Eric Brochard
"Je n'ai pas de narration interne, ma narration c'est là où le son me porte" [lundi 26 juin 2017] |
Que c'est dur de caler un rendez vous avec Eric Brochard ! L'homme a un emploi du temps extrêmement rempli, comme vous allez le découvrir par vous même. Les débuts, le futur, et surtout maintenant, la contrebasse, les pédales construites de ses petites mains, les envies & les rencontres, mais surtout le son.
Il nous dit tout de sa vision de la musique, son approche, sa manière de voir, de faire... Passionné & passionnant, c'est une interview en deux parties que vous allez dévorer.
Interview menée par Wazoo, mise en forme & en son par Lok
Photo d'ouverture : Rémi Angeli
Interview menée par Wazoo, mise en forme & en son par Lok
Photo d'ouverture : Rémi Angeli
- Wazoo : C'est donc parti pour une interview matinale ; il me semble que tu as un programme fort chargé qui va commencer dès aujourd'hui et pour les prochains jours voire semaines.
Eric : Oui, je joue dans un duo qui s'appelle Threesome, avec le batteur Nicolas Lelièvre, et il arrive tout à l'heure, on répète jusqu'à mercredi, et ensuite on va faire nos premières sorties de concerts, ça fait deux ans qu'on travaille sur ce projet.
- J'étais épaté d'apprendre que ce que j'ai pu entendre de Threesome sur ton Bandcamp étaient de "simples" démos, ça semble déjà si accompli !
- C'était des démos enregistrées l’an passé au Fort de Tourneville, au Havre et que j’ai mixées, l'album est pour début 2018. On va jouer à Tarnac, dans un endroit qui s'appelle le Magasin Général, haut lieu de musiques subversives, et dans un festival à Poitiers : Bruisme , qui est mis en place par toute l'équipe de Jazz à Poitiers, que je connais maintenant depuis... Quasi 20 ans, et qui me suivent beaucoup dans mon travail, depuis que j'ai commencé la contrebasse à l'époque, et maintenant dans des musiques plus électriques !
Threesome à Bruisme (c) Maëlle Charrier
Et dimanche ensuite nous allons jouer à Meslay dans l'Indre dans un festival qui s'appelle Le Festival des Musiques Impulsives , c'est le tout premier festival....
- Tu inaugures la première édition ?
- La toute première. Donc là, programme chargé, et après je pars sur autre chose, cette été je suis pas mal occupé.
- Donc pas de vacances d'été pour Eric Brochard.
- Non, pas du tout, enfin quasi pas, des concerts, des résidences et des préparations de studio pour l'enregistrement de Threesome et Novum Organum.
- Nous aurons amplement le temps de discuter de ton actualité musicale apparemment fort chargée et variée, mais avant cela pourrais-tu nous parler des étapes que tu juges importante de ton parcours depuis ta formation et tes divers projets jusqu'à arriver aujourd'hui à être devenu un collectionneur de pédales.
- On peut dire ça oui haha. Pour faire très vite, (je zappe mes 1ères années, j'ai commencé à 8 ans à faire de la musique). Je suis vraiment né musicalement à 22 ans quand j'ai découvert la contrebasse, je me suis réinscrit au conservatoire que j'avais quitté plus jeune...
- Ah oui, tu as commencé la contrebasse si tard ?
- Oui, bah en même temps ce n'est pas le genre d'instrument que tu peux commencer trop jeune.
- Pour sûr, j'imagine que ça ne doit pas être évident quand ça fait deux fois ta taille.
- Oui, voilà, même si y avait des modèles plus petits... Donc, le gros de mon parcours s'est effectué avec la contrebasse. J'ai passé tous mes examens, et ensuite j'ai fait beaucoup de musique improvisée et de free jazz. J'ai joué ça pendant, disons une bonne dizaine d'année quoi. Et c'est un peu grâce à Matthieu Périnaud, qui est le directeur de Jazz à Poitiers, et du club Carré Bleu, qui m'a proposé il y a 5ans/6ans si je voulais faire un solo de basse électrique pour le festival Bruisme. J'ai refusé sur le moment parce que je suis pas du tout bassiste électrique et puis... Ce n’était pas possible quoi !!.
Mais en réfléchissant toute une nuit, je me suis dis que ben si ! Fallait que j'y aille. Ça me donnait une porte, une ouverture vers de l'inédit, fallait que je tente. Et du coup j'ai cherché comment m'y prendre car je ne voulais pas faire un solo "instrumental" comme je jouait mes solos de contrebasse. Je me suis donc retrouvé à composer et jouer Obscur, la première version [cf la vidéo pour la seconde], que j'ai jouée à Bruisme en 2012 ; j'ai enregistré le disque par la suite, et puis voilà.
Maintenant je fais un peu plus de basse électrique, même si j'ai toujours des concerts en contrebasse. J'ai joué en juin dernier dans un festival dans le Vaucluse – Sons dessus de Sault - mon solo de contrebasse, Coding Music. Et puis je me suis mis à fabriquer mes pédales d'effets, parce que j'aime beaucoup le DIY : on fait nos affaires, comme ça on est sûr que ça ne marche pas toujours bien (rires)
- Et que tu fais ce dont t'as envie.
- Je fais comme je veux oui. Et donc j'ai mis en projet toute une fabrication de pédales dont je me sers maintenant pour faire une deuxième version d'Obscur, que j'ai un peu dématérialisée parce que je ne joue plus de basse dans ce projet, j'ai juste mes pédales que je mets en larsen et que je diffuse avec 5 hauts parleurs. Et ces expériences ont fini par donner aussi naissance à un duo, qui s'appelle Novum Organum, pour lequel je travaille qu'avec ce instrumentarium là.
- Puisqu'on parle de cette transition vers du dématérialisé ; dans la vidéo "Obscur phase II", tu utilises en direct un nombre impressionnant de pédales pour créer un drone noise et le transformer, le sculpter à volonté. Est-ce que tu peux nous détailler un peu ce setting particulier ? Je suppose que chacune de ces pédales a son unicité.
- Oui, disons que c'est un set de pédales classique, des distorsions des chorus, des overdrives à lampe, des pédales de préampli, des équaliseurs... Mais je les mets en circuit sur une pédale d'insert modifiée ce qui fait que le circuit se met en boucle et crée un genre de larsen... qui n’est pas toujours gérable !
Ce qui m'intéresse en musique c'est l'aléatoire. Donc ça veut dire ne pas toujours obtenir la même chose et que l'instrumentarium me propose des choses que je puisse, moduler en fonction de ce qu'il me donne. Ce n’est pas moi qui décide toujours ce qui va se passer. Chaque pédale d'insert a une LDR (une résistance photoélectrique qui est sensible à la lumière) qui modifie soit le pitch de la chaîne, soit le timbre – mais c'est toujours pareil c'est assez aléatoire, une fois sur l'autre je n’obtiens pas le même résultat.
- Tu as des pédales photosensibles alors ? Comment ça marche ; selon la lumière que ça reçoit le son du larsen varie ?
-Oui, soit en hauteur, je peux quasiment faire des mélodies, soit ce sera sur la fréquence, que c'est susceptible de modifier, soit si j'ai un « tkktktktktktk » [onomatopée de mitraillette à sourdine tmtc] ça va le ralentir. Mais comme je te le dis, d'une fois sur l'autre ça fait pas le même effet, ça m'oblige à réfléchir différemment à chaque fois que je sors le système avant chaque concert...
- Tu dois tout étaler devant le public et espérer que ça se comportera pas trop n'importe comment...
- Ah bah total, oui bien sûr. Je joue Obscur, le 21 juillet prochain, dans un festival à Melle dans les Deux Sèvres : Boulevard du Jazz , je sais qu'il va falloir que je déballe tout la veille pour voir un peu ce qui se passe (rires), voir si avec la chaleur les choses n'ont pas bougé.
- Ce sera la première fois que tu feras ça en public ?
- Non non, je l'ai déjà joué.
- Et comment est-ce que tu mets ça en place ? T'as un écran sur scène qui filme de haut comme pour la vidéo ? Pour que les gens puissent voir ce que tu fais.
- Non, il n'y a pas besoin de ça parce que le public est autour de moi en fait.
- Ah ok tu joues au milieu des gens !
- Je suis au centre et le public est autour de moi, et les hauts parleurs à l'extérieur de nous. On est vraiment placé dans l'espace. Et j'ai eu la chance de le jouer en février dernier au Planétarium de Poitiers, sous une coupole avec un système de son incroyable, et c'était vraiment bien, gros gros son. Je l'ai joué plusieurs fois depuis, je le joue en juillet à Melle, et après on monte une tournée avec le guitariste-batteur (ou l’inverse), Fabrice Favriou qui jouera son solo, Le Nuage de Chien. Au mois d'octobre prochain on va jouer aux Trinitaires, à Metz, on va jouer à Paris, en Bretagne, à Rennes, une petite tournée d'une semaine qui s'annonce déjà bien.
- Donc on en arrive au cœur du sujet si j'ose dire ; de tes expérimentations sont nées les bases d'un nouveau projet collaboratif, Novum Organum, sur lequel tu es en train de travailler si j'ai bien compris. Est-ce que tu pourrais nous présenter le projet et les questions de diffusion que tu as dû te poser.
- Et bien Novum Organum c'est un duo, avec un musicien qui est électroacousticien, compositeur, activiste aussi, qui s'appelle Loïc Guenin. On s'est rencontré il y a plusieurs années, on a cherché, et cherché encore... Et à un moment donné j'ai sorti mes pédales et là ça a fait tilt ! On s'est dit que c'était vraiment ça qu'il nous fallait, il travail aussi beaucoup sur la multidiffusion, sur la matière sonore.
C'est un peu le même principe qu’avec Obscur, on est au centre, l'un face à l'autre, assis à une table avec tout le matériel entre nous, le public est autour, et on travaille sur des espèces de drones, très organiques... On a appelé ce duo Novum Organum pour deux raisons : D'une part une grosse référence à l'Organum, qui est un chant médiéval religieux vraiment axé sur les sons longs, les quartes, les quintes qui se superposent, on était vraiment là dessus. Et aussi le livre d'un philosophe anglais, du début du 17è siècle, qui s'appelle Francis Bacon, De Novum Organum, la traduction c'est Le Nouvel Outil, qui traite de l’expérimentation, de l'empirisme. On est vraiment sur cette dynamique là.
- Oui c'est un titre avec différents niveaux de lecture !
- C'était le but recherché en tout cas ! Et donc Loïc joue sur ce projet, bien évidemment de l'électronique ; mais y a aussi un gros set avec du bois, des pierres, de la ferraille, plein de sons à la fois analogiques et à la fois organiques.
- Je me posais justement une question sur ce qui a du coup l'air d'être en bonne partie le job de Loïc Guenin ; concernant les échantillons sonores très divers qu'on peut entendre sur la maquette de Novum Organum que tu m'as fourni au préalable, il y a comme tu l'as dit une grande variété de timbres utilisés, et je me demandais s'il s'agissait en partie de sons que vous aviez au préalable dans une banque de données ?
Non non, on fait tout live.
- Ah ouais c'est du live sampling. C'est impressionnant, de pouvoir avoir tous ces sons faits en direct...
- Merci, le but du jeu c'est quand même d'avoir les machines vides au début de la performance et avec Loïc on est relativement sensible au Field Recording, tous ces sons extérieurs, tout ce qui se passe autour... De ce fait, le but de ce duo là, c'est de faire les concerts en extérieur...
- … afin de pouvoir capter le son de ce qui vous entoure et en faire une partie du live ?
- Et d'intégrer tout ça dans notre set. C'est le projet qu'on a pour enregistrer : on enregistrer à l’automne. On veut enregistrer 4 albums d'un coup. L’idée serait d'enregistrer le 1er album le matin vers 6h, de préférence en pleine campagne, puis d'enregistrer à midi, puis vers 22/23h, et enfin à 3h du matin. Quatre moments de la journée avec forcément des changements de sons extérieurs, on va sortir les hauts parleurs, les enregistrer et enregistrer ce qui se passe autour.
- Donc paf, 4 albums d'un coup.
-Ouais c'est ça. On fait ça en septembre, et on va sortir ces quatre albums sur un label qu'on est en train de créer, qui va s'appeler http://patazone.org/ Patazone (une pensée pour Alfred Jarry, la Pataphysique, l'utopie… tout ça). Nous sommes est en plein travail sur ce label qui devrait normalement voir le jour à la fin de l’année.
- C'est donc un label créé pour ce projet ?
Oui, et qui sera orienté à la fois autour des travaux de Novum Organum, et sur les travaux de Loïc, sur ses projets personnels, qui sont beaucoup axés sur les partitions graphiques, sur la multidiffusion acoustique…On prépare tous les deux ce label là, on va essayer de sortir les disques en décembre, et on enchaine avec une tournée de Novum Organum en 2018
- Donc chaque concert sera forcément unique et lié au lieu dans lequel vous jouerez. Ça concorde avec tes intérêts sur l'aléatoire en musique.
Oui, c’est tout l’intérêt de la chose, faire le son en fonction de ton état, mental, physique, psychique, et de toute façon, je m'efforce de pas faire les mêmes concerts pour éviter l’ennui. (Rires)
- Vous êtes d'abord passés par une période de démarchage de label avant de décider de créer Patazone ?
- Non, on voulait vraiment créer ce label, afin de pouvoir être relativement libre de faire ce qu'on a faire quand on veut le faire. Avec Loïc on bosse énormément (rires), on peut être levé aux aurores et correspondre..., on peut avancer assez vite, c'est très agréable
- J'aimerais te poser une question que je me pose à chaque fois que j'écoute de la musique improvisée et que je m'interroge sur les lives, à savoir : puisque chaque concert est totalement différent du précédent, qu'est-ce qui en théorie vous empêcherait toi et Loïc d'enregistrer chaque concert que vous donnerez sous ce nom et en faire un album de Novum Organum ?
- Je vais te dire, c'est très subjectif et arbitraire. Dans l'idée, l'album de musique improvisée – même si elle ne l'est plus trop car on connaît de plus en plus nos façons de jouer, de réagir – c'est plus une photo instantanée d'un moment donné qui reste, parce que effectivement, enregistrer un concert de musique improvisée, que ce soit celui ci ou un autre (après, il y en a des mieux réussis que d’autres) ...
Après, nous serons très certainement sur un travail de post-production sur ces disques là, parce qu'on écoute pas un disque comme on écoute un concert. Un concert, on l’écoute aussi avec les yeux, on l'écoute avec le corps. Nous jouons relativement fort tout de même, on est vraiment dans les vibrations, le physique, et chez soi, lorsqu’on écoute sur une chaine ou au casque, ce n’est jamais au même volume et on a pas les mêmes sensations, il faut alors recréer un espace artificiel.
Un concert, ça se prend, ça se goûte, et ça reste dans la mémoire mais avec le temps, le souvenir va se déformer au fur & à mesure. On se souvient d'un concert mais certainement qu’à l'origine il était pas tout à fait comme ce que nous donne notre mémoire.
Après le disque, lui il va être retravaillé, on peut le réécouter des années plus tard, nos oreilles auront certes changé mais le disque lui sera exactement comme il a été enregistré. (La musique aura peut-être mal vieillie, mais c’est une autre question...)
C'est vrai que cette année il va y avoir pas mal de disques, entre Threesome, Novum Organum, et je me tâte vraiment pour enregistrer un Obscur Phase II.
- Obscur et Novum Organum sont des projets qui composent tous deux avec une approche sonore très sculpturale, avec des drones noise au premier plan et une certaine intensité. Mais là où Obscur me laisse une impression de mur sonore qui garde la pression et reste écrasant d'un bout à l'autre, avec des variations qui restent dans le registre du bruit, Novum Organum en revanche me semble avoir une narration plus diversifiée, une palette sonore plus subtile avec l'utilisation de sons acoustiques ou métalliques, et cet apaisement final qui voit la composition prendre un tournant plus mélodique. Est-ce que le fait de travailler avec Loïc (en opposition à Obscur où tu joues seul) a ouvert ta palette sonore et changé ta façon de jouer ?
- Oui bien sûr, tu as en face quelqu'un qui compose des choses, tu es obligé d'intégrer ce qu'il fait aussi, de ne pas te comporter comme si tu étais seul et de trainer ton affaire genre "non, j'veux faire mon mur quoi qu’il arrive". Si en face il propose des choses plus subtiles, je me donne le droit jouer avec.. Et y a aussi le fait qu’Obscur, la première fois que je l'ai joué c'était il y a 4/5 ans, et la vie avance, les idées mûrissent, s'affinent. Si je rejouais le set à la basse maintenant, ce serait certainement plus du tout pareil. Ce serait la même composition, mais je ne le jouerais pas de la même façon du tout.
- Est-ce que la notion de narration en musique te parle ?
- Non, je n'ai pas de narration interne, ma narration c'est là où le son me porte. Quand j'écoute un concert de musique improvisée ou rock ou jazz ou n'importe quoi, je me crée mon histoire. Après l'artiste me donne des images, des sensations, il me donne des pistes, mais c'est moi qui choisis au final là où je vais, J’espère que les musiques que je propose restent suffisamment ouvertes pour que l’auditeur-spectateur puisse également « se » raconter...
- Vous êtes comme une installation sonore.
- Oui, et la narration c'est le spectateur qui se la créée de toute pièce.
- On peut se rendre compte en parcourant tes projets de façon chronologique de ton intérêt de plus en plus marqué pour les formes abstraites et l'importance grandissante de la texture dans tes compositions. Qu'est-ce qui t'intéresse dans cette approche sonore de plasticien ?
- C'est la liberté idiomatique quoi, c'est quelque chose qui se pose là comme ça, qui est sculpturale (ou pas), on peut percevoir le son de multiples façons, après chacun peut prendre ce qu'il veut là dedans. On impose aucun un idiome musical.
On donne du son, et chacun peut considérer ça comme il veut, avec ses propres références, et du coup le fait de donner une musique relativement libre et sculpturale donne vraiment plus d'ouverture pour l'appréhender.
- Je vois, quelque part ça te libère de devoir te reposer sur des codes battus et rebattus...
- C'est un peu dans cette idée que j'avais intitulé un solo de contrebasse que j'ai enregistré en 2012, Coding Music , chacun décode comme il veut, avec ses références et ses clefs.
- Finalement ça rejoint tes velléités d'aléatoire en musique dont tu parlais plus tôt ; tu ne peux pas maîtriser tout ce qui t'arrive.
- Oui et je reviens sur Coding Music, c'est le même propos. Je joue sur trois notes - La-Ré-Sol - la main gauche ne bouge pas du tout pendant l'heure de concert, et le reste c'est un balayage d'archet. Plus je joue vite, et plus j’appuie sur l’archet, dans un flow ininterrompu, cela crée des harmoniques qui deviennent totalement aléatoires voir totalement incontrôlées ! Je vois à peu près comment les gérer quand même (rires), mais il y a un quelque chose de physique qui se passe, l'édifice dans lequel je joue me renvoie des sons, et qui me font décider comment et dans quelle direction je dois continuer.
- Comme un va et vient entre le contrôle et la perte de contrôle, puisque tu n'as jamais le contrôle de ce qui t'arrive, mais tu peux contrôler une partie de ce son à ton échelle, etc.
-Oui, je suis sur le même processus que ce soit avec Coding Music, Obscur ou Novum Organum : chercher le point où je me trouve le plus en déséquilibre et trouver une solution pour en sortir.
à suivre....
Eric : Oui, je joue dans un duo qui s'appelle Threesome, avec le batteur Nicolas Lelièvre, et il arrive tout à l'heure, on répète jusqu'à mercredi, et ensuite on va faire nos premières sorties de concerts, ça fait deux ans qu'on travaille sur ce projet.
- J'étais épaté d'apprendre que ce que j'ai pu entendre de Threesome sur ton Bandcamp étaient de "simples" démos, ça semble déjà si accompli !
- C'était des démos enregistrées l’an passé au Fort de Tourneville, au Havre et que j’ai mixées, l'album est pour début 2018. On va jouer à Tarnac, dans un endroit qui s'appelle le Magasin Général, haut lieu de musiques subversives, et dans un festival à Poitiers : Bruisme , qui est mis en place par toute l'équipe de Jazz à Poitiers, que je connais maintenant depuis... Quasi 20 ans, et qui me suivent beaucoup dans mon travail, depuis que j'ai commencé la contrebasse à l'époque, et maintenant dans des musiques plus électriques !
Threesome à Bruisme (c) Maëlle Charrier
Et dimanche ensuite nous allons jouer à Meslay dans l'Indre dans un festival qui s'appelle Le Festival des Musiques Impulsives , c'est le tout premier festival....
- Tu inaugures la première édition ?
- La toute première. Donc là, programme chargé, et après je pars sur autre chose, cette été je suis pas mal occupé.
- Donc pas de vacances d'été pour Eric Brochard.
- Non, pas du tout, enfin quasi pas, des concerts, des résidences et des préparations de studio pour l'enregistrement de Threesome et Novum Organum.
- Nous aurons amplement le temps de discuter de ton actualité musicale apparemment fort chargée et variée, mais avant cela pourrais-tu nous parler des étapes que tu juges importante de ton parcours depuis ta formation et tes divers projets jusqu'à arriver aujourd'hui à être devenu un collectionneur de pédales.
- On peut dire ça oui haha. Pour faire très vite, (je zappe mes 1ères années, j'ai commencé à 8 ans à faire de la musique). Je suis vraiment né musicalement à 22 ans quand j'ai découvert la contrebasse, je me suis réinscrit au conservatoire que j'avais quitté plus jeune...
- Ah oui, tu as commencé la contrebasse si tard ?
- Oui, bah en même temps ce n'est pas le genre d'instrument que tu peux commencer trop jeune.
- Pour sûr, j'imagine que ça ne doit pas être évident quand ça fait deux fois ta taille.
- Oui, voilà, même si y avait des modèles plus petits... Donc, le gros de mon parcours s'est effectué avec la contrebasse. J'ai passé tous mes examens, et ensuite j'ai fait beaucoup de musique improvisée et de free jazz. J'ai joué ça pendant, disons une bonne dizaine d'année quoi. Et c'est un peu grâce à Matthieu Périnaud, qui est le directeur de Jazz à Poitiers, et du club Carré Bleu, qui m'a proposé il y a 5ans/6ans si je voulais faire un solo de basse électrique pour le festival Bruisme. J'ai refusé sur le moment parce que je suis pas du tout bassiste électrique et puis... Ce n’était pas possible quoi !!.
Mais en réfléchissant toute une nuit, je me suis dis que ben si ! Fallait que j'y aille. Ça me donnait une porte, une ouverture vers de l'inédit, fallait que je tente. Et du coup j'ai cherché comment m'y prendre car je ne voulais pas faire un solo "instrumental" comme je jouait mes solos de contrebasse. Je me suis donc retrouvé à composer et jouer Obscur, la première version [cf la vidéo pour la seconde], que j'ai jouée à Bruisme en 2012 ; j'ai enregistré le disque par la suite, et puis voilà.
Maintenant je fais un peu plus de basse électrique, même si j'ai toujours des concerts en contrebasse. J'ai joué en juin dernier dans un festival dans le Vaucluse – Sons dessus de Sault - mon solo de contrebasse, Coding Music. Et puis je me suis mis à fabriquer mes pédales d'effets, parce que j'aime beaucoup le DIY : on fait nos affaires, comme ça on est sûr que ça ne marche pas toujours bien (rires)
- Et que tu fais ce dont t'as envie.
- Je fais comme je veux oui. Et donc j'ai mis en projet toute une fabrication de pédales dont je me sers maintenant pour faire une deuxième version d'Obscur, que j'ai un peu dématérialisée parce que je ne joue plus de basse dans ce projet, j'ai juste mes pédales que je mets en larsen et que je diffuse avec 5 hauts parleurs. Et ces expériences ont fini par donner aussi naissance à un duo, qui s'appelle Novum Organum, pour lequel je travaille qu'avec ce instrumentarium là.
- Puisqu'on parle de cette transition vers du dématérialisé ; dans la vidéo "Obscur phase II", tu utilises en direct un nombre impressionnant de pédales pour créer un drone noise et le transformer, le sculpter à volonté. Est-ce que tu peux nous détailler un peu ce setting particulier ? Je suppose que chacune de ces pédales a son unicité.
- Oui, disons que c'est un set de pédales classique, des distorsions des chorus, des overdrives à lampe, des pédales de préampli, des équaliseurs... Mais je les mets en circuit sur une pédale d'insert modifiée ce qui fait que le circuit se met en boucle et crée un genre de larsen... qui n’est pas toujours gérable !
Ce qui m'intéresse en musique c'est l'aléatoire. Donc ça veut dire ne pas toujours obtenir la même chose et que l'instrumentarium me propose des choses que je puisse, moduler en fonction de ce qu'il me donne. Ce n’est pas moi qui décide toujours ce qui va se passer. Chaque pédale d'insert a une LDR (une résistance photoélectrique qui est sensible à la lumière) qui modifie soit le pitch de la chaîne, soit le timbre – mais c'est toujours pareil c'est assez aléatoire, une fois sur l'autre je n’obtiens pas le même résultat.
- Tu as des pédales photosensibles alors ? Comment ça marche ; selon la lumière que ça reçoit le son du larsen varie ?
-Oui, soit en hauteur, je peux quasiment faire des mélodies, soit ce sera sur la fréquence, que c'est susceptible de modifier, soit si j'ai un « tkktktktktktk » [onomatopée de mitraillette à sourdine tmtc] ça va le ralentir. Mais comme je te le dis, d'une fois sur l'autre ça fait pas le même effet, ça m'oblige à réfléchir différemment à chaque fois que je sors le système avant chaque concert...
- Tu dois tout étaler devant le public et espérer que ça se comportera pas trop n'importe comment...
- Ah bah total, oui bien sûr. Je joue Obscur, le 21 juillet prochain, dans un festival à Melle dans les Deux Sèvres : Boulevard du Jazz , je sais qu'il va falloir que je déballe tout la veille pour voir un peu ce qui se passe (rires), voir si avec la chaleur les choses n'ont pas bougé.
- Ce sera la première fois que tu feras ça en public ?
- Non non, je l'ai déjà joué.
- Et comment est-ce que tu mets ça en place ? T'as un écran sur scène qui filme de haut comme pour la vidéo ? Pour que les gens puissent voir ce que tu fais.
- Non, il n'y a pas besoin de ça parce que le public est autour de moi en fait.
- Ah ok tu joues au milieu des gens !
- Je suis au centre et le public est autour de moi, et les hauts parleurs à l'extérieur de nous. On est vraiment placé dans l'espace. Et j'ai eu la chance de le jouer en février dernier au Planétarium de Poitiers, sous une coupole avec un système de son incroyable, et c'était vraiment bien, gros gros son. Je l'ai joué plusieurs fois depuis, je le joue en juillet à Melle, et après on monte une tournée avec le guitariste-batteur (ou l’inverse), Fabrice Favriou qui jouera son solo, Le Nuage de Chien. Au mois d'octobre prochain on va jouer aux Trinitaires, à Metz, on va jouer à Paris, en Bretagne, à Rennes, une petite tournée d'une semaine qui s'annonce déjà bien.
- Donc on en arrive au cœur du sujet si j'ose dire ; de tes expérimentations sont nées les bases d'un nouveau projet collaboratif, Novum Organum, sur lequel tu es en train de travailler si j'ai bien compris. Est-ce que tu pourrais nous présenter le projet et les questions de diffusion que tu as dû te poser.
- Et bien Novum Organum c'est un duo, avec un musicien qui est électroacousticien, compositeur, activiste aussi, qui s'appelle Loïc Guenin. On s'est rencontré il y a plusieurs années, on a cherché, et cherché encore... Et à un moment donné j'ai sorti mes pédales et là ça a fait tilt ! On s'est dit que c'était vraiment ça qu'il nous fallait, il travail aussi beaucoup sur la multidiffusion, sur la matière sonore.
C'est un peu le même principe qu’avec Obscur, on est au centre, l'un face à l'autre, assis à une table avec tout le matériel entre nous, le public est autour, et on travaille sur des espèces de drones, très organiques... On a appelé ce duo Novum Organum pour deux raisons : D'une part une grosse référence à l'Organum, qui est un chant médiéval religieux vraiment axé sur les sons longs, les quartes, les quintes qui se superposent, on était vraiment là dessus. Et aussi le livre d'un philosophe anglais, du début du 17è siècle, qui s'appelle Francis Bacon, De Novum Organum, la traduction c'est Le Nouvel Outil, qui traite de l’expérimentation, de l'empirisme. On est vraiment sur cette dynamique là.
- Oui c'est un titre avec différents niveaux de lecture !
- C'était le but recherché en tout cas ! Et donc Loïc joue sur ce projet, bien évidemment de l'électronique ; mais y a aussi un gros set avec du bois, des pierres, de la ferraille, plein de sons à la fois analogiques et à la fois organiques.
Novum Organum from eric brochard on Vimeo.
- Je me posais justement une question sur ce qui a du coup l'air d'être en bonne partie le job de Loïc Guenin ; concernant les échantillons sonores très divers qu'on peut entendre sur la maquette de Novum Organum que tu m'as fourni au préalable, il y a comme tu l'as dit une grande variété de timbres utilisés, et je me demandais s'il s'agissait en partie de sons que vous aviez au préalable dans une banque de données ?
Non non, on fait tout live.
- Ah ouais c'est du live sampling. C'est impressionnant, de pouvoir avoir tous ces sons faits en direct...
- Merci, le but du jeu c'est quand même d'avoir les machines vides au début de la performance et avec Loïc on est relativement sensible au Field Recording, tous ces sons extérieurs, tout ce qui se passe autour... De ce fait, le but de ce duo là, c'est de faire les concerts en extérieur...
- … afin de pouvoir capter le son de ce qui vous entoure et en faire une partie du live ?
- Et d'intégrer tout ça dans notre set. C'est le projet qu'on a pour enregistrer : on enregistrer à l’automne. On veut enregistrer 4 albums d'un coup. L’idée serait d'enregistrer le 1er album le matin vers 6h, de préférence en pleine campagne, puis d'enregistrer à midi, puis vers 22/23h, et enfin à 3h du matin. Quatre moments de la journée avec forcément des changements de sons extérieurs, on va sortir les hauts parleurs, les enregistrer et enregistrer ce qui se passe autour.
- Donc paf, 4 albums d'un coup.
-Ouais c'est ça. On fait ça en septembre, et on va sortir ces quatre albums sur un label qu'on est en train de créer, qui va s'appeler http://patazone.org/ Patazone (une pensée pour Alfred Jarry, la Pataphysique, l'utopie… tout ça). Nous sommes est en plein travail sur ce label qui devrait normalement voir le jour à la fin de l’année.
- C'est donc un label créé pour ce projet ?
Oui, et qui sera orienté à la fois autour des travaux de Novum Organum, et sur les travaux de Loïc, sur ses projets personnels, qui sont beaucoup axés sur les partitions graphiques, sur la multidiffusion acoustique…On prépare tous les deux ce label là, on va essayer de sortir les disques en décembre, et on enchaine avec une tournée de Novum Organum en 2018
- Donc chaque concert sera forcément unique et lié au lieu dans lequel vous jouerez. Ça concorde avec tes intérêts sur l'aléatoire en musique.
Oui, c’est tout l’intérêt de la chose, faire le son en fonction de ton état, mental, physique, psychique, et de toute façon, je m'efforce de pas faire les mêmes concerts pour éviter l’ennui. (Rires)
- Vous êtes d'abord passés par une période de démarchage de label avant de décider de créer Patazone ?
- Non, on voulait vraiment créer ce label, afin de pouvoir être relativement libre de faire ce qu'on a faire quand on veut le faire. Avec Loïc on bosse énormément (rires), on peut être levé aux aurores et correspondre..., on peut avancer assez vite, c'est très agréable
- J'aimerais te poser une question que je me pose à chaque fois que j'écoute de la musique improvisée et que je m'interroge sur les lives, à savoir : puisque chaque concert est totalement différent du précédent, qu'est-ce qui en théorie vous empêcherait toi et Loïc d'enregistrer chaque concert que vous donnerez sous ce nom et en faire un album de Novum Organum ?
- Je vais te dire, c'est très subjectif et arbitraire. Dans l'idée, l'album de musique improvisée – même si elle ne l'est plus trop car on connaît de plus en plus nos façons de jouer, de réagir – c'est plus une photo instantanée d'un moment donné qui reste, parce que effectivement, enregistrer un concert de musique improvisée, que ce soit celui ci ou un autre (après, il y en a des mieux réussis que d’autres) ...
Après, nous serons très certainement sur un travail de post-production sur ces disques là, parce qu'on écoute pas un disque comme on écoute un concert. Un concert, on l’écoute aussi avec les yeux, on l'écoute avec le corps. Nous jouons relativement fort tout de même, on est vraiment dans les vibrations, le physique, et chez soi, lorsqu’on écoute sur une chaine ou au casque, ce n’est jamais au même volume et on a pas les mêmes sensations, il faut alors recréer un espace artificiel.
Un concert, ça se prend, ça se goûte, et ça reste dans la mémoire mais avec le temps, le souvenir va se déformer au fur & à mesure. On se souvient d'un concert mais certainement qu’à l'origine il était pas tout à fait comme ce que nous donne notre mémoire.
Après le disque, lui il va être retravaillé, on peut le réécouter des années plus tard, nos oreilles auront certes changé mais le disque lui sera exactement comme il a été enregistré. (La musique aura peut-être mal vieillie, mais c’est une autre question...)
C'est vrai que cette année il va y avoir pas mal de disques, entre Threesome, Novum Organum, et je me tâte vraiment pour enregistrer un Obscur Phase II.
- Obscur et Novum Organum sont des projets qui composent tous deux avec une approche sonore très sculpturale, avec des drones noise au premier plan et une certaine intensité. Mais là où Obscur me laisse une impression de mur sonore qui garde la pression et reste écrasant d'un bout à l'autre, avec des variations qui restent dans le registre du bruit, Novum Organum en revanche me semble avoir une narration plus diversifiée, une palette sonore plus subtile avec l'utilisation de sons acoustiques ou métalliques, et cet apaisement final qui voit la composition prendre un tournant plus mélodique. Est-ce que le fait de travailler avec Loïc (en opposition à Obscur où tu joues seul) a ouvert ta palette sonore et changé ta façon de jouer ?
- Oui bien sûr, tu as en face quelqu'un qui compose des choses, tu es obligé d'intégrer ce qu'il fait aussi, de ne pas te comporter comme si tu étais seul et de trainer ton affaire genre "non, j'veux faire mon mur quoi qu’il arrive". Si en face il propose des choses plus subtiles, je me donne le droit jouer avec.. Et y a aussi le fait qu’Obscur, la première fois que je l'ai joué c'était il y a 4/5 ans, et la vie avance, les idées mûrissent, s'affinent. Si je rejouais le set à la basse maintenant, ce serait certainement plus du tout pareil. Ce serait la même composition, mais je ne le jouerais pas de la même façon du tout.
- Est-ce que la notion de narration en musique te parle ?
- Non, je n'ai pas de narration interne, ma narration c'est là où le son me porte. Quand j'écoute un concert de musique improvisée ou rock ou jazz ou n'importe quoi, je me crée mon histoire. Après l'artiste me donne des images, des sensations, il me donne des pistes, mais c'est moi qui choisis au final là où je vais, J’espère que les musiques que je propose restent suffisamment ouvertes pour que l’auditeur-spectateur puisse également « se » raconter...
- Vous êtes comme une installation sonore.
- Oui, et la narration c'est le spectateur qui se la créée de toute pièce.
- On peut se rendre compte en parcourant tes projets de façon chronologique de ton intérêt de plus en plus marqué pour les formes abstraites et l'importance grandissante de la texture dans tes compositions. Qu'est-ce qui t'intéresse dans cette approche sonore de plasticien ?
- C'est la liberté idiomatique quoi, c'est quelque chose qui se pose là comme ça, qui est sculpturale (ou pas), on peut percevoir le son de multiples façons, après chacun peut prendre ce qu'il veut là dedans. On impose aucun un idiome musical.
On donne du son, et chacun peut considérer ça comme il veut, avec ses propres références, et du coup le fait de donner une musique relativement libre et sculpturale donne vraiment plus d'ouverture pour l'appréhender.
- Je vois, quelque part ça te libère de devoir te reposer sur des codes battus et rebattus...
- C'est un peu dans cette idée que j'avais intitulé un solo de contrebasse que j'ai enregistré en 2012, Coding Music , chacun décode comme il veut, avec ses références et ses clefs.
- Finalement ça rejoint tes velléités d'aléatoire en musique dont tu parlais plus tôt ; tu ne peux pas maîtriser tout ce qui t'arrive.
- Oui et je reviens sur Coding Music, c'est le même propos. Je joue sur trois notes - La-Ré-Sol - la main gauche ne bouge pas du tout pendant l'heure de concert, et le reste c'est un balayage d'archet. Plus je joue vite, et plus j’appuie sur l’archet, dans un flow ininterrompu, cela crée des harmoniques qui deviennent totalement aléatoires voir totalement incontrôlées ! Je vois à peu près comment les gérer quand même (rires), mais il y a un quelque chose de physique qui se passe, l'édifice dans lequel je joue me renvoie des sons, et qui me font décider comment et dans quelle direction je dois continuer.
- Comme un va et vient entre le contrôle et la perte de contrôle, puisque tu n'as jamais le contrôle de ce qui t'arrive, mais tu peux contrôler une partie de ce son à ton échelle, etc.
-Oui, je suis sur le même processus que ce soit avec Coding Music, Obscur ou Novum Organum : chercher le point où je me trouve le plus en déséquilibre et trouver une solution pour en sortir.
à suivre....
En ligne
285 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages