The Murder Capital
Paris [Trabendo] - lundi 13 février 2023 |
Cela fait déjà trois ans que, pour mon avant-dernier concert avant le premier confinement, j'ai bravé la pluie glacée qui détrempait ce soir-là les pavés parisiens pour aller découvrir un quintet de jeunes Irlandais baptisé The Murder Capital au Café de la danse. Encore marqué par leur percutant premier album, j'avais pris une claque monumentale, lors d'un concert bref mais intense. Pourtant, j'ai presque hésité à prendre ma place quand leur retour à Paris a été annoncé. D'abord parce qu'un concert un lundi, à partir d'un certain âge, ça vous plombe le reste de la semaine. Et puis parce que je n'étais pas encore complètement rentré dans leur deuxième album, malgré un nombre croissant d'écoutes. Le souvenir du concert précédent a toutefois vite emporté le morceau.
C'est une autre "vieille" connaissance qui s'avance sur la scène du Trabendo pour assurer la première partie : Ronan Kealy alias Junior Brother, un barde irlandais qui avait déjà joué ce rôle au Café de la danse trois ans plus tôt. J'ai beau avoir du mal avec ses vocalises qui m'évoquent un mélange entre Jeff Mangum de Neutral Milk Hotel et Latka, un personnage du comique américain Andy Kaufman, je suis fasciné par les arrangements de ce lutin barbu, qui parvient à créer des ambiances à la Interpol avec des arpèges de guitare folk et des percussions rudimentaires mais bien accommodées. Ce bavard ne manque pas de louer, non sans humour, les qualités humaines des cinq compatriotes qui l'ont invité sur cette tournée, et nous fait l'article un bon moment pour son capodastre "spider", qui permet de ne bloquer que les cordes souhaitées, et d'obtenir ainsi des accordages baroques sans passer trop de temps à se réaccorder.
A l'approche de l'arrivée des héros du jour, ça joue des coudes pour accéder à la fosse, malgré les panneaux qui proclament que les meilleures places sont au fond pour inciter les spectateurs à mieux se répartir dans la salle. Le couloir aménagé pour les photographes devant la scène est également pris d'assaut, preuve de l'engouement que suscite le groupe. Après avoir hésité un moment à suivre les consignes, je me suis finalement réfugié sur le côté de la scène en surplomb, accoudé à une rambarde, coincé entre un gars en fauteuil roulant et une mémère décolorée qui me colle son sac à main dans la hanche droite pendant une demi-heure avant de comprendre que je ne bougerai pas et de se replier vers le bar.
C'est la voix samplée du chanteur qui ouvre les hostilités. L'accueil est chaleureux et la fosse s'enflamme rapidement. La tête du chanteur m'est au départ cachée par une enceinte, mais vu le temps qu'il passe au bord de la scène voire carrément dans la fosse, ce n'est pas trop gênant. Le son n'est pas terrible de mon promontoire : les enceintes sont tournées vers la fosse, la batterie et l'ampli basse ne sont pas loin et couvrent en partie la voix de leur flot de fréquences graves. En revanche, cette position d'observateur déporté, un peu abrité de la présence encombrante du charismatique chanteur, me permet de comprendre l'importance de chacun des musiciens : le batteur qui balance ses rythmiques tarabiscotées dans un fracas assourdissant ; le bassiste qui assure un bourdon lancinant ; les deux guitaristes qui passent autant de temps à créer des ambiances au clavier ou sur leurs pédales d'effet qu'à gratter leurs cordes. Et pour tous, on sent une excitation à être sur scène, à communier avec le public. Le chanteur, comme à son habitude, capte la lumière et l'attention du photographe attitré du groupe qui se balade un peu partout pour mitrailler les cinq compères, manquant de se faire virer avec les autres photographes lorsque ceux-ci sont évacués après quelques morceaux. Les musiciens ne sont pas en reste : Cathal Roper, le guitariste blondinet, finit par grimper sur l'un des caissons posés sur le devant de la scène, en mode rock star, puis s'assoit dessus au morceau suivant, ses jambes se balançant juste devant les premiers rangs des spectateurs, fascinés de pouvoir le voir d'aussi près ; le bassiste, lui, prend des poses, planqué sous son hood et sa casquette, et secoue sa basse dans tous les sens. Et si les postures du chanteur James McGovern peuvent parfois paraitre too much, comme lorsqu'il fait taper le public dans ses mains ou qu'il s'amuse à faire crier le plus fort possible le public au fond à droite, puis au fond à gauche, puis dans la fosse, puis sur le côté, son charisme et son énergie emportent tout sur leur passage. Mon scepticisme du début du concert s'efface progressivement derrière l'enthousiasme. D'autant que musicalement, les nouveaux morceaux qui m'évoquaient The National ou Interpol en version studio, sont joués avec une violence et une énergie plus proches de Bauhaus ou de Birthday Party.
A la sortie de la salle, me dirigeant vers le métro après que le groupe se soit éclipsé sans même un rappel, je m'empresse de me remettre ce dernier album dans les oreilles et commence, à la lumière de l'expérience live, à ressentir la puissance qu'il dégage et qui m'échappait jusque-là.
C'est une autre "vieille" connaissance qui s'avance sur la scène du Trabendo pour assurer la première partie : Ronan Kealy alias Junior Brother, un barde irlandais qui avait déjà joué ce rôle au Café de la danse trois ans plus tôt. J'ai beau avoir du mal avec ses vocalises qui m'évoquent un mélange entre Jeff Mangum de Neutral Milk Hotel et Latka, un personnage du comique américain Andy Kaufman, je suis fasciné par les arrangements de ce lutin barbu, qui parvient à créer des ambiances à la Interpol avec des arpèges de guitare folk et des percussions rudimentaires mais bien accommodées. Ce bavard ne manque pas de louer, non sans humour, les qualités humaines des cinq compatriotes qui l'ont invité sur cette tournée, et nous fait l'article un bon moment pour son capodastre "spider", qui permet de ne bloquer que les cordes souhaitées, et d'obtenir ainsi des accordages baroques sans passer trop de temps à se réaccorder.
A l'approche de l'arrivée des héros du jour, ça joue des coudes pour accéder à la fosse, malgré les panneaux qui proclament que les meilleures places sont au fond pour inciter les spectateurs à mieux se répartir dans la salle. Le couloir aménagé pour les photographes devant la scène est également pris d'assaut, preuve de l'engouement que suscite le groupe. Après avoir hésité un moment à suivre les consignes, je me suis finalement réfugié sur le côté de la scène en surplomb, accoudé à une rambarde, coincé entre un gars en fauteuil roulant et une mémère décolorée qui me colle son sac à main dans la hanche droite pendant une demi-heure avant de comprendre que je ne bougerai pas et de se replier vers le bar.
C'est la voix samplée du chanteur qui ouvre les hostilités. L'accueil est chaleureux et la fosse s'enflamme rapidement. La tête du chanteur m'est au départ cachée par une enceinte, mais vu le temps qu'il passe au bord de la scène voire carrément dans la fosse, ce n'est pas trop gênant. Le son n'est pas terrible de mon promontoire : les enceintes sont tournées vers la fosse, la batterie et l'ampli basse ne sont pas loin et couvrent en partie la voix de leur flot de fréquences graves. En revanche, cette position d'observateur déporté, un peu abrité de la présence encombrante du charismatique chanteur, me permet de comprendre l'importance de chacun des musiciens : le batteur qui balance ses rythmiques tarabiscotées dans un fracas assourdissant ; le bassiste qui assure un bourdon lancinant ; les deux guitaristes qui passent autant de temps à créer des ambiances au clavier ou sur leurs pédales d'effet qu'à gratter leurs cordes. Et pour tous, on sent une excitation à être sur scène, à communier avec le public. Le chanteur, comme à son habitude, capte la lumière et l'attention du photographe attitré du groupe qui se balade un peu partout pour mitrailler les cinq compères, manquant de se faire virer avec les autres photographes lorsque ceux-ci sont évacués après quelques morceaux. Les musiciens ne sont pas en reste : Cathal Roper, le guitariste blondinet, finit par grimper sur l'un des caissons posés sur le devant de la scène, en mode rock star, puis s'assoit dessus au morceau suivant, ses jambes se balançant juste devant les premiers rangs des spectateurs, fascinés de pouvoir le voir d'aussi près ; le bassiste, lui, prend des poses, planqué sous son hood et sa casquette, et secoue sa basse dans tous les sens. Et si les postures du chanteur James McGovern peuvent parfois paraitre too much, comme lorsqu'il fait taper le public dans ses mains ou qu'il s'amuse à faire crier le plus fort possible le public au fond à droite, puis au fond à gauche, puis dans la fosse, puis sur le côté, son charisme et son énergie emportent tout sur leur passage. Mon scepticisme du début du concert s'efface progressivement derrière l'enthousiasme. D'autant que musicalement, les nouveaux morceaux qui m'évoquaient The National ou Interpol en version studio, sont joués avec une violence et une énergie plus proches de Bauhaus ou de Birthday Party.
A la sortie de la salle, me dirigeant vers le métro après que le groupe se soit éclipsé sans même un rappel, je m'empresse de me remettre ce dernier album dans les oreilles et commence, à la lumière de l'expérience live, à ressentir la puissance qu'il dégage et qui m'échappait jusque-là.
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
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