Soft Cell

The Art Of Falling Apart

The Art Of Falling Apart

 Label :     Some Bizarre 
 Sortie :    janvier 1983 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

The Art Of Falling Apart... Derrière ce titre qu'un Trent Reznor (d'ailleurs fan du duo de Leeds) n'aurait pas renié se cache le deuxième album de Soft Cell. Coincé chronologiquement entre le culte Non -Stop Erotic Cabaret et l'évocateur This Last Night In Sodom (qui fut longtemps considéré comme le dernier album, avant un retour en 2002), et sans doute étouffé par les attentes d'un succès commercial à la hauteur de "Tainted Love", The Art Of Falling Apart fait partie de ces albums oubliés, ne jouissant pas d'historique marquant et d'éléments propres à l'inscrire durablement dans les mentalités de la masse d'hier comme d'aujourd'hui.

Il est vrai que la formule est un peu la même que sur Non-Stop Erotic Cabaret : production identique, synthés aux sons similaires, thèmes communs, on ne ressent effectivement pas un grand pas en avant au niveau artistique. Les drogues et les tensions sont plus que présentes entre Dave Ball et Marc Almond, et à ce moment-là, c'est peut-être déjà un miracle que le duo n'ait pas complètement explosé et qu'il ait réussi à proposer un album à ce stade de leur carrière.

Pour tout dire, The Art Of Falling Apart n'a pas vraiment la même force d'incarnation que son prédécesseur, il évoque de manière moins appuyée le cuir, le sang, le sperme, les larmes et les pommades pour soigner certaines fissures... Il est moins facilement pénétrable. Le désœuvrement, les difficultés pour s'adapter au quotidien ("Forever The Same" étant une sorte de suite à "Frustration"), les cris du cœurs et du corps de Marc Almond sont pourtant bien présents ("Heat", "Baby Doll") mais il manque peut-être cette petite touche de cohérence globale qui empêcherait ce deuxième album d'acquérir définitivement ses titres de noblesse.

Néanmoins, si l'on prend les choses un peu par derrière, à savoir que l'on demande d'un disque de bonnes chansons, des mélodies solides et des plaisirs variés, l'acte de jouissance est plus que foutrement bien rempli.
Chaque chanson a une mélodie bien à elle, avec des arrangements faciles dans le bon sens du terme, qui en font un très bon recueil de Pop Synthétique. Côté chant, Marc Almond est toujours aussi incarné et parvient à faire passer multiples émotions : urgence et mélancolie dans l'entraînant "Forever The Same", détachement dans l'exotique et ésotérique "Numbers", stupre et incertitude faussement détachés dans l'humide " Heat "... On ne peut pas dire que ces deux-là font semblant, leur musique, malgré les problèmes personnels et les limites des sons de Synthé, semble toujours sincère, et ça c'est toujours un centimètre de gagné dans notre échelle de valeurs...

Comme dit plus haut, certaines harmonies ont un goût de déjà vu (ce qui est con comme expression puisqu'on parle bien d'ouïe et non pas de goût ou de vue, bref ne touchons pas le fond des considérations linguistiques nausébaondes) : "Where The Heart Is" rappellera "Say Hello, Wave Goodbye", et "Forever The Same" suit la progression générale de "Frustration". Cela n'enlève cependant rien au talent de conteur de Marc Almond ("Kitchen Sink Drama" et sa femme au foyer désespérée) et de la force représentative qu'il met dans son propos. La noirceur est toujours au rendez-vous par ailleurs dans le glauque (autant dans les paroles que dans la musique) "Baby Doll" et se trouve souvent là où s'y attend le moins, bien cachée par ces Synthés qui, au premier abord, ne payent pas de mine.

C'est en fait peut-être plus sur la fin que l'album manque de se tailler une place marquante aux côtés de son prédécesseur. Les mélodies sont encore-là, mais après une succession de titres très habités, et bien que les deux fassent le job, on est sans doute un peu trop dans la répétition thématique ("Loving You, Hating Me") et "The Art Of Falling Apart" se la joue un peu trop coolos pour proposer une véritable phase finale orgasmique.

Malgré ces quelques défauts mineurs, The Art Of Falling Apart reste un album qui se défend pour tout fan de Pop Synthétique, d'autant plus que les textes sont malins et sont brillament interprétés, que l'on soit fan ou non du personnage de Marc Almond. Il mérite au moins d'être écouté une fois par les curieux pour toutes ces raisons.


Bon   15/20
par Machete83


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