Flat Worms
Paris [La Boule Noire] - samedi 11 juin 2022 |
Les concerts le samedi soir, c'est cool parce qu'on peut dormir le lendemain. Mais quand la salle se situe sur le boulevard Rochechouart, ça veut dire qu'on commence la soirée par une épreuve : la ligne 2 du métro bondée de touristes et de gens agressifs et transpirants (moi le premier). Surtout quand, comme moi, on arrive tard pour ne pas se taper l'intégralité de la première partie.
Il faut dire que j'ai rarement vu une première partie aussi mal assortie à la tête d'affiche. Rose Mercie est un quatuor féminin slacker et dissonant, dans la lignée des Raincoats : des morceaux pop faussement naïfs chantés dans différentes langues, un look et une attitude exagérément girly, et un amateurisme revendiqué au chant comme aux instruments (qu'elles n'hésitent pas à s'échanger). Pas inintéressant, mais pas spécialement ce que j'avais envie d'écouter avant un groupe de garage-noise particulièrement testostéroné. Quand je rentre dans la salle aux deux tiers de leur set, surprise : elles sont venues avec leur fan-club. Je me prends à redouter le syndrome Honey For Petzi : quand j'ai vu ces derniers au Nouveau Casino il y a quelques années, une bonne partie du public était venue pour la première partie, un groupe de rock classique et putassier dont j'ai oublié le nom. Les sonorités post-rock du groupe suisse avaient fait fuir une bonne partie de ce public et l'ambiance s'en était ressentie.
Avec leurs transitions téléphonées, les quatre demoiselles finissent par perturber le planning habituellement réglé comme du papier à musique dans les salles parisiennes. Heureusement, les trois Californiens de Flat Worms parviennent à monter une batterie minimaliste en un temps record, et après un bref passage en coulisses, font un retour sur scène tonitruant. Le nez dans mon téléphone, je n'ai pas vu le guitariste arriver et déclencher une pédale, lâchant un son qui me vrille les oreilles et m'incite à dégainer mes bouchons. Un bon réflexe, car c'est parti pour tabasser sévère. Leur son puissant et métallique m'évoque Shellac qui revisiterait les Fleshtones. Leur dernier album Antartica a d'ailleurs été enregistré par Steve Albini. Et comme dans le groupe de ce dernier, la batterie est devant la scène et le guitariste et le bassiste de part et d'autre, révélant l'importance de Justin Sullivan, ancien batteur des Babies et de Kevin Morby en solo. Ses breaks violents sont pour beaucoup dans l'efficacité des morceaux. Cette manière de jouer du rock garage avec un son métallique entre noise et post-punk les rapproche de Hot Snakes, mais aussi de Thee Oh Sees, l'autre groupe du bassiste Tim Hellman.
Contrairement à ce que je redoutais, le public est encore nombreux et motivé. Suffisamment en tout cas pour lancer un pogo dès les premières mesures. La voix du guitariste Will Ivy est moins présente que sur leurs enregistrements studio, mais il compense par des solos et des riffs psyché et par un jeu de scène flamboyant, même si son micro chant se fait parfois la malle, victime de la fougue du chevelu de la bande.
Une heure et quart plus tard, après un rappel qui aura permis à la claviériste de Rose Mercie de se lancer à son tour dans le pogo, le trio plie bagage avec le sentiment du devoir accompli. Après un passage au merch', je quitte la salle encore vibrant de ce rock minimaliste dans la structure et maximaliste au niveau du son. Ma colère est passée, l'heure de pointe également. Je vais pouvoir reprendre le métro plus sereinement.
Il faut dire que j'ai rarement vu une première partie aussi mal assortie à la tête d'affiche. Rose Mercie est un quatuor féminin slacker et dissonant, dans la lignée des Raincoats : des morceaux pop faussement naïfs chantés dans différentes langues, un look et une attitude exagérément girly, et un amateurisme revendiqué au chant comme aux instruments (qu'elles n'hésitent pas à s'échanger). Pas inintéressant, mais pas spécialement ce que j'avais envie d'écouter avant un groupe de garage-noise particulièrement testostéroné. Quand je rentre dans la salle aux deux tiers de leur set, surprise : elles sont venues avec leur fan-club. Je me prends à redouter le syndrome Honey For Petzi : quand j'ai vu ces derniers au Nouveau Casino il y a quelques années, une bonne partie du public était venue pour la première partie, un groupe de rock classique et putassier dont j'ai oublié le nom. Les sonorités post-rock du groupe suisse avaient fait fuir une bonne partie de ce public et l'ambiance s'en était ressentie.
Avec leurs transitions téléphonées, les quatre demoiselles finissent par perturber le planning habituellement réglé comme du papier à musique dans les salles parisiennes. Heureusement, les trois Californiens de Flat Worms parviennent à monter une batterie minimaliste en un temps record, et après un bref passage en coulisses, font un retour sur scène tonitruant. Le nez dans mon téléphone, je n'ai pas vu le guitariste arriver et déclencher une pédale, lâchant un son qui me vrille les oreilles et m'incite à dégainer mes bouchons. Un bon réflexe, car c'est parti pour tabasser sévère. Leur son puissant et métallique m'évoque Shellac qui revisiterait les Fleshtones. Leur dernier album Antartica a d'ailleurs été enregistré par Steve Albini. Et comme dans le groupe de ce dernier, la batterie est devant la scène et le guitariste et le bassiste de part et d'autre, révélant l'importance de Justin Sullivan, ancien batteur des Babies et de Kevin Morby en solo. Ses breaks violents sont pour beaucoup dans l'efficacité des morceaux. Cette manière de jouer du rock garage avec un son métallique entre noise et post-punk les rapproche de Hot Snakes, mais aussi de Thee Oh Sees, l'autre groupe du bassiste Tim Hellman.
Contrairement à ce que je redoutais, le public est encore nombreux et motivé. Suffisamment en tout cas pour lancer un pogo dès les premières mesures. La voix du guitariste Will Ivy est moins présente que sur leurs enregistrements studio, mais il compense par des solos et des riffs psyché et par un jeu de scène flamboyant, même si son micro chant se fait parfois la malle, victime de la fougue du chevelu de la bande.
Une heure et quart plus tard, après un rappel qui aura permis à la claviériste de Rose Mercie de se lancer à son tour dans le pogo, le trio plie bagage avec le sentiment du devoir accompli. Après un passage au merch', je quitte la salle encore vibrant de ce rock minimaliste dans la structure et maximaliste au niveau du son. Ma colère est passée, l'heure de pointe également. Je vais pouvoir reprendre le métro plus sereinement.
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
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