Black Rainbows

Il est des albums comme ça, qui n'ont besoin que de quelques secondes pour convaincre. L'intro de "The Prophet" est tellement lourde, à la fois classique et efficace qu'on se laisse porter par ce trio italien, ils nous refont le coup et on se laisse prendre, comme pour leur Supermothafuzzalicious de 2011, ils mélangent avec une facilité déconcertante le heavy des 70's (Blue Cheer en tête) & le bon gros stoner bien lourd. Ils balancent leurs riffs plus efficaces les uns que les autres ("Hawkdope", titre phare à rallonge) à grand renforts de solos qui parfois, admettons le, paraissent un poil trop long. Mais qu'importe, les titres se révèlent tellement bons, comparables par moments à leurs voisins teutons de Kadavar, qu'on se laisse happer le long des neuf titres, se surprenant presque à headbanger tout seul dans son salon.

Avoir de bons morceaux aide à faire un bon disque c'est certain, mais quand en plus ils sont agencé très intelligemment, on tient vraiment là un excellent album. Le court intermède psyché-folk "Waiting For The Sun" (rien à voir avec le groupe de Manzarek) avant de nous balancer "Jesusjudge". Ils nous rentrent dans le lard avec la manière ("Killer Killer Fuzz" titre on ne peut plus parlant). Avec intelligence, ils couvrent les solos par des samples de ce qui ressemble à des discours radiophonique, les faisant passer bien plus facilement à mon sens. Apothéose de ce Hawkdope, "The Cosmic Picker" nous amène vers des terres plus ou moins inexplorées par le groupe (en tout cas sur ce disque), une terre de psychédélisme lourd, quasi mélancolique, histoire de clore le disque en finesse.

Au fil des écoutes ce nouvel album de Black Rainbows se révèle bien plus complexe qu'il n'y paraît, inventif tout en restant classique & fier de ses références, le genre d'album qui pourrait vite nous rendre dépendant, pour peu qu'on soit un tant soit peu sensible aux guitares fuzzées... Mais, entre nous, qui ne l'est pas ?