Hontatedori
Konata Kanata |
Label :
Drag City / Blue Chopsticks |
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Comme un songe que l'on est pas sûr d'avoir vécu, qui s'efface à mesure qu'on en parle, qui disparaît à mesure qu'on l'écoute : Konata Kanata. Un souvenir aux détails flous, jusqu'aux voyelles que l'on ne sait pas toujours où placer : kanato konata konato konota... les circonstances s'évanouissent mais l'affect demeure intact. On ne sait plus quelle main nous a frôlée, ni les traits du visage de l'inconnue, mais la douceur de cette caresse vit avec nous. Et cela pourrait suffire.
Si cependant on cherchait à faire prendre corps à ce souvenir, si l'on réécoutait une fois, deux fois, pour dissiper les élégantes volutes de l'oubli qui en nimbent l'essence, si l'on se mettait à y voir plus clair, qu'entendrait-on ?
Pas vraiment plus qu'une guitare et une voix, et encore : à peine. La guitare, que j'ose à peine appeler "électrique", n'ose presque pas jouer ; et quand elle ose, elle trahit un bagage d'une grande classe, jazz peut-être, parfois elle suit les notes chantée par la voix. Et cette voix, du souffle au murmure, s'excuse presque de briser le silence et s'empresse d'y retourner. Les deux paraissent se donner consistance l'un l'autre. On ne sait jamais si la mélodie reprendra à la fin de chaque phrase, car alors tout reste en suspens, comme si chacun avait besoin de l'accord tacite de l'autre pour reprendre. Mais lorsqu'ils se laissent aller, ils tissent de tendres chansons, qui prennent une forme plus assurée. Au jeu dangereux des comparaisons, on pourrait imaginer cette petite chose frêle exister au milieu des improvisations discrètes du "Moonchild" de King Crimson.
Si la décence me fait hésiter à étaler encore plus de mots sur une musique si peu prompte, elle, à envahir l'espace, il convient tout de même d'évoquer la question de ces silences, qui bien au delà de faire simplement lien entre deux sons ne sont pas sans dévoiler un tiers crucial dans la relation de cette guitare à cette voix : son contexte. À savoir que, malgré ce que le poète en moi aimerait mieux croire : le couple n'émerge pas du néant, chaque silence trahit l'existence d'une pièce alentour, et même d'un extérieur qui vit, au son d'enfants qui jouent dans la rue, de voitures qui passent au loin... Cela est dévoilé avec une clarté toute particulière sur le quatrième et dernier titre : "A boy", qui plus que jamais donne l'impression d'un morceau en stase, prêt à s'arrêter à tout instant - tout en étant le plus long de ses congénères.
C'est comme si le micro avait été reculé de quelques mètres pour le dernier acte, afin d'en décentrer les protagonistes et accepter que cette musique, enfin, par un fondu au noir, passe du presque rien à l'ayant été.
Si cependant on cherchait à faire prendre corps à ce souvenir, si l'on réécoutait une fois, deux fois, pour dissiper les élégantes volutes de l'oubli qui en nimbent l'essence, si l'on se mettait à y voir plus clair, qu'entendrait-on ?
Pas vraiment plus qu'une guitare et une voix, et encore : à peine. La guitare, que j'ose à peine appeler "électrique", n'ose presque pas jouer ; et quand elle ose, elle trahit un bagage d'une grande classe, jazz peut-être, parfois elle suit les notes chantée par la voix. Et cette voix, du souffle au murmure, s'excuse presque de briser le silence et s'empresse d'y retourner. Les deux paraissent se donner consistance l'un l'autre. On ne sait jamais si la mélodie reprendra à la fin de chaque phrase, car alors tout reste en suspens, comme si chacun avait besoin de l'accord tacite de l'autre pour reprendre. Mais lorsqu'ils se laissent aller, ils tissent de tendres chansons, qui prennent une forme plus assurée. Au jeu dangereux des comparaisons, on pourrait imaginer cette petite chose frêle exister au milieu des improvisations discrètes du "Moonchild" de King Crimson.
Si la décence me fait hésiter à étaler encore plus de mots sur une musique si peu prompte, elle, à envahir l'espace, il convient tout de même d'évoquer la question de ces silences, qui bien au delà de faire simplement lien entre deux sons ne sont pas sans dévoiler un tiers crucial dans la relation de cette guitare à cette voix : son contexte. À savoir que, malgré ce que le poète en moi aimerait mieux croire : le couple n'émerge pas du néant, chaque silence trahit l'existence d'une pièce alentour, et même d'un extérieur qui vit, au son d'enfants qui jouent dans la rue, de voitures qui passent au loin... Cela est dévoilé avec une clarté toute particulière sur le quatrième et dernier titre : "A boy", qui plus que jamais donne l'impression d'un morceau en stase, prêt à s'arrêter à tout instant - tout en étant le plus long de ses congénères.
C'est comme si le micro avait été reculé de quelques mètres pour le dernier acte, afin d'en décentrer les protagonistes et accepter que cette musique, enfin, par un fondu au noir, passe du presque rien à l'ayant été.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
Ecoutable sur https://hontatedori.bandcamp.com/album/konata-kanata
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