Sharon Van Etten
Paris [La Maroquinerie] - lundi 01 avril 2019 |
Comment profiter d'un concert quand vous arrivez à l'arrache dix minutes avant l'entrée en scène de la tête d'affiche dans une Maroquinerie blindée et surchauffée aux calories d'origine anthropique, à cause d'un diaporama à envoyer avant de partir du taf ? La réponse est simple : il suffit d'attendre que Sharon Van Etten se mette à susurrer la mélodie de "Memorial Day", et l'émotion vous submerge direct. Suivent deux autres de ces morceaux chargés de l'électronique compressée et agressive de son dernier album Remind Me Tomorrow, durant lesquels Sharon utilise son regard perçant pour se couler dans le rôle de "Crazy ex-girlfriend" (copyright Pitchfork), entre Patti Smith et le Bowie cryptique de Black Star. L'impression scénique qu'elle donne combine d'ailleurs la spontanéité sauvage de la première et la maîtrise du geste du second.
Après cette entrée en matière puissante, la dame fend l'armure et explique qu'elle et son groupe vont jouer quelques vieux morceaux, si nous en sommes d'accord. En un éclair, elle reprend sa Gibson demi-caisse au son cristallin et redevient la jeune fille délicate traumatisée par un boyfriend toxique qu'elle incarnait dans ses premiers albums. Ce n'est pas parce qu'elle est bonne comédienne qu'elle manque le moins du monde de sincérité : si elle alterne entre les deux personnages durant le reste du concert, elle ponctue certaines transitions d'interventions brèves mais touchantes et pleines d'humour, parmi lesquelles un hommage appuyé à The Golden Filter qui assurait la première partie (ne me demandez pas si c'était bien, ou relisez le premier paragraphe pour comprendre).
Sharon est accompagnée par un batteur, deux claviers - dont une choriste et un guitariste occasionnel, et un bassiste qui ne lésine pas sur la saturation quand il en faut. Le quintet délivre une telle énergie qu'il parvient à rendre rock'n'roll jusqu'aux morceaux sans guitare. Dans l'un des derniers morceaux, le jeu des voix m'évoque une autre référence masculine : Jeff Buckley. Il y a chez Sharon Van Etten la même recherche de l'émotion par le travail vocal, et elle minaude beaucoup moins qu'une Angel Olsen pour un résultat bien supérieur.
Quel que soit le style, les chansons restent sublimement arrangées et avec l'énergie du live, les morceaux froids du dernier album sont transcendés, notamment le tube "Seventeen", qu'on croirait coécrit par PJ Harvey et Bruce Springsteen. L'intensité de la prestation du groupe leur vaudra une standing ovation de plusieurs minutes (tout le monde était déjà debout, certes), qui tirera des larmes à l'héroïne d'une soirée qui restera l'une des plus émouvantes que j'ai vécues depuis pas mal de temps.
Après cette entrée en matière puissante, la dame fend l'armure et explique qu'elle et son groupe vont jouer quelques vieux morceaux, si nous en sommes d'accord. En un éclair, elle reprend sa Gibson demi-caisse au son cristallin et redevient la jeune fille délicate traumatisée par un boyfriend toxique qu'elle incarnait dans ses premiers albums. Ce n'est pas parce qu'elle est bonne comédienne qu'elle manque le moins du monde de sincérité : si elle alterne entre les deux personnages durant le reste du concert, elle ponctue certaines transitions d'interventions brèves mais touchantes et pleines d'humour, parmi lesquelles un hommage appuyé à The Golden Filter qui assurait la première partie (ne me demandez pas si c'était bien, ou relisez le premier paragraphe pour comprendre).
Sharon est accompagnée par un batteur, deux claviers - dont une choriste et un guitariste occasionnel, et un bassiste qui ne lésine pas sur la saturation quand il en faut. Le quintet délivre une telle énergie qu'il parvient à rendre rock'n'roll jusqu'aux morceaux sans guitare. Dans l'un des derniers morceaux, le jeu des voix m'évoque une autre référence masculine : Jeff Buckley. Il y a chez Sharon Van Etten la même recherche de l'émotion par le travail vocal, et elle minaude beaucoup moins qu'une Angel Olsen pour un résultat bien supérieur.
Quel que soit le style, les chansons restent sublimement arrangées et avec l'énergie du live, les morceaux froids du dernier album sont transcendés, notamment le tube "Seventeen", qu'on croirait coécrit par PJ Harvey et Bruce Springsteen. L'intensité de la prestation du groupe leur vaudra une standing ovation de plusieurs minutes (tout le monde était déjà debout, certes), qui tirera des larmes à l'héroïne d'une soirée qui restera l'une des plus émouvantes que j'ai vécues depuis pas mal de temps.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Myfriendgoo |
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