Janelle Monáe
Werchter - Belgique [Rock Werchter - The Barn] - vendredi 28 juin 2019 |
On a beaucoup entendu parler de Janelle Monáe l'année dernière à l'occasion de la sortie de son troisième album, Dirty Computer. Elle était loin d'être une inconnue, et ses deux premiers disques, respectivement sortis en 2010 et 2013, s'étaient déjà faits pas mal remarquer, mais entre-temps, il y a eu quelques évènements musicaux qui ont, indépendamment de sa volonté, naturellement fait tourner les regards vers elle. Il y a ce nouvel âge d'or de la musique 'black' dans son ensemble : les artistes R&B et hip-hop jouissent aujourd'hui d'une estime débordante dans la presse. Aussi, Beyoncé est à présent placée sur un piédestal délirant : le moindre de ses gloussements est comparé à du Beethoven ; et, on a cru voir en Janelle une potentielle concurrente de taille. Enfin, Prince est mort – lui qui a collaboré plus d'une fois avec l'artiste de 33 ans – et on a vu en elle une héritière toute désignée. Dirty Computer fait penser à de nombreuses reprises à Prince, jusqu'au titre, allusion très probable à "Dirty Mind" et "Computer Blue", deux morceaux de l'âge d'or princier.
Bref, j'ai personnellement une certaine sympathie pour Janelle Monáe, et j'ai beaucoup apprécié le dernier album, sans pour autant le trouver extraordinaire comme on a essayé de nous le faire croire. Je ne voulais pas rater sa prestation à Werchter, placée parfaitement pour moi en fin d'après-midi et ne chevauchant aucun autre concert 'intéressant' à mes oreilles. Ce vendredi, à Werchter, c'est la journée des grands écarts : entre les métalleux arborant leur t-shirt Tool, les gothiques et les quinquas là pour The Cure, les hipsters et de nombreux gays présents pour Robyn, Kylie Minogue ou Janelle Monáe. J'arrive une petite demi-heure avant le début du concert dans The Barn – un chapiteau : il y fait heureusement bien frais, moi qui craignait un four par ce jour de juin très chaud.
Ça commence par une espèce de générique de sociétés de production de films, genre 20th Century Fox. "Crazy, Classic, Life" est lancé et Janelle apparaît au dessus de l'escalier qui trône au milieu de la scène. Ses quatre danseuses la rejoignent rapidement. On sent de suite le show hyper-calibré, avec rien qui dépasse. J'avoue ne pas avoir l'habitude de ce genre de concert qui est parfaitement identique qu'on le voit à Bruxelles, Barcelone ou Boston. Backdrops choisis et étudiés pour chaque chanson, costumes qui varient au fil du concert, chorégraphies millimétrées, setlist cadenassée, spontanéité en berne avec les mêmes déclarations au même moment, et jusqu'aux sourires. Même si cela ne correspond pas tout à fait à mes attentes, je ne critique pas : ce n'est pas par essence négatif. C'est juste un constat, et ce genre de spectacle peut plaire aussi, un peu comme une comédie musicale, un film – en ça, le générique de début fait clairement sens.
On poursuit avec quelques extraits de Dirty Computer : "Screwed" et "Django Jane". Pendant le premier, ses danseuses nous aspergent copieusement avec leurs pistolets à eau. Je râle un peu intérieurement : je n'aurais pas dû être si proche de la scène. Pour le second, un trône est disposé au-dessus des marches : Janelle Monáe se coiffe d'une sorte de chapeau africain, du genre de ceux portés par, il me semble, les chefs de tribus ou les rois, et va se poser sous les clameurs sur son trône : "yeaaah this is my palace".
Les 'classiques' de son court répertoire s'enchaînent ("Q.U.E.E.N.", "Electric Lady", "Pynk", "I Like That"), avec à chaque fois une scénographie précise : les pantalons-vagins sur "Pynk" comme dans le clip, par exemple. Tout est parfait, trop à vrai dire. Vocalement aussi, elle assure – à tel point que je me suis plus d'une fois demandé si ce n'était pas du playback : au final, je ne le pense pas même s'il doit y avoir sans doute quelques renforts techniques ci et là. Par contre, le solo de "Purple Rain" que son guitariste reprend à la fin de la ballade "PrimeTime" était à coup sûr fake : moment gênant d'ailleurs.
Dans la dernière partie, Janelle revient avec l'efficace "Make Me Feel", le single-phare du dernier album, avec une longue intro et une choré qui évoque bien sûr Michael Jackson. Là aussi, on sent le souci de perfection poussé à l'extrême : lors de la longue intro, son chapeau tombe de façon imprévue ; on la voit alors dans la relative obscurité de la scène intégrer à sa chorégraphie des subtiles manœuvres pour aller récupérer le chapeau qui devait normalement rester clouer à sa tête. En final, on nous sert le funky "Tightrope", non sans avoir débuté par un discours tout fait, qui se colle parfaitement à l'instrumental qui défile : "nous devons continuer le combat pour les migrants... pour les LGBTQIA... pour les black..."
J'espérais plus de ce concert que ce que j'ai eu le sentiment d'avoir en sortant du chapiteau – dans lequel, d'ailleurs, le son n'était pas exceptionnel, avec des basses trop lourdes. Pourtant, je ne peux rien reprocher en soi à Janelle Monáe qui a été très pro et a livré un show de très bonne facture. Cependant, je n'ai pas eu l'impression d'assister à un moment "unique" – ce que je recherche un peu en assistant à un concert – mais au film live de sa tournée proposé à des centaines de milliers de spectateurs à travers le monde.
Bref, j'ai personnellement une certaine sympathie pour Janelle Monáe, et j'ai beaucoup apprécié le dernier album, sans pour autant le trouver extraordinaire comme on a essayé de nous le faire croire. Je ne voulais pas rater sa prestation à Werchter, placée parfaitement pour moi en fin d'après-midi et ne chevauchant aucun autre concert 'intéressant' à mes oreilles. Ce vendredi, à Werchter, c'est la journée des grands écarts : entre les métalleux arborant leur t-shirt Tool, les gothiques et les quinquas là pour The Cure, les hipsters et de nombreux gays présents pour Robyn, Kylie Minogue ou Janelle Monáe. J'arrive une petite demi-heure avant le début du concert dans The Barn – un chapiteau : il y fait heureusement bien frais, moi qui craignait un four par ce jour de juin très chaud.
Ça commence par une espèce de générique de sociétés de production de films, genre 20th Century Fox. "Crazy, Classic, Life" est lancé et Janelle apparaît au dessus de l'escalier qui trône au milieu de la scène. Ses quatre danseuses la rejoignent rapidement. On sent de suite le show hyper-calibré, avec rien qui dépasse. J'avoue ne pas avoir l'habitude de ce genre de concert qui est parfaitement identique qu'on le voit à Bruxelles, Barcelone ou Boston. Backdrops choisis et étudiés pour chaque chanson, costumes qui varient au fil du concert, chorégraphies millimétrées, setlist cadenassée, spontanéité en berne avec les mêmes déclarations au même moment, et jusqu'aux sourires. Même si cela ne correspond pas tout à fait à mes attentes, je ne critique pas : ce n'est pas par essence négatif. C'est juste un constat, et ce genre de spectacle peut plaire aussi, un peu comme une comédie musicale, un film – en ça, le générique de début fait clairement sens.
On poursuit avec quelques extraits de Dirty Computer : "Screwed" et "Django Jane". Pendant le premier, ses danseuses nous aspergent copieusement avec leurs pistolets à eau. Je râle un peu intérieurement : je n'aurais pas dû être si proche de la scène. Pour le second, un trône est disposé au-dessus des marches : Janelle Monáe se coiffe d'une sorte de chapeau africain, du genre de ceux portés par, il me semble, les chefs de tribus ou les rois, et va se poser sous les clameurs sur son trône : "yeaaah this is my palace".
Les 'classiques' de son court répertoire s'enchaînent ("Q.U.E.E.N.", "Electric Lady", "Pynk", "I Like That"), avec à chaque fois une scénographie précise : les pantalons-vagins sur "Pynk" comme dans le clip, par exemple. Tout est parfait, trop à vrai dire. Vocalement aussi, elle assure – à tel point que je me suis plus d'une fois demandé si ce n'était pas du playback : au final, je ne le pense pas même s'il doit y avoir sans doute quelques renforts techniques ci et là. Par contre, le solo de "Purple Rain" que son guitariste reprend à la fin de la ballade "PrimeTime" était à coup sûr fake : moment gênant d'ailleurs.
Dans la dernière partie, Janelle revient avec l'efficace "Make Me Feel", le single-phare du dernier album, avec une longue intro et une choré qui évoque bien sûr Michael Jackson. Là aussi, on sent le souci de perfection poussé à l'extrême : lors de la longue intro, son chapeau tombe de façon imprévue ; on la voit alors dans la relative obscurité de la scène intégrer à sa chorégraphie des subtiles manœuvres pour aller récupérer le chapeau qui devait normalement rester clouer à sa tête. En final, on nous sert le funky "Tightrope", non sans avoir débuté par un discours tout fait, qui se colle parfaitement à l'instrumental qui défile : "nous devons continuer le combat pour les migrants... pour les LGBTQIA... pour les black..."
J'espérais plus de ce concert que ce que j'ai eu le sentiment d'avoir en sortant du chapiteau – dans lequel, d'ailleurs, le son n'était pas exceptionnel, avec des basses trop lourdes. Pourtant, je ne peux rien reprocher en soi à Janelle Monáe qui a été très pro et a livré un show de très bonne facture. Cependant, je n'ai pas eu l'impression d'assister à un moment "unique" – ce que je recherche un peu en assistant à un concert – mais au film live de sa tournée proposé à des centaines de milliers de spectateurs à travers le monde.
Sympa 14/20 | par Rebecca Carlson |
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