Knife Knights

En cette fin d'année, je jette un regard vers l'arrière et ce qui me saute aux yeux c'est que j'ai laissé ce bon vieux rock 'n roll de coté. Comme un ami de toujours qui souvent raconte un peu la même chose et qui a quelques difficultés à se renouveler. Je l'aime ce vieux pote et je sais très bien que c'est lui que je vais retrouver quand tous les autres m'auront déçue, mais voilà cette année c'est le hip-hop qui m'aura le plus occupée.

C'est cet album de Knife Knights qui résume le mieux mon année écoulée. En effet, il symbolise pour moi une musique en évolution constante, des artistes qui ont parfaitement intégré le nombre incalculable d'influences mises à disposition au XXIème siècle. Sans apitoiement aucun, ils piochent partout, dans toutes les époques et triturent les sons sans atermoiements mais avec un certain respect, pour en faire une musique bien ancrée dans son époque tout en nous poussant vers le futur.
Le fondateur de Knife Knights n'est autre que Ishmael Butler, membre de Shabazz Palaces et ça s'entend. Personnellement, je ne distingue pas d'énorme différence entre les 2 formations, sauf peut-être une approche un peu moins vintage et plus futuriste (je ne parle pas du mouvement italien du début du XXème siècle, restons entre gens simples). Je trouve en tout cas une forte similitude entre les deux groupes dans l'intention et la fabrication des morceaux. On y retrouve des empilements de sons, bruitages, samples, instruments, ... Qui œuvrent pour une complexité structurelle hyper divertissante et par divertissante, je ne veux pas dire "le truc que t'écoutes vite fait pour t'amuser", mais plutôt "le truc que quand tu l'écoutes t'es sans cesse bougé-bougé par des sons qui t'arrivent de partout man". Il n'est pas question ici de boucles de samples dont le seul mouvement est de s'étaler paresseusement sur toute la longueur d'un morceau, la musique de Knife Knights est changeante, mouvante et évolutive à l'intérieur même des chansons.

Je vous l'ai dit plus haut, 2018 est mon année hip-hop, mais aussi R'n B et ce disque n'en manque pas. Je ne peux écrire cette chronique sans mentionner le tube R'n B de l'année (sur Xsilence tout le monde s'en cogne mais peu importe), "Give your Game": mélodie imparable, production riche et léchée, emphase légèrement sirupeuse, mélange de voix masculine et féminine; du R'n B de haute volée. Si j'écris R'n B encore une fois, je sens que certains vont vomir sur le sol... ah ah.

Ceci est donc un album qui m'a séduit comme l'ont fait Tyler the Creator, Frank Ocean ou Abra, grâce à la diversité des arrangements ou à ce côté sorcier génial de la production. En bref, un travail d'orfèvre sur le son et ce qu'il peut provoquer chez l'auditeur dès le moment où celui-ci s'investit un minimum dans son écoute.