Rina Sawayama
SAWAYAMA |
Label :
Dirty Hit |
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Est ce qu'on pourrait commencer par dire que depuis 2013 et sa première apparition musicale sous son nom, le parcours de Rina Sawayama est pas loin de ressembler à un sans faute ?
Entre son premier 7'' Sleeping in Walking et ce Sawayama, rien à jeter. Un Ep qui met tout le monde d'accord (Cyber Stockholm Syndrome, 2017), un court album / long Ep à suivre la même année ,quelques titres deci delà ces dernières années et enfin, ce premier album qui nous arrive au printemps.
Celle qui fêtera ses trente ans cette été a su évoluer au gré des rencontres, mais une particulièrement nous saute aux yeux. Je me souviens de cette première écoute d'un titre de Rina, un pote m'envoie un titre sans indication me demandant de trouver qui en était l'auteur. Sans vraiment avoir besoin de réfléchir tant son style est reconnaissable, je lui dit qu'il y a assurément du Clarence Clarity là dedans.
Et effectivement, il y a du Clarence Clarity dans ce disque. Il en est d'ailleurs le producteur, le metteur en scène, le metteur en lumière de sa muse anglo-nipponne.
Mais il n'est pas pas tout seul, on retrouve également sur ce disque Bram Inscore (qui a bossé aussi bien avec Charlotte Gainsbourg que Chloe X Halle, Thurston Moore que Troye Sivan), Kyle Shearer (lui avec Caroline Polachek, Allie X, Carly Rae Jespen et Dua Lipa), mais aussi Hoost, qu'on retrouve souvent avec Rina, et l'incontournable Danny L Harle, fer de lance de PC Music. Sans oublier Melle Sawayama elle-même, qui participe activement à la production de ses titres & à l'écriture, et ce depuis Sleeping In Walking.
Maintenant que les présentations sont faites, on se prend évidemment à rêver de l'album parfait, celui qui comblera nos attentes, voire même plus, surtout après multiples écoutes des titres déjà publiés pour bien nous émoustiller les tympans. "STFU !" d'abord, puis "XS" (un hommage déguisé ?), "Comme Des Garçons" et enfin "Chosen Family".
STFU !, orientation nu metal inattendu (oui, oui, vous avez bien lu, du nu metal en 2020), rentre dedans comme à l'époque, de quoi satisfaire tous les nostalgiques, avec son (très bon) clip dévoilé en novembre 2019, évoquant les petites agressions du quotidien, mais presque tournées en dérision. Même si elle évoque des problèmes, des cas rencontrés & vécus par toute une génération, elle est loin de se vouloir porte-parole de quoi que ce soit. C'est romancé ou autobiographique, comme à l'époque de Cyber Stockholm Syndrome où elle parlait de l'addiction aux écrans & aux réseaux sociaux ; elle décrit là des situations communes à toutes les communautés (au sens large), parlant davantage d'elle que d'une époque qu'elle pointerait du doigt. Elle s'inclut toujours dans ce qu'elle constate/critique, dans la grande majorité des treize titres de ce premier véritable album (pour peu que ça veuille dire encore quelque chose). On pourrait évidemment s'attarder sur le soin et l'attention portée à l'esthétisme, au côté plastique et photographique/photogénique voulue par Rina Sawayama, mais les multiples photos/vidéos dont elles abreuvent ses réseaux parlent bien mieux d'elles-mêmes .
Clarence Clarity et ses amis ont créé de toute pièce le cocon parfait pour Rina, alternant toutes les envies, toutes les idées les plus inattendus, folles, bizarres, extravagantes surtout. C'est un album qui ne s'empêche rien, bien au contraire, qui va complètement au bout des choses, quitte à jouer la déstabilisation avec ce mélange qui se révèle extrêmement excitant. Avec sa triplette introductive ("Dynasty"/"XS"/"STFU!"), l'album démarre comme un long crescendo de violence, avant de laisser s'épanouir le génie diabolique de Clarence Clarity, sur le parfait "Akasaka Sads" pour n'en citer qu'un. Avec sa science du changement de rythme, ses trouvailles sonores, ses références à peine camouflées (Salut JT), l'album continue en roue libre, alignant petit moment de plaisir jamais coupable avec des titres d'apparence plus classique, plus facile... Mais ce n'est jamais facile avec eux. On sait pertinemment qu'à un moment ou à un autre, ça finira toujours par déraper.
Tout l'album est truffé de clins d'œil aux 90's, quelque fois même c'est carrément le coup de coude complice et ultra-visible. Mais ce n'est jamais de l'ordre du pompage en règle ou de la caricature, c'est plutôt une simple évidence pour eux, car c'est bien évidemment avec cette musique (au sens extrêmement large de la chose) qu'ils ont se sont tous fait, qu'ils revendiquent haut et fort en la destructurant, en la remodelant selon leurs envies, selon leurs folies, il n'y qu'à écouter le THINK:PEACE de Clarence Clarity pour y entendre la version 2.0 d'un Michael Jackson.
Alors, ce SAWAYAMA, album de la maturité ? Absolument pas.
C'est plutôt un album totalement contemporain, et à la fois hors du temps. Totalement imbibé par des sujets, des attentes et des peurs bien actuelles, il défie les marqueurs temporelles par ses sonorités, par le prolongement qu'il représente dans la carrière de Rina, et marque l'accomplissement d'un duo les plus créatifs de l'époque.
Entre son premier 7'' Sleeping in Walking et ce Sawayama, rien à jeter. Un Ep qui met tout le monde d'accord (Cyber Stockholm Syndrome, 2017), un court album / long Ep à suivre la même année ,quelques titres deci delà ces dernières années et enfin, ce premier album qui nous arrive au printemps.
Celle qui fêtera ses trente ans cette été a su évoluer au gré des rencontres, mais une particulièrement nous saute aux yeux. Je me souviens de cette première écoute d'un titre de Rina, un pote m'envoie un titre sans indication me demandant de trouver qui en était l'auteur. Sans vraiment avoir besoin de réfléchir tant son style est reconnaissable, je lui dit qu'il y a assurément du Clarence Clarity là dedans.
Et effectivement, il y a du Clarence Clarity dans ce disque. Il en est d'ailleurs le producteur, le metteur en scène, le metteur en lumière de sa muse anglo-nipponne.
Mais il n'est pas pas tout seul, on retrouve également sur ce disque Bram Inscore (qui a bossé aussi bien avec Charlotte Gainsbourg que Chloe X Halle, Thurston Moore que Troye Sivan), Kyle Shearer (lui avec Caroline Polachek, Allie X, Carly Rae Jespen et Dua Lipa), mais aussi Hoost, qu'on retrouve souvent avec Rina, et l'incontournable Danny L Harle, fer de lance de PC Music. Sans oublier Melle Sawayama elle-même, qui participe activement à la production de ses titres & à l'écriture, et ce depuis Sleeping In Walking.
Maintenant que les présentations sont faites, on se prend évidemment à rêver de l'album parfait, celui qui comblera nos attentes, voire même plus, surtout après multiples écoutes des titres déjà publiés pour bien nous émoustiller les tympans. "STFU !" d'abord, puis "XS" (un hommage déguisé ?), "Comme Des Garçons" et enfin "Chosen Family".
STFU !, orientation nu metal inattendu (oui, oui, vous avez bien lu, du nu metal en 2020), rentre dedans comme à l'époque, de quoi satisfaire tous les nostalgiques, avec son (très bon) clip dévoilé en novembre 2019, évoquant les petites agressions du quotidien, mais presque tournées en dérision. Même si elle évoque des problèmes, des cas rencontrés & vécus par toute une génération, elle est loin de se vouloir porte-parole de quoi que ce soit. C'est romancé ou autobiographique, comme à l'époque de Cyber Stockholm Syndrome où elle parlait de l'addiction aux écrans & aux réseaux sociaux ; elle décrit là des situations communes à toutes les communautés (au sens large), parlant davantage d'elle que d'une époque qu'elle pointerait du doigt. Elle s'inclut toujours dans ce qu'elle constate/critique, dans la grande majorité des treize titres de ce premier véritable album (pour peu que ça veuille dire encore quelque chose). On pourrait évidemment s'attarder sur le soin et l'attention portée à l'esthétisme, au côté plastique et photographique/photogénique voulue par Rina Sawayama, mais les multiples photos/vidéos dont elles abreuvent ses réseaux parlent bien mieux d'elles-mêmes .
Clarence Clarity et ses amis ont créé de toute pièce le cocon parfait pour Rina, alternant toutes les envies, toutes les idées les plus inattendus, folles, bizarres, extravagantes surtout. C'est un album qui ne s'empêche rien, bien au contraire, qui va complètement au bout des choses, quitte à jouer la déstabilisation avec ce mélange qui se révèle extrêmement excitant. Avec sa triplette introductive ("Dynasty"/"XS"/"STFU!"), l'album démarre comme un long crescendo de violence, avant de laisser s'épanouir le génie diabolique de Clarence Clarity, sur le parfait "Akasaka Sads" pour n'en citer qu'un. Avec sa science du changement de rythme, ses trouvailles sonores, ses références à peine camouflées (Salut JT), l'album continue en roue libre, alignant petit moment de plaisir jamais coupable avec des titres d'apparence plus classique, plus facile... Mais ce n'est jamais facile avec eux. On sait pertinemment qu'à un moment ou à un autre, ça finira toujours par déraper.
Tout l'album est truffé de clins d'œil aux 90's, quelque fois même c'est carrément le coup de coude complice et ultra-visible. Mais ce n'est jamais de l'ordre du pompage en règle ou de la caricature, c'est plutôt une simple évidence pour eux, car c'est bien évidemment avec cette musique (au sens extrêmement large de la chose) qu'ils ont se sont tous fait, qu'ils revendiquent haut et fort en la destructurant, en la remodelant selon leurs envies, selon leurs folies, il n'y qu'à écouter le THINK:PEACE de Clarence Clarity pour y entendre la version 2.0 d'un Michael Jackson.
Alors, ce SAWAYAMA, album de la maturité ? Absolument pas.
C'est plutôt un album totalement contemporain, et à la fois hors du temps. Totalement imbibé par des sujets, des attentes et des peurs bien actuelles, il défie les marqueurs temporelles par ses sonorités, par le prolongement qu'il représente dans la carrière de Rina, et marque l'accomplissement d'un duo les plus créatifs de l'époque.
Parfait 17/20 | par X_Lok |
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