Another Record
"Comme on n'a aussi aucune envie d'être subventionnés, on doit assumer ce choix." [samedi 11 novembre 2017] |
Une interview d’Another Record sur XSilence ? Cela semblait tellement évident que j’ai vérifié à plusieurs reprises si on ne l’avait pas déjà faite…à priori non. Pourtant les liens entre XSilence et Another Record existent depuis longtemps car certains membres du label sont aussi des…XSilencieux (à vous de retrouver lesquels !). Il fallait donc à tout prix réparer cela et la sortie du nouvel album des toujours excellents Selen Peacock était l’occasion d’envoyer un email à Adeline qui a répondu à nos questions. Elle revient ici sur l’histoire du label, son actualité, les groupes de leur catalogue et surtout…la passion qui les anime toujours autant depuis 15 ans. Un mot d'ordre "indépendance" qui trouve réellement tout son sens avec cette bande de passionnés.
Interview menée par Plock
Interview menée par Plock
- Pouvez-vous nous faire une présentation et un historique d’Another Record ? (Date et raison de la création, équipe qui forme le label, groupes et albums marquants du catalogue, style musical prédominant, etc.)
Another Record fête ses 15 ans cette année. On est trois aux manettes et des amis- en fait nos conjoints- qui filent de temps en temps des coups de mains. Je suis présidente et je m'occupe principalement de la promo et des relations avec les artistes. Franck s'occupe de la logistique, notamment numérique. Clément, des Wedding Soundtrack, s'occupe des stands principalement.
Le label a été créé par Vincent S. qui venait d'enregistrer un album sous le nom de Tino et n'avait aucune envie de démarcher des labels. Il s'est dit que ce serait plus simple de créer le sien. En plus, comme il avait un fanzine et organisait des concerts à Poitiers, il connaissait plein de groupes qu'il avait envie de défendre. Les deux premières sorties ont donc été son album et une double compilation de groupes français. Ça n'a pas très bien marché. Depuis, Vincent a quitté le label et on a fait 68 sorties, CDR, cd, vinyle, numérique. C'est Gâtechien qui a fait un peu plus connaître Another Record et après, ça s'est fait par paliers, avec des groupes comme Dirge, François and the Atlas Mountains,The Finkielkrauts, Misophone, Bajram Bili, …
Tous les albums ont été importants pour moi, mais certains ont rencontré plus de succès. Misophone a permis au label d'être distribué au Japon et d'envoyer des albums un peu partout dans le monde, François and the atlas mountains d'avoir une plus forte respectabilité...Chaque groupe a participé à ce qu'est maintenant Another Record. On leur est très reconnaissants.
Sinon, en 15 ans, nos goûts musicaux ont évolué, et surtout sont devenus plus éclectiques. Au début, on était considéré comme un label folk, mais maintenant l'étiquette n'est pas aisée, puisqu'on sort aussi bien de l'electro que de la pop ou de la chanson française. On participe à Another Record bénévolement et donc la seule condition pour sortir un album c'est qu'il nous plaise au point de lui consacrer un temps qu'on aurait pu consacrer à autre chose. Les étiquettes ou la mode du moment ne nous intéressent pas vraiment. Cette année par exemple en janvier, on sortait un album de chanson française, Maison Brume, et la semaine suivante, un album d'electro virant vers l'indus, Bajram Bili.
- Quelle est l’actu d’Another Record ?
On vient de sortir le deuxième album de Selen Peacock., un groupe de Paris, originaire de Caen. Il s'agit d'un album de pop oblique teintée de cuivres, de jazz, de chansons à la fois naïves et sophistiquées. On adore leur liberté musicale. Ce sont des personnes qui écoutent de tout. Ils m'impressionnent car cette ouverture leur permet de créer des morceaux très originaux mais qui restent simples à écouter.
On a aussi sorti en avril en coproduction avec 3 autres labels le nouvel album de Satellite Jockey, groupe de Lyon qu'on suit depuis quelques années. Le groupe est en tournée en France du 7 au 18 novembre. Ils viennent de sortir un nouveau clip pour leur album « Modern Life vol.1 ».
- Comment choisissez-vous les groupes que vous signez ? Quels artistes rêveriez-vous de signer ? Combien recevez-vous de démos par an ? Êtes-vous passés à côté de certains artistes que vous appréciez ?
Il n'y a pas de règles. Ce sont généralement les groupes qui prennent contact avec nous, mais il nous est arrivé de démarcher. C'est le cas pour Misophone qu'on avait contacté via Myspace ! Satellite Jockey ou Dirge nous avaient laissé une démo à la Route du rock. Selen Peacock a pris contact avec nous via Adrien de Samba de la Muerte. Et pour les groupes de Tours, soit on a eu une révélation en concert, soit on les croise dans les bars ! C'est le cas de Bajram Bili qu'on suit depuis ses débuts. On avait des amis en commun et on buvait des coups ensemble.
Sinon, on est passé à côté de groupes qui ont bien cartonnés après, mais on le le regrette pas parce qu'on n'était pas convaincus à 100 % et aussi parce qu'avec nous ils n'auraient jamais cartonné ! Aujourd'hui, on reçoit moins de démos qu'avant et on n'est pas dans une démarche d'ouverture du label à d'autres projets car on a beaucoup de groupes actifs à notre catalogue et gérer leurs sorties nous occupe déjà bien. On aurait plus tendance à inviter ces groupes « Another Record » à aller voir ailleurs pour passer de nouvelles étapes, car on a nos limites. On est cependant actuellement en relation avec deux-trois groupes, qui nous ont contactés ou qu'on a découverts sur scène, dont on apprécie beaucoup la démarche. J'aimerais bien que ça se transforme en sorties. A suivre.
- Est-ce facile de garder la motivation après toutes ces années ?
C'est surtout difficile de trouver le temps. On n'est plus étudiants, on a des familles, un boulot… Et puis, il y a parfois un côté déprimant quand tu vois les sorties vraiment géniales que tu fais et les retours « presse » qui ne sont pas à la hauteur des espérances – qu'on a appris à maintenir raisonnables, quand tu ne fais pas les ventes nécessaires pour rentrer dans tes frais aussi. On n'est pas subventionnés et on ne vit que des ventes de nos albums. Si les auditeurs ne nous soutiennent pas financièrement, en achetant nos sorties, on disparaît. Heureusement, maintenant, avec internet, c'est plus facile d'être écouté et acheté, mais on manque parfois de soutiens du « milieu ». Pourtant, après 70 sorties et le soutien qu'on a apporté à des groupes qui ont fait parler d'eux, on pourrait penser que ce serait plus simple...
- En quoi consiste votre « boulot » ? On a l’impression qu’il n’est pas le même selon les labels et que certains s’impliquent plus dans l’artistique, d’autres dans la distribution ou les tournées, etc.
Aujourd'hui, il est exclusivement du côté de la gestion logistique (devis pour pressage, mise en distribution numérique…) et de la promo. Avant, quand j'avais le temps, j'aidais les groupes à organiser des tournées, je recevais leurs nouveaux titres et je donnais mon avis. Maintenant, je leur fais entièrement confiance et ça ne les empêche pas de produire de la belle musique. On tient aussi des stands à la Route du rock et aux Rockomotives. Donc, je pense qu'on est plus pour les groupes une vitrine pour eux, et une petite entreprise de promo et de mise en avant entièrement bénévole.
- Vous échangez avec d'autres labels indés français anciens ou plus récents comme Paneuropean Recording, Ici d'ailleurs, Born Bad, Vietnam, etc ? Quel regard portez-vous sur eux ?
On joue clairement dans une autre catégorie que tous ces labels. On est une association sans salariés et non subventionnée, et on n'est pas de Paris. J'aime beaucoup certains disques que sortent ces structures, mais je pense qu'Another Record est assez éloigné d'eux, non pas musicalement, car beaucoup de nos groupes pourraient très clairement être produits chez eux, mais structurellement. Je me sens plus proche des labels ou collectifs Kythibong, Les disques anonymes, Herzfeld, We are unique records, AB records... c'est-à-dire de labels plus indé et DIY.
- Est-ce qu'il y a un label qui a servi de modèle à ce qu'est devenu Another Record (que ce soit au niveau des choix ou dans la manière de fonctionner) ?
J'imagine que Vincent, en créant Another Record, pensait à un label. De mon côté, je ne vois pas vraiment.
- Où puis je me procurer « Her River Raves Recollections » de François and the Atlas Mountains ? (Anecdotes sur cet album, le rachat par Domino, etc.)
Il est sold out depuis un an ou deux maintenant. Je me souviens qu'on en avait encore une poignée d'exemplaires quand François a été sélectionné dans la catégorie artiste révélation aux Victoires de la musique. Ça me faisait bien rire car c'était un CDR qu'on vendait. Pour « Her river raves recollections », François, avec qui on était en contact depuis quelque temps, prévoyait une sortie vinyle uniquement, mais nous a proposé finalement de gérer la sortie CD et on a fait une sortie CDR car on n'avait pas assez d'argent pour faire plus. C'était juste avant la sortie de son « premier » album « Plaine inondable » sur Talitres. Et après, il y a eu Domino, et on a fini d'écouler le petit stock de 150 exemplaires...Je crois que Domino, qui possède les droits de l'album avait ressorti en numérique l'album mais en tout cas, il n'y a pour l'instant plus aucune copie physique de « Her river raves recollections ». C'est dommage car c'est un très bel album, avec notamment la première version à la « machine à écrire » de piscine.
Par contre, il est encore possible de se procurer du « françois » sur le label. Pour les 15 ans d'Another Record, on a fait une K7 « Oblique Image » avec lui. Il nous a mis à disposition quelques samples de son dernier album, ainsi que les paroles, avant la sortie et la diffusion des morceaux, et on a demandé à des groupes du label ou de Tours de créer des morceaux à partir de cela, sans entendre le morceau original. C'était vraiment très stimulant pour tout le monde. François était super content de découvrir ses morceaux recomposés. A chaque début et fin de face, on a un petit morceau expérimental de lui, en résonance avec « Solide Mirage ».
- Est-ce qu’une histoire « à la Atmosphériques » et ses 2,5 millions de vente du premier Louise Attaque pourrait arriver aujourd’hui ?
Je ne crois pas, et je ne pense pas que cela soit souhaitable. On a plein de très beaux groupes en France et tout focaliser sur un seul, je trouve cela triste. Il faut faire vivre la diversité. Pour arriver à un tel succès, ça veut dire que beaucoup de media et professionnels de la musique sont entrés dans le jeu du buzz. Je me souviens à quel point on entendait Louise Attaque vraiment partout, comme ils jouaient partout. Qu'on entende ça en boucle sur des radios publiques, qu'on fasse jouer ce groupe dans toutes les salles de musique actuelles de France, je ne trouve pas ça vraiment normal, et je trouve « le conte de fées » pas spécialement enthousiasmant.
- Quel est le « modèle économique » d’un label comme le vôtre en 2017 ? Voyez-vous des évolutions futures sur le rôle d’un label dans les années à venir et des possibilités d’être plus visibles, mieux distribuer, plus tourner pour les artistes ?
On ne vit que des ventes qu'on peut faire. Ça restreint un peu nos choix, notamment en termes de support. On aimerait bien avoir de beaux vinyles gatefold deux rabats avec livrets par exemple, ne pas avoir parfois besoin de demander aux groupes de mettre la main à la poche quand ils veulent sortir quelque chose de spécial, mais on ne peut pas se le permettre. Comme on n'a aussi aucune envie d'être subventionnés, on doit assumer ce choix. Pour le reste, je pense qu'on essaie de faire en sorte d'exposer au mieux les groupes qu'on sort, et que vu le peu de temps et d'argent qu'on a pour cela, on ne s'en sort pas mal. On essaie aussi de faire en sorte de leur trouver des tourneurs, de les aider à se structurer un peu. On a déjà été distribués, mais à part faire beau dans le dossier de presse et faire sérieux auprès des gens du métier, ça n'a pas été très intéressant. Il faudrait que les choses changent du côté des professionnels. On voit trop souvent les mêmes groupes ou les mêmes labels soutenus, alors qu'on a vraiment une grande effervescence créative en France. Du côté d'Another Record, on va surtout tenter de continuer à faire les choses avec passion, et enthousiasme. On sort depuis quelque temps des groupes en co-production avec d'autres labels. C'est le cas depuis deux ans pour Bajram Bili qu'on sort avec le Turc mecanique. Je trouve ça vraiment enrichissant et je pense qu'on va vraiment essayer de continuer dans cette direction.
Another Record fête ses 15 ans cette année. On est trois aux manettes et des amis- en fait nos conjoints- qui filent de temps en temps des coups de mains. Je suis présidente et je m'occupe principalement de la promo et des relations avec les artistes. Franck s'occupe de la logistique, notamment numérique. Clément, des Wedding Soundtrack, s'occupe des stands principalement.
Le label a été créé par Vincent S. qui venait d'enregistrer un album sous le nom de Tino et n'avait aucune envie de démarcher des labels. Il s'est dit que ce serait plus simple de créer le sien. En plus, comme il avait un fanzine et organisait des concerts à Poitiers, il connaissait plein de groupes qu'il avait envie de défendre. Les deux premières sorties ont donc été son album et une double compilation de groupes français. Ça n'a pas très bien marché. Depuis, Vincent a quitté le label et on a fait 68 sorties, CDR, cd, vinyle, numérique. C'est Gâtechien qui a fait un peu plus connaître Another Record et après, ça s'est fait par paliers, avec des groupes comme Dirge, François and the Atlas Mountains,The Finkielkrauts, Misophone, Bajram Bili, …
Tous les albums ont été importants pour moi, mais certains ont rencontré plus de succès. Misophone a permis au label d'être distribué au Japon et d'envoyer des albums un peu partout dans le monde, François and the atlas mountains d'avoir une plus forte respectabilité...Chaque groupe a participé à ce qu'est maintenant Another Record. On leur est très reconnaissants.
Sinon, en 15 ans, nos goûts musicaux ont évolué, et surtout sont devenus plus éclectiques. Au début, on était considéré comme un label folk, mais maintenant l'étiquette n'est pas aisée, puisqu'on sort aussi bien de l'electro que de la pop ou de la chanson française. On participe à Another Record bénévolement et donc la seule condition pour sortir un album c'est qu'il nous plaise au point de lui consacrer un temps qu'on aurait pu consacrer à autre chose. Les étiquettes ou la mode du moment ne nous intéressent pas vraiment. Cette année par exemple en janvier, on sortait un album de chanson française, Maison Brume, et la semaine suivante, un album d'electro virant vers l'indus, Bajram Bili.
- Quelle est l’actu d’Another Record ?
On vient de sortir le deuxième album de Selen Peacock., un groupe de Paris, originaire de Caen. Il s'agit d'un album de pop oblique teintée de cuivres, de jazz, de chansons à la fois naïves et sophistiquées. On adore leur liberté musicale. Ce sont des personnes qui écoutent de tout. Ils m'impressionnent car cette ouverture leur permet de créer des morceaux très originaux mais qui restent simples à écouter.
On a aussi sorti en avril en coproduction avec 3 autres labels le nouvel album de Satellite Jockey, groupe de Lyon qu'on suit depuis quelques années. Le groupe est en tournée en France du 7 au 18 novembre. Ils viennent de sortir un nouveau clip pour leur album « Modern Life vol.1 ».
- Comment choisissez-vous les groupes que vous signez ? Quels artistes rêveriez-vous de signer ? Combien recevez-vous de démos par an ? Êtes-vous passés à côté de certains artistes que vous appréciez ?
Il n'y a pas de règles. Ce sont généralement les groupes qui prennent contact avec nous, mais il nous est arrivé de démarcher. C'est le cas pour Misophone qu'on avait contacté via Myspace ! Satellite Jockey ou Dirge nous avaient laissé une démo à la Route du rock. Selen Peacock a pris contact avec nous via Adrien de Samba de la Muerte. Et pour les groupes de Tours, soit on a eu une révélation en concert, soit on les croise dans les bars ! C'est le cas de Bajram Bili qu'on suit depuis ses débuts. On avait des amis en commun et on buvait des coups ensemble.
Sinon, on est passé à côté de groupes qui ont bien cartonnés après, mais on le le regrette pas parce qu'on n'était pas convaincus à 100 % et aussi parce qu'avec nous ils n'auraient jamais cartonné ! Aujourd'hui, on reçoit moins de démos qu'avant et on n'est pas dans une démarche d'ouverture du label à d'autres projets car on a beaucoup de groupes actifs à notre catalogue et gérer leurs sorties nous occupe déjà bien. On aurait plus tendance à inviter ces groupes « Another Record » à aller voir ailleurs pour passer de nouvelles étapes, car on a nos limites. On est cependant actuellement en relation avec deux-trois groupes, qui nous ont contactés ou qu'on a découverts sur scène, dont on apprécie beaucoup la démarche. J'aimerais bien que ça se transforme en sorties. A suivre.
- Est-ce facile de garder la motivation après toutes ces années ?
C'est surtout difficile de trouver le temps. On n'est plus étudiants, on a des familles, un boulot… Et puis, il y a parfois un côté déprimant quand tu vois les sorties vraiment géniales que tu fais et les retours « presse » qui ne sont pas à la hauteur des espérances – qu'on a appris à maintenir raisonnables, quand tu ne fais pas les ventes nécessaires pour rentrer dans tes frais aussi. On n'est pas subventionnés et on ne vit que des ventes de nos albums. Si les auditeurs ne nous soutiennent pas financièrement, en achetant nos sorties, on disparaît. Heureusement, maintenant, avec internet, c'est plus facile d'être écouté et acheté, mais on manque parfois de soutiens du « milieu ». Pourtant, après 70 sorties et le soutien qu'on a apporté à des groupes qui ont fait parler d'eux, on pourrait penser que ce serait plus simple...
- En quoi consiste votre « boulot » ? On a l’impression qu’il n’est pas le même selon les labels et que certains s’impliquent plus dans l’artistique, d’autres dans la distribution ou les tournées, etc.
Aujourd'hui, il est exclusivement du côté de la gestion logistique (devis pour pressage, mise en distribution numérique…) et de la promo. Avant, quand j'avais le temps, j'aidais les groupes à organiser des tournées, je recevais leurs nouveaux titres et je donnais mon avis. Maintenant, je leur fais entièrement confiance et ça ne les empêche pas de produire de la belle musique. On tient aussi des stands à la Route du rock et aux Rockomotives. Donc, je pense qu'on est plus pour les groupes une vitrine pour eux, et une petite entreprise de promo et de mise en avant entièrement bénévole.
- Vous échangez avec d'autres labels indés français anciens ou plus récents comme Paneuropean Recording, Ici d'ailleurs, Born Bad, Vietnam, etc ? Quel regard portez-vous sur eux ?
On joue clairement dans une autre catégorie que tous ces labels. On est une association sans salariés et non subventionnée, et on n'est pas de Paris. J'aime beaucoup certains disques que sortent ces structures, mais je pense qu'Another Record est assez éloigné d'eux, non pas musicalement, car beaucoup de nos groupes pourraient très clairement être produits chez eux, mais structurellement. Je me sens plus proche des labels ou collectifs Kythibong, Les disques anonymes, Herzfeld, We are unique records, AB records... c'est-à-dire de labels plus indé et DIY.
- Est-ce qu'il y a un label qui a servi de modèle à ce qu'est devenu Another Record (que ce soit au niveau des choix ou dans la manière de fonctionner) ?
J'imagine que Vincent, en créant Another Record, pensait à un label. De mon côté, je ne vois pas vraiment.
- Où puis je me procurer « Her River Raves Recollections » de François and the Atlas Mountains ? (Anecdotes sur cet album, le rachat par Domino, etc.)
Il est sold out depuis un an ou deux maintenant. Je me souviens qu'on en avait encore une poignée d'exemplaires quand François a été sélectionné dans la catégorie artiste révélation aux Victoires de la musique. Ça me faisait bien rire car c'était un CDR qu'on vendait. Pour « Her river raves recollections », François, avec qui on était en contact depuis quelque temps, prévoyait une sortie vinyle uniquement, mais nous a proposé finalement de gérer la sortie CD et on a fait une sortie CDR car on n'avait pas assez d'argent pour faire plus. C'était juste avant la sortie de son « premier » album « Plaine inondable » sur Talitres. Et après, il y a eu Domino, et on a fini d'écouler le petit stock de 150 exemplaires...Je crois que Domino, qui possède les droits de l'album avait ressorti en numérique l'album mais en tout cas, il n'y a pour l'instant plus aucune copie physique de « Her river raves recollections ». C'est dommage car c'est un très bel album, avec notamment la première version à la « machine à écrire » de piscine.
Par contre, il est encore possible de se procurer du « françois » sur le label. Pour les 15 ans d'Another Record, on a fait une K7 « Oblique Image » avec lui. Il nous a mis à disposition quelques samples de son dernier album, ainsi que les paroles, avant la sortie et la diffusion des morceaux, et on a demandé à des groupes du label ou de Tours de créer des morceaux à partir de cela, sans entendre le morceau original. C'était vraiment très stimulant pour tout le monde. François était super content de découvrir ses morceaux recomposés. A chaque début et fin de face, on a un petit morceau expérimental de lui, en résonance avec « Solide Mirage ».
- Est-ce qu’une histoire « à la Atmosphériques » et ses 2,5 millions de vente du premier Louise Attaque pourrait arriver aujourd’hui ?
Je ne crois pas, et je ne pense pas que cela soit souhaitable. On a plein de très beaux groupes en France et tout focaliser sur un seul, je trouve cela triste. Il faut faire vivre la diversité. Pour arriver à un tel succès, ça veut dire que beaucoup de media et professionnels de la musique sont entrés dans le jeu du buzz. Je me souviens à quel point on entendait Louise Attaque vraiment partout, comme ils jouaient partout. Qu'on entende ça en boucle sur des radios publiques, qu'on fasse jouer ce groupe dans toutes les salles de musique actuelles de France, je ne trouve pas ça vraiment normal, et je trouve « le conte de fées » pas spécialement enthousiasmant.
- Quel est le « modèle économique » d’un label comme le vôtre en 2017 ? Voyez-vous des évolutions futures sur le rôle d’un label dans les années à venir et des possibilités d’être plus visibles, mieux distribuer, plus tourner pour les artistes ?
On ne vit que des ventes qu'on peut faire. Ça restreint un peu nos choix, notamment en termes de support. On aimerait bien avoir de beaux vinyles gatefold deux rabats avec livrets par exemple, ne pas avoir parfois besoin de demander aux groupes de mettre la main à la poche quand ils veulent sortir quelque chose de spécial, mais on ne peut pas se le permettre. Comme on n'a aussi aucune envie d'être subventionnés, on doit assumer ce choix. Pour le reste, je pense qu'on essaie de faire en sorte d'exposer au mieux les groupes qu'on sort, et que vu le peu de temps et d'argent qu'on a pour cela, on ne s'en sort pas mal. On essaie aussi de faire en sorte de leur trouver des tourneurs, de les aider à se structurer un peu. On a déjà été distribués, mais à part faire beau dans le dossier de presse et faire sérieux auprès des gens du métier, ça n'a pas été très intéressant. Il faudrait que les choses changent du côté des professionnels. On voit trop souvent les mêmes groupes ou les mêmes labels soutenus, alors qu'on a vraiment une grande effervescence créative en France. Du côté d'Another Record, on va surtout tenter de continuer à faire les choses avec passion, et enthousiasme. On sort depuis quelque temps des groupes en co-production avec d'autres labels. C'est le cas depuis deux ans pour Bajram Bili qu'on sort avec le Turc mecanique. Je trouve ça vraiment enrichissant et je pense qu'on va vraiment essayer de continuer dans cette direction.
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