Apostle Of Hustle
Montréal - Canada [Il Motore] - vendredi 27 novembre 2009 |
Manqué lorsque j'étais à Toronto la semaine précédente, je ne commets pas cette bourde une seconde fois lorsque le groupe vient rendre visite à la ville soeur Montréal. Dans ma lancée de rendez-vous avec l'écurie Arts & Crafts de la veille, voici Apostle Of Hustle. La formation est tronquée. Julian Brown et sa basse manquent à l'appel. Se retrouvent donc seuls au Il Motore : Whiteman en attaque armé de sa gratte trafiquée et Dean Stone en défense barricadé derrière sa batterie dégarnie. Mais rien qu'en duo, ça envoie du bois ! La personnalité de Whiteman, rangée (ou cachée) sur album et en balance avec les autres fortes têtes de son collectif adoré Broken Social Scène, se dévoile et explose sur scène. L'homme fait son numéro, transcende ses obus bourrés de musique métissée ("Energy Of Death" et sa salsa délicieuse), les évacue avec la sueur et les désarticulations qui se doivent. C'est brut, trépident mais pour rien au monde je n'enlèverai cette urgence pour retrouver le son fidèle de leurs trois albums - que j'adore pourtant infiniment. Mais voir cet illuminé, avec ses lunettes piquées à Derrick, sa veste K-way rose pastel (ça c'est pour le style) et sa Gibson SG réduite à trois paires de cordes pour les touches hispanisantes, qui égraine sa folie sans demie mesure me fout les poils. Quoiqu'on se demande s'il n'en fait pas trop par moments comme son numéro de cracheur de vodka mais bon... Stone n'est pas mal non plus, grimaçant dans l'effort qui nécessite endurance et vivacité pour suivre l'entrain de son partenaire. Surtout lorsque des morceaux sont remaniés à la cravache comme "Cheap Like Sebastien" exquis, rendu presque primitif ou "Perfect Fit" en mode chaman. C'est d'ailleurs ça l'impression qui prédomine. Celle de voir un chaman qui conte ses rêves insensés tout en gesticulant, débite des paroles en espagnol sur son hommage "Fast Pony For Victor Jara" comme s'il y était ou enfile une espèce de masque cérémonial pour quelques autres élucubrations. On est sans cesse bousculé par l'aura du monsieur même lorsqu'il aborde des tons à l'apparence légère à l'instar de "Xerses". Et sans qu'on s'y attende, Apostle Of Hustle apporte le coup de grâce avec "Folkloric Fell". Pour se couper du monde dans un instrumental solaire qui s'embrase doucement et finit en murmures. Comme si cette prestation n'avait jamais été et comme il se fera sûrement sur chaque date de leur tournée... De la manière la plus naturelle du monde. Andrew Whiteman me manquera pour ça... Et Montréal aussi...
Excellent ! 18/20 | par TiComo La Fuera |
Photo par TiComo La Fuera.
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