Ash
Meltdown |
Label :
Infectious Records |
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Quatrième album de Ash, Meltdown est peut-être celui qui ressemble le moins à son groupe, ou du moins selon certains fans, il est l'album qui ne regroupe pas les ingrédients magiques habituels qui ont pu et su charmer jusqu'ici : envolées mélodiques fulgurantes, sensibilité adolescente qui a toujours su ne pas sombrer dans le niais ou le ridicule.
On reprochera principalement à ce disque un son trop " américain ", lorgnant dangereusement vers un côté F.M. (la production se passera dorénavant d'Owen Morris, collaborateur régulier du groupe, la place étant prise ici par Nick Raskulinecz, ayant co-produit le One By One des Foo Fighters deux ans auparavant) et faisant ainsi méchamment du pied aux " College Radios ".
Si on ne peut blâmer le groupe quant à son envie sincère d'explorer un son plus " Heavy ", de rendre, par cette forme, hommage à ses influences américaines et de conquérir plus fermement les Etats-Unis, l'auditeur de l'autre côté de l'Atlantique pourra être décontenancé : exit le coup de foudre mélodique de 1977, la fragilité et la dépression de Nu-Clear Sounds et la Pop magique retrouvée de Free All Angels, nous sommes dorénavant dans une autre époque. Si le mélange bienvenu entre Brit-Pop et Grunge (pour rester dans les grandes lignes et pour symboliser le croisement de deux époques) pouvait trouver auparavant son cortège de fans, les années ont bel et bien passé. Et malgré le fait qu'Ash soit encore un jeune groupe (entre 25 et 27 ans au moment de la sortie de Meltdown), il faut aller chercher le public ailleurs, aller faire du pied aux afficionados de Nu -Metal, de Sum 41 et autres gloires éphémères de l'époque.
Le premier single, " Clones " pouvait à la fois paraître comme une surprise bienvenue (riff rentre-dedans, un côté plus agressif pas déplaisant avec pourtant une bonne mélodie, des paroles un peu plus " conscientes " du monde extérieur...) et lancer la suspicion (clip qui montre que le groupe est bien " véner ", effets de cassage de vitres avec les pieds qu'en envoient dans la gueule, transpiration, petite barbe du chanteur pour insister sur le côté " rebelle ", bref toute une série de mini-clichés MTV n'inspirant pas confiance...). La chanson restera un des titres phares du groupe en concert et connaîtra un certain succès de par sa présence sur le jeu vidéo Star Wars : Republic Commando.
3 mois plus tard, Meltdown (et sa pochette quand même un peu moche) sort et c'est plutôt une mauvaise impression qui se confirme : si l'ensemble contient quand même quelques bonnes chansons, la production et le son flinguent tout. Le charme habituel se dissout : les balades deviennent horripilantes (" Starcrossed " débutant cependant avec un petit riff que n'aurait pas renié Billy Corgan en 1993), les titres Power Pop sont désormais lisses (" Won't Be Saved "), les moments " bourrins " sont trop appuyés et démonstratifs pour paraître sincères (" Detonator ")... On ne peut que constater que la magie tient parfois à peu de choses. On aurait eu les mêmes chansons avec un autre producteur et une volonté d'optique différente, cela aurait certainement donné un album plus cool. On est sans cesse dans une alternance de bonnes mélodies et de déceptions (" Renegade Cavalcade " avec un couplet sympa et un refrain qui casse la magie). Ou tout cela n'est peut-être qu'une histoire de pré-conçus : l'adolescence fragile et innocente, on y croit dans les coins paumés et la verdure sauvage de l'Irlande, on se la visualise bien dans le romantisme urbain de Londres, mais beaucoup plus difficilement sous les palmiers californiens. Ash cède trop ici à la mode et à l'esprit du temps : " Vampire Love " sonne par exemple comme un de ces mauvais groupes Emos style The Used, The Get Up Kids ou autres noms que notre mémoire défaillante nous cache de manière fortement heureuse.
Vous l'aurez compris : on regrette que le côté superficiel prenne le pas sur l'authenticité (et bizarrement, l'auditeur ne remet pas en question l'honnêteté du groupe, à aucun moment), que la forme détériore le fond, ou du moins que les deux ne soient pas en parfaite symbiose (ce que les précédents albums parvenaient à faire, malgré toutes leurs différences).
On se demande même si le groupe n'a pas regretté l'expérience : Charlotte Hatherley partira du groupe 2 ans plus tard pour se lancer en solo, le trio d'origine n'ayant cessé par la suite d'essayer de revenir à ses bases et de tenter de produire et distribuer sa musique autrement (les fameux A-Z Series).
Si cette chronique ne présente pas Meltdown sous un jour avantageux, il faut tout de même préciser qu'il reste de bonnes mélodies ça et là, et qu'il n'y a rien de vraiment honteux dans ce disque. Mais il reste une déception et une exception dans la carrière du groupe qui, bien qu'ayant connu des hauts et des bas, ne s'est jamais autant dénaturé qu'ici.
On reprochera principalement à ce disque un son trop " américain ", lorgnant dangereusement vers un côté F.M. (la production se passera dorénavant d'Owen Morris, collaborateur régulier du groupe, la place étant prise ici par Nick Raskulinecz, ayant co-produit le One By One des Foo Fighters deux ans auparavant) et faisant ainsi méchamment du pied aux " College Radios ".
Si on ne peut blâmer le groupe quant à son envie sincère d'explorer un son plus " Heavy ", de rendre, par cette forme, hommage à ses influences américaines et de conquérir plus fermement les Etats-Unis, l'auditeur de l'autre côté de l'Atlantique pourra être décontenancé : exit le coup de foudre mélodique de 1977, la fragilité et la dépression de Nu-Clear Sounds et la Pop magique retrouvée de Free All Angels, nous sommes dorénavant dans une autre époque. Si le mélange bienvenu entre Brit-Pop et Grunge (pour rester dans les grandes lignes et pour symboliser le croisement de deux époques) pouvait trouver auparavant son cortège de fans, les années ont bel et bien passé. Et malgré le fait qu'Ash soit encore un jeune groupe (entre 25 et 27 ans au moment de la sortie de Meltdown), il faut aller chercher le public ailleurs, aller faire du pied aux afficionados de Nu -Metal, de Sum 41 et autres gloires éphémères de l'époque.
Le premier single, " Clones " pouvait à la fois paraître comme une surprise bienvenue (riff rentre-dedans, un côté plus agressif pas déplaisant avec pourtant une bonne mélodie, des paroles un peu plus " conscientes " du monde extérieur...) et lancer la suspicion (clip qui montre que le groupe est bien " véner ", effets de cassage de vitres avec les pieds qu'en envoient dans la gueule, transpiration, petite barbe du chanteur pour insister sur le côté " rebelle ", bref toute une série de mini-clichés MTV n'inspirant pas confiance...). La chanson restera un des titres phares du groupe en concert et connaîtra un certain succès de par sa présence sur le jeu vidéo Star Wars : Republic Commando.
3 mois plus tard, Meltdown (et sa pochette quand même un peu moche) sort et c'est plutôt une mauvaise impression qui se confirme : si l'ensemble contient quand même quelques bonnes chansons, la production et le son flinguent tout. Le charme habituel se dissout : les balades deviennent horripilantes (" Starcrossed " débutant cependant avec un petit riff que n'aurait pas renié Billy Corgan en 1993), les titres Power Pop sont désormais lisses (" Won't Be Saved "), les moments " bourrins " sont trop appuyés et démonstratifs pour paraître sincères (" Detonator ")... On ne peut que constater que la magie tient parfois à peu de choses. On aurait eu les mêmes chansons avec un autre producteur et une volonté d'optique différente, cela aurait certainement donné un album plus cool. On est sans cesse dans une alternance de bonnes mélodies et de déceptions (" Renegade Cavalcade " avec un couplet sympa et un refrain qui casse la magie). Ou tout cela n'est peut-être qu'une histoire de pré-conçus : l'adolescence fragile et innocente, on y croit dans les coins paumés et la verdure sauvage de l'Irlande, on se la visualise bien dans le romantisme urbain de Londres, mais beaucoup plus difficilement sous les palmiers californiens. Ash cède trop ici à la mode et à l'esprit du temps : " Vampire Love " sonne par exemple comme un de ces mauvais groupes Emos style The Used, The Get Up Kids ou autres noms que notre mémoire défaillante nous cache de manière fortement heureuse.
Vous l'aurez compris : on regrette que le côté superficiel prenne le pas sur l'authenticité (et bizarrement, l'auditeur ne remet pas en question l'honnêteté du groupe, à aucun moment), que la forme détériore le fond, ou du moins que les deux ne soient pas en parfaite symbiose (ce que les précédents albums parvenaient à faire, malgré toutes leurs différences).
On se demande même si le groupe n'a pas regretté l'expérience : Charlotte Hatherley partira du groupe 2 ans plus tard pour se lancer en solo, le trio d'origine n'ayant cessé par la suite d'essayer de revenir à ses bases et de tenter de produire et distribuer sa musique autrement (les fameux A-Z Series).
Si cette chronique ne présente pas Meltdown sous un jour avantageux, il faut tout de même préciser qu'il reste de bonnes mélodies ça et là, et qu'il n'y a rien de vraiment honteux dans ce disque. Mais il reste une déception et une exception dans la carrière du groupe qui, bien qu'ayant connu des hauts et des bas, ne s'est jamais autant dénaturé qu'ici.
Moyen 10/20 | par Machete83 |
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