Eric Chenaux
Skullsplitter |
Label :
Constellation |
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Il y a une chose qui m'horripile lorsqu'il m'arrive de faire découvrir un disque ou un film à quelqu'un, c'est cette réaction trop commune : "C'est bizarre". Point barre, étayage zéro. Dédain à peine moins voilé que le tout aussi irritant "c'est particulier ton truc". Mais franchement, qu'est-ce que ça veut dire "c'est bizarre" ? Si t'as pas aimé, dis-le moi franchement, au moins on peut avoir un début de discussion constructive. Là c'est juste une façon somme toute assez lâche de changer de sujet. Bon, une fois ce coup de gueule posé, demeurent certaines exceptions qui confirment la règle. De fait, si à l'écoute de ce Skullspitter de Eric Chenaux, quelqu'un me renvoyait "c'est bizarre", je ne lui en tiendrais pas rigueur. Pour cause, c'est exactement ce que je me suis dit lorsque, allongé dans mon lit en pleine nuit, les yeux grands ouverts rivés sur le plafond, je me suis envoyé pour la première fois ce disque bizarre... Argh ! Le mot est lâché.
Skullsplitter apparaît comme un disque bizarre, mais à ne surtout pas entendre ici au sens de l'euphémisme péjoratif qui me fait sortir de mes gonds. Ce n'est que la traduction maladroite d'une rencontre avec un étrange inconnu. Une authentique oddity, un peu space, venue d'on ne sait où. Comme étrangère à notre monde, mais tout en y étant intimement lié. Rarement pareille étrangeté aura été aussi peu inquiétante, si douce au toucher. Ce Skullsplitter est un "beau-bizarre" pour paraphraser Christophe... On pense un peu au Blemish de David Sylvian, dans la grande sobriété presque minimaliste, la douceur de la voix et la belle dissonance. Mais même cela est insuffisant à décrire avec précision l'ambiance qu'installe le Canadien. Minimaliste il est un peu, mais le disque se voit nimbé des drones les plus tendres qui soient, ceux-là tissant un cocon réconfortant – presque maternel, dans lequel se blottir au long de l'écoute. Dissonant il l'est aussi, par moment ; la guitare rappelle parfois le style d'improvisation de Derek Bailey en plus accessible, mais cette atmosphère d'infini calme transforme ces écarts harmoniques en de simples parenthèses éthérées, hors de l'existence. Bizarre, oui, un peu hors du temps ; on a vite fait de perdre ses repères dans cet environnement mystérieux mais étrangement familier.
Eric, c'est un peu cet enfant décalé et solitaire, qui reste tout seul dans la cour de récré, assis tranquillement sur un rebord de fenêtre, occupé à regarder les nuages passer. Celui qui n'a aucun ami, mais que tout le monde aime bien parce qu'il reste toujours souriant. Celui dont on sait que si on s'arrête un instant pour lui parler, il partagera avec nous sa vision très particulière du monde, un peu niaise mais teintée d'une sagesse insolite. Un petit gars réconfortant qu'on aimerait pouvoir avoir à portée de main de temps en temps, quand on ne sait plus trop quoi penser de notre vie et qu'on a besoin d'un point de vue nouveau sur les choses. Qu'on a besoin de se sentir, rien qu'un instant, juste un peu en marge.
Skullsplitter apparaît comme un disque bizarre, mais à ne surtout pas entendre ici au sens de l'euphémisme péjoratif qui me fait sortir de mes gonds. Ce n'est que la traduction maladroite d'une rencontre avec un étrange inconnu. Une authentique oddity, un peu space, venue d'on ne sait où. Comme étrangère à notre monde, mais tout en y étant intimement lié. Rarement pareille étrangeté aura été aussi peu inquiétante, si douce au toucher. Ce Skullsplitter est un "beau-bizarre" pour paraphraser Christophe... On pense un peu au Blemish de David Sylvian, dans la grande sobriété presque minimaliste, la douceur de la voix et la belle dissonance. Mais même cela est insuffisant à décrire avec précision l'ambiance qu'installe le Canadien. Minimaliste il est un peu, mais le disque se voit nimbé des drones les plus tendres qui soient, ceux-là tissant un cocon réconfortant – presque maternel, dans lequel se blottir au long de l'écoute. Dissonant il l'est aussi, par moment ; la guitare rappelle parfois le style d'improvisation de Derek Bailey en plus accessible, mais cette atmosphère d'infini calme transforme ces écarts harmoniques en de simples parenthèses éthérées, hors de l'existence. Bizarre, oui, un peu hors du temps ; on a vite fait de perdre ses repères dans cet environnement mystérieux mais étrangement familier.
Eric, c'est un peu cet enfant décalé et solitaire, qui reste tout seul dans la cour de récré, assis tranquillement sur un rebord de fenêtre, occupé à regarder les nuages passer. Celui qui n'a aucun ami, mais que tout le monde aime bien parce qu'il reste toujours souriant. Celui dont on sait que si on s'arrête un instant pour lui parler, il partagera avec nous sa vision très particulière du monde, un peu niaise mais teintée d'une sagesse insolite. Un petit gars réconfortant qu'on aimerait pouvoir avoir à portée de main de temps en temps, quand on ne sait plus trop quoi penser de notre vie et qu'on a besoin d'un point de vue nouveau sur les choses. Qu'on a besoin de se sentir, rien qu'un instant, juste un peu en marge.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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