Wampire
Curiosity |
Label :
Polyvinyl |
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On comprend pourquoi il aura fallu six ans à Rocky Tinder et Eric Phipps pour sortir ce premier album. Non pas qu'ils cherchaient un nom pour se démarquer des autres groupes de Portland ou une façon originale de montrer leurs canines longues et tranchantes, Wampire c'est leur blase depuis le début. Mais parce qu'en ayant commencé à se produire à l'arrache en soirée à troquer leur joyeux bordel pour des bières pas fraîches dans des styles aussi variés que mal assortis avec toute l'autodérision qui leur est propre (y'a qu'à voir leur look retro d'hypster avec cheveux gras et chemises passées), il leur était devenu délicat de trouver une cohérence générale pour créer le ciment d'un LP bien monté. Et malgré ce temps de la réflexion et de la maturation, force est de constater que l'exercice est à moitié réussi. Le duo qui nous avertit pourtant à demi mot de son intention de ne pas se prendre au sérieux (j'en reviens encore à cette horrible pochette kitchou mais aussi à un premier EP combinant leur single synth-pop frénétique "The Hearse" avec une reprise de "The Model" de Kraftwerk plus timoré, voyez un peu), se préoccupe en réalité de sortir un premier essai abouti en sollicitant Jacob Portrait, bassiste de Unknown Mortal Orchestra comme producteur. Sauf que même avec un troisième cerveau en appui, les flux de synthétiseurs de crécerelle, d'infra basses redondantes et batteries plus que binaires au son bien mat sont difficiles à canaliser quand Wampire fait ce qu'il a toujours fait : sucer la moelle de ses vinyles adorés. Du coup Curiosity devient schizophrénie, un joyeux pot pourri certes bien produit mais bien trop dispersé. Pop western haut en chœurs qui nous fait le coup des rires enregistrés avec un collage d'un vieux film ("Orchards"), relents psyché façon Deerhunter bien calibré appuyé de claviers ronflant ou suraigu ("Spirit Forest"), surf music tout gyrophare dehors mené par une basse ronde speedée dans un rendu presque punk ("Giants"), incursions à la solennité funéraire d'un Arcade Fire ("Outta Money") avant de repartir dans le fouillis d'un "Snacks" tout compressé avec l'embarras de terminer ou un dernier titre elliptique pour se poser en crooner façon Arctic Monkeys ("Magic Light")... Bref le choix est large et peut donner le tournis lorsque les claviers acidulés ou gothiques alternent avec les guitares folk ou saturées en premier plan, que la voix se cherche sous de nouveaux effets pendant que la basse tâtonne entre funk et grosse frappe. Wampire papillonne et trace ses routes sans avoir grand chose à raconter en plus lorsque l'on tend un peu l'oreille. Pourtant la simplicité et la fraîcheur avec lesquelles cet album est fait finissent par avoir doucement raison de nous, et l'on se prend à repiocher un titre de ci de là pour son petit gimmick qui nous avait bien chatouillé la première fois. Il faut dire qu'en 33 minutes les 9 morceaux sont déjà pliés et la formule de l'immédiateté si elle minimise le risque de se planter favorise l'envie d'une nouvelle tournée pour les plus curieux ou les plus compréhensifs. Ah bah oui Curiosity finalement c'était bien trouvé !
Sympa 14/20 | par TiComo La Fuera |
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