Mx-80 Sound
Out Of The Tunnel |
Label :
Ralph |
||||
Forts de leur premier album Hard Attack et mus par une sacré excitation créatrice, MX-80 Sound décide en 1978 de déménager à San Francisco, là où se développe une énorme énergie artistique. Rapidement s'en suivent quelques concerts dans le milieu musical punk, mais le groupe va être bien déçu. Là où ils pensaient être dans leur bain, ils se font plus ou moins prendre de haut car pas assez dans les codes stricts du genre. Pourtant, Jello Biafra des Dead Kennedies, alors chef de file de la scène punk de l'ouest américain, est fan du groupe. Mais rien n'y fait, les débuts californiens ne rencontrent pas un enthousiasme débordant de la part du public d'une part, ni du milieu musical punk d'autre part. A tel point que Jeff Armour, un des deux batteurs, est tellement écoeuré qu'il choisit de quitter le groupe. MX-80 Sound devient donc un quartet, formule plus classique. Venant du jazz, son départ va en conséquence ancrer encore plus profondément le son du groupe dans le rock, et l'aspect jazz de leur musique va alors devenir secondaire. De l'aveu même du groupe, cette nouvelle formation va en fait leur permettre de voir plus clair dans leur orientation musicale, d'encore mieux définir leur son déjà si particuliers.
Mais c'est cette singularité qui va pourtant leur permettre d'assez vite trouver un label. Et il fallait bien quelques barges de services pour leur ouvrir leurs portes ! Et ces barges s'appellent...The Residents. C'est sur leur excellent label Ralph Records que signera MX-80 Sound, et ceci pour deux albums ! Au côté d'autres artistes tous marqués par un goût pour l'expérimentation et le refus de l'étiquette ; citons entre autres Snakefinger, Chrome et Tuxedomoon, sans parler des patrons évidemment ! En 1979, le label publie la compilation Subterranean Modern sur laquelle figurent trois titres inédits de MX-80 Sound, au côté de Chrome, The Residents et Tuxedomoon. Mais il faudra attendre l'année suivante pour qu'arrive le second album du groupe, Out of the Tunnel.
Comme dit précédemment, le groupe en version côte ouest a perdu un de ses deux batteurs, et le premier constat à l'écoute de ce nouveau disque est une forme moins baroque, moins bordélique, moins jazz. Pour autant ces aspects existent toujours, mais ils sont maintenant soumis à une cohésion de composition peut-être plus forte. On est en 1980 et le post-punk est roi. Avec ce nouveau disque on est en plein dedans, même si, un peu à la manière d'un Pere Ubu, notre groupe faisait déjà du post-punk...dès le tout début du punk. Le parallèle entre les deux groupes n'est pas innocent puisque les membres de MX-80 Sound déclareront plus tard que le seul groupe auquel ils arrivent à s'identifier, c'est Pere Ubu. Même goût pour l'expérimentation sous influence de Captain Beefheart, autour d'une base blues, tous deux viennent aussi de villes du Midwest US, loin des gros pôles musicaux rock de l'époque que sont New-York et San Francisco. Difficile cependant de comparer plus loin leur musique, chacun s'attachant à creuser une identité sonore propre et fonctionnant selon ses codes.
Dans Out of the tunnel, le post-punk est en effet bien malmené. La faute a des instrumentistes s'autorisant à peu près tout. Maintenant que le son rock domine très largement leur musique, les guitares prennent aussi bien plus d'importance, et chaque morceau est un déluge sonore électrique qui explore plusieurs directions. MX-80 Sound ose tous les ingrédients : des riffs hard-rock aux expérimentations no-wave, d'un son aux guitares claires à un fatras métallique noise. Il est ainsi difficile de parler de leur musique si disparate sur le papier et qui pourtant sur disque possède une cohésion totale. Il faut dire qu'on a ici affaire a de sacré musiciens ! Et pas seulement la guitare de Bruce Anderson si souvent vantée. La bass de Dale Sophiea n'est notamment pas en reste. Elle mêle à la fois virtuosité et créativité, puise dans le jazz, le funk, et la ressort dans un écrin rock qui semble parfois sortir de nulle part. Et c'est un peu le cas. Le disque possède une tonalité surréaliste assez particulière ; il faut peut-être un peu de temps au début pour appréhender toute cette richesse, tout ce qui sonne parfois comme des contradictions.
On croise toujours sur ce disque quelques morceaux qui sonnent comme du Sonic Youth avant l'heure : "It's Not My Fault". Très américain donc, mais il est assez marrant de constater aussi une utilisation régulière du chant en choeurs qui évoque aussi bien le punk anglais qu'une mythologie pub rock paillarde...mais à la sauce MX-80 Sound, ce qui renforce le côté surréaliste de leur musique ("I Walk Among Them"). "Man In The Box" et sa guitare anguleuse est quant à lui sur la même longueur d'onde que le "Doc at the Radar Station" de Beefheart sorti la même année. Le dernier titre " Metro-Teens " termine superbement l'album de son groove à la Gang of Four : aussi dansant, aussi tordu. Mais surtout, SURTOUT, il ne faut pas oublier le huitième morceau, "Gary And Priscilla". Peut-être le tout meilleur morceau de MX-80 Sound, un classique du noise-rock dingue et unique. Encore une fois, c'est un défi de décrire ce qu'on entend, mais la meilleur définition pourrait être la suivante : une musique de défilé militaire no-wave, croisée à un funk ralenti, qui évolue en transe folklorique électrique. C'est barbare et improbable certes, mais la forme est simple : un riff répété autour duquel ondule une bass ultra inspirée et une batterie implacable qui vient souligner la guitare. Absolument fantastique, entre Shellac et The Ex pour des références plus connues, mais c'est avant tout du MX-80 Sound, point barre. Quel groupe !
Ce disque sorti donc en 1980 n'a été réédité que sous une forme regroupée avec l'album suivant en 1993 sur Quadruped, le label créé par le groupe, puis en 1996 sur le label Atavistic Records. Cette réédition porte le nom de Out of Control : Out of the Tunnel + Crowd Control, les deux disques du groupe parus sur Ralph Records. Ce Crowd Control est aussi excellent. Mais c'est l'objet d'une autre chronique !
A suivre...
Mais c'est cette singularité qui va pourtant leur permettre d'assez vite trouver un label. Et il fallait bien quelques barges de services pour leur ouvrir leurs portes ! Et ces barges s'appellent...The Residents. C'est sur leur excellent label Ralph Records que signera MX-80 Sound, et ceci pour deux albums ! Au côté d'autres artistes tous marqués par un goût pour l'expérimentation et le refus de l'étiquette ; citons entre autres Snakefinger, Chrome et Tuxedomoon, sans parler des patrons évidemment ! En 1979, le label publie la compilation Subterranean Modern sur laquelle figurent trois titres inédits de MX-80 Sound, au côté de Chrome, The Residents et Tuxedomoon. Mais il faudra attendre l'année suivante pour qu'arrive le second album du groupe, Out of the Tunnel.
Comme dit précédemment, le groupe en version côte ouest a perdu un de ses deux batteurs, et le premier constat à l'écoute de ce nouveau disque est une forme moins baroque, moins bordélique, moins jazz. Pour autant ces aspects existent toujours, mais ils sont maintenant soumis à une cohésion de composition peut-être plus forte. On est en 1980 et le post-punk est roi. Avec ce nouveau disque on est en plein dedans, même si, un peu à la manière d'un Pere Ubu, notre groupe faisait déjà du post-punk...dès le tout début du punk. Le parallèle entre les deux groupes n'est pas innocent puisque les membres de MX-80 Sound déclareront plus tard que le seul groupe auquel ils arrivent à s'identifier, c'est Pere Ubu. Même goût pour l'expérimentation sous influence de Captain Beefheart, autour d'une base blues, tous deux viennent aussi de villes du Midwest US, loin des gros pôles musicaux rock de l'époque que sont New-York et San Francisco. Difficile cependant de comparer plus loin leur musique, chacun s'attachant à creuser une identité sonore propre et fonctionnant selon ses codes.
Dans Out of the tunnel, le post-punk est en effet bien malmené. La faute a des instrumentistes s'autorisant à peu près tout. Maintenant que le son rock domine très largement leur musique, les guitares prennent aussi bien plus d'importance, et chaque morceau est un déluge sonore électrique qui explore plusieurs directions. MX-80 Sound ose tous les ingrédients : des riffs hard-rock aux expérimentations no-wave, d'un son aux guitares claires à un fatras métallique noise. Il est ainsi difficile de parler de leur musique si disparate sur le papier et qui pourtant sur disque possède une cohésion totale. Il faut dire qu'on a ici affaire a de sacré musiciens ! Et pas seulement la guitare de Bruce Anderson si souvent vantée. La bass de Dale Sophiea n'est notamment pas en reste. Elle mêle à la fois virtuosité et créativité, puise dans le jazz, le funk, et la ressort dans un écrin rock qui semble parfois sortir de nulle part. Et c'est un peu le cas. Le disque possède une tonalité surréaliste assez particulière ; il faut peut-être un peu de temps au début pour appréhender toute cette richesse, tout ce qui sonne parfois comme des contradictions.
On croise toujours sur ce disque quelques morceaux qui sonnent comme du Sonic Youth avant l'heure : "It's Not My Fault". Très américain donc, mais il est assez marrant de constater aussi une utilisation régulière du chant en choeurs qui évoque aussi bien le punk anglais qu'une mythologie pub rock paillarde...mais à la sauce MX-80 Sound, ce qui renforce le côté surréaliste de leur musique ("I Walk Among Them"). "Man In The Box" et sa guitare anguleuse est quant à lui sur la même longueur d'onde que le "Doc at the Radar Station" de Beefheart sorti la même année. Le dernier titre " Metro-Teens " termine superbement l'album de son groove à la Gang of Four : aussi dansant, aussi tordu. Mais surtout, SURTOUT, il ne faut pas oublier le huitième morceau, "Gary And Priscilla". Peut-être le tout meilleur morceau de MX-80 Sound, un classique du noise-rock dingue et unique. Encore une fois, c'est un défi de décrire ce qu'on entend, mais la meilleur définition pourrait être la suivante : une musique de défilé militaire no-wave, croisée à un funk ralenti, qui évolue en transe folklorique électrique. C'est barbare et improbable certes, mais la forme est simple : un riff répété autour duquel ondule une bass ultra inspirée et une batterie implacable qui vient souligner la guitare. Absolument fantastique, entre Shellac et The Ex pour des références plus connues, mais c'est avant tout du MX-80 Sound, point barre. Quel groupe !
Ce disque sorti donc en 1980 n'a été réédité que sous une forme regroupée avec l'album suivant en 1993 sur Quadruped, le label créé par le groupe, puis en 1996 sur le label Atavistic Records. Cette réédition porte le nom de Out of Control : Out of the Tunnel + Crowd Control, les deux disques du groupe parus sur Ralph Records. Ce Crowd Control est aussi excellent. Mais c'est l'objet d'une autre chronique !
A suivre...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Pab |
En ligne
499 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages