Seasick6

Lok vous a déjà parlé de Mon Cul en long, en large, et en travers, et vous devez certainement savoir qu'on y trouve étonnamment certains des groupes et artistes les plus intéressants à sévir en France et en Europe. Ceci dit, connaissant les goûts parfois étranges de notre administrateur et de Wazoo, son comparse le plus enthousiaste en matière de Tofu, vous pouviez légitimement vous inquiéter sur le fait d'y trouver des groupes audibles en plus d'avoir un concept plus-original-tu-meurs et un nom avec un jeu de mot imparable.

Vous pouvez déjà vous rassurer, si un ayatollah monomaniaque du rock simple à guitare tel que moi est capable de trouver son compte dans le large catalogue du label séquano-dionysien (dites "du 9 3" si vous préférez garder un côté street life), c'est que des gens comme vous qui êtes probablement plus ouverts y trouveront également de quoi se satisfaire. En l'occurrence, parlons de Seasick6.

Sur ce premier album au nom imprononçable, le groupe répond à cette équation improbable : comment faire du surf quand on n'a ni soleil, ni plage ? Et leur réponse est assez simple : on s'en fout ! Attention, cela ne veut pas dire que vous allez écouter une farce comique potache, simplement qu'il apparait très clairement que les musiciens font ce qu'ils veulent sans se soucier des règles et des frontières de genre. Au final, on a un surf qui sait coller aux canons du genre mais qui n'est pas uniquement instrumental (sacrilège !) et qui sait aussi s'en éloigner quand l'envie lui en prend, avec l'énergie et la rage punk, une dose de post-punk pour la noirceur, quelques courts écarts électro limite dance 90s parce qu'ils ont envie, des collages sonores, une imagerie satanique (Hexakosioihexekontahexaphobia c'est la peur du nombre 666), bref un objet musical assez unique qui se définit comme du surf sans soleil et qui peut être résumé en son morceau-titre, une belle démonstration de 7 minutes. En tout cas, on est très éloigné du punk californien suédois des Satanic Surfers !

Surtout, le tour de force de cet album, c'est sa cohérence. Avec une musique qui puise aussi largement dans des influences parfois surprenantes, il est incroyable d'avoir un disque qui se tient aussi bien ! On pourrait à la limite regretter la trop forte présence de morceaux instrumentaux quand on écoute les fabuleux titres à voix "Social Drowning" ou "Motion Sickness", mais vu que le groupe se revendique surf, ce serait comme reprocher à un groupe de space rock de faire des morceaux trop longs et chiants.

Au final le seul regret qu'on aura, c'est que ce premier album est posthume : le groupe s'est séparé avant même sa sortie, avec seulement une démo et un split épuisé à son actif. Même les plus sataniques des groupes de true evil black metal en rêveraient. Cependant, plutôt que de les pleurer, on peut reporter toute notre attention sur leur side-project Ultra-Démon qui n'est pas non plus dénué d'intérêt.