Prince

Purple Rain

Purple Rain

 Label :     Warner Bros 
 Sortie :    lundi 25 juin 1984 
 Format :  Bande Originale / CD  Vinyle  K7 Audio   

Avant de commencer, je souhaiterai m'excuser. J'ai pendant longtemps commis une incroyable erreur concernant Prince. Je l'ai snobé ! J'ai honte aujourd'hui, je l'admets, tout est réparé désormais et j'écoute cet album avec grand plaisir.
Mais pour être honnête, ça ne fait qu'un an que je l'ai acheté pour le découvrir ! Et oui, ça parait dingue pour une star internationale, qui a vendu des brouettes entières d'album, qui est vénéré aux States et dans le monde entier, mais c'est comme ça. Je pourrai mentir, prétexter la mauvaise foi, me réfugier derrière une pseudo-culture inventée de toute pièce et assurer avec aplomb que si, si, j'ai toujours connu Prince, que je connais toute sa discographie et qu'un amateur de rock se doit d'avoir cet album dans sa cdthèque, et que d'ailleurs Purple Rain est un des plus vieux, acheté d'abord en K7 puis en CD à la FNAC en 1995, qu'il a pris des marques d'usures depuis, qu'il est même rayé et que j'en ai acheté un autre. Mais ce serait malhonnête.
C'est à sa mort tragique que j'ai reconsidéré le bonhomme.
En fait, je ne sais pas pourquoi, je suis un ado des années 90, pas des années 80, ceci explique peut-être cela, j'ai considéré Prince comme une de ses stars dignes des stades et immenses salles, qui devait sa notoriété uniquement sur la gloriole, alimentant des gesticulations sur une musique entièrement basée sur les claviers, un peu comme pouvait le faire Madonna ou Mickael Jackson, à qui on l'a souvent comparé. Et tout le monde sait à quel point je déteste Madonna ou Mickael Jackson, du moins ce qu'ils incarnent, le show business, l'industrie du disque, les majors et certains fans décérébrés. Son espèce de guitares à deux manches, non mais franchement... Ensuite, il y a les claviers des années 80, cheap et insupportable. Donc j'ai tout mis dans le même sac. J'ai toujours cru que Prince et compagnie, c'était kif-kif bourricot.
Ah la la ! Que n'avais-pas fait !
Bien-sûr le personnage m'avait toujours fasciné. Ce côté angrogyne, ce côté metisse, ce côté paillette, c'était impressionnant pour un jeune gosse devant sa télé, j'ai toujours reconnu le showman en lui, y compris son caractère déjanté, et j'ai vite pigé qu'il avait inventé un mythe autour de sa personne. Mais pour la musique, je retenai de la gloriole, moi qui aimait tant les guitares. Quel erreur !
C'est à sa mort, entre autres, que je me suis dit : "bah, merde alors, tu vois ? tu seras passé à côté de ce type !", et après m'être traité x fois de "pov' con de vieux aigri", je suis allé à la FNAC (qui existe toujours) pour acheter Purple Rain. Pourquoi celui-là ? Parce qu'il contient le morceau éponyme, le titre le plus connu du personnage. Un slow extraordinaire du plus de huit minutes ! Et j'ai réalisé alors à quel point j'avais été négligent et à quel point Prince était un incroyable chanteur, un incroyable guitariste et un incroyable compositeur. Le tempo lent, la voix moite, le piano, les violons, c'est d'une telle richesse, cette ambiance fait monter la tension, en s'arrêtant juste avant de lâcher le refrain, en additionnant petit à petit les instruments, puis en s'excitant sur le micro comme lors d'un orgasme, c'est fou, et ensuite on termine par un solo extraordinaire, langoureux et mystique, où Prince dévoile tout son talent de guitariste. Un moment de bravoure.
Le reste de l'album, sans être aussi épique, est d'un niveau époustouflant. J'ai réalisé alors pourquoi c'était un des plus grands albums du rock et pourquoi il avait été tellement vendu. De plus, il est particulier dans la discographie, car il est la bande-originale du film où Prince se met lui-même en scène. Mégalomaniaque peut-être mais faut être un génie pour tout mener de front, rester cohérent, tout en étant original, et Prince a réussi tout ça, en incarnant à lui seul toutes les années 80. Tout en y apportant ce truc unique.
Ce qui sidère, c'est l'usage des instruments et des techniques de studio. Cet album est d'une grande richesse. Et contrairement à ce que je pensais jusqu'alors, c'est bien un album rock, avec des guitares et tout et tout. Avec autres choses, mais avec des guitares. Cela m'a fait un bien fou vous ne pouvez pas savoir. J'ai poussé un "ouf" de soulagement.
L'album démarre d'ailleurs un titre particulièrement punchy et électrique, le fameux "Let's Go Crazy", qui après une intro lunaire, typique, une orgue de film Z, lâche les chevaux et les guitares, pour danser et sautiller. AR Kane ou Fine Young Animals vont s'en inspirer allègrement. De même "I Would Die 4 U" sera un hymne pour boite de nuit (de l'époque). Les mélodies sont si géniales. Tant pis si ça a certainement vieillit, les claviers sont utilisés avec intelligence et c'est cela qui fait la différence. En témoigne "When Doves Cry", avec son petit côté indus technoïde, ou "Computer Blue".
Prince, ce n'est pas qu'un bidouilleur, c'est avant tout une voix. Souvent capable haranguer le public, félin, mais aussi parfois d'une grande sensualité, capable de monter dans les aigus, quitte à semer le trouble, tant on peut confondre avec une voix féminine (et il aimait en jouer). Il transforme ainsi "The Beautiful Ones" pour en faire un slow d'une sensualité extrême. Un de mes morceaux préféré. Et quelle guitare !
Je recommande évidemment cet album. Mais je prêche des convaincus. Ici, sur Xsilence, je n'ai sans doute pas besoin d'expliquer par A + B pourquoi Prince est un génie. Je voulais juste témoigner que même avec des a priori débiles, que même avec trente-cinq de retard, que même avec en ayant tout vu tout connu ou presque, on pouvait encore redécouvrir les trésors du rock. Un grand album reste un grand album, et pour longtemps.
Cela m'a permis de reconsidérer le question. Et de revoir ce personnage sous un autre angle. Je le rapproche désormais plus d'un David Bowie que d'un Mickael Jackson. C'est réparer une injustice. Bien-sûr je regrette sa disparition.
Franchement, quel bonheur que je partage avec vous, que d'écouter l'extraordinaire "Take Me With U", avec ses violons, ses tambourins, son ambiance indienne, son petit côté nonchalant et enfantin, son chœur féminin ! Tellement frais et original ! Cela aurait été dommage de passer à côté de ça !


Exceptionnel ! !   19/20
par Smashead


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
231 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Finalement, au vu des projets nés après leur désunion, vous êtes très content qu'ils aient splité:


At The Drive-In
Atari Teenage Riot
Big Black
Black Flag
Diabologum
Faith No More
Fu Manchu
The God Machine
The Murder City Devils
Refused