Noorg
Plexus |
Label :
Patazone |
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Ça grouille dans cette forêt. On y entre par cette espèce de cliquetis brouillant les pistes entre l'organique et le mécanique, pivert stakhanoviste ou vieille bicyclette avec une feuille morte coincée dans la roue. De droite à gauche, le son joue avec la stéréo, trompant si bien l'attention qu'une fois enterré au loin dans le mix, on réalise que c'est toute une flore et sa faune qui nous entourent. Subrepticement la forêt nous a (r)attrapé. Drôle de nature, aux formes floues, aux timbres à la fois aliens et familiers. Pour sûr, on est pas serein ici, l'oppression sonore est de mise. Alors on s'accroche à un bruit d'oiseau, à un couinement soudain de synthé, à des sortes de frappes métalliques, à un cours d'eau, à tout ce qui semble provenir du monde que l'on connait, indépendamment de si ce son évoque quelque chose de menaçant ou non.
Mais on s'y prend mal. C'est que la menace, comme bien souvent, provient en partie de la différence entre ce que l'on connait et ce que l'on rencontre sur Plexus. D'où ça vient, tous ces sons ? Que me veulent-ils ? Fausses questions ; il suffit d'aller à leur rencontre pour que le vertige éprouvé n'ait plus rien d'aliénant. Certes on ne sera pas précisément à l'aise, ni tranquille, mais on pourra avoir une connexion, que l'on se risquera à faire rimer avec émotion. Au contact d'un cosmos riche en énigmes soniques, doté d'une indéniable narration (si la musique est en partie improvisée, on ne peut se départir de l'impression que ce qu'on nous donne à entendre sur ce montage - si montage il y a - est au moins en partie scénarisé), d'amples mouvements contenant des mouvements plus brefs, des micro-dynamiques qui se percutent, comme des galets qui s'entrechoquent ou des glitchs qui crépitent, des métaux animés d'une souplesse inédite, des nappes noise diluviennes... Inquiétant, ouais. Mais passionnant.
Alors oui, on pourrait expliciter le travail d'Eric Brochard et Loïc Guenin. On pourrait s'encombrer d'un travail d'archéologue, détailler leur méthode, supposer leurs sources de son, s'étendre sur les enregistrements de terrain et les techniques de captation puis de manipulation, spéculer sur la part d'improvisation, la part déterminée, expliciter leur philosophie de travail. Mais ce serait prendre le pouls de ses propres névroses de chroniqueur obsessionnel et faire la sourde oreille au travail de Noorg, qui met tant d'effort et de talent à évoquer l'abstrait à partir de matériaux si divers que la meilleure manière de lui rendre justice serait encore de préserver cette précieuse ambivalence, cet épais mystère qui n'a d'hermétique que sa façade. Et de se laisser engloutir dans ce qu'il ne serait, pour une fois, pas galvaudé de nommer un Univers.
Mais on s'y prend mal. C'est que la menace, comme bien souvent, provient en partie de la différence entre ce que l'on connait et ce que l'on rencontre sur Plexus. D'où ça vient, tous ces sons ? Que me veulent-ils ? Fausses questions ; il suffit d'aller à leur rencontre pour que le vertige éprouvé n'ait plus rien d'aliénant. Certes on ne sera pas précisément à l'aise, ni tranquille, mais on pourra avoir une connexion, que l'on se risquera à faire rimer avec émotion. Au contact d'un cosmos riche en énigmes soniques, doté d'une indéniable narration (si la musique est en partie improvisée, on ne peut se départir de l'impression que ce qu'on nous donne à entendre sur ce montage - si montage il y a - est au moins en partie scénarisé), d'amples mouvements contenant des mouvements plus brefs, des micro-dynamiques qui se percutent, comme des galets qui s'entrechoquent ou des glitchs qui crépitent, des métaux animés d'une souplesse inédite, des nappes noise diluviennes... Inquiétant, ouais. Mais passionnant.
Alors oui, on pourrait expliciter le travail d'Eric Brochard et Loïc Guenin. On pourrait s'encombrer d'un travail d'archéologue, détailler leur méthode, supposer leurs sources de son, s'étendre sur les enregistrements de terrain et les techniques de captation puis de manipulation, spéculer sur la part d'improvisation, la part déterminée, expliciter leur philosophie de travail. Mais ce serait prendre le pouls de ses propres névroses de chroniqueur obsessionnel et faire la sourde oreille au travail de Noorg, qui met tant d'effort et de talent à évoquer l'abstrait à partir de matériaux si divers que la meilleure manière de lui rendre justice serait encore de préserver cette précieuse ambivalence, cet épais mystère qui n'a d'hermétique que sa façade. Et de se laisser engloutir dans ce qu'il ne serait, pour une fois, pas galvaudé de nommer un Univers.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
En écoute ici : https://noorg.bandcamp.com/releases
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