Broken Social Scene
Forgiveness Rock Record |
Label :
Arts & Crafts |
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Ils se sont aimés à tous les niveaux, ont fait les quatre cents coups, partagés un nombre incalculable d'heures ensemble à répéter, à jouer chez les uns et les autres. Invitation pour boire un coup, pour un évènement particulier ou participer au side project de l'autre, les occasions pour se réunir étaient légions et les individualités se sont dissipées au profit de l'entité Broken Social Scene prenant toujours plus de place, poussée par l'engouement des médias et le devoir auto-investi d'être le représentant infatigable de la scène de Toronto. Pas surprenant qu'après la tournée marathon qui célébrait le disque éponyme le tissu amical explose. L'enregistrement de Broken Social Scene avait déjà été fort en querelles et divergences artistiques : le divorce de Kevin Drew et sa femme, l'obsession de Dave Newfeld à produire l'album comme il l'entend sucrant certaines prouesses individuelles, Kevin et Brendan Canning impliqués davantage à défaut d'avoir d'autres groupes à fouetter, la version évasive et ralentie contre toute attente de "Major Label Debut" dont la version initiale était pourtant prometteuse...
Il était donc normal que le groupe fasse un hiatus. Jamais vraiment annoncé officiellement, le retour de Do Make Say Think, Feist, Apostle Of Hustle, Metric a été suffisant pour remettre les pendules à l'heure. Celle de la fin des concessions et des services sur l'apanage du collectif parfois aux bords du chaos. Et même si en regardant en arrière le résultat ne démérite pas, les canadiens savent qu'il en est mieux ainsi, à se focaliser sur les à-côtés tout aussi essentiels que Broken Social Scene pour, qui sait, repartir de plus belle quand le climat sera meilleur? Les deux tauliers Kevin Drew et Brendan Canning ont quant à eux également profité de cette ellipse pour écrire chacun un pseudo album solo respectivement en 2007 et 2008 sous la dénomination Broken Social Scene Presents... et surtout avec la contribution de la même bande. La première marque d'une réconciliation en nombre mais surtout la rupture nette avec Dave Newfeld avec qui ils ont toujours été proches - et qui pourtant possède à présent un studio flambant neuf grâce aux 60 000 $ de dédommagement gagnés suite à une altercation avec les flics de NYC qui l'ont pris pour un dealer de marijuana (alors qu'il n'était que consommateur) et lui ont péter des côtes. Ainsi redémarre l'aventure canadienne d'un commun accord tacite.
Cinq années après leur dernier disque, le collectif décide donc de se redonner une chance. Cette fois afin d'éviter les mêmes erreurs, la production est partagée avec John McEntire de Tortoise dans un studio de Chicago, les emplois du temps ont été eux aménagés et l'écriture couvée pendant neuf mois résulte d'une entente collective en répétitions comme à la ville. Ce disque a toute les raisons de mériter le pardon qu'il implore. Comme si l'eau n'avait pas coulé sous les ponts, le band recolle à son identité effervescente et chahuteuse sans transition. Il reprend les festivités là où il les avait laissées semble-t-il avec toujours cette disposition à caracoler et bourlinguer sur des riffs variés, exotiques, gras, vifs ou écrasants. Une pose lascive de temps en temps ("Sweetest Kill") ou un air qui coule tout seul comme le faisait "Pacific Theme" ("Highway Slipper Jam" lancé par une espèce de chant tyrolien), l'ambiance est bon enfant et prolifique. On sent tout le monde à sa place, impliqué et engagé auprès de ce bon vieux jukebox garage pop qui reprend du service avec appétit. Une bonne partie de cette réussite est due à McEntire. Le co-producteur a su cadrer les pas moins de trente acteurs sans rien laisser échapper de leur niaque et ordonner leur fouillis plein d'audace. La recette qui leur est chère faite de voix légères sur une base instrumentale bouillonnante est ainsi constante et délestée des effets superflus. Drew s'exprime pour l'ensemble de ses amis avec son habituel franc parler ("Ungrateful Little Father") mais n'impose pas sa présence comme il l'aurait fait autrefois. Il laisse le micro sans rechigner à Feist, Emily Haines (joliment accouplée à la basse de "Sentimal X's") ou Andrew Whiteman qui peut se targuer d'incarner l'excellent "Art House Director" pétillant et cuivré avec la même liberté que chez Apostle Of Hustle.
Forgiveness Rock Record est l'expression d'un collectif qui avait besoin de temps, d'un retour au naturel et d'aucune pression pour retrouver son potentiel. Mais également d'une ligne directrice soufflée par John McEntire solidement entretenue afin que la bande puisse s'éparpiller par petits bouts, façon puzzle tout en maintenant une cohérence de frappe et de chant. L'incisive et libératrice "Meet Me In The Basement" résume très bien cette jeunesse fougueuse réapprivoisée et le retour aux fondamentaux qui visent avant toute chose à trouver le riff qui colle à la peau et prendre son pied dessus sans ciller (comme "Water In Hell" tapant chez Dinosaur JR). Elle aurait fait d'ailleurs une superbe introduction. Oui mais voilà Broken Social Scene joue sans calcul, une bonne heure panachée de morceaux plus ardents et généreux les uns que les autres sans essayer d'en faire sortir un du lot. Les leçons qui ont été tirées sur la cohésion d'un groupe s'appliquent aussi au produit de ce dernier.
Il était donc normal que le groupe fasse un hiatus. Jamais vraiment annoncé officiellement, le retour de Do Make Say Think, Feist, Apostle Of Hustle, Metric a été suffisant pour remettre les pendules à l'heure. Celle de la fin des concessions et des services sur l'apanage du collectif parfois aux bords du chaos. Et même si en regardant en arrière le résultat ne démérite pas, les canadiens savent qu'il en est mieux ainsi, à se focaliser sur les à-côtés tout aussi essentiels que Broken Social Scene pour, qui sait, repartir de plus belle quand le climat sera meilleur? Les deux tauliers Kevin Drew et Brendan Canning ont quant à eux également profité de cette ellipse pour écrire chacun un pseudo album solo respectivement en 2007 et 2008 sous la dénomination Broken Social Scene Presents... et surtout avec la contribution de la même bande. La première marque d'une réconciliation en nombre mais surtout la rupture nette avec Dave Newfeld avec qui ils ont toujours été proches - et qui pourtant possède à présent un studio flambant neuf grâce aux 60 000 $ de dédommagement gagnés suite à une altercation avec les flics de NYC qui l'ont pris pour un dealer de marijuana (alors qu'il n'était que consommateur) et lui ont péter des côtes. Ainsi redémarre l'aventure canadienne d'un commun accord tacite.
Cinq années après leur dernier disque, le collectif décide donc de se redonner une chance. Cette fois afin d'éviter les mêmes erreurs, la production est partagée avec John McEntire de Tortoise dans un studio de Chicago, les emplois du temps ont été eux aménagés et l'écriture couvée pendant neuf mois résulte d'une entente collective en répétitions comme à la ville. Ce disque a toute les raisons de mériter le pardon qu'il implore. Comme si l'eau n'avait pas coulé sous les ponts, le band recolle à son identité effervescente et chahuteuse sans transition. Il reprend les festivités là où il les avait laissées semble-t-il avec toujours cette disposition à caracoler et bourlinguer sur des riffs variés, exotiques, gras, vifs ou écrasants. Une pose lascive de temps en temps ("Sweetest Kill") ou un air qui coule tout seul comme le faisait "Pacific Theme" ("Highway Slipper Jam" lancé par une espèce de chant tyrolien), l'ambiance est bon enfant et prolifique. On sent tout le monde à sa place, impliqué et engagé auprès de ce bon vieux jukebox garage pop qui reprend du service avec appétit. Une bonne partie de cette réussite est due à McEntire. Le co-producteur a su cadrer les pas moins de trente acteurs sans rien laisser échapper de leur niaque et ordonner leur fouillis plein d'audace. La recette qui leur est chère faite de voix légères sur une base instrumentale bouillonnante est ainsi constante et délestée des effets superflus. Drew s'exprime pour l'ensemble de ses amis avec son habituel franc parler ("Ungrateful Little Father") mais n'impose pas sa présence comme il l'aurait fait autrefois. Il laisse le micro sans rechigner à Feist, Emily Haines (joliment accouplée à la basse de "Sentimal X's") ou Andrew Whiteman qui peut se targuer d'incarner l'excellent "Art House Director" pétillant et cuivré avec la même liberté que chez Apostle Of Hustle.
Forgiveness Rock Record est l'expression d'un collectif qui avait besoin de temps, d'un retour au naturel et d'aucune pression pour retrouver son potentiel. Mais également d'une ligne directrice soufflée par John McEntire solidement entretenue afin que la bande puisse s'éparpiller par petits bouts, façon puzzle tout en maintenant une cohérence de frappe et de chant. L'incisive et libératrice "Meet Me In The Basement" résume très bien cette jeunesse fougueuse réapprivoisée et le retour aux fondamentaux qui visent avant toute chose à trouver le riff qui colle à la peau et prendre son pied dessus sans ciller (comme "Water In Hell" tapant chez Dinosaur JR). Elle aurait fait d'ailleurs une superbe introduction. Oui mais voilà Broken Social Scene joue sans calcul, une bonne heure panachée de morceaux plus ardents et généreux les uns que les autres sans essayer d'en faire sortir un du lot. Les leçons qui ont été tirées sur la cohésion d'un groupe s'appliquent aussi au produit de ce dernier.
Parfait 17/20 | par TiComo La Fuera |
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