Ray Lamontagne
Ouroboros |
Label :
RCA |
||||
Pour commencer, un peu de symbolisme : l'ouroboros est l'emblème de l'éternel retour, du recommencement infini et du caractère cyclique du temps. On l'associe notamment au phénix, qui renaît inlassablement de ses cendres, au serpent qui se mord la queue, au cycle de la vie ou encore du jour et de la nuit. Et c'est bien cette idée qui irrigue en profondeur Ouroboros, le sixième album de Ray LaMontagne, jusque sur sa pochette. Enregistré en deux semaines en février 2015, ce nouveau disque poursuit la mue musicale de son auteur, entamée en 2014 avec Supernova. Alors que sur ce dernier, ce fut Dan Auerbach des Black Keys qui se chargea de la production, sur Ouroboros, Ray s'est adjoint pour cela les services de Jim James, le leader de My Morning Jacket (qui y joue également divers instruments), le reste du groupe jouant le backing-band de luxe pour LaMontagne, tant en studio qu'en tournée. Sur Supernova, le Ray avait déjà singulièrement fait évoluer sa musique, s'éloignant de la folk, de la soul ou encore de la country de ses albums précédents, pour résolument se tourner vers une approche plus pop de ses morceaux, avec en plus, déjà, une certaine couche de psychédélisme. Car c'est bien de psychédélisme dont il est question sur Ouroboros. Le changement s'avère en effet encore plus drastique et radical que sur Supernova, certains titres en étant pleinement gorgés, tout comme l'ambiance générale du disque. Et l'on sent bien où LaMontagne veut nous mener, comment le concept de l'ouroboros l'a guidé dans la réalisation de cette nouvelle œuvre et comment le psychédélisme l'a aidé à y parvenir, à concrétiser ses idées et ses visions.
Et il y a un titre qui résume tout cela parfaitement : "Hey, No Pressure", dominé par un riff de guitare XXL, répété jusqu'à plus soif pendant les six minutes et trente-quatre secondes que dure le morceau. Ce riff symbolise idéalement l'ouroboros du titre : un recommencement incessant, une renaissance perpétuelle, qui résonne puissamment et profondément en l'auditeur. Avec ce titre, le ton est donné : jamais la musique de Ray n'a sonné aussi rock, aussi libérée également, la longueur et la direction du morceau laissant présager de belles possibilités d'improvisation sur scène. Mais avant ce "Hey, No Pressure" que rien ne présageait, LaMontagne nous gratifie, en guise d'ouverture, d'un somptueux "Homecoming" long de plus de huit minutes, quelque peu réminiscent des meilleurs moments de son chef d'œuvre de 2006, Till The Sun Turns Black. Délicieusement vaporeuse et cotonneuse, cette chanson est peut-être le grand moment de ce disque. Suite à la décharge "Hey, No Pressure" arrive "The Changing Man", qui reprend à son compte cette idée du riff tourmenté, malaxé et tourbillonnant mis à l'épreuve chez la première nommée. Le climax est atteint au bout d'une montée en puissance impressionnante, où guitares et claviers se disputent le leadership instrumental du morceau. "While It Still Beats" débute dans le prolongement direct de "The Changing Man", sans temps mort ni pause, et agit comme une descente progressive, malgré quelques soubresauts électriques, vers une ambiance plus apaisée et quelque peu aérienne, où claviers et voix s'entremêlent et résonnent élégamment.
L'une des idées importantes de ce disque, c'est d'avoir été pensé pour être écouté principalement sur vinyle (mais l'écoute du cd n'est en rien un péché !). Il est en effet découpé en deux parties distinctes, qui correspondent aux deux faces de la galette, de quatre morceaux chacune, la première, nous venons de le voir, faisant la part belle à l'électricité, aux claviers et aux riffs de guitare aventureux, la seconde étant plus apaisée, acoustique et plus en adéquation avec ce à quoi Ray nous avait habitué jusqu'à cette année. Mais les titres qui composent cette deuxième face disposent eux aussi des nouveaux apports, des nouvelles idées que LaMontagne a désormais décidé d'appliquer à sa musique : les parties de guitare électrique de "In My Own Way", les claviers de la très belle et très Pink Floydienne "A Murmuration of Starlings" par exemple. Cette seconde partie du disque est sans doute moins novatrice et un peu moins consistante que la première, mais elle ne manque pas de beaux moments, surtout la dernière piste, "Wouldn't It Make a Lovely Photograph", où la voix de LaMontagne, qui reste son atout numéro un, est, comme d'habitude, magnifique. Parlons-en justement de cette voix irréelle. Tout au long d'Ouroboros, LaMontagne adopte sa voix claire et non pas sa voix grincante, rauque si caractéristique (excepté à certains moments dans "While It Still Beats"). Cela ne porte pas préjudice à l'ensemble, mais c'est tout de même un peu bizarre de ne pas l'entendre davantage prendre ces intonations si particulières.
Avec Ouroboros, Ray LaMontagne fait ce que tout artiste devrait faire à chaque album : se remettre en question, renouveler en profondeur l'approche de son art et de sa musique. À son écoute, on se rend compte que Supernova, son album précédent, n'avait été qu'un galop d'essai. Ici, il repousse ses limites, explose ses standards et crée une œuvre tout à fait fascinante, puissante, sans compromis, honnête, à son image en quelque sorte. Cette volonté de se réinventer si drastiquement n'est ici pas le moindre des mérites de LaMontagne. Et le résultat est franchement à la hauteur de l'ambition affichée. La suite sera scrutée avec envie et impatience !
Et il y a un titre qui résume tout cela parfaitement : "Hey, No Pressure", dominé par un riff de guitare XXL, répété jusqu'à plus soif pendant les six minutes et trente-quatre secondes que dure le morceau. Ce riff symbolise idéalement l'ouroboros du titre : un recommencement incessant, une renaissance perpétuelle, qui résonne puissamment et profondément en l'auditeur. Avec ce titre, le ton est donné : jamais la musique de Ray n'a sonné aussi rock, aussi libérée également, la longueur et la direction du morceau laissant présager de belles possibilités d'improvisation sur scène. Mais avant ce "Hey, No Pressure" que rien ne présageait, LaMontagne nous gratifie, en guise d'ouverture, d'un somptueux "Homecoming" long de plus de huit minutes, quelque peu réminiscent des meilleurs moments de son chef d'œuvre de 2006, Till The Sun Turns Black. Délicieusement vaporeuse et cotonneuse, cette chanson est peut-être le grand moment de ce disque. Suite à la décharge "Hey, No Pressure" arrive "The Changing Man", qui reprend à son compte cette idée du riff tourmenté, malaxé et tourbillonnant mis à l'épreuve chez la première nommée. Le climax est atteint au bout d'une montée en puissance impressionnante, où guitares et claviers se disputent le leadership instrumental du morceau. "While It Still Beats" débute dans le prolongement direct de "The Changing Man", sans temps mort ni pause, et agit comme une descente progressive, malgré quelques soubresauts électriques, vers une ambiance plus apaisée et quelque peu aérienne, où claviers et voix s'entremêlent et résonnent élégamment.
L'une des idées importantes de ce disque, c'est d'avoir été pensé pour être écouté principalement sur vinyle (mais l'écoute du cd n'est en rien un péché !). Il est en effet découpé en deux parties distinctes, qui correspondent aux deux faces de la galette, de quatre morceaux chacune, la première, nous venons de le voir, faisant la part belle à l'électricité, aux claviers et aux riffs de guitare aventureux, la seconde étant plus apaisée, acoustique et plus en adéquation avec ce à quoi Ray nous avait habitué jusqu'à cette année. Mais les titres qui composent cette deuxième face disposent eux aussi des nouveaux apports, des nouvelles idées que LaMontagne a désormais décidé d'appliquer à sa musique : les parties de guitare électrique de "In My Own Way", les claviers de la très belle et très Pink Floydienne "A Murmuration of Starlings" par exemple. Cette seconde partie du disque est sans doute moins novatrice et un peu moins consistante que la première, mais elle ne manque pas de beaux moments, surtout la dernière piste, "Wouldn't It Make a Lovely Photograph", où la voix de LaMontagne, qui reste son atout numéro un, est, comme d'habitude, magnifique. Parlons-en justement de cette voix irréelle. Tout au long d'Ouroboros, LaMontagne adopte sa voix claire et non pas sa voix grincante, rauque si caractéristique (excepté à certains moments dans "While It Still Beats"). Cela ne porte pas préjudice à l'ensemble, mais c'est tout de même un peu bizarre de ne pas l'entendre davantage prendre ces intonations si particulières.
Avec Ouroboros, Ray LaMontagne fait ce que tout artiste devrait faire à chaque album : se remettre en question, renouveler en profondeur l'approche de son art et de sa musique. À son écoute, on se rend compte que Supernova, son album précédent, n'avait été qu'un galop d'essai. Ici, il repousse ses limites, explose ses standards et crée une œuvre tout à fait fascinante, puissante, sans compromis, honnête, à son image en quelque sorte. Cette volonté de se réinventer si drastiquement n'est ici pas le moindre des mérites de LaMontagne. Et le résultat est franchement à la hauteur de l'ambition affichée. La suite sera scrutée avec envie et impatience !
Excellent ! 18/20 | par Poukram |
En ligne
287 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages