Edh

Par Jekyll [mercredi 23 septembre 2009]

A l’occasion de la sortie du nouvel album d’Edh, les New York Tracks 2001-2002, voici l’interview réalisée par Jekyll…



Déjà, on imagine que ce nom, New York Tracks 2001-2002 n’ a pas été choisi par hasard…

Oui, effectivement,  j’ai tout enregistré là bas, sur cette période…

Et qu’est ce que tu faisais là  bas ?

Ecoute je me le demande ! (rires). Non en fait j’ai suivi quelqu’un là-bas. Et je me suis donc retrouvée trois ans à NY. C’était une période assez étrange et difficile…

En plus, c’est amusant, ta visite là-bas a coïncidé avec  le fameux 11 Septembre ! D’ailleurs ton album sort le même jour…

Ouais c’est marrant, hein ? (rires)

Tu penses que cet événement a déteint sur tes compositions ?

D’une certaine manière, bien sûr, oui ! Alors il est vrai que j’avais commencé à faire ces morceaux avant le 11 Septembre, et que la base était déjà là. Mais c’est sûr qu’après cet événement, la vie a NY a changé, l’ambiance était différente et donc forcément ça a joué sur mes compositions.

Alors justement, pile au milieu de l’album, il y a cette piste hallucinante avec juste des bruits de bouchons qui sautent… Est-ce qu’on peut y voir là  une volonté de diviser l’album entre un pré-11 Septembre et un post 11 Septembre ?

Non pas vraiment, c’est juste que l’ensemble des chansons a été composée sur deux ans et que sur cette période il y a eu des moments très sombres, et des éclats un peu plus lumineux. Sur l’album je n’ai pas fait quelque chose de chronologique, c’est plus une représentation de divers états émotionnels…
Mais d’ailleurs j’ai eu beaucoup de mal à faire cette tracklist, parce que je n’avais pas beaucoup de recul sur ce travail, qui est finalement très intime. Et trier tous ces morceaux c’était quelque chose de presque pénible en fait ! (rires) Du coup c’est Anthony (aka Hypo) qui m’a aidée à la constituer.
Au final, en tout cas, il y a quand même dans cette deuxième partie d’album une volonté plus forte de s’ouvrir sur l’extérieur, d’être plus accessible, plus proche des auditeurs. Parce qu’à la base je n’ai pas fait ces morceaux en pensant les faire écouter un jour à quelqu’un.  C’est un travail de pure introspection, mais sur la deuxième partie, cela regroupe des morceaux où j’étais dans un état un peu plus léger.
Et puis sur la fin du disque, ça se referme à nouveau, vers quelque chose de plus sombre.

Par rapport au format de tes chansons : un peu comme chez Hypo, avec qui tu as l’habitude de travailler, on dépasse rarement les deux minutes… Pourquoi ?

En fait ce sont des formats courts car ces chansons ont été crées en quelques heures. Ce sont des morceaux  que je retouche à peine. C’est souvent simplement basé sur une idée de mélodie…

Mais est-ce que tu as conscience du potentiel commercial de ces chansons, globalement très vite assimilables, très carrées, si elles étaient plus longues ?

Oui mais j’ai aussi conscience que si elles étaient plus travaillées elles perdraient beaucoup en spontanéité, et qu’elles pourraient devenir moins intéressante!

Sur l’album il  n’y a quasiment que des claviers…

Il y a UN clavier ! (rires). Enfin parfois une petite guitare jouet, et un harmonium.

Et c’est quoi alors comme clavier ?

C’est un clavier analogique des années 80, un Roland Juno Alpha 2.  C’est un clavier qui a été assez connu à cette époque. Je l’ai acheté un peu par hasard dans un magasin parce que le son me plaisait et qu’il n’était pas trop cher… Du coup, ça a été mon synthé pendant presque 10 ans !

Et tous les sons que l’on entend sur l’album, ils sont purs ou retravaillés avec des effets, des pédales ?

De temps en temps il y a des effets, oui, mais ils sont ajoutés informatiquement…Et oui, beaucoup d’effets sur la voix. Beaucoup de réverb, d’echo.

Et c’est quelque chose qui t’intéresse le travail du son, justement ?

Oui et non… Sur cet album en particulier, pas vraiment ; toujours pour garder cette idée de spontanéité.

On parle de clavier, mais en regardant des extraits de concert  sur ta page Myspace, on te voit avec une basse…

Oui, c’est qu’en fait il y a deux ans je me suis acheté une basse, et depuis je mets de la basse dans tous mes morceaux.

Et sur une vidéo notamment, on te voit jouer dans une église !

Oui c’est assez surprenant…  J’ai joué dans un petit village en fait, cet été, et on était censé jouer dans la forêt. Mais en fait il a plu donc on a du jouer dans l’église…

Vous avez « du » ? (rires) Mais on vous a autorisé à jouer dans l’église !?

Oui c’était surprenant, je ne pensais pas non plus que c’était possible… Et d’autant plus surprenant que la musique produite se prêtait assez peu au lieu ! En plus dans l’église il y a avait des pratiquants du village, qui venaient voir un petit peu ce qu’on faisait (rires). Donc le public était quand même très particulier… Ca donnait même carrément l’impression de faire la messe !

Et quel accueil tu as reçu ?

Sans te mentir je te dirais quand même qu’il y a la moitié du public qui est parti au milieu du concert ! (rires)

Et l’autre moitié ?

Elle est restée. Mais franchement techniquement c’était assez difficile parce qu’il y avait beaucoup de réverbération… Donc le son était un peu « dur ». En tout cas c’était un très chouette moment, j’ai adoré!

Tu chantes beaucoup sur l’album, mais la voix est assez en retrait… Tu pourrais nous dire comment tu écris tes paroles ?

En fait la moitié des choses que je dis je ne sais même pas quel sens ça a ! J’écris comme je compose, c'est-à-dire que c’est super spontané, je fais du yaourt, et je ne change rien ! (rires)

Et pourquoi le choix de l’anglais pour s’exprimer ?

Eh bien parce que je trouve le français très dur à manier pour la musique. C’est une langue qui fait assez vite littéraire, et ça me semble très difficile d’être spontané en français. Trafiquer les mots, les malmener, c’est également beaucoup plus facile de le faire dans une langue étrangère.

L’album sort dans un format un peu particulier, de l’édition limitée en CD-R. Pourquoi ce choix ?

Eh bien c’est un choix perso d’un petit label américain qui demande à ses artistes de sortir beaucoup de choses. L’idée m’a intéressé parce que justement c’était aux US, et je me suis dit, tiens ! pourquoi ne pas renvoyer ces morceaux d’où ils viennent ! (rires)
Mais finalement, il s’est avéré  que la politique du label ne m’intéressait pas donc j’ai refusé  de le sortir chez lui. Et aujourd’hui c’est donc un autre label américain, Matte Black Editions, qui se charge de la distribution. C’est un tout nouveau label, qui a une sélection d’artistes que je trouve vraiment super intéressante.

L’album est  aussi en téléchargement libre…

Payant ou gratuit, je pense que l’important c’est d’arriver à ce concentrer sur un disque. La grande majorité des sorties finissent de toute façon sur des plateformes de type deezer ou autre. Je préfère affirmer le choix de la gratuité dés le départ.
En fait, maintenant quand on fait de la musique à un niveau indépendant, on ne gagne plus vraiment d’argent, mis à part avec les concerts... en production les labels on beaucoup de mal, ceux fonctionnant sur des anciens modèles ont énormément de difficultés, les autres aussi d’ailleurs. Il est plutôt temps d’essayer de nouvelles choses au risque d’aboutir sur des impasses. Et puis sur ce projet je n’avais pas envie de faire une production de « vrais » CD. Finalement, pourquoi encombrer le marché de pleins d’objets qu’il va falloir essayer de placer, de vendre etc. (rires).

Donc tu es une passionnée de musique, mais l’objet CD ne t’intéresse pas ?

Eh bien je m’aperçois que ça m’intéresse de moins en moins. Avant j’étais déjà un peu plus séduite par les vinyls que par les CD. Et aujourd’hui je n’achète même plus vraiment de vinyls, je me contente de fichiers, comme beaucoup de gens je crois…
Ceci dit je conserve quand même l’idée de l’objet, j’aime ça aussi. Et c’est pour ça que je ne le propose pas qu’en téléchargement, mais que je fais aussi une production artisanale de CD-R ! (rires)
J’aime aussi cette méthode, car c’est un objet par un objet. Ca convient très bien à cette sortie. Et encore une fois, pas de surcharge de production.

C’est donc dans une logique purement écologique que tu produis NY Tracks
2001-2002
 ? (rires)


Oui presque ! (rires) C’est vrai qu’avec cette démarche on perd beaucoup de crédibilité aux yeux de la presse ou des médias, et c’est un peu le problème... On aimerait bien que ces gens là passent un peu plus de temps à essayer de comprendre se qui se passe réellement. Et finalement ce qui se trame derrière leur dos.

Pour revenir à ton label, tu pourrais nous donner quelques artistes de chez Matte Black Editions qui te plaisent ?

Gross Ghost, Zackey Force Funk, Dead Times, Pashly, Unison… Une compilation du label sort dans deux trois semaines d’ailleurs. Probablement en téléchargement libre.

Et puisqu’on est dans les noms, est-ce que tu pourrais nous citer certaines de tes influences ?

Alors le souci c’est que j’ai un gros problème de mémoire avec les noms, c’est épouvantable ! Mais on peut quand même citer des gens qui m’ont marqué. Notamment quand j’étais à NY j’étais assez fan de Daniel Johnston, que j’ai d’ailleurs vu là bas en concert.
Plus récemment, dans un registre un peu similaire: Ariel Pink.

Des gens un peu plus connus ?

Dernièrement j’ai assez accroché  sur Gang Gang Dance. Et puis de manière générale, tout le mouvement cold wave quand même !

Voilà  c’est ce que je voulais entendre !

Oui bien sûr, Joy Division, les Cure notamment, dont on a d’ailleurs fait une reprise avec Hypo sur The Correct Use Of Pets (« Lament » NDLA)

Et dans le francophone ?

Euh, ouais… (blanc) Je sais pas… Si les Bérus ! (rires)

Finalement pourquoi tu as voulu sortir ces chansons qui étaient dans un tiroir depuis 6/7 ans ?

Ben écoute je me suis franchement posé la question. Je me suis aussi dit que ça pouvait être une très mauvaise idée, que c’était pas la peine de le faire et  pas vraiment un cadeau …

Oh ! C’est pas si triste que ça non plus les NY Tracks !

Oui mais j’ai quand même un rapport émotionnel un peu dur avec ces morceaux, et c’est aussi pour cette raison que je ne les ai pas sortis plus tôt je pense… J’ai plutôt eu tendance à les ranger pour oublier cette période un peu pénible.
Mais bon finalement je les ai ressortis il y a peu de temps parce que le fameux label américain m’avait contacté. En réfléchissant, je me suis demandé ce que j’avais en stock, et c’est là que je suis retombé dessus. Et finalement j’étais quand même assez contente de les réentendre ! (rires)

Tu as co-écrit avec Anthony Keyeux aka Hypo The Correct Use Of Pets il y a quelques années, et c’était déjà le fruit d’une longue collaboration avec lui. Tu peux nous raconter un petit peu comment vous vous êtes rencontrés  et comment vous travaillez ensemble ?

En fait avec Anthony on se connait depuis très longtemps, mais on s’est vraiment connus à la fin de ma période à NY en 2003. A ce moment là il m’a contacté pour que l’on écrive des morceaux ensemble sur son prochain album. Il avait découvert des morceaux à moi antérieurs à ceux de NY, et m’a dit qu’il était très fan, qu’il fallait les sortir absolument. C’est d’ailleurs lui qui m’a aidée à trouver un label pour mon premier album « Morgen » sur le label Japonnais Intikrec.

On pourrait dire que vous êtes un peu complémentaires tous les deux ? Lui le côté un peu fou fou et toi le côté plus posé, plus mélodique ?

Oui. Mmmh… J’aurais du mal à dire ça. Je crois qu’on s’autodétruit l’un l’autre plutôt ! (rires)
Enfin, j’aurais plus tendance à  construire sur Anthony  et Anthony détruire sur moi !

Pour finir, est ce que tu t’apprêtes à sortir un autre disque prochainement, puisque ces pistes sont vieilles de quelques années ?

Oui au mois de Janvier je sors un LP qui s’appellera Prédature sur le label Lentonia. Et puis je serai aussi présente sur le prochain disque d’Hypo, Coco Douleur, dont la sortie est aussi prévue au mois de Janvier 2010 sur Tsunami addiction.

Prédature… En rapport avec Predator ?

En rapport avec tout ce qui se finit par « ure » et se commence par « pré » ! (rires) 

Les « New York Tracks 2001-2002 » sont téléchargeable à cette adresse : 

http://matteblackeditions.com/EDH-NY.html 

A signaler également, un EP sur le Label Lentonia Records 
EDH - 7 ‘’ 
http://www.lentonia.com/ 

 





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