mode), Mark Lanegan, Mark Gardener (Ride), John Robb (The Membranes) ou encore Jim Jones (The Jim Jones Revue) et Ron Sexsmith. Plus qu'un simple projet solo, Marshall voulait bâtir un écrin sonore pour tous ces chanteurs qu'il admire depuis toujours. Il les contacta par son manager, démos à l'appui pour les convaincre, mais n'attendait aucune réponse positive. À sa grande et heureuse surprise, les réactions furent très enthousiastes, le premier à réagir étant bien entendu Mark Lanegan, les deux inaugurant alors véritablement leur collaboration au long cours, avant les albums de l'Américain cités plus haut. Pour le processus créatif, Marshall envoya la musique et le titre d'une chanson à chaque contributeur, chacun devant écrire ses propres paroles, un jeu qui donne une couleur différente à chaque morceau, le trait d'union étant la musique du maître d'œuvre.
Abordant des thèmes universels (la mortalité, le sens de la vie, l'esprit humain...), l'ensemble brasse tout aussi large musicalement parlant, passant d'une certaine forme de rock industriel au post-punk, avec des influences folk ou encore Krautrock (entre autres choses goûtues). Les nombreuses textures s'accumulent les unes sur les autres, le son est impressionnant et très massif et divers mots viennent à l'esprit pour évoquer ce qui, au début, peut apparaître comme un grand fatras de sons, de sensations brutes et directes : viscéral, cinématique, sombre, heurté, dense, bruyant, évocateur, rude. On pourrait en rajouter, mais l'essentiel est là et l'un des paramètres à retenir est bien que ce disque assez long demande un temps d'adaptation pour être apprécié à sa juste valeur. Et même s'il n'offre que peu de lueurs ou de moments de respiration (dans sa deuxième moitié surtout Humanist est passionnant de bout en bout et se révèle en réalité tout à fait digeste et plutôt facile d'écoute.
Alors on se prend dans la gueule "Kingdom" et "Beast Of The Nation", sur lesquels règne un royal Mark Lanegan plus rugueux que jamais, on déguste "Shock Collar" avec l'impeccable Dave Gahan, on dévore l'incroyable "English Ghosts" de presque neuf minutes où officie un inquiétant John Robb, on apprécie les quelques accalmies ("Truly Too Late" et "How're You Holding Up" par exemple) et on se reprend une tournée de Lanegan avec "Skull" et "Gospel", sublime conclusion qui se termine dans un chaos sonique sidérant où la voix déformée de l'Américain finit par se dissoudre et disparaître totalement dans la fureur ambiante. Quand l'ambition de départ prend une forme aussi aboutie et réussie que ce Humanist, on ne peut que s'incliner devant ses artisans, et tout particulièrement Rob Marshall, qui parvient à maintenir la cohérence de son album du début à la fin malgré les nombreux intervenants. Il n'y a plus qu'à espérer que cette magie continue de l'accompagner dans ses prochains projets.
Le projet était ambitieux, il mit du temps à se concrétiser. Marshall dut en effet apprendre à se débrouiller seul en studio pour parvenir à ce qu'il voulait précisément. On imagine, au vu du résultat, le nombre de prises, les essais inaboutis, les tentatives diverses et variées qui durent avoir lieu, l'énergie, l'abnégation sans faille qu'il lui fallut déployer, puisqu'au final, il écrit, joue et produit presque tout sur cet album. Autre écueil, d'apparence encore plus insurmontable, le casting vocal de luxe qu'il cherchait à réunir. Il souhaitait en effet, pour l'accompagner, enrôler des gens comme Dave Gahan (Depeche Mode), Mark Lanegan, Mark Gardener (Ride), John Robb (The Membranes) ou encore Jim Jones (The Jim Jones Revue) et Ron Sexsmith. Plus qu'un simple projet solo, Marshall voulait bâtir un écrin sonore pour tous ces chanteurs qu'il admire depuis toujours. Il les contacta par son manager, démos à l'appui pour les convaincre, mais n'attendait aucune réponse positive. À sa grande et heureuse surprise, les réactions furent très enthousiastes, le premier à réagir étant bien entendu Mark Lanegan, les deux inaugurant alors véritablement leur collaboration au long cours, avant les albums de l'Américain cités plus haut. Pour le processus créatif, Marshall envoya la musique et le titre d'une chanson à chaque contributeur, chacun devant écrire ses propres paroles, un jeu qui donne une couleur différente à chaque morceau, le trait d'union étant la musique du maître d'œuvre.
Abordant des thèmes universels (la mortalité, le sens de la vie, l'esprit humain...), l'ensemble brasse tout aussi large musicalement parlant, passant d'une certaine forme de rock industriel au post-punk, avec des influences folk ou encore Krautrock (entre autres choses goûtues). Les nombreuses textures s'accumulent les unes sur les autres, le son est impressionnant et très massif et divers mots viennent à l'esprit pour évoquer ce qui, au début, peut apparaître comme un grand fatras de sons, de sensations brutes et directes : viscéral, cinématique, sombre, heurté, dense, bruyant, évocateur, rude. On pourrait en rajouter, mais l'essentiel est là et l'un des paramètres à retenir est bien que ce disque assez long demande un temps d'adaptation pour être apprécié à sa juste valeur. Et même s'il n'offre que peu de lueurs ou de moments de respiration (dans sa deuxième moitié surtout Humanist est passionnant de bout en bout et se révèle en réalité tout à fait digeste et plutôt facile d'écoute.
Alors on se prend dans la gueule "Kingdom" et "Beast Of The Nation", sur lesquels règne un royal Mark Lanegan plus rugueux que jamais, on déguste "Shock Collar" avec l'impeccable Dave Gahan, on dévore l'incroyable "English Ghosts" de presque neuf minutes où officie un inquiétant John Robb, on apprécie les quelques accalmies ("Truly Too Late" et "How're You Holding Up" par exemple) et on se reprend une tournée de Lanegan avec "Skull" et "Gospel", sublime conclusion qui se termine dans un chaos sonique sidérant où la voix déformée de l'Américain finit par se dissoudre et disparaître totalement dans la fureur ambiante. Quand l'ambition de départ prend une forme aussi aboutie et réussie que ce Humanist, on ne peut que s'incliner devant ses artisans, et tout particulièrement Rob Marshall, qui parvient à maintenir la cohérence de son album du début à la fin malgré les nombreux intervenants. Il n'y a plus qu'à espérer que cette magie continue de l'accompagner dans ses prochains projets.
Excellent ! 18/20 | par Poukram |
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