TUnE-yArDs

Forte de son w h o k i l l qui a fait beaucoup parler l'année dernière, tUnE-yArDs est sans conteste la tête d'affiche de la soirée. Tellement que j'étais très curieux de voir le phénomène sur scène afin de mieux le cerner. Après l'heure de gargarismes de l'hurluberlu Arrington de Dionyso's, Merrill Garbus prend le relais dans sa tenue punk froufrou hawaïenne boudinant et son maquillage de guerre. Un sampler sous les pieds et le panachage de voix que l'on attendait commence. Un mélange hybride de cris guerriers maoris, de chants tyroliens, de frissons lyriques de Castafiore et de beuglements de lapin crétin ouvrant un four abyssal. "Party Can (Do You Wanna Live?)" fait partie des nouvelles compositions mais ne dépareille pas de ce grain de folie mélodico-rythmique. Une basse timorée vient ajouter sa touche de groove nonchalante ("You Yes You") et deux saxophones plus tard leur délires progressifs dissonant (le final de "Bizness" fait de dégringolades cuivrées). La recette de folk fusion à tom basse est à son paroxysme tout en étant minimal, fait de broutilles vocales, tintements de bouteilles de Coca et pieds de micro. En deux trois coups de pédales les boucles principales sont enregistrées sans grande difficulté pour être alors le théâtre de prouesses vocales délirantes décomplexées de tout ridicule comme l'excellent ragga détraqué "Gangsta". Les titres s'enchaînent sans transition dans ce climat cheap, criard et pourtant étrangement soigné et font à coup sûr leur petit effet. Loin des coups de baguettes et ouhouh essentiels à ce microcosme, le yukulele de Garbus souligne les accalmies passagères qui ouvrent un regard différent sur le chant de l'américaine capable de sortir de sublimes notes quand elle ne fait pas la con : "Powa" dans la nuance, l'inquiétant "Riotriot" proche de Psapp, l'anticlimax "Youth" et en rappel "Fiya" aussi généreux que léger. w h o k i l l n'était donc pas de la poudre aux yeux, tUnE-yArDs a trouvé son filon et en fait copieusement profiter en live, tout sourire dehors. La fraîcheur pour l'instant demeure.