Scorpion Violente
"Une journée de studio équivaut à une heure, un peu comme dans les Sim's." [samedi 25 mars 2017] |
De retour au Sonic Protest, à la Marbrerie de Montreuil, je retrouve le duo (oc)culte de Scorpion Violente formé par Toma et Nafi. Avant l'avalanche de synthés planants au psychédélisme sombre qui constituera leur prestation de fin de soirée, c'est l'occasion de (re)mettre au clair leurs influences, leur évolution stylistique de ces derniers temps, leur lien avec le cinéma, leurs pochettes incroyables, et toutes sortes de cochonneries.
Interview menée par Wazoo
Interview menée par Wazoo
Alors, petite question de merde pour commencer sinon c'est pas une vraie interview : Pourquoi Scorpion Violente ? Quelle est l'origine du nom ?
Toma : Oh tu sais c'est tout con, tu vois les films de Maurizio Merli ? Les films des années 70 bien violents avec des flics... Dans ce cinéma là y avait une ambiguïté ; Tomás Milián qui jouait dans beaucoup de ces films était vachement d'extrême gauche – et le propos était censé être d'extrême gauche – mais t'as Maurizio Merli donc, le héros moustachu qui ressemble un peu à Franco Nero, qui lui avait des idées ultra à droite, à la "les flics ont pas assez de pouvoir, on va créer une milice, etc". Et le meilleur film de ce genre, en tout cas notre préféré à Nafi et moi, c'est Rome Violente, du coup c'est venu indirectement de là. On s'est croisés un soir avec Nafi, il devait jouer tout seul le lendemain un truc du genre, et il m'a demandé de jouer avec lui... Ça s'est fait comme ça un peu à l'arrache !
D'où vient le Scorpion ?
Nafi : Je voulais un nom de groupe avec un scorpion.
Par nostalgie allemande ?
Nafi : Les scorpions sont allemands ?
Le groupe ouais !
Nafi : Oh non rien à voir avec le groupe, l'animal ; c'est un animal avant d'être un groupe. Donc je voulais un truc avec scorpion dedans, et le violente est arrivé derrière.
Toma : On aime bien cette espèce d'erreur grammaticale qui est créée dans le truc, masculin-féminin.
T'as envie de prononcer à l'italienne, "violèneté"...
Toma : Y en a qui s'y sont risqués...
On a jamais retrouvé les corps. Ça s'est fini en Giallo. Du coup vous avez un style visuel assez fort ; est-ce qu'il y a moyen de retracer un peu l'origine de vos pochettes depuis l'EP Scorpion Violente ?
Nafi : Je dirais que le mot-clé serait : recherche random sur Google Image.
C'est vrai ? Vous tapez « moustache + années 80 » ?
Nafi : Nan on tape pas moustache, mais bon le premier tombe sous le sens vu que c'est l'acteur de Rome Violente, le personnage de l'inspecteur qui joue dans Rome Violente, Turin Violente, Milan Violente... y a toute une série de films. Enfin faut dire que c'est les VF qui titrent de cette manière, après en italien ça n'a rien à voir... C'est la période post-Dirty Harry ; donc t'as Dirty Harry qui était sorti avec Clint Eastwood, et l'idée c'était de faire de la surenchère – c'était des films qui devaient se vendre au cinéma puis en vidéo, donc il fallait que les jaquettes déboitent – si tu mets Rome Violente, Turin Violente les gens se disent "Wouah ça doit être le deux, ça a l'air encore plus violent que l'autre", etc. C'est juste histoire de faire des titres qui claquent. Donc voilà pour le premier EP, après celui où y a la meuf avec les cornes c'était sur le MySpace d'un groupe, je tombe sur cette image du coup je l'ai enregistrée...
Toma : La troisième, avec le japonais à la rose on sait même pas d'où ça vient...
C'est limite celle qui me posait le plus question !
Nafi : Mmh ça doit venir d'un film mais on connait pas l'origine.
Toma : J'avais dû taper "viol...", bon des trucs assez glauques...
Et ça te sort un mec avec l'air malaisant et une rose...
Toma : Le mystère reste entier !
Sur The Stalker, votre nouvel EP, j'ai l'impression que vous avez pris une direction un peu différente, qui me fait penser à du Suicide, ça m'amène un peu à la question assez générale : quels sont les groupes qui vous ont influencés et amenés à brancher les synthés ?
Nafi : Je comprends pas ce truc avec Suicide ; ça aussi été dit sur un autre article qui parle de l'EP, "Ils ont bouffé le fantôme d'Alan Vega" ce genre de choses, alors que bon c'est revendiqué : on copie Suicide depuis le début. Après peut-être que le dernier disque change un peu des autres, mais ça reste un truc synthé très minimal, voix avec de l'écho à la Alan Vega, ça on l'a toujours fait. Enfin moi j'ai l'impression que ça reste dans la lignée de ce qu'on a fait avant.
Toma : Après y a une espèce de micro rupture au milieu, il y a un moment où y avait des morceaux pseudo-efficaces, plus dansant à la DAF, alors que là on se retrouve dans des ambiances plus ambient, avec des inspirations plus krautrock.
Nafi : Rien à voir avec Suicide !
Toma : Y a un morceau quand même, qui est le seul à avoir été filtré en amont donc c'est peut-être pour ça, "The Knife", qui a clairement une odeur de Suicide. Mais c'est pas spécialement délibéré, ça hante le groupe depuis le départ. Là on a viré sur des trucs plus ambient, psychédéliques, j'écoutais plus de krautrock, de post-punk... Et puis y avait plein de points de rencontre entre Nafi et moi. Moi c'était vraiment les trucs planants et répétitifs des années 60, et ça a fini par maturer vers des trucs vraiment psychés, où notre côté efficace et dansant du début commence à se mettre en retrait.
Et à propos de dansant, c'est quoi le public type du concert de Scorpion Violente ?
Nafi : C'est plutôt des meufs bonnes, et des mecs gros et barbus. D'un extrême à l'autre.
Est-ce que ça bouge un petit peu où ça se contente de hocher la tête façon autiste ?
Toma : C'est à dire qu'il y en a qui ont la volonté de danser si tu veux, mais y a des morceaux qui sont littéralement casse-gueule à ce niveau là donc...
Les parties plus ambient j'imagine.
Toma : Ouais, et donc ils cassent la gueule.
Nafi : Le rythme est pas assez soutenu. Après j'ai l'impression que la réaction des gens – du moins du mec lambda qui vient sans trop connaître – c'est que ça dépend de l'heure à laquelle on joue et du niveau d'alcoolémie. On a parfois des trucs efficaces mais qu'on joue de moins en moins, on est plutôt sur des formats de 10 minutes, lents etc, du coup jouer comme on va faire là, en fin de soirée, c'est l'idéal. Je dis pas qu'il faut être bourré automatiquement mais faut que la soirée se doit déjà un peu déroulée si tu veux vraiment être dedans et pas prendre au dépourvu le mec qui vient d'arriver en mode "je viens de prendre ma place, ah tiens y a un concert qui commence" et là la musique c'est des drones au synthé, tu vois le truc...
Vous essayez d'adapter la setlist en fonction des conditions ?
Nafi : On essaie mais ça marche pas, j'ai pas souvenir d'une fois où on a joué tôt et où ça s'est vraiment bien passé. Après c'est idiot de dire ça, ça fait le groupe geignard qui veut absolument jouer en dernier, mais voilà.
Vous avez l'impression donc d'évoluer vers des morceau de plus en plus longs et planants ?
Toma : Disons que les morceaux les plus pêchus, les plus "demandés" en concert, sont plus vraiment ceux qu'on a vraiment envie de défendre. On bouge vers des délires plus psychédéliques.
Ce soir c'est la release party de votre nouvel album c'est bien ça ?
Nafi : Ouais ça a été vendu comme tel.
Un peu de teasing sur ce à quoi ça va ressembler ?
Nafi : C'est un album où il y a trois morceaux, les trois qu'on avait sous le coude à ce moment là. On avait juste un ou deux morceau en rab. Sur une face y a deux morceaux courts, environ 5 minutes, et sur l'autre face c'est un long morceau de 10 minutes. On avait deux morceaux de cette durée et le label a choisi. C'est pas un concept album, on est pas Yes, on a les morceaux qu'on a – mais sans avoir de concept, on est un groupe donc forcément on évolue et les morceaux que tu composes selon la période dans laquelle tu les crées viennent par paire ou par triplette, il va y avoir une ambiance générale commune. Tu évolues naturellement selon les périodes de ta vie.
Ouais là vous êtes juste dans une phase où vous êtes plus posés.
Nafi : Pas forcément plus posés, on écoute surtout d'autres trucs. Par exemple Suicide c'est un truc qu'on aime bien tous les deux depuis le départ et qui nous a clairement influencé. C'est pour ça tu nous en parlais, mais le seul papier que j'ai lu qui parle du dernier disque c'est clairement ça : "Ils ont bouffé le fantôme d'Alan Vega"...
C'est parce qu'il est mort y a pas longtemps !
Nafi : Alors sûrement, ça ressort !
Toma : Faut dire que le seul qui avait filtré c'était celui qui pue le Alan Vega jusqu'au trou du cul.
Nafi : Ouais mais bon des comme ça on en a fait des tas avant et on nous le ressortait pas.
T'as l'impression que les gens tombent des nues.
Nafi : Non mais t'as raison je pense que c'est un truc de l'actualité, Alan Vega est mort donc on en parle bien plus, ce qu'il a légué avant de mourir, tout ça. Après pour les morceaux les plus lourds qu'on a pu faire ; avant j'écoutais pas du tout de black metal par exemple, et maintenant un peu plus. Sans être un afficionado, mais les morceaux très lents et longs du genre c'est quelque chose qui me plait, le côté guitare/batterie ça a pu nous donner envie de voir ce qu'on pouvait faire avec une boite à rythmes et des synthés dans cette idée là.
Toma : C'est vrai qu'à un moment la tagline c'était "dance music for idiotic (?) drums", mais là c'est sûr que c'est plus adapté du tout – on est plus vraiment dans le côté bouge du cul.
Nafi : Ouais on a lâché les morceaux uptempo ultramélodiques.
Toma : Mais voilà c'était pas délibéré. Le glissement était progressif.
Est-ce que vous envisagez le live comme une entité totalement différente de l'album ?
Toma : La façon dont on fonctionne c'est qu'en studio on sort d'abord une première version d'un morceau pour avoir les bases, et finalement c'est souvent cette version qui finit sur le disque. Après le morceau évolue beaucoup à mesure qu'on le joue en live donc le résultat est forcément très différent.
Nafi : Ce qu'on sort c'est généralement des versions brutes. On est pas très productifs, on trouve un morceau, on l'enregistre très rapidement, on le sort à un moment X et on passe beaucoup de temps à le retravailler a posteriori. Après on se pose pas plus que ça la question pour les concerts, c'est pas spécifiquement pensé pour être différent de l'album comme tu le laissais entendre.
Nafi tu fais partie de A.H. Kraken, est-ce qu'il y a une histoire derrière le titre génial : "Elle avait peut-être 19 ans, mais pour moi elle en aura toujours 12" ?
Toma : Je revendique officiellement la parenté de cette vanne !
Nafi : Ouais c'est de lui. Boah c'est une bonne blague, ça fait un bon titre d'album.
Et ça marque, la preuve. Une journée dans le studio de Scorpion Violente ça ressemble à quoi ? Moi forcément je m'imagine des séances BDSM avec des vierges ensanglantées clouées sur les murs, mais si ça se trouve vous portez de pull en laine et vous sirotez des jus d'abricot en picorant des cracottes.
Toma : Tu fantasmes beaucoup je pense ! Le seul truc c'est qu'étant très timide j'ai tendance à porter mes lunettes de soleil en répet parce que je suis pas à l'aise, mais sinon on répète super pas souvent en fait.
Nafi : Genre une fois ou deux par an.
Toma : Si on a un concert on répète juste avant le concert.
Nafi : Là on a répété une heure avant de prendre le train. Non sinon une journée de studio je dirais que c'est une heure dans le local où on enregistre un peu.... Une journée équivaut à une heure, c'est à peu près comme dans les Sim's.
Vous avez un studio à vous ou vous louez ?
Nafi : On loue un studio avec des potes de Metz pour 20€ par an. On peut foutre la haine aux groupes de Paris comme ça. Sachant que je dois avoir 3 ans de retard et que Toma a jamais payé.
Ils sont pas relous.
Nafi : Y a 10-15 groupes de Metz qui répètent dedans, genre Singe Blanc, Daikiri, Noir Boy George, The Feeling of Love... C'est une annexe de la ville, à côté de la MJC d'une commune de Metz, avant ils y stockaient les tondeuses, tout le matos pour les espaces verts. Une sorte de bunker qui est collé à un local SNCF !
Nafi : Les mecs s'en foutent, la somme est symbolique ! Mais voilà, on a jamais vraiment été dans un studio, on a toujours eu notre local et on s'enregistre nous-même.
Toma : Sauf pour la BO de film.
Nafi : Si tu veux, mais c'est pas vrai.
Quelle B.O. de film ?
Nafi : On nous a proposés de faire la BO d'un film, et au bout du compte ils ont gardé que deux morceaux, pour un film qui va sortir bientôt. C'est un film indépendant hein.
Toma : Indépendant vite fait.
C'est pas le dernier Nolan.
Toma : C'est pas les Transformers quoi.
Nafi : C'est un mec qui nous a dit "ben j'veux que je vous fassiez la B.O.", et comme ça arrive souvent dans le cinéma on te propose un truc & ça évolue, de tous les morceaux il en a gardé 2.
Si vos morceaux durent dix minutes ça fait...
Toma : Il garde 6 minutes de musique, c'est dès le départ comme ça qu'il fonctionne : il fait tout lui même, il aime bien faire du collage des trucs comme ça. Dès le départ ça se sentait, il a une vision suffisamment spécifique pour être un control freak quoi.
Oui, je vois.
Nafi : Il parle pas par la négative, y a pas mal de fois où il nous a dit "ouais, j'aimerais bien un morceau 'dans le genre de'..." mais clairement t'avais l'impression qu'il avait envie d'avoir des morceaux spécifiques et pas notre version de ce morceau là. Avec lui ça s'est super bien passé mais dans les faits voilà à terme, y a que deux morceaux qui sortiront.
Donc il a pris deux morceaux à vous mais si ça se trouve il va juste utiliser des petites parties dans le film.
Toma : Ouais c'est genre à faire ça du, cut-up.
Nafi : On verra en voyant le film, c'est pas des morceaux qu'il a récupérés, c'est des titres qu'on a fait pour le film
Toma : On a juste un diaporama du film, ça a l'air de bien tabasser.
On a pas encore le droit d'avoir le nom ?
Toma : Ça s'appelle Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico.
Du coup ça va m'obliger à chercher je le verrais pas comme ça à l'UGC du coin.
Nafi : Il va sortir de manière underground. Je pense qu'il va passer dans des festoches.
Toma : Celui ci je pense qu'il va sortir en salle
Nafi : Ouais ça va sortir dans deux cinémas quoi...
Toma : Mais ses précédents moyen métrages sont passés en festival, il a réuni ça sous "La Trilogie des Hormones", et pour le dernier, Notre Dame Des Hormones, il avait pris "Rome Violente" pour la bande annonce, on le trouve sur internet et il est assez cool (elle est dans le lien au dessus). Il est influencé par des trucs à la Tarkovski, Dreyer, Jean Rollin, Dario Argento, c'est vraiment un mash-up de plein de trucs.
(Nafi s'excuse et part s'acheter des feuilles au tabac du coin avant que ça ferme)
Ça a tombe bien que tu parles de cinéma, vous avez déjà donné des indices avec Rome Violente, et tout les trucs dans ce style là, on sentait que vous étiez des amateurs de cinéma de genre, est ce que t'as des exemples de films à donner pour continuer à approfondir l'expérience Scorpion Violente, au travers de films qui vous ont inspirés ?
Toma : Alors pour faire vite fait... Mais j'y pense, pour les références musicales, on en a pas causé tout à l'heure mais y a Throbbing Gristle, une pierre angulaire, un truc sur lequel on s'est reposé tous les deux. Pour le cinéma en fait, tu sens quand même la présence de Carpenter.
Clairement ouais, quand tu penses à un mec qui fait la musique de ses films avec des bons gros synthés.
Toma : Voilà, bien old school, sinon, à titre perso, pas forcément lié au projet Scorpion Violente, mais les séries B c'est un truc vraiment dans lequel j'ai baigné assez tard, mais de manière ultra intense. Je suis tombé dedans à pieds joints et à chaque fois que Nafi et des potes venaient je leur imposais un visionnage d'Argento, tu sais Suspiria, avec la BO de Goblin, j'étais tombé à genoux, et donc y'a tout cet univers là qui se retrouve indirectement dedans. Mais en inspiration directe, clairement, surtout Carpenter. Je suis un grand fan de Jess Franco, avec tout ce que ça implique en termes de BO qui sont assez hétéroclites. Nafi était vachement plus fan de ça et avant moi, j'y suis revenu plus tard en me prenant vraiment la claque à retardement.
Du coup avec les années vous avez développé, je sais pas si on peut dire ça comme ça mais, développé une réputation culte...
Toma : Cul-Te ? (rires)
Oui, j'ai entendu Cul aussi quand je l'ai dit. Je me demandais comment ça s'était passé depuis le début pour la diffusion de votre musique, vous avez eu des opportunités particulières, des gens qui en ont parlé, ça a amené pas mal de gens vers vous, notamment toi t'as un compte SensCritique et tu prêches la bonne parole depuis longtemps, est ce que tu penses que ça a amené des gens à...
Toma : Du tout ! Je suis pas très prolixe à ce niveau là, j'en cause pas tant que ça. Oui j'ai déjà fait une critique & demi en disant que c'était le meilleur disque du monde (rires). Doit y avoir trois personnes qui l'ont lue, 2 qui ont rigolé et une qui n'a pas aimé. Là pour le coup Nafi avait une grosse assise dans la scène Metzine, avant de faire de la musique il a commencé par organiser des concerts de façon très très active. Donc tous ceux de la périphérie qui joue à Metz, donc tout ça c'était lui qui organisait, lui & ses potes, A.H. Kraken tout ça, c'était un socle, accidentel, sur lequel on s'est beaucoup posé. Après est venu ce phénomène de mode un peu pète-couille où tout le monde voulait claquer une croix de la Triple Alliance sur leur album, y'a un moment où on organisait des concerts sous un pont à Metz, parce que c'était le seul endroit suffisamment excentré et suffisamment peu officiel pour pas qu'on se fasse emmerder. Et Nafi recevait des coups de fil pour savoir si les groupes avaient le droit de jouer sans ce logo quoi. Alors là on s'est dit stop, basta. Du coup je suis même pas sûr qu'on en ait foutu une sur le dernier album, y'en a qui continuent à revendiquer le truc, notamment The Feeling Of Love qui joue ça à fond. C'est un truc dont on se sert pas.
Après en terme de production... t'avais dit le mot culte mais je sais pas dans quel sens ?
C'était dans le sens super large, mais on peut utiliser un autre mot...
Toma : Pour te dire, on démarche littéralement personne. Quand on nous propose des trucs on regarde si c'est possible, moi vu que je taffe si j'ai l'option ou pas...
Pour votre BO c'est le mec qui est venu vous voir ?
Toma : Ouais, il est arrivé & nous a dit "bon écoutez les gars, j'ai utilisé Rome Violente pour une bande annonce, je voulais pas la sortir avant votre autorisation, mais ce serait cool que vous me la donniez quand même". Bon voilà la bande annonce était cool, ça nous a pas posé de problème, ça s'est fait comme ça, mais globalement...
Vous démarchez pas.
Toma : On va pas démarcher un lieu pour faire un concert, c'est les lieux qui viennent. C'est pour ça qu'on joue aussi peu quoi, c'est parce qu'on est des gros fainéants tous les deux, Nafi a plusieurs projets à gérer, moi je suis peinard de ce côté là, la plupart de mes projets sont bornés, c'est un concert tous les deux ans, ça se fait plus au fil de l'eau.
Ouais c'est incidentel quoi, t'observes que les gens viennent, tu fais partie d'une scène...
Toma : C'est pour ça qu'on a fait une page FB, y avait pas mal de propositions qui allaient sur une fanpage, et les mecs pensaient qu'on leur mettait des vents alors que non, c'était juste pas notre page quoi. Mais finalement la nôtre on la gère exactement pareil que la fanpage (rires), on regarde les messages une fois tous les deux ans alors bon...
Le résultat est le même !
Toma : Ouais, c'est pas plus efficace. Et du coup Nafi il était un peu plus libre jusqu'à y'a pas longtemps, moi j'ai toujours eu un taf à 2/3 temps on va dire, plus chiant qu'un mi-temps mais pas aussi intéressant financièrement qu'un plein temps, donc du coup on pouvait jouer les plus branleurs qui choisissent leur date.
(petit blanc dans lequel Toma propose une bière à notre cher reporter, avec un mec en anglais qui prend toute la place derrière)
Là de toute façon j'ai plus qu'une question, c'est pas vraiment une question sérieuse mais, pour conclure, est ce qu'il y a une espérance de vie programmée pour Scorpion Violente, vous continuerez jusqu'à ce que la mort vous sépare, ou vous vous êtes dit que tant que ça vous fait tripper...
Toma : Bah écoute, au bout de deux ans, on parlait déjà de splitter en tant que blague, mais c'est un running-gag qui va probablement finir par arriver un jour ou l'autre. Mais ça a l'air bien parti pour plus ou moins durer. On s'engueule tous les deux ans, ce qui fait que...
Ça met les choses à mal, et puis une date de concert arrive de nulle part et puis bon...
Toma : Ouais voilà, genre "allez, on fait encore celle là et puis...". Pour être honnête, pour te répondre sérieusement à une question qui l'est pas, c'est que je vieillis mal en fait. Je fatigue vachement plus vite, je déprime beaucoup plus... J'ai 40 piges, 'fin je vais avoir 40 piges cette année. Et à chaque fois quand on fait des riders, je dis "ouais faudrait que l'hôtel ou l'endroit où on dort soit pas trop loin du lieu comme ça si j'ai un coup de barre à 22h30 je puisse aller me coucher" (rires).
Ça réduit un peu la possibilité concerts potentiels ouais.
Toma : A priori là c'est reparti pour un tour..
Ouais là avec l'album qui sort vous allez avoir des dates qui se calent.
Toma : L'album c'est un cas particulier, parce que ça fait un bon bout de temps qu'il est enregistré, on a fait le master & le test pressing y'a quasiment deux ans, et tout ce qui manquait c'était un insert. (rires) Et on a mis deux ans à faire l'insert. Ça te donne un peu la gueule du truc quoi, "c'est moi qui le passe à la machine" "non, non, j'le fais t'inquiète", et puis ça a un peu changé, la vie perso de Nafi a évolué, la mienne ben j'ai l'énergie qui est en train de baisser au fur & à mesure... Après ça va peut être évoluer, y a pas de formule à la base, le seul truc c'est qu'on soit deux avec des synthés, mais c'est pas exclu que les impros musicales évoluent avec le temps quoi. On s'intéresse beaucoup à tout ce qui est occultisme, magie...
Ne serait ce que la pochette avec les cornes...
Toma : Là c'est plus un clin-d'oeil gagesque, si tu regardes bien dans le détail la meuf elle a des bleus, dans le fond c'est pas des pierres c'est un papier peint couleur pierre...
Ah ouais ? J'avais pas vu !
Toma : Ça pue l'espèce de truc de fin de soirée, mytho/sex/sataniste qui tient pas la route, les mecs qui ont organisé une soirée sataniste pour baiser des p'tites meufs qui se déguisent.
Le truc complètement cheap.
Toma : Après c'est marrant avec cet album là, le dos de la pochette a été retiré de Discogs en fait.
Et c'est quoi le dos de la pochette ?
Toma : Ben en fait c'est deux photos, en fait t'as les titres et tout ça, et t'as une photo de Nafi et de moi, Nafi c'est avec un gosse qu'il a rencontré à un concert, il avait un t-shirt (d'un truc) donc il a demandé aux parents s'il pouvait se prendre en photos avec le gamin et moi c'est la copine d'une élève quand j'étais prof d'anglais, l'élève en question osait pas me demander pour se faire prendre en photo avec moi donc elle a d'abord balancé sa [incompréhensible], donc la meuf, elle me connaissait pas, je la connaissais pas non plus, moi j'étais en sueur parce que c'était en été, donc la gamine elle est en position là comme ça (il doit mimer), comme si je l'avais torturée & violée pendant plusieurs jours. Et donc on a mis les photos d'elle, et des bandeaux sur nos yeux à nous, pas à la gamine, donc la photo elle est borderline à mort (rires). Quand on a tourné en Italie, dans une ville en particulier, y a un mec qui nous tournait autour,on savait pas trop qui c'était, et donc il nous dit : "ouais derrière, c'est ta cousine, c'est ta sœur..." et je lui fais "bah écoute, je peux pas trop en parler, le procès il est toujours en cours, ils ont pas retrouvé le corps de la meuf", et le mec très 1er degré il me croit sur paroles quoi. Il était à deux doigts d'appeler les flics ! Y a le patron du label qu'a désamorcé le truc "faut pas l'écouter, c'est un connard etc". Et donc sur Uberschleiss, c'est pareil, y a que le devant de la pochette et pas le dos ! Après je sais pas si c'est un oubli ou une volonté délibérée, parce que dans cette image qu'on a utilisée, y a un gosse qui est pris en otage si tu veux, donc devant t'as le gosse attaché avec un bandeau sur les yeux, et derrière t'as un mec qu'est debout, de profil avec un flingue sur la hanche, genre mon flingue = ma bite, donc c'est sale, c'est vraiment sale. Le devant ça passe à peu près tout seul, mais si tu le mets avec le derrière (rires)... c'est abusé !
« Encore ? on vous avait dit pas recommencer pourtant ! »
Toma : Et donc pour revenir à ta question...
Ça continue & ça peut évoluer...
Toma : Ouais voilà, ça peut basculer, et la bande son du film, ça nous a permis de réaliser un truc qu'on voulait faire depuis longtemps. Outre le fait que ce soit une bande son, ça faisait un p'tit bout de temps qu'on causait de faire un projet en utilisant d'autres instruments et une autre installation, donc c'est l'occasion qui a fait le larron plus ou moins, Nafi réparant pas mal de synthés, avec des pédales etc, on a utilisé pas mal de synthés que lui avait en stock, j'avais ramené un micro bruit que j'avais acheté...
Et du coup ce que vous avez fait sur la bo c'est vachement dissemblable, c'est différent de... enfin comme le dispositif est différent est ce que c'est dissemblable du reste vraiment ?
Toma : Alors au résultat pas tant que ça. Disons que ça renoue plus avec la musique sérielle, comme Terry Riley tu vois, en un petit peu casse gueule, mais on est encore dans notre zone de confort. Après comme il a gardé que 2 morceaux sur les 5/6 qu'on lui a envoyés, on a eu un échange très cordial mais...
Il a sa vision...
Toma : Oui, donc nous est ce qu'on a su se prêter au jeu ou pas, je sais pas, parce que quand tu fais une bande son t'es sensé te mettre en retrait par rapport à ce que tu fais d'habitude et te mettre au diapason de ce qui va se faire dans le film. Et je sais pas si on a su le faire ou pas. On a fait ça en trois sessions, c'était à partir des demandes du gars, il a tout aimé, sincèrement, c'était pas des « Ouais ! Vachement bien merci »
Oui c'est pas qu'il a pas aimé votre musique, c'est plus que tout n'avait pas forcément sa place dans le film.
Toma : Oui c'est ça, et notre vision n'était probablement pas la sienne, c'est tout à fait normal. C'est pour ça qu'on l'a pas pris à titre personnel, on l'a pas mal pris et d'ailleurs dans les derniers échanges de mails il nous proposait de rebosser avec lui. Bon, ça avait pas l'air d'être des trucs de politesse, mais on sait jamais quoi.
On verra dans quelques années s'il vous recontacte pour son prochain film !
Toma : Après honnêtement, voir notre nom associé à celui de Mandicot, ça me pose pas de problème, le mec il est fan de tous les trucs qui me font fantasmer à la base, à chaque fois que je lui balançais des titres de films il connaissait pas ou peu, il allait checker, un cinéaste cinéphile.
Qui a du nez ouais
Toma : Donc à voir quoi, là si ça se trouve on va s'engueuler sur le chemin du retour & ce sera fini pour de bon (rires).
(Mec extérieur) Ben normalement on vous place pas dans le même wagon quand vous rentrez : "alors Toma voiture 14, Nafi voiture 17"...
Toma : Dans les chambres d'hôtel j'aimerais bien qu'on soit séparé parce que quand une fois tu t'es fait pissé dessus par ton pote sans qui s'en rende compte, ça créé une sorte de tension pour la fois d'après (rires).
Toma : Oh tu sais c'est tout con, tu vois les films de Maurizio Merli ? Les films des années 70 bien violents avec des flics... Dans ce cinéma là y avait une ambiguïté ; Tomás Milián qui jouait dans beaucoup de ces films était vachement d'extrême gauche – et le propos était censé être d'extrême gauche – mais t'as Maurizio Merli donc, le héros moustachu qui ressemble un peu à Franco Nero, qui lui avait des idées ultra à droite, à la "les flics ont pas assez de pouvoir, on va créer une milice, etc". Et le meilleur film de ce genre, en tout cas notre préféré à Nafi et moi, c'est Rome Violente, du coup c'est venu indirectement de là. On s'est croisés un soir avec Nafi, il devait jouer tout seul le lendemain un truc du genre, et il m'a demandé de jouer avec lui... Ça s'est fait comme ça un peu à l'arrache !
D'où vient le Scorpion ?
Nafi : Je voulais un nom de groupe avec un scorpion.
Par nostalgie allemande ?
Nafi : Les scorpions sont allemands ?
Le groupe ouais !
Nafi : Oh non rien à voir avec le groupe, l'animal ; c'est un animal avant d'être un groupe. Donc je voulais un truc avec scorpion dedans, et le violente est arrivé derrière.
Toma : On aime bien cette espèce d'erreur grammaticale qui est créée dans le truc, masculin-féminin.
T'as envie de prononcer à l'italienne, "violèneté"...
Toma : Y en a qui s'y sont risqués...
On a jamais retrouvé les corps. Ça s'est fini en Giallo. Du coup vous avez un style visuel assez fort ; est-ce qu'il y a moyen de retracer un peu l'origine de vos pochettes depuis l'EP Scorpion Violente ?
Nafi : Je dirais que le mot-clé serait : recherche random sur Google Image.
C'est vrai ? Vous tapez « moustache + années 80 » ?
Nafi : Nan on tape pas moustache, mais bon le premier tombe sous le sens vu que c'est l'acteur de Rome Violente, le personnage de l'inspecteur qui joue dans Rome Violente, Turin Violente, Milan Violente... y a toute une série de films. Enfin faut dire que c'est les VF qui titrent de cette manière, après en italien ça n'a rien à voir... C'est la période post-Dirty Harry ; donc t'as Dirty Harry qui était sorti avec Clint Eastwood, et l'idée c'était de faire de la surenchère – c'était des films qui devaient se vendre au cinéma puis en vidéo, donc il fallait que les jaquettes déboitent – si tu mets Rome Violente, Turin Violente les gens se disent "Wouah ça doit être le deux, ça a l'air encore plus violent que l'autre", etc. C'est juste histoire de faire des titres qui claquent. Donc voilà pour le premier EP, après celui où y a la meuf avec les cornes c'était sur le MySpace d'un groupe, je tombe sur cette image du coup je l'ai enregistrée...
Toma : La troisième, avec le japonais à la rose on sait même pas d'où ça vient...
C'est limite celle qui me posait le plus question !
Nafi : Mmh ça doit venir d'un film mais on connait pas l'origine.
Toma : J'avais dû taper "viol...", bon des trucs assez glauques...
Et ça te sort un mec avec l'air malaisant et une rose...
Toma : Le mystère reste entier !
Sur The Stalker, votre nouvel EP, j'ai l'impression que vous avez pris une direction un peu différente, qui me fait penser à du Suicide, ça m'amène un peu à la question assez générale : quels sont les groupes qui vous ont influencés et amenés à brancher les synthés ?
Nafi : Je comprends pas ce truc avec Suicide ; ça aussi été dit sur un autre article qui parle de l'EP, "Ils ont bouffé le fantôme d'Alan Vega" ce genre de choses, alors que bon c'est revendiqué : on copie Suicide depuis le début. Après peut-être que le dernier disque change un peu des autres, mais ça reste un truc synthé très minimal, voix avec de l'écho à la Alan Vega, ça on l'a toujours fait. Enfin moi j'ai l'impression que ça reste dans la lignée de ce qu'on a fait avant.
Toma : Après y a une espèce de micro rupture au milieu, il y a un moment où y avait des morceaux pseudo-efficaces, plus dansant à la DAF, alors que là on se retrouve dans des ambiances plus ambient, avec des inspirations plus krautrock.
Nafi : Rien à voir avec Suicide !
Toma : Y a un morceau quand même, qui est le seul à avoir été filtré en amont donc c'est peut-être pour ça, "The Knife", qui a clairement une odeur de Suicide. Mais c'est pas spécialement délibéré, ça hante le groupe depuis le départ. Là on a viré sur des trucs plus ambient, psychédéliques, j'écoutais plus de krautrock, de post-punk... Et puis y avait plein de points de rencontre entre Nafi et moi. Moi c'était vraiment les trucs planants et répétitifs des années 60, et ça a fini par maturer vers des trucs vraiment psychés, où notre côté efficace et dansant du début commence à se mettre en retrait.
Et à propos de dansant, c'est quoi le public type du concert de Scorpion Violente ?
Nafi : C'est plutôt des meufs bonnes, et des mecs gros et barbus. D'un extrême à l'autre.
Est-ce que ça bouge un petit peu où ça se contente de hocher la tête façon autiste ?
Toma : C'est à dire qu'il y en a qui ont la volonté de danser si tu veux, mais y a des morceaux qui sont littéralement casse-gueule à ce niveau là donc...
Les parties plus ambient j'imagine.
Toma : Ouais, et donc ils cassent la gueule.
Nafi : Le rythme est pas assez soutenu. Après j'ai l'impression que la réaction des gens – du moins du mec lambda qui vient sans trop connaître – c'est que ça dépend de l'heure à laquelle on joue et du niveau d'alcoolémie. On a parfois des trucs efficaces mais qu'on joue de moins en moins, on est plutôt sur des formats de 10 minutes, lents etc, du coup jouer comme on va faire là, en fin de soirée, c'est l'idéal. Je dis pas qu'il faut être bourré automatiquement mais faut que la soirée se doit déjà un peu déroulée si tu veux vraiment être dedans et pas prendre au dépourvu le mec qui vient d'arriver en mode "je viens de prendre ma place, ah tiens y a un concert qui commence" et là la musique c'est des drones au synthé, tu vois le truc...
Vous essayez d'adapter la setlist en fonction des conditions ?
Nafi : On essaie mais ça marche pas, j'ai pas souvenir d'une fois où on a joué tôt et où ça s'est vraiment bien passé. Après c'est idiot de dire ça, ça fait le groupe geignard qui veut absolument jouer en dernier, mais voilà.
Vous avez l'impression donc d'évoluer vers des morceau de plus en plus longs et planants ?
Toma : Disons que les morceaux les plus pêchus, les plus "demandés" en concert, sont plus vraiment ceux qu'on a vraiment envie de défendre. On bouge vers des délires plus psychédéliques.
Ce soir c'est la release party de votre nouvel album c'est bien ça ?
Nafi : Ouais ça a été vendu comme tel.
Un peu de teasing sur ce à quoi ça va ressembler ?
Nafi : C'est un album où il y a trois morceaux, les trois qu'on avait sous le coude à ce moment là. On avait juste un ou deux morceau en rab. Sur une face y a deux morceaux courts, environ 5 minutes, et sur l'autre face c'est un long morceau de 10 minutes. On avait deux morceaux de cette durée et le label a choisi. C'est pas un concept album, on est pas Yes, on a les morceaux qu'on a – mais sans avoir de concept, on est un groupe donc forcément on évolue et les morceaux que tu composes selon la période dans laquelle tu les crées viennent par paire ou par triplette, il va y avoir une ambiance générale commune. Tu évolues naturellement selon les périodes de ta vie.
Ouais là vous êtes juste dans une phase où vous êtes plus posés.
Nafi : Pas forcément plus posés, on écoute surtout d'autres trucs. Par exemple Suicide c'est un truc qu'on aime bien tous les deux depuis le départ et qui nous a clairement influencé. C'est pour ça tu nous en parlais, mais le seul papier que j'ai lu qui parle du dernier disque c'est clairement ça : "Ils ont bouffé le fantôme d'Alan Vega"...
C'est parce qu'il est mort y a pas longtemps !
Nafi : Alors sûrement, ça ressort !
Toma : Faut dire que le seul qui avait filtré c'était celui qui pue le Alan Vega jusqu'au trou du cul.
Nafi : Ouais mais bon des comme ça on en a fait des tas avant et on nous le ressortait pas.
T'as l'impression que les gens tombent des nues.
Nafi : Non mais t'as raison je pense que c'est un truc de l'actualité, Alan Vega est mort donc on en parle bien plus, ce qu'il a légué avant de mourir, tout ça. Après pour les morceaux les plus lourds qu'on a pu faire ; avant j'écoutais pas du tout de black metal par exemple, et maintenant un peu plus. Sans être un afficionado, mais les morceaux très lents et longs du genre c'est quelque chose qui me plait, le côté guitare/batterie ça a pu nous donner envie de voir ce qu'on pouvait faire avec une boite à rythmes et des synthés dans cette idée là.
Toma : C'est vrai qu'à un moment la tagline c'était "dance music for idiotic (?) drums", mais là c'est sûr que c'est plus adapté du tout – on est plus vraiment dans le côté bouge du cul.
Nafi : Ouais on a lâché les morceaux uptempo ultramélodiques.
Toma : Mais voilà c'était pas délibéré. Le glissement était progressif.
Est-ce que vous envisagez le live comme une entité totalement différente de l'album ?
Toma : La façon dont on fonctionne c'est qu'en studio on sort d'abord une première version d'un morceau pour avoir les bases, et finalement c'est souvent cette version qui finit sur le disque. Après le morceau évolue beaucoup à mesure qu'on le joue en live donc le résultat est forcément très différent.
Nafi : Ce qu'on sort c'est généralement des versions brutes. On est pas très productifs, on trouve un morceau, on l'enregistre très rapidement, on le sort à un moment X et on passe beaucoup de temps à le retravailler a posteriori. Après on se pose pas plus que ça la question pour les concerts, c'est pas spécifiquement pensé pour être différent de l'album comme tu le laissais entendre.
Nafi tu fais partie de A.H. Kraken, est-ce qu'il y a une histoire derrière le titre génial : "Elle avait peut-être 19 ans, mais pour moi elle en aura toujours 12" ?
Toma : Je revendique officiellement la parenté de cette vanne !
Nafi : Ouais c'est de lui. Boah c'est une bonne blague, ça fait un bon titre d'album.
Et ça marque, la preuve. Une journée dans le studio de Scorpion Violente ça ressemble à quoi ? Moi forcément je m'imagine des séances BDSM avec des vierges ensanglantées clouées sur les murs, mais si ça se trouve vous portez de pull en laine et vous sirotez des jus d'abricot en picorant des cracottes.
Toma : Tu fantasmes beaucoup je pense ! Le seul truc c'est qu'étant très timide j'ai tendance à porter mes lunettes de soleil en répet parce que je suis pas à l'aise, mais sinon on répète super pas souvent en fait.
Nafi : Genre une fois ou deux par an.
Toma : Si on a un concert on répète juste avant le concert.
Nafi : Là on a répété une heure avant de prendre le train. Non sinon une journée de studio je dirais que c'est une heure dans le local où on enregistre un peu.... Une journée équivaut à une heure, c'est à peu près comme dans les Sim's.
Vous avez un studio à vous ou vous louez ?
Nafi : On loue un studio avec des potes de Metz pour 20€ par an. On peut foutre la haine aux groupes de Paris comme ça. Sachant que je dois avoir 3 ans de retard et que Toma a jamais payé.
Ils sont pas relous.
Nafi : Y a 10-15 groupes de Metz qui répètent dedans, genre Singe Blanc, Daikiri, Noir Boy George, The Feeling of Love... C'est une annexe de la ville, à côté de la MJC d'une commune de Metz, avant ils y stockaient les tondeuses, tout le matos pour les espaces verts. Une sorte de bunker qui est collé à un local SNCF !
Nafi : Les mecs s'en foutent, la somme est symbolique ! Mais voilà, on a jamais vraiment été dans un studio, on a toujours eu notre local et on s'enregistre nous-même.
Toma : Sauf pour la BO de film.
Nafi : Si tu veux, mais c'est pas vrai.
Quelle B.O. de film ?
Nafi : On nous a proposés de faire la BO d'un film, et au bout du compte ils ont gardé que deux morceaux, pour un film qui va sortir bientôt. C'est un film indépendant hein.
Toma : Indépendant vite fait.
C'est pas le dernier Nolan.
Toma : C'est pas les Transformers quoi.
Nafi : C'est un mec qui nous a dit "ben j'veux que je vous fassiez la B.O.", et comme ça arrive souvent dans le cinéma on te propose un truc & ça évolue, de tous les morceaux il en a gardé 2.
Si vos morceaux durent dix minutes ça fait...
Toma : Il garde 6 minutes de musique, c'est dès le départ comme ça qu'il fonctionne : il fait tout lui même, il aime bien faire du collage des trucs comme ça. Dès le départ ça se sentait, il a une vision suffisamment spécifique pour être un control freak quoi.
Oui, je vois.
Nafi : Il parle pas par la négative, y a pas mal de fois où il nous a dit "ouais, j'aimerais bien un morceau 'dans le genre de'..." mais clairement t'avais l'impression qu'il avait envie d'avoir des morceaux spécifiques et pas notre version de ce morceau là. Avec lui ça s'est super bien passé mais dans les faits voilà à terme, y a que deux morceaux qui sortiront.
Donc il a pris deux morceaux à vous mais si ça se trouve il va juste utiliser des petites parties dans le film.
Toma : Ouais c'est genre à faire ça du, cut-up.
Nafi : On verra en voyant le film, c'est pas des morceaux qu'il a récupérés, c'est des titres qu'on a fait pour le film
Toma : On a juste un diaporama du film, ça a l'air de bien tabasser.
On a pas encore le droit d'avoir le nom ?
Toma : Ça s'appelle Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico.
Du coup ça va m'obliger à chercher je le verrais pas comme ça à l'UGC du coin.
Nafi : Il va sortir de manière underground. Je pense qu'il va passer dans des festoches.
Toma : Celui ci je pense qu'il va sortir en salle
Nafi : Ouais ça va sortir dans deux cinémas quoi...
Toma : Mais ses précédents moyen métrages sont passés en festival, il a réuni ça sous "La Trilogie des Hormones", et pour le dernier, Notre Dame Des Hormones, il avait pris "Rome Violente" pour la bande annonce, on le trouve sur internet et il est assez cool (elle est dans le lien au dessus). Il est influencé par des trucs à la Tarkovski, Dreyer, Jean Rollin, Dario Argento, c'est vraiment un mash-up de plein de trucs.
(Nafi s'excuse et part s'acheter des feuilles au tabac du coin avant que ça ferme)
Ça a tombe bien que tu parles de cinéma, vous avez déjà donné des indices avec Rome Violente, et tout les trucs dans ce style là, on sentait que vous étiez des amateurs de cinéma de genre, est ce que t'as des exemples de films à donner pour continuer à approfondir l'expérience Scorpion Violente, au travers de films qui vous ont inspirés ?
Toma : Alors pour faire vite fait... Mais j'y pense, pour les références musicales, on en a pas causé tout à l'heure mais y a Throbbing Gristle, une pierre angulaire, un truc sur lequel on s'est reposé tous les deux. Pour le cinéma en fait, tu sens quand même la présence de Carpenter.
Clairement ouais, quand tu penses à un mec qui fait la musique de ses films avec des bons gros synthés.
Toma : Voilà, bien old school, sinon, à titre perso, pas forcément lié au projet Scorpion Violente, mais les séries B c'est un truc vraiment dans lequel j'ai baigné assez tard, mais de manière ultra intense. Je suis tombé dedans à pieds joints et à chaque fois que Nafi et des potes venaient je leur imposais un visionnage d'Argento, tu sais Suspiria, avec la BO de Goblin, j'étais tombé à genoux, et donc y'a tout cet univers là qui se retrouve indirectement dedans. Mais en inspiration directe, clairement, surtout Carpenter. Je suis un grand fan de Jess Franco, avec tout ce que ça implique en termes de BO qui sont assez hétéroclites. Nafi était vachement plus fan de ça et avant moi, j'y suis revenu plus tard en me prenant vraiment la claque à retardement.
Du coup avec les années vous avez développé, je sais pas si on peut dire ça comme ça mais, développé une réputation culte...
Toma : Cul-Te ? (rires)
Oui, j'ai entendu Cul aussi quand je l'ai dit. Je me demandais comment ça s'était passé depuis le début pour la diffusion de votre musique, vous avez eu des opportunités particulières, des gens qui en ont parlé, ça a amené pas mal de gens vers vous, notamment toi t'as un compte SensCritique et tu prêches la bonne parole depuis longtemps, est ce que tu penses que ça a amené des gens à...
Toma : Du tout ! Je suis pas très prolixe à ce niveau là, j'en cause pas tant que ça. Oui j'ai déjà fait une critique & demi en disant que c'était le meilleur disque du monde (rires). Doit y avoir trois personnes qui l'ont lue, 2 qui ont rigolé et une qui n'a pas aimé. Là pour le coup Nafi avait une grosse assise dans la scène Metzine, avant de faire de la musique il a commencé par organiser des concerts de façon très très active. Donc tous ceux de la périphérie qui joue à Metz, donc tout ça c'était lui qui organisait, lui & ses potes, A.H. Kraken tout ça, c'était un socle, accidentel, sur lequel on s'est beaucoup posé. Après est venu ce phénomène de mode un peu pète-couille où tout le monde voulait claquer une croix de la Triple Alliance sur leur album, y'a un moment où on organisait des concerts sous un pont à Metz, parce que c'était le seul endroit suffisamment excentré et suffisamment peu officiel pour pas qu'on se fasse emmerder. Et Nafi recevait des coups de fil pour savoir si les groupes avaient le droit de jouer sans ce logo quoi. Alors là on s'est dit stop, basta. Du coup je suis même pas sûr qu'on en ait foutu une sur le dernier album, y'en a qui continuent à revendiquer le truc, notamment The Feeling Of Love qui joue ça à fond. C'est un truc dont on se sert pas.
Après en terme de production... t'avais dit le mot culte mais je sais pas dans quel sens ?
C'était dans le sens super large, mais on peut utiliser un autre mot...
Toma : Pour te dire, on démarche littéralement personne. Quand on nous propose des trucs on regarde si c'est possible, moi vu que je taffe si j'ai l'option ou pas...
Pour votre BO c'est le mec qui est venu vous voir ?
Toma : Ouais, il est arrivé & nous a dit "bon écoutez les gars, j'ai utilisé Rome Violente pour une bande annonce, je voulais pas la sortir avant votre autorisation, mais ce serait cool que vous me la donniez quand même". Bon voilà la bande annonce était cool, ça nous a pas posé de problème, ça s'est fait comme ça, mais globalement...
Vous démarchez pas.
Toma : On va pas démarcher un lieu pour faire un concert, c'est les lieux qui viennent. C'est pour ça qu'on joue aussi peu quoi, c'est parce qu'on est des gros fainéants tous les deux, Nafi a plusieurs projets à gérer, moi je suis peinard de ce côté là, la plupart de mes projets sont bornés, c'est un concert tous les deux ans, ça se fait plus au fil de l'eau.
Ouais c'est incidentel quoi, t'observes que les gens viennent, tu fais partie d'une scène...
Toma : C'est pour ça qu'on a fait une page FB, y avait pas mal de propositions qui allaient sur une fanpage, et les mecs pensaient qu'on leur mettait des vents alors que non, c'était juste pas notre page quoi. Mais finalement la nôtre on la gère exactement pareil que la fanpage (rires), on regarde les messages une fois tous les deux ans alors bon...
Le résultat est le même !
Toma : Ouais, c'est pas plus efficace. Et du coup Nafi il était un peu plus libre jusqu'à y'a pas longtemps, moi j'ai toujours eu un taf à 2/3 temps on va dire, plus chiant qu'un mi-temps mais pas aussi intéressant financièrement qu'un plein temps, donc du coup on pouvait jouer les plus branleurs qui choisissent leur date.
(petit blanc dans lequel Toma propose une bière à notre cher reporter, avec un mec en anglais qui prend toute la place derrière)
Là de toute façon j'ai plus qu'une question, c'est pas vraiment une question sérieuse mais, pour conclure, est ce qu'il y a une espérance de vie programmée pour Scorpion Violente, vous continuerez jusqu'à ce que la mort vous sépare, ou vous vous êtes dit que tant que ça vous fait tripper...
Toma : Bah écoute, au bout de deux ans, on parlait déjà de splitter en tant que blague, mais c'est un running-gag qui va probablement finir par arriver un jour ou l'autre. Mais ça a l'air bien parti pour plus ou moins durer. On s'engueule tous les deux ans, ce qui fait que...
Ça met les choses à mal, et puis une date de concert arrive de nulle part et puis bon...
Toma : Ouais voilà, genre "allez, on fait encore celle là et puis...". Pour être honnête, pour te répondre sérieusement à une question qui l'est pas, c'est que je vieillis mal en fait. Je fatigue vachement plus vite, je déprime beaucoup plus... J'ai 40 piges, 'fin je vais avoir 40 piges cette année. Et à chaque fois quand on fait des riders, je dis "ouais faudrait que l'hôtel ou l'endroit où on dort soit pas trop loin du lieu comme ça si j'ai un coup de barre à 22h30 je puisse aller me coucher" (rires).
Ça réduit un peu la possibilité concerts potentiels ouais.
Toma : A priori là c'est reparti pour un tour..
Ouais là avec l'album qui sort vous allez avoir des dates qui se calent.
Toma : L'album c'est un cas particulier, parce que ça fait un bon bout de temps qu'il est enregistré, on a fait le master & le test pressing y'a quasiment deux ans, et tout ce qui manquait c'était un insert. (rires) Et on a mis deux ans à faire l'insert. Ça te donne un peu la gueule du truc quoi, "c'est moi qui le passe à la machine" "non, non, j'le fais t'inquiète", et puis ça a un peu changé, la vie perso de Nafi a évolué, la mienne ben j'ai l'énergie qui est en train de baisser au fur & à mesure... Après ça va peut être évoluer, y a pas de formule à la base, le seul truc c'est qu'on soit deux avec des synthés, mais c'est pas exclu que les impros musicales évoluent avec le temps quoi. On s'intéresse beaucoup à tout ce qui est occultisme, magie...
Ne serait ce que la pochette avec les cornes...
Toma : Là c'est plus un clin-d'oeil gagesque, si tu regardes bien dans le détail la meuf elle a des bleus, dans le fond c'est pas des pierres c'est un papier peint couleur pierre...
Ah ouais ? J'avais pas vu !
Toma : Ça pue l'espèce de truc de fin de soirée, mytho/sex/sataniste qui tient pas la route, les mecs qui ont organisé une soirée sataniste pour baiser des p'tites meufs qui se déguisent.
Le truc complètement cheap.
Toma : Après c'est marrant avec cet album là, le dos de la pochette a été retiré de Discogs en fait.
Et c'est quoi le dos de la pochette ?
Toma : Ben en fait c'est deux photos, en fait t'as les titres et tout ça, et t'as une photo de Nafi et de moi, Nafi c'est avec un gosse qu'il a rencontré à un concert, il avait un t-shirt (d'un truc) donc il a demandé aux parents s'il pouvait se prendre en photos avec le gamin et moi c'est la copine d'une élève quand j'étais prof d'anglais, l'élève en question osait pas me demander pour se faire prendre en photo avec moi donc elle a d'abord balancé sa [incompréhensible], donc la meuf, elle me connaissait pas, je la connaissais pas non plus, moi j'étais en sueur parce que c'était en été, donc la gamine elle est en position là comme ça (il doit mimer), comme si je l'avais torturée & violée pendant plusieurs jours. Et donc on a mis les photos d'elle, et des bandeaux sur nos yeux à nous, pas à la gamine, donc la photo elle est borderline à mort (rires). Quand on a tourné en Italie, dans une ville en particulier, y a un mec qui nous tournait autour,on savait pas trop qui c'était, et donc il nous dit : "ouais derrière, c'est ta cousine, c'est ta sœur..." et je lui fais "bah écoute, je peux pas trop en parler, le procès il est toujours en cours, ils ont pas retrouvé le corps de la meuf", et le mec très 1er degré il me croit sur paroles quoi. Il était à deux doigts d'appeler les flics ! Y a le patron du label qu'a désamorcé le truc "faut pas l'écouter, c'est un connard etc". Et donc sur Uberschleiss, c'est pareil, y a que le devant de la pochette et pas le dos ! Après je sais pas si c'est un oubli ou une volonté délibérée, parce que dans cette image qu'on a utilisée, y a un gosse qui est pris en otage si tu veux, donc devant t'as le gosse attaché avec un bandeau sur les yeux, et derrière t'as un mec qu'est debout, de profil avec un flingue sur la hanche, genre mon flingue = ma bite, donc c'est sale, c'est vraiment sale. Le devant ça passe à peu près tout seul, mais si tu le mets avec le derrière (rires)... c'est abusé !
« Encore ? on vous avait dit pas recommencer pourtant ! »
Toma : Et donc pour revenir à ta question...
Ça continue & ça peut évoluer...
Toma : Ouais voilà, ça peut basculer, et la bande son du film, ça nous a permis de réaliser un truc qu'on voulait faire depuis longtemps. Outre le fait que ce soit une bande son, ça faisait un p'tit bout de temps qu'on causait de faire un projet en utilisant d'autres instruments et une autre installation, donc c'est l'occasion qui a fait le larron plus ou moins, Nafi réparant pas mal de synthés, avec des pédales etc, on a utilisé pas mal de synthés que lui avait en stock, j'avais ramené un micro bruit que j'avais acheté...
Et du coup ce que vous avez fait sur la bo c'est vachement dissemblable, c'est différent de... enfin comme le dispositif est différent est ce que c'est dissemblable du reste vraiment ?
Toma : Alors au résultat pas tant que ça. Disons que ça renoue plus avec la musique sérielle, comme Terry Riley tu vois, en un petit peu casse gueule, mais on est encore dans notre zone de confort. Après comme il a gardé que 2 morceaux sur les 5/6 qu'on lui a envoyés, on a eu un échange très cordial mais...
Il a sa vision...
Toma : Oui, donc nous est ce qu'on a su se prêter au jeu ou pas, je sais pas, parce que quand tu fais une bande son t'es sensé te mettre en retrait par rapport à ce que tu fais d'habitude et te mettre au diapason de ce qui va se faire dans le film. Et je sais pas si on a su le faire ou pas. On a fait ça en trois sessions, c'était à partir des demandes du gars, il a tout aimé, sincèrement, c'était pas des « Ouais ! Vachement bien merci »
Oui c'est pas qu'il a pas aimé votre musique, c'est plus que tout n'avait pas forcément sa place dans le film.
Toma : Oui c'est ça, et notre vision n'était probablement pas la sienne, c'est tout à fait normal. C'est pour ça qu'on l'a pas pris à titre personnel, on l'a pas mal pris et d'ailleurs dans les derniers échanges de mails il nous proposait de rebosser avec lui. Bon, ça avait pas l'air d'être des trucs de politesse, mais on sait jamais quoi.
On verra dans quelques années s'il vous recontacte pour son prochain film !
Toma : Après honnêtement, voir notre nom associé à celui de Mandicot, ça me pose pas de problème, le mec il est fan de tous les trucs qui me font fantasmer à la base, à chaque fois que je lui balançais des titres de films il connaissait pas ou peu, il allait checker, un cinéaste cinéphile.
Qui a du nez ouais
Toma : Donc à voir quoi, là si ça se trouve on va s'engueuler sur le chemin du retour & ce sera fini pour de bon (rires).
(Mec extérieur) Ben normalement on vous place pas dans le même wagon quand vous rentrez : "alors Toma voiture 14, Nafi voiture 17"...
Toma : Dans les chambres d'hôtel j'aimerais bien qu'on soit séparé parce que quand une fois tu t'es fait pissé dessus par ton pote sans qui s'en rende compte, ça créé une sorte de tension pour la fois d'après (rires).
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