Damon Albarn
Everyday Robots |
Label :
Parlophone |
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Damon Albarn a le bourdon. Plus proche désormais de la cinquantaine que de la quarantaine, le voilà au bord de la midlife crisis. On imagine sans mal la remise en question d'un mec avec une telle carrière derrière lui. Un gars qui a traversé l'intégralité des nineties à la tête de Blur, grand pourvoyeur de pop insolente. Qui s'est entièrement réinventé avec Gorillaz à l'arrivée des années 2000 en se mettant au goût du jour et en proposant des tubes à la pelle ; on aime ou on aime pas mais c'était couillu. Qui est devenu sérieux et grave avec son bwitish supergroup The Good The Bad & The Queen tout en cultivant un petit jardin solo contenant lui d'étranges disques - dont un opéra, oui ma bonne dame. Albarn a dû manquer un battement, faire l'erreur de s'arrêter un petit moment pour faire un point sur sa vie, se demander dans quelle direction aller maintenant... et là vertige : comment être à la hauteur de son propre C.V. ? Du fond de son trou, Damon aurait pu faire l'erreur de se réfugier dans la nostalgie, ou pire, l'autocélébration, et tenter (par exemple) de refaire du Blur à la mode de Parklife. Fort heureusement, le bonhomme confirme avec Everyday Robots qu'il est une fois de plus capable de se réinventer. On ne parlera pas de révolution ici, et ce n'est d'ailleurs pas le but du disque ; il s'agit seulement d'un très bon album. Voilà ce qu'est Everyday Robots : un disque cohérent, avec une identité sonore qui lui est propre, une production et des arrangements à la grande force évocatrice, un songwriting élégant - comme toujours avec Albarn, et surtout probablement son album le plus personnel à ce jour.
A l'instar de la pochette grise montrant Damon assis sur un tabouret, les épaules abattues et la tête baissée, le disque est sobre. Presque minimaliste par moment ; il ne suffit bien souvent que d'un léger beat pour accompagner les rares instruments et la voix désenchantée de Damon. La grisaille abonde certes, mais il ne s'agit pas de déprimer à l'écoute du disque, contrairement à l'image que celui-ci se trimballe auprès de la presse. Non, à l'écoute de Everyday Robots on a simplement envie de se poser. De se calmer un coup dans ce monde effréné, de jeter un coup d'œil derrière son épaule et de méditer un peu sur soi. Si cette introspection vous cafarde, c'est qu'il est temps de se poser les bonnes questions. Cette appel à la "rétrospection" n'est sûrement pas étranger à l'usage que fait Albarn des samples vocaux. Le disque s'entame d'ailleurs par l'un d'entre eux ; une vanne d'un comédien à un public hilare. Et tout de suite le décalage s'installe... La plupart des extraits s'intègrent étrangement dans les morceaux, comme s'ils n'étaient pas vraiment à leur place. Joyeuses, vivantes, vieillottes, ces voix semblent sortir d'une radio grésillante. Contre toute attente, le mariage de ces reliques du passé avec le spleen très contemporain d'Albarn est heureux. Au milieu de ce brouillard incertain et mélancolique, ces échos d'un passé joyeux brillent par leur contraste avec les compositions du disque et créent une atmosphère inexplicablement attirante.
"This is a precious opportunity, beware of the photographs you are taking now". Et lorsque avec le disque se clôt l'album photo, une question reste en suspens. Éludons d'entrée le poncif de fin de chronique : "quel sera la prochaine direction prise par Damon Albarn après ce nouveau disque ?". Le bonhomme est imprévisible, on verra bien le moment venu. Mais si on s'est correctement imprégné de cet album, si personnel et intimiste, la conclusion peut plutôt se formuler comme suit : Et maintenant, où vais-je ?
A l'instar de la pochette grise montrant Damon assis sur un tabouret, les épaules abattues et la tête baissée, le disque est sobre. Presque minimaliste par moment ; il ne suffit bien souvent que d'un léger beat pour accompagner les rares instruments et la voix désenchantée de Damon. La grisaille abonde certes, mais il ne s'agit pas de déprimer à l'écoute du disque, contrairement à l'image que celui-ci se trimballe auprès de la presse. Non, à l'écoute de Everyday Robots on a simplement envie de se poser. De se calmer un coup dans ce monde effréné, de jeter un coup d'œil derrière son épaule et de méditer un peu sur soi. Si cette introspection vous cafarde, c'est qu'il est temps de se poser les bonnes questions. Cette appel à la "rétrospection" n'est sûrement pas étranger à l'usage que fait Albarn des samples vocaux. Le disque s'entame d'ailleurs par l'un d'entre eux ; une vanne d'un comédien à un public hilare. Et tout de suite le décalage s'installe... La plupart des extraits s'intègrent étrangement dans les morceaux, comme s'ils n'étaient pas vraiment à leur place. Joyeuses, vivantes, vieillottes, ces voix semblent sortir d'une radio grésillante. Contre toute attente, le mariage de ces reliques du passé avec le spleen très contemporain d'Albarn est heureux. Au milieu de ce brouillard incertain et mélancolique, ces échos d'un passé joyeux brillent par leur contraste avec les compositions du disque et créent une atmosphère inexplicablement attirante.
"This is a precious opportunity, beware of the photographs you are taking now". Et lorsque avec le disque se clôt l'album photo, une question reste en suspens. Éludons d'entrée le poncif de fin de chronique : "quel sera la prochaine direction prise par Damon Albarn après ce nouveau disque ?". Le bonhomme est imprévisible, on verra bien le moment venu. Mais si on s'est correctement imprégné de cet album, si personnel et intimiste, la conclusion peut plutôt se formuler comme suit : Et maintenant, où vais-je ?
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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