Peste Noire
Folkfuck Folie |
Label :
De Profundis Editions |
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Peste Noire est sans doute le groupe le plus énigmatique de la scène black métal et il le prouve encore une fois avec un Folkfuck Folie complètement hallucinatoire.
La sale Famine de Valfunde est fasciné par le moyen âge mais sa musique n'a rien de folk ni de guilleret. Ici tout est tourment, sorcellerie, une crasse lugubre portée par un son brut et sec, dépourvu de beauté. Point de romantisme vous l'aurez compris, juste le délire abject d'un bouffon au bord du gouffre. Il est également difficile de parler de black car l'approche même de la composition tient plus du punk ou d'un rock empestant la pourriture, la charogne. Cela en fait un groupe à la fois très dur d'approche pour le fan de métal lambda, mais également presque inabordable pour l'amateur de rock. Car même si cela peut sembler bancal ou une remarque surfaite, ce groupe se situe réellement en marge de tous les courants musicaux. C'est vraisemblablement un des trucs les plus originaux du moment, réussissant le tour de force de percer à l'étranger en dépit de son chant en français.
En effet, outre sa spécificité musicale, Peste Noire (ou Kommando Peste Noire, ou K.P.N.) se démarque par ses textes en français, certes pas toujours compréhensibles mais riches et fouillés, quasiment universitaires et poétiques (termes antinomiques d'habitude). Il faut dire que Famine est féru d'auteurs marginaux, Artaud et Lautréamont sur ce disque, auquel il rend respectivement hommage dans "Extrait Radiophonique D'Antonin Artaud" et surtout l'incroyable morceau qu'est "Maleiçon". Famine y déclame, d'une voix rauque effrayante, un extrait des Chants de Maldoror et je ne résiste pas à la tentation de le retranscrire ici :
"De la même manière que nous nous sentons en marge et au-dessus d'un monde que nous voulons annihiler, les anciens sorciers furent les révolutionnaires du passé. Comme nous détestons nos congénères béotiens et américanisés eux aussi détestaient le prêtre, le roi, le riche. Eux aussi, préparaient en ces occultes cérémonies les bombes des maléfices. Ils empoisonnaient surtout, détruisaient cependant avec plus d'ampleur, savaient répandre dans les campagnes la poudre qui tue les moissons, ensevelir sous les érables, la charge magique dont les troupeaux dépérissent. Et ils s'en prirent surtout à la tendre race des enfants, celle qui, ne gardant pas les crapauds à refusé l'initiation, décimèrent plus radicalement, plus religieusement que les anarchistes modernes, frappèrent la race avant tout, partout, sachant que, quoique fasse l'Homme, il sera toujours l'Homme, le vil, l'égoïste, le déprédateur du patrimoine d'autrui, la honte du monde, la honte du monde. Cela devenait pour eux un but mystique de débarrasser l'univers de cette lèpre humaine, gagnant la bonne nature, corrompant la Terre faite pour être libre et qui s'avilit d'être l'esclave nourrice."
Nulle musique, juste un homme face au texte.
Tout l'album baigne dans une ambiance de veillée funèbre animée par des fous, on y croise des grabataires et des vilains, des condamnés à la pendaison. Et j'ai beau être un habitué des transgressions musicales, Peste Noire reste encore pour moi une sombre énigme. C'est une beauté rongée par la syphilis allaitant d'un lait caillé des siamois incestueux.
La sale Famine de Valfunde est fasciné par le moyen âge mais sa musique n'a rien de folk ni de guilleret. Ici tout est tourment, sorcellerie, une crasse lugubre portée par un son brut et sec, dépourvu de beauté. Point de romantisme vous l'aurez compris, juste le délire abject d'un bouffon au bord du gouffre. Il est également difficile de parler de black car l'approche même de la composition tient plus du punk ou d'un rock empestant la pourriture, la charogne. Cela en fait un groupe à la fois très dur d'approche pour le fan de métal lambda, mais également presque inabordable pour l'amateur de rock. Car même si cela peut sembler bancal ou une remarque surfaite, ce groupe se situe réellement en marge de tous les courants musicaux. C'est vraisemblablement un des trucs les plus originaux du moment, réussissant le tour de force de percer à l'étranger en dépit de son chant en français.
En effet, outre sa spécificité musicale, Peste Noire (ou Kommando Peste Noire, ou K.P.N.) se démarque par ses textes en français, certes pas toujours compréhensibles mais riches et fouillés, quasiment universitaires et poétiques (termes antinomiques d'habitude). Il faut dire que Famine est féru d'auteurs marginaux, Artaud et Lautréamont sur ce disque, auquel il rend respectivement hommage dans "Extrait Radiophonique D'Antonin Artaud" et surtout l'incroyable morceau qu'est "Maleiçon". Famine y déclame, d'une voix rauque effrayante, un extrait des Chants de Maldoror et je ne résiste pas à la tentation de le retranscrire ici :
"De la même manière que nous nous sentons en marge et au-dessus d'un monde que nous voulons annihiler, les anciens sorciers furent les révolutionnaires du passé. Comme nous détestons nos congénères béotiens et américanisés eux aussi détestaient le prêtre, le roi, le riche. Eux aussi, préparaient en ces occultes cérémonies les bombes des maléfices. Ils empoisonnaient surtout, détruisaient cependant avec plus d'ampleur, savaient répandre dans les campagnes la poudre qui tue les moissons, ensevelir sous les érables, la charge magique dont les troupeaux dépérissent. Et ils s'en prirent surtout à la tendre race des enfants, celle qui, ne gardant pas les crapauds à refusé l'initiation, décimèrent plus radicalement, plus religieusement que les anarchistes modernes, frappèrent la race avant tout, partout, sachant que, quoique fasse l'Homme, il sera toujours l'Homme, le vil, l'égoïste, le déprédateur du patrimoine d'autrui, la honte du monde, la honte du monde. Cela devenait pour eux un but mystique de débarrasser l'univers de cette lèpre humaine, gagnant la bonne nature, corrompant la Terre faite pour être libre et qui s'avilit d'être l'esclave nourrice."
Nulle musique, juste un homme face au texte.
Tout l'album baigne dans une ambiance de veillée funèbre animée par des fous, on y croise des grabataires et des vilains, des condamnés à la pendaison. Et j'ai beau être un habitué des transgressions musicales, Peste Noire reste encore pour moi une sombre énigme. C'est une beauté rongée par la syphilis allaitant d'un lait caillé des siamois incestueux.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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