Melt Banana
Paris [Instants Chavirés] - mercredi 30 novembre 2016 |
Depuis combien de temps je n'avais pas été si fatigué ?
Pourtant, j'ai pas de mômes. Je sais pas comment font les gens qui en ont. Moi, il me faut mes sept heures et trente minutes de sommeil. Pas une minute de plus ni de moins. Depuis dix jours, j'avais copieusement dérapé par rapport à mon curseur. Naturellement, pas un soir sans picoler. Et quand je dis picoler, je parle pas d'un apéro suivi d'un petit coup de rouge pour pousser le pain-fromage. Ajoutons deux nuits blanches. Le résultat est là : je déguste, j'ai une sale gueule, je perds confiance. Ça va être difficile de me mobiliser pour aller voir Melt Banana et DAiKiRi. Il le faut cependant : je suis en manque de gros son, ça ne peut que faire du bien.
Et puis c'est aux Instants Chavirés. J'adore cette salle. Les gens sont sympas et ils ont de la bonne bière belge à prix correct. L'avantage de la bière belge c'est que ça bourre la gueule donc j'en bois moins et je fais moins la queue au bar. L'inconvénient, c'est que c'est plein de saloperies, à mon avis du glucose merdique qui pète le crâne et vous mets en hypoglycémie le lendemain quand le ballon se dégonfle. Je prendrai plutôt du vin en fait. Ils ont des vins natures au Instants Chavirés. Encore une bonne raison d'y aller. Putain, c'est pas ce soir que je vais démarrer ma nécessaire cure de sobriété.
D'ailleurs je vais me faire un mojito maison dès maintenant. J'ai de la menthe, ce serait dommage de la laisser perdre. Et puis c'est bien la seule chose que je sois capable de faire à cette heure-ci. Ma journée m'a épuisé. Comme si le manque de sommeil ne suffisait pas, j'ai en plus dû me cogner des conservateurs qui croient être progressistes. Je savais que c'était casse-gueule d'accepter de participer à cette table-ronde ce matin à Nanterre. Des gens sympas. Les enseignants-chercheurs étaient sympas. Les étudiants qui organisaient l'événement était sympas. Même les participants à la table-ronde l'étaient.
Mais merde, tout ce petit monde était dangereusement à côté de la plaque. Les étudiants, passe encore. Les profs, c'est impardonnable. Des sociologues qui prétendent augmenter l'esprit critique. Ils ont la critique mais pas l'esprit, ça fait flop. Le thème de la table-ronde était le sens du travail dans les associations. Or, les dits-chercheurs ne savent pas distinguer le métier d'une entreprise de sa fonction employeur. Ils pensent que les associations devraient être meilleures employeuses que les autres. Quelle connerie. Une association elle fait ce qu'elle a à faire, ce pour quoi elle est payée, elle n'est pas là pour être gentille. S'il te plait, Maman, sois gentille, sinon je m'indigne. Merde, ces profs enseignent la défaite. Ils invitent à s'indigner devant l'adversaire plutôt qu'à combattre. Se pensant de gauche, ils ont une fonction de contrôle social malgré eux. Un peu comme le Monde Diplomatique, dont je me suis désabonné avec fracas il y a trois semaines. Je me fais un deuxième mojito. Je me suis engagé auprès du rédac-chef du Diplo à lui faire un retour sur les raisons de mon désabonnement mais j'ai pas trouvé le temps. J'ai peur de pas être au niveau au fait.
J'ai presque plus de rhum et je suis bientôt à la bourre, mais je me fais un troisième mojito. Je commence à aller mieux. Je ne crois pas que j'ai un problème avec l'alcool, j'ai un problème tout court. Toujours envie de voir du monde, envie de bouger, envie de recevoir. Envie d'aimer et d'être aimé. Un concert seul va me faire du bien, d'ailleurs il est temps de partir et je pars.
Les nouveaux réglages sur mon vélo sont parfaits. J'ai à peine le temps d'en profiter, j'habite à moins de dix minutes des Instants Chavirés. Je gare mon vélo et à partir de là tout se passe comme prévu. Les gens sont adorables, tout le monde est cool. La fille de Melt Banana fait sa distro. Je me demande si je vais acheter du skeud. Je voudrais apprendre à vivre léger. Je fais quoi de tous ces vinyles si je pars au Chili ? Je commande un blanc, servi dans un tout petit verre à pied comme on en trouve au comptoir de tous les tabac-presse. Le contenu est un viognier nature un peu piquant, très sur le fruit, genre pomme boskop de début de saison. C'est bon mais ça sature la glotte, j'en prendrai pas deux. L'écran reçoit en alternance la projection de deux court-métrages de 5-10 minutes. L'un diffuse un paysage urbain de Tokyo avec des effets spéciaux onirique, des points lumineux chutent comme des lucioles de gratte-ciels gigantesques. L'autre montre un type qui court sur le parvis vide d'un bâtiment. Tourné à Tripoli, Liban. Et ouais y a aussi un Tripoli au Liban. Mon frangin m'appelle, j'en profite pour lui dire à quel point les chercheurs en socio me mettent hors de moi.
Le guitariste de DAiKiRi se pointe. Il a l'apparence d'un Marcaille. On ne peut pas distinguer poils de barbe et cheveux, tous hirsutes. Je dis guitariste, mais je sais pas, si ça trouve c'est une basse, il y a que 4 cordes et ça une forme de guitare, de toutes façons en 2016 on fait ce qu'on veut avec ce qu'on veut. En tous cas il a un truc à cordes et pas à vent. L'autre il tape sur une batterie. Ça fait deux personnes, donc un groupe. Je vais pas décrire la musique enlevée de DAiKiRi, vous n'avez qu'à l'écouter sur mon cul.org ou sur leur Bandcamp. Jouer leur demande une concentration extrême. Nécessaire concentration que j'attribue à l'alternance de séquences fortes et rapides avec des coupures en chtouillème de secondes.
A peine le temps de rentrer dans le concert que c'est déjà terminé, quasiment synchro avec ma Westmalle. Bon ben c'était cool. Je vais vachement mieux qu'il y a deux heures. Dehors je laisse des messages vocaux Whatsapp et je vais m'acheter une clope à l'épicerie. L'épicerie c'est du service public. Je peux continuer à fumer sans être fumeur. L'épicier me dit que j'ai raison de me la jouer comme ça. Lui n'a pas cette chance, il est à la source, du coup il se fume ses deux paquets par jour. De retour dans la salle, Melt Banana s'est déjà installé. Le guitariste affiche un curieux masque antibactérien. Ça vient renforcer l'appartenance à une iconographie de l'asiatique pittoresque, du moins dans mon imaginaire. C'est classe. C'est japonais. C'est pas si punk. Cette après-midi, j'ai pas pu m'empêcher de dire aux sociologues que j'allais voir un groupe de punk japonais. Quelle honte. Le pire c'est que j'étais conscient de me la péter, mais j'ai pas pu m'empêcher, dire aux gens qu'on est cool c'est aussi une façon de leur dire qu'on est en phase avec le monde qui nous entoure, et donc que, d'une certaine façon, on le comprend.
L'autre membre du groupe balance du son avec un objet que tout le monde connait sauf moi. Ca ressemble à une Gamegear, ça balance de la boite à rythme, des petites mélodies, et des nappes de sons quand la chanteuse l'agite (peut-être que ça n'a rien à voir). La voix de la chanteuse est japonaise. Une voix japonaise c'est, dans mon fantasme, Juliette-Je-t'Aime qui se la joue Siouxie. A deux ils font beaucoup de bruits. Le rythme importe davantage que les mélodies. Par rythme j'entends l'alternance de barres de sons.
Le set est là aussi assez rapide, sans rappel. Le public est content. Je m'inclue dans le public. Je pars sans acheter de disque. J'ai oublié les sociologues, le Chili et l'abstinence. J'ai oublié de manger aussi en rentrant chez moi. Je suis parti me coucher. Je me suis réveillé le lendemain une heure en retard et assez mal en point.
Pourtant, j'ai pas de mômes. Je sais pas comment font les gens qui en ont. Moi, il me faut mes sept heures et trente minutes de sommeil. Pas une minute de plus ni de moins. Depuis dix jours, j'avais copieusement dérapé par rapport à mon curseur. Naturellement, pas un soir sans picoler. Et quand je dis picoler, je parle pas d'un apéro suivi d'un petit coup de rouge pour pousser le pain-fromage. Ajoutons deux nuits blanches. Le résultat est là : je déguste, j'ai une sale gueule, je perds confiance. Ça va être difficile de me mobiliser pour aller voir Melt Banana et DAiKiRi. Il le faut cependant : je suis en manque de gros son, ça ne peut que faire du bien.
Et puis c'est aux Instants Chavirés. J'adore cette salle. Les gens sont sympas et ils ont de la bonne bière belge à prix correct. L'avantage de la bière belge c'est que ça bourre la gueule donc j'en bois moins et je fais moins la queue au bar. L'inconvénient, c'est que c'est plein de saloperies, à mon avis du glucose merdique qui pète le crâne et vous mets en hypoglycémie le lendemain quand le ballon se dégonfle. Je prendrai plutôt du vin en fait. Ils ont des vins natures au Instants Chavirés. Encore une bonne raison d'y aller. Putain, c'est pas ce soir que je vais démarrer ma nécessaire cure de sobriété.
D'ailleurs je vais me faire un mojito maison dès maintenant. J'ai de la menthe, ce serait dommage de la laisser perdre. Et puis c'est bien la seule chose que je sois capable de faire à cette heure-ci. Ma journée m'a épuisé. Comme si le manque de sommeil ne suffisait pas, j'ai en plus dû me cogner des conservateurs qui croient être progressistes. Je savais que c'était casse-gueule d'accepter de participer à cette table-ronde ce matin à Nanterre. Des gens sympas. Les enseignants-chercheurs étaient sympas. Les étudiants qui organisaient l'événement était sympas. Même les participants à la table-ronde l'étaient.
Mais merde, tout ce petit monde était dangereusement à côté de la plaque. Les étudiants, passe encore. Les profs, c'est impardonnable. Des sociologues qui prétendent augmenter l'esprit critique. Ils ont la critique mais pas l'esprit, ça fait flop. Le thème de la table-ronde était le sens du travail dans les associations. Or, les dits-chercheurs ne savent pas distinguer le métier d'une entreprise de sa fonction employeur. Ils pensent que les associations devraient être meilleures employeuses que les autres. Quelle connerie. Une association elle fait ce qu'elle a à faire, ce pour quoi elle est payée, elle n'est pas là pour être gentille. S'il te plait, Maman, sois gentille, sinon je m'indigne. Merde, ces profs enseignent la défaite. Ils invitent à s'indigner devant l'adversaire plutôt qu'à combattre. Se pensant de gauche, ils ont une fonction de contrôle social malgré eux. Un peu comme le Monde Diplomatique, dont je me suis désabonné avec fracas il y a trois semaines. Je me fais un deuxième mojito. Je me suis engagé auprès du rédac-chef du Diplo à lui faire un retour sur les raisons de mon désabonnement mais j'ai pas trouvé le temps. J'ai peur de pas être au niveau au fait.
J'ai presque plus de rhum et je suis bientôt à la bourre, mais je me fais un troisième mojito. Je commence à aller mieux. Je ne crois pas que j'ai un problème avec l'alcool, j'ai un problème tout court. Toujours envie de voir du monde, envie de bouger, envie de recevoir. Envie d'aimer et d'être aimé. Un concert seul va me faire du bien, d'ailleurs il est temps de partir et je pars.
Les nouveaux réglages sur mon vélo sont parfaits. J'ai à peine le temps d'en profiter, j'habite à moins de dix minutes des Instants Chavirés. Je gare mon vélo et à partir de là tout se passe comme prévu. Les gens sont adorables, tout le monde est cool. La fille de Melt Banana fait sa distro. Je me demande si je vais acheter du skeud. Je voudrais apprendre à vivre léger. Je fais quoi de tous ces vinyles si je pars au Chili ? Je commande un blanc, servi dans un tout petit verre à pied comme on en trouve au comptoir de tous les tabac-presse. Le contenu est un viognier nature un peu piquant, très sur le fruit, genre pomme boskop de début de saison. C'est bon mais ça sature la glotte, j'en prendrai pas deux. L'écran reçoit en alternance la projection de deux court-métrages de 5-10 minutes. L'un diffuse un paysage urbain de Tokyo avec des effets spéciaux onirique, des points lumineux chutent comme des lucioles de gratte-ciels gigantesques. L'autre montre un type qui court sur le parvis vide d'un bâtiment. Tourné à Tripoli, Liban. Et ouais y a aussi un Tripoli au Liban. Mon frangin m'appelle, j'en profite pour lui dire à quel point les chercheurs en socio me mettent hors de moi.
Le guitariste de DAiKiRi se pointe. Il a l'apparence d'un Marcaille. On ne peut pas distinguer poils de barbe et cheveux, tous hirsutes. Je dis guitariste, mais je sais pas, si ça trouve c'est une basse, il y a que 4 cordes et ça une forme de guitare, de toutes façons en 2016 on fait ce qu'on veut avec ce qu'on veut. En tous cas il a un truc à cordes et pas à vent. L'autre il tape sur une batterie. Ça fait deux personnes, donc un groupe. Je vais pas décrire la musique enlevée de DAiKiRi, vous n'avez qu'à l'écouter sur mon cul.org ou sur leur Bandcamp. Jouer leur demande une concentration extrême. Nécessaire concentration que j'attribue à l'alternance de séquences fortes et rapides avec des coupures en chtouillème de secondes.
A peine le temps de rentrer dans le concert que c'est déjà terminé, quasiment synchro avec ma Westmalle. Bon ben c'était cool. Je vais vachement mieux qu'il y a deux heures. Dehors je laisse des messages vocaux Whatsapp et je vais m'acheter une clope à l'épicerie. L'épicerie c'est du service public. Je peux continuer à fumer sans être fumeur. L'épicier me dit que j'ai raison de me la jouer comme ça. Lui n'a pas cette chance, il est à la source, du coup il se fume ses deux paquets par jour. De retour dans la salle, Melt Banana s'est déjà installé. Le guitariste affiche un curieux masque antibactérien. Ça vient renforcer l'appartenance à une iconographie de l'asiatique pittoresque, du moins dans mon imaginaire. C'est classe. C'est japonais. C'est pas si punk. Cette après-midi, j'ai pas pu m'empêcher de dire aux sociologues que j'allais voir un groupe de punk japonais. Quelle honte. Le pire c'est que j'étais conscient de me la péter, mais j'ai pas pu m'empêcher, dire aux gens qu'on est cool c'est aussi une façon de leur dire qu'on est en phase avec le monde qui nous entoure, et donc que, d'une certaine façon, on le comprend.
L'autre membre du groupe balance du son avec un objet que tout le monde connait sauf moi. Ca ressemble à une Gamegear, ça balance de la boite à rythme, des petites mélodies, et des nappes de sons quand la chanteuse l'agite (peut-être que ça n'a rien à voir). La voix de la chanteuse est japonaise. Une voix japonaise c'est, dans mon fantasme, Juliette-Je-t'Aime qui se la joue Siouxie. A deux ils font beaucoup de bruits. Le rythme importe davantage que les mélodies. Par rythme j'entends l'alternance de barres de sons.
Le set est là aussi assez rapide, sans rappel. Le public est content. Je m'inclue dans le public. Je pars sans acheter de disque. J'ai oublié les sociologues, le Chili et l'abstinence. J'ai oublié de manger aussi en rentrant chez moi. Je suis parti me coucher. Je me suis réveillé le lendemain une heure en retard et assez mal en point.
Sympa 14/20 | par Grosprout |
En ligne
337 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages